Reconversion du site
de l’Hôtel-Dieu
69002 Lyon
Tranches 1 et 2
RAPPORT DE FOUILLE
D’ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
Volume 1
Cadre d’intervention, descriptions
Direction des Affaires Culturelles
Service archéologique
Ministère de la Culture et de la Communication
Préfecture de la Région Rhône-Alpes
Direction Régionale des Affaires Culturelles
Service Régional de l'Archéologie
Code d'opération Patriarche 69382 2211008
Arrêté de prescription 12-032
Arrêté d'autorisation 2012-1122
Janvier 2015
Eric Bertrand (dir.)
Cyrille Ducourthial
Anne-Catherine Le Mer
Emma Bouvard
Stéphane Carrara
Mélanie Foucault
Stéphane Gaillot
Marjorie Leperlier
Clémence Mège
Laudine Robin
Hervé Tronchère
Marie-Noëlle Baudrand
Véronique Branchut-Gendron
Laure de Chavagnac
Thomas Genty
Jules Ramona
Charlotte Sanchez
Ville de Lyon
Direction des Affaires Culturelles
Service Archéologique
10 rue Neyret
69001 Lyon
Reconversion du site de l’Hôtel-Dieu
69002 Lyon, tranches 1 et 2
Volume 1
Cadre d’intervention, résultats de l’opération
Rapport de fouille d’archéologique préventive
Arrêté de prescription no 12-032 (01/02/2012)
Arrêté d’autorisation de fouille no 2012/1122 (02/04/2012)
Code Opération Patriarche : 69382 2211008
N° SAVL : 2011.062-02
Éric Bertrand (dir.)
Cyrille Ducourthial
Anne-Catherine Le Mer
Marie-Noëlle Baudrand
Véronique Branchut-Gendron
Laure de Chavagnac
Thomas Genty
Jules Ramona
Charlotte Sanchez
Janvier 2015
Photo de couverture
©Studio Erick Saillet
SERVICE ARCHEOLOGIQUE DE LA VILLE DE LYON
10, rue Neyret 69001 Lyon
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Emma Bouvard
Stéphane Carrara
Mélanie Foucault
Stéphane Gaillot
Marjorie Leperlier
Clémence Mège
Laudine Robin
Hervé Tronchère
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Sommaire
DONNEES ADMINISTRATIVES, TECHNIQUES ET
SCIENTIFIQUES
Fiche signalétique
Thésaurus
Générique
Notice scientifique
Fiche d’état du site
Documents administratifs
1. CADRE D'INTERVENTION
1.1. Localisation et circonstances de
l’intervention
41
1.2. Méthodologie de l'opération de fouille
1.2.1. Pertinence du diagnostic
1.2.2. Plan d’intervention initial
1.2.3. Contraintes techniques
1.2.4. Méthodologie de la fouille et de
l’enregistrement
1.2.5. Dépose des enduits peints
1.2.6. Phasage et diagramme
1.2.7. Communication et médiation
43
43
44
44
SERVICE ARCHEOLOGIQUE DE LA VILLE DE LYON
10, rue Neyret 69001 Lyon
téléphone 04 72 00 12 12
1.3. Contexte géographique et
géomorphologique
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47
48
50
1.4. Contexte archéologique
1.4.1. Topographie antique de la rive droite du
Rhône
1.4.2. L’occupation antique
1.4.3. Le haut Moyen Âge
1.4.4. L’habitat médiéval et moderne
52
2. RÉSULTATS DE L’OPERATION
2.1. Données géomorphologiques : faciès d’une
rive rhodanienne
2.1.1. Configuration paléotopographique
générale
2.1.2. Le banc de galets
2.1.2.1. Description
2.1.2.2. Caractéristiques granulométriques
2.1.3. Les débordements de crue
2.1.3.1. Description
2.1.3.2. Caractéristiques granulométriques
2.1.4. Synthèse : modélisation des strates du
terrain naturel
2.2. Une occupation antique de berge en
Presqu’île
2.2.1. Les premiers niveaux d’occupation
(phase 1.1)
58
52
53
54
57
58
58
58
58
60
61
61
61
63
66
66
2.2.1.1. Des limons anthropisés
2.2.1.2. Un niveau de fréquentation
(US 1508)
2.2.1.3. Des sols aménagés
2.2.1.4. Les structures en creux
2.2.1.5. Les maçonneries
2.2.1.6. Les structures hydrauliques
2.2.1.7. Éléments pour la chronologie
2.2.2. Construction d’une domus (phase 1.2)
2.2.2.1. Réaménagement et rehaussement du
site
2.2.2.2. Les espaces d'habitat :
l'aile occidentale
2.2.2.2.1. Les installations hydrauliques et
l'espace nord-ouest
2.2.2.2.2. Le mur US 1041
2.2.2.2.3. Le mur US 1025
2.2.2.3. Un espace ouvert lié à l'habitat
2.2.2.4. La canalisation US 499 et ses abords
2.2.2.5. Le sol extérieur US 1418
2.2.2.6. Les structures en creux à l'extrémité
occidentale
2.2.2.7. L'espace au sud du secteur
Bellecordière
2.2.2.8. Éléments de chronologie
2.2.3. L’abandon de la domus (phase 1.3)
2.2.3.1. Le dépôt d'enduits peints US 931
2.2.3.2. Le fossé US 629
2.2.3.3. Les fossés nord-est
2.2.3.4. Les massifs de fondation
(US 827,1515 et 1539)
2.2.3.5. Les murs au sud-ouest
2.2.3.6. Éléments de chronologie
2.2.4. La dernière occupation du site
(phase 1.4)
2.2.4.1. Les tranchées de récupération
2.2.4.2. Le paléo-chenal US 1016
2.2.4.3. Un espace de circulation à l'est
2.2.4.4. Blocs US 1249
2.2.4.5. Éléments de chronologie
66
67
67
69
71
72
72
73
73
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88
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90
91
91
92
92
92
93
2.3. Le Moyen Âge
2.3.1. Les remaniements du sol US 666 et
l’assèchement du marigot
2.3.2. Les structures du Haut Moyen Âge
2.3.3 Les structures du Bas Moyen Âge
94
2.4. L’époque moderne
2.4.1. La maison de l’Arche d’Alliance et celle
de Jacques de Laverrière sur le Rhône
2.4.1.1. Les données historiques
2.4.1.1.1. Le corps de maison septentrional
jusqu'en 1612
2.4.1.1.2. Le corps de maison méridional
99
94
95
96
99
99
99
sur le Rhône et le grand corps de maison 144
2.4.8.1.5. Des Verchère aux Chazel
145
2.4.8.2. Les données archéologiques
146
2.4.9. La maison du Merle Blanc
148
2.4.9.1. Les données historiques
148
2.4.9.1.1. Le corps sud, ou la maison
du Lévrier
148
2.4.9.1.2. La réunion des deux corps : la
maison double du Merle Blanc 149
2.4.9.1.3. Les bâtiments arrière
150
2.4.9.1.4. Les corps de logis sur l'avant et
au milieu
150
2.4.9.1.5. Les acquisitions de l'Hôtel-Dieu 150
2.4.9.1.6. La maison Genet Marchand
152
2.4.9.1.7. Les bâtiments Farges
152
2.4.9.2. Les données archéologiques
152
2.4.10. La maison du Roy d'Or
153
2.4.10.1. Les données historiques
153
2.4.10.1.1. La maison Malet &
Saint-Laudon
155
2.4.10.1.2. Les deux corps de logis de la
maison du Roy d'Or
155
2.4.10.2. Les données archéologiques
156
2.4.11. La maison de la Madeleine
157
2.4.11.1. Les données historiques
157
2.4.11.2. Les données archéologiques
158
2.4.12. La maison Piccard
159
2.4.12.1. Les données historiques
159
2.4.12.2. Les données archéologiques
161
2.4.13. La maison Lempereur
161
2.4.13.1. Les données historiques
161
2.4.13.2. Les données archéologiques
162
2.4.14. La maison Bournicat
163
2.4.14.1. Les données historiques
163
2.4.14.1.1. La maison double des
héritiers Guy
163
2.4.14.2. Les données archéologiques
164
2.4.15. La maison Dupas
166
2.4.15.1. Les données historiques
166
2.4.15.1.1. Le partage de 1644 et ses suites166
2.4.15.2. Les données archéologiques
167
2.4.16. La maison Geoffray
167
2.4.16.1. Les données historiques
167
2.4.16.1.1. Les deux corps de la maison
Taillard
167
2.4.16.1.2. La maison d'André Marquet
l'aîné
167
2.4.16.2. Les données archéologiques
168
2.4.17. La maison Laverrière (rue Serpillière) 169
2.4.17.1. Les données historiques
169
2.4.17.2. Les données archéologiques
169
2.5. L’Hôtel-Dieu de J.-G. Soufflot
170
2.5.1. L’extension de l’Hôtel-Dieu au XVIIIe siècle
(phase 3.4)
170
2.5.2. Les loges des fous
171
2.5.3. Les lavoirs
174
2.5.4. Éléments de chronologie
176
SERVICE ARCHEOLOGIQUE DE LA VILLE DE LYON
10, rue Neyret 69001 Lyon
téléphone 04 72 00 12 12
jusqu'en 1612
99
2.4.1.1.3. Le jardin et la maison basse sur le
Rhône
100
2.4.1.1.4. Le corps de maison septentrional
après 1640
100
2.4.1.1.5. Le corps de maison méridional et
le jardin après 1640
101
2.4.1.1.6. Le partage de 1665
102
2.4.1.1.7. Le corps de logis méridional
après 1668
102
2.4.1.1.8. Le jardin et les constructions vers le
Rhône après 1665 : la maison Laverrière 103
2.4.1.2. Les données archéologiques
104
2.4.1.2.1. La maison basse F64
106
2.4.1.2.2. Les aménagements extérieurs 108
2.4.1.2.3. La teinturerie
109
2.4.2. La maison Visade
111
2.4.2.1. Les données historiques
111
2.4.2.2. Les données archéologiques
112
2.4.2.2.1. La maison F51
112
2.4.2.2.2. Les aménagements extérieurs 114
2.4.3. La maison Saint-Bonnet
115
2.4.3.1. Les données historiques
115
2.4.3.2. Les données archéologiques
116
2.4.4. La maison Devarenne
118
2.4.4.1. Les données historiques
118
2.4.4.2. Les données archéologiques
119
2.4.5. La maison de l'Aumône
121
2.4.5.1. Les données historiques
121
2.4.5.1.1. Le démembrement de la parcelle ;
la maison de la rue Bourgchanin après 1657 122
2.4.5.1.2. Le bâtiment sur l'arrière (maison
dite "art. 7")
122
2.4.5.2. Les données archéologiques
122
2.4.5.2.1. Le sous-sol du bâtiment de
l'Aumône
124
2.4.5.2.2. Le jardin
126
2.4.5.2.3. La maison Laperle
127
2.4.5.2.4. Le bâtiment F55
129
2.4.6. La maison Boissieu
131
2.4.6.1. Les données historiques
131
2.4.6.1.1. Des étables sur l'arrière de la
maison de l'Imprimeur
132
2.4.6.1.2. La maison sur rue après 1619
132
2.4.6.2. Les données archéologiques
133
2.4.6.2.1. La maison sur cour, dite maison de
l'Imprimeur
135
2.4.7. La maison Lacombe
137
2.4.7.1. Les données historiques
137
2.4.7.2. Les données archéologiques
138
2.4.8. La maison Chazel
143
2.4.8.1. Les données historiques
143
2.4.8.1.1. Les deux corps de la maison
Corbet
143
2.4.8.1.2. La maison à corps unique
144
2.4.8.1.3. Les maisons Bausillon
144
2.4.8.1.4. L'acquisition de la maison Laperle
PAGE 3
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PAGE 4
2.6. Les aménagements récents de l’hôpital
2.6.1. Le puits et les galeries enterrées
2.6.1.1. Le puits US 513
2.6.1.2. La galerie US 54
2.6.1.3. La galerie US 50
2.6.2. La chaufferie
2.6.3. Aménagements contemporains
177
177
177
178
179
180
181
3. ÉTUDES SPECIALISEES (VOLUME 2)
3.1. Analyse géomorphologique
3.1.1. Formation et fonctionnement du
paléochenal (F1016)
3.1.1.1. Granulométrie des niveaux de
colmatage
3.1.1.2. Hypothèses de mise en place
3.1.1.3. Scellement final du paléochenal
3.1.1.4. Fonction du paléochenal
185
185
3.2. Analyse stratigraphique des terres noires
3.2.1. Description des coupes représentatives
3.2.2. Processus de mise en place et éléments
de datation
3.2.3. L'apport de l'étude des archives à la
formation des terres noires
188
189
3.3. La céramique
3.3.1. Le mobilier céramique antique
3.3.1.1. Phase 1.1
3.3.1.2. Phase 1.2
3.3.1.3. Phase 1.3
3.3.1.4. Phase 1.4
3.3.2. Le mobilier céramique médiéval
3.3.2.1. Dénombrement
3.3.2.2. Répartition catégorielle
3.3.2.3. Typologie
3.3.2.4. Chronologie
3.3.3. Le mobilier céramique moderne
3.3.3.1. Phase 3.1
3.3.3.1.1. Dénombrement
3.3.3.1.2. Répartition catégorielle
3.3.3.1.3. Typologie
3.3.3.1.4. Chronologie
3.3.3.2. Phase 3.2
3.3.3.2.1. Dénombrement
3.3.3.2.2. Répartition catégorielle
3.3.3.2.3. Typologie
3.3.3.2.4. Chronologie
3.3.3.3. Phase 3.3
3.3.3.4. Phase 3.4
3.3.4. Le mobilier céramique contemporain
3.3.4.1. Un lot de vaisselle remarquable :
l'US 1798
3.3.4.2. Phase 4.1
196
197
197
203
209
216
222
222
222
224
229
231
231
231
231
233
234
236
236
236
237
238
240
245
249
3.4. Le verre
3.4.1. Phase 1.1
3.4.2. Phase 1.2
3.4.3. Phase 1.3
260
260
262
266
185
185
186
187
188
190
194
249
256
3.4.4. Phase 1.4
3.4.5. Phase 2.1
3.4.6. Phase 2.2
3.4.7. Phase 3.1
3.4.8. Phase 3.2
3.4.9. Phases 3.3 et 3.4
3.4.10. Phase 4.1
3.4.11. Conclusion
268
269
269
270
272
273
275
276
3.5. Les monnaies
3.5.1. Le monnayage antique
3.5.1.1. Les monnaies de la phase 1.1
3.5.1.2. Les monnaies de la phase 1.2
3.5.1.3. Les monnaies de la phase 1.4
3.5.2. Le monnayage médiéval
3.5.3. Conclusion
277
277
277
278
278
280
281
3.6. L’instrumentum antique
3.6.1. Les données quantitative et qualitative
du mobilier
3.6.2. Domaine et types de mobilier :
caractérisation du lot
3.6.2.1. Le domaine domestique
3.6.2.2. Le domaine immobilier
3.6.2.3. Le domaine personnel
3.6.2.4. Le domaine social
3.6.2.5. L'artisanat
3.6.3. Conclusion
282
3.7. Les enduits peints
3.7.1. Méthodologie
3.7.2. Contexte des fouilles
3.7.3. Ensemble 1
3.7.3.1. Description du décor
3.7.3.2. Observations techniques
3.7.3.3. Étude stylistique
3.7.3.4. Synthèse de l'étude
3.7.4. Ensemble 2
3.7.4.1. Description du décor
3.7.4.2. Observations techniques
3.7.4.3. Étude stylistique
3.7.4.4.Synthèse de l'étude
3.7.5. Ensemble 3
3.7.5.1. Description du décor
3.7.5.2. Observations techniques
3.7.5.3. Étude stylistique
3.7.5.4.Synthèse de l'étude
294
294
295
295
295
299
301
306
308
308
309
310
311
312
312
313
314
314
3.8. Le mobilier lapidaire
3.8.1. Marbres et pierres marbrières
3.8.2. Les calcaires
3.8.3. La pierre ponce
3.8.4. La pierre ollaire
3.8.5. Le mobilier lapidaire moderne
315
315
315
315
316
318
282
283
283
285
285
287
292
293
319
320
322
322
3.10. Étude archéoanthropologique
324
3.10.1. Une occupation funéraire du premier
Moyen Âge
324
3.10.2. Catalogue analytique des sépultures 325
325
3.10.2.1. Sépulture US 905/Sq. 912
3.10.2.2. Sépulture US 915/Sq. 917
332
3.10.3. Les sépultures de l’Hôtel Dieu :
conjectures et discussion
338
3.10.3.1. Les tombes de l'Hôtel Dieu et leur
environnement : la structure us 904 338
3.10.3.2. Perception de l'espace funéraire :
données environnementales
340
3.10.3.3. Données biologiques individuelles :
l'identification du groupe social ? 342
3.10.4. Conclusions et perspectives
344
3.11. Études d’archives
345
3.11.1. La maison de l'Arche d'Alliance (nord) 345
3.11.2. La maison Mose
353
3.11.3. La maison de l'Arche d'Alliance (sud) 353
3.11.4. La maison Laverrière sur le Rhône
361
3.11.5. La maison Visade
363
3.11.6. La maison Saint-Bonnet
368
3.11.7. La maison Devarenne
370
3.11.8. La maison de l'Aumône
375
3.11.9. La maison dite «art. 7»
378
3.11.10. La maison Boissieu
378
3.11.11. La maison de l'Imprimeur
385
3.11.12. La maison Lacombe
388
3.11.13. La maison Chazel (rue Bourgchanin) 393
3.11.14. La maison Chazel (berge du Rhône) 397
3.11.15. La maison du Merle Blanc
401
3.11.16. La maison Genet Marchand
412
3.11.17. La maison Farges
413
3.11.18. La maison du Roy d'Or
415
3.11.19. La maison de la Madeleine
428
3.11.20. La maison Picard (sur le Rhône)
431
3.11.21. La maison Lempereur
433
3.11.22. La maison Bournicat
438
3.11.23. La maison Dupas
441
3.11.24. La maison Geoffray
446
4. SYNTHÈSE
4.1. Topographie naturelle de la berge
452
452
4.2. Naissance d’un quartier antique
454
4.3. Modification et développement du
quartier
4.3.1. Un site réaménagé
4.3.2. Construction d'une nouvelle domus
4.3.2.1. L'aile ouest
4.3.2.2. Une cour centrale
4.3.2.3. Une aile est ?
4.3.2.4. Les enduits peints
4.3.3. Les constructions de la rue
Bellecordière
4.3.4. Autres structures
4.3.5. La domus de l'Hôtel Dieu et l'habitat
domestique en Presqu'île
4.3.6. Chronologie de l'occupation
4.4. La domus abondonnée, un site
réapproprié
4.4.1. Un recul de l'habitat
4.4.2. Un réseau de structures en creux
linéaires
4.4.3. Un ensemble de massifs de fondation
4.4.4. Chronologie de l'occupation
457
457
457
457
462
463
464
465
466
467
470
471
471
472
473
474
4.5. La fin de l’Antiquité
475
4.6.. Le Moyen Âge
4.6.1. Le Haut Moyen Âge
4.6.2. De l'Oeuvre du pont au Bourg Chanin
(XIIe-XVe siècles)
476
476
477
4.7. L’époque moderne
484
4.7.1. Le Bourgchanin du XVe au XVIIIe siècles 484
4.7.2. L'extension de l'Hôtel Dieu et la
disparition du Bourgchanin (XVIIIe-XIXe s.) 485
Conclusion
5. BIBLIOGRAPHIE
5.1. Publications
5.2. Rapports d’opérations
5.3. Travaux universitaires
488
491
491
503
504
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3.9. Les terres cuites architecturales
3.9.1. Les tegulae
3.9.2. Les briques
3.9.3. Les éléments de canalisation
PAGE 5
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6. INVENTAIRES ET ANNEXES (VOLUME 3)
6.1. Unités stratigraphiques
6.2. Faits archéologiques
6.3. La céramique
6.4. Le verre
6.5. Numismatique
6.6. Instrumentum
6.7. Enduits peints
6.8. Lapidaire
6.9. Terres cuites architecturales
6.10. Prélèvements de mortier
6.11. Anthropologie
6.12. Faune
6.13. Prélèvements géomorphologiques
6.14. Documentation graphique
6.15. Documentation graphique numérique
6.16. Documentation photographique
6.17. Documentation écrite
6.18. Documentation écrite numérique
6.19. Bilan communication et médiation
6.20. Rapport d’analyse Re.S.Artes (C14)
6.21. Rapport CEPMR (enduits peints)
PAGE 6
508
509
578
614
705
712
720
785
798
801
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827
834
918
918
919
924
929
7. ILLUSTRATIONS (VOLUME 4)
7.1. Liste des figures
7.2. Liste des planches
936
936
938
PLANCHES
951
Fiche signalétique
Région : Région Rhône-Alpes
Département : Rhône
Commune : Lyon, 2e arrondissement
Adresse : 1, place de l’Hôpital
Coordonnées Lambert 93 CC46 :
Nord-ouest
X : 1842812,533
Nord-est
X : 1842873,144
Sud-est
X : 1842866,196
Sud-ouest
X : 1842822,007
Sud-est internat X : 1842803,967
Sud-ouest internat X : 1842790,992
Y : 5174832,747
Y : 5174816,945
Y : 5174789,925
Y : 5174790,905
Y : 5174762,923
Y : 5174766,272
Altitude NGF : 168,06 à 162,61 m NGF
Cadastre actuel : Parcelle AL 5p
Surface d’emprise du projet : 2181 m2
Surface étudiée : 2000 m2
Moyens humains :
Préparation : 4 jours/homme
Terrain : 916 jours/homme
Étude : 630 jours/homme
Propriétaire du terrain : Hospices Civils de Lyon, 3 quai des Célestins BP 2251, 69229 Lyon cedex 02
Statut du terrain / de l’immeuble : établissement public, classement aux Monuments Historiques de
l’ensemble de l’édifice et des terrains en date du 22 novembre 2011
Nature des travaux : reconversion du site de l’Hôtel-Dieu (cour de la Chaufferie et de l’Internat),
réalisation d’un parking souterrain
Intervention : fouille d’archéologie préventive
Arrêté de prescription : no 12-032 (01/02/2012)
Arrêté d’autorisation : no 2012/1122 (02/04/2012)
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Aménageur : Eiffage Immobilier Centre est, 3 rue Hrant Dink, 69285 Lyon cedex 02
Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon, 10 rue Neyret 69001 Lyon
Responsable de l'intervention : Eric Bertrand
Date de l’intervention : 17 juillet 2012 au 18 janvier 2013 ; 13 au 15 février 2013 (fouille de la
rampe)
PAGE 7
Thésaurus
Chronologie
Paléolithique
inférieur
moyen
supérieur
Antiquité romaine (gallo-romain)
République romaine
Empire romain
Haut Empire (jusqu'en 284)
Bas Empire (de 285 à 476)
Mésolithique et Épipaléolithique
Époque médiévale
Haut Moyen Âge
Moyen Âge
Bas Moyen Âge
Néolithique
ancien
moyen
récent
Temps modernes
Ère industrielle
Chalcolithique
Protohistoire
Âge du Bronze
ancien
moyen
final
Âge du Fer
Hallstatt (premier âge du Fer)
La Tène (second âge du Fer)
Interprétation
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Sujet et thèmes
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Édifice public
Édifice religieux
Édifice militaire
Bâtiment commercial
Structure funéraire
Voirie
Hydraulique
Habitat rural
Villa
Bâtiment agricole
Structure agraire
Urbanisme
Maison
Structure urbaine
Foyer
Fosse
Sépulture
Grotte
Abris
Mégalithe
Artisanat alimentaire
Argile : four potier
Atelier métallurgique
Artisanat
Autre :
Mobilier
Industrie lithique
Industrie osseuse
Céramique
Restes végétaux
Faune
Flore
Objet métallique
Arme
Outil
Parure
Habillement
Trésor
Monnaie
Verre
Mosaïque
Peinture
Sculpture
Inscription
Autre :
Études spécifiques
Géologie, pédologie
Datation
Anthropologie
Paléontologie
Zoologie
Botanique
Palynologie
Macrorestes
Analyses de céramique
Analyses de métaux
Acquisition des données
Numismatique
Conservation
Restauration
Autre :
Générique
INTERVENANTS ADMINISTRATIFS
DRAC / SRA : Anne Le Bot-Helly (Conservatrice régionale de l’Archéologie)
Le Grenier d'abondance, 6 quai Saint Vincent, 69283 Lyon cedex 01
Ville de Lyon / Service archéologique : Anne Pariente (Directeur du Service Archéologique de la Ville
de Lyon) ; Pierre Jacquet (Directeur adjoint) 10, rue Neyret 69001 Lyon
INTERVENANTS FINANCIERS
Aménageur : Eiffage Immobilier Centre est, 3 rue Hrant Dink, 69285 Lyon cedex 02
INTERVENANTS SCIENTIFIQUES
DRAC / Service régional de l’Archéologie (SRA) : Luc Françoise dit Miret
Service archéologique de la Ville de Lyon (SAVL) : Éric Bertrand
INTERVENANTS TECHNIQUES
Terrassement : SARL Gouttenoire Hervé, chemin de concoule, 38121 Reventin Vaugris
Berlinoise : Entreprise Lyonnaise de Travaux Spéciaux, Z.I. Le caillou, 69630 Chaponost
COMPOSITION DE L'EQUIPE
Types de vestiges : occupations antique, médiévale, moderne et contemporaine
Datation : Antiquité, Moyen Âge, époques moderne et contemporaine.
Réalisation de l’intervention : Service Archéologique de la Ville de Lyon
Motif de l’intervention : fouille d’archéologie préventive
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Fouille, photographie, relevés, enregistrement : Éric Bertrand (dir.), Cyrille Ducourthial
(responsable de secteur Moyen Âge, époque moderne), Anne-Catherine Le Mer (responsable de
secteur Antiquité), Mélanie Foucault, Thomas Genty, Charlotte Sanchez, Jules Ramona, Nicolas Hirsch,
Vincent Chollier, Carole Vélien.
DAO : Mélanie Foucault, Charlotte Sanchez, Marie-Noëlle Baudrand
Géomorphologie : Hervé Tronchère, Stéphane Gaillot
Relevés topographiques : Philippe Dessaint, Jordi Torgue
Céramologie : Clémence Mège, Eric Bertrand
Instrumentum/numismatique : Stéphane Carrara
Étude du verre : Laudine Robin
Étude des enduits peints : Marjorie Leperlier
Inventaire de la faune : Jérémie Liagre
Cartographie : Anne-Catherine Le Mer
Intégration des données dans Alyas : Eric Leroy, Mélanie Foucault, Michèle Monin
Stagiaire sur le terrain : Benjamin Nabet
Stagiaires en post-fouille : Laure De Chavagnac (instrumentum), Sandra Dal Col (anthropologie),
Mina Debbagh (infographie), Alice Gobillot (céramologie), Vanessa Lorrain (anthropologie),
Clémentine Siguier (infographie), Azzura Titta (céramologie).
PAGE 9
Notice scientifique
Auteur : Éric Bertrand (Service archéologique de la Ville de Lyon)
Numéro d’OA : 22 11008
Responsable de l’opération : Éric Bertrand (Service archéologique de la Ville de Lyon)
Nature de l’opération : Fouille préventive (SP), 2012
Couverture géographique : Rhône-Alpes > Rhône (69) > Lyon 2
Code INSEE de la commune : 69 382
Mots-clés du thésaurus : Lyon, Lugdunum, urbanisme, voirie, habitat urbain, domus,
anthropologie, structure funéraire, sépulture, hydraulique, fosse, foyer, industrie osseuse,
céramique, objet métallique, monnaie, verre, terrazzo, enduit peint, géomorphologie, datation
radiocarbone
Chronologie : Antiquité, Empire romain, Haut-Empire, Bas-Empire, Moyen Âge, bas Moyen Âge,
Temps modernes, époque contemporaine
Peuples et cités : Lugdunum
Keywords : Lyon, urbanism, urban house, domus, anthropology, funeral structure, burial,
hydraulics, pit, fireplace, bone and antler industry, pottery, metal object, coin, glass, terrazzo
floor, wall-painting, geomorphology, Antiquity, Roman Empire, Early Empire, Late Empire, middle
ages, Modern Times, radiocarbon dating, Lugdunum
Titre : Lyon
Sous-titre : Reconversion du site de l’Hôtel-Dieu, tranches 1 et 2
La reconversion de l’Hôtel-Dieu (Hospices Civils de Lyon), sous la maîtrise d’ouvrage de la société
Eiffage Immobilier, constitue un projet immobilier d’ampleur sur l’ensemble d’un site classé,
emblématique, et profondément ancré dans le paysage urbain lyonnais. Plusieurs cours de l’édifice,
classé au titre des monuments historiques, ont fait l’objet de diagnostics d’archéologie préventive
(cour de la Chaufferie, cour du Midi, cour de la Pharmacie) dont les résultats ont conduit le Service
Régional de l’Archéologie à prescrire des opérations de fouille. Après un diagnostic réalisé en 2011, le
Service Archéologique de la Ville de Lyon a été choisi pour effectuer la fouille extensive de la cour de la
Chaufferie. Cette opération concerne l’intégralité de l’espace de la cour (tranche 1) au cœur des
bâtiments dessinés par J.-G. Soufflot au milieu du XVIIIe s. et une bande de terrain demeurant vierge
d’excavation (tranche 2) entre le côté oriental de la rue Bellecordière et la cour de l’Internat qui avait
été fouillée en 1983.
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L’examen de la topographie naturelle du site a mis en évidence la présence d’une levée de berge
PAGE 10
parallèle au cours du Rhône dont le banc de gravier culmine au centre de la cour. Cette légère
éminence domine la plaine d’inondation qui forme, à l’ouest, une dépression dans laquelle se sont
accumulés les limons de débordement.
Les premières traces de fréquentation, repérées au sud-ouest du site, remontent aux années 40
apr. J.-C. Elles furent immédiatement suivies par la mise en place d’un premier habitat dont les
structures complètent les vestiges mis anciennement au jour dans la cour de l’Internat. La mise en
place d’un habitat est aussi attestée en partie sud de la cour de la Chaufferie. Les témoignages
matériels de cet état sont peu nombreux et largement endommagés par les constructions postérieures.
Sont associés à cette phase des sols en terre battue et quelques structures en creux qui ne permettent
pas la restitution précise d’un plan mais témoignent néanmoins de l’adoption d’une orientation
(N17°E) qui sera maintenue durant toute l’Antiquité.
La démolition de ces premiers bâtiments, qui a livré un lot d’enduits peints attribué à la fin de la
période précoce du IIIe style, est conservée dans le remblaiement du terrain sur lequel s’assoit une
nouvelle phase de construction à la fin du Ier ou au début du IIe s. Les vestiges de cette deuxième phase
ont surtout été préservés au sud de la cour de la Chaufferie au sein du maillage serré des constructions
modernes. Plusieurs sols en terrazzo (uniformes ou modestement décorés de tesselles noires) sont
associés à des murs porteurs et des cloisons dessinant l’aile d’une domus dont la disposition intérieure
est difficilement interprétable. Un long mur de façade a été suivi sur 28 m dans l’angle sud-est de la
fouille, mais il a été généralement récupéré, comme l’ensemble des murs maçonnés de l’habitat
antique. À l’est de l’aile, des vestiges ténus permettent de reconstituer une éventuelle entrée par un
vestibule donnant sur une cour ou un péristyle mal documentés. L’existence d’une seconde aile
symétrique à la première a laissé peu de vestiges.La partie nord de la cour n’a pas livré de structures
bâties et les sols qui auraient pu être associés à la domus ont disparu.
L’organisation de l’habitat de l’Hôtel-Dieu n’est pas comparable à la densité de l’urbanisme
antique connu sur la colline de Fourvière et le plan restitué de la domus doit plutôt être rapproché
d’exemples mis au jour dans les quartiers suburbains. Tant par sa disposition que ses proportions, la
domus de l’Hôtel-Dieu présente de nombreux points communs avec la maison aux Xenia découverte à
Vaise. Avec une juxtaposition d’habitat modeste, de structures artisanales ou commerciales et de
domus plus ostentatoires, la Presqu’île donne l’image de continentia qui se développent entre le cœur
de la colonie et un suburbium plus éloigné accueillant les nécropoles. Cette continuité de la ville
permet à l’aristocratie d’ajouter à son implantation politique au centre de la cité un logement
résidentiel à la mesure de son aisance.
notamment illustrée par un dépotoir d’enduits peints dégagé contre la façade de la domus. Arrachés
de leur support et rejetés dans le comblement d’une dépression, les nombreux fragments recueillis
permettent la reconstitution de plusieurs fresques. Globalement regroupés par ensembles, les
fragments étudiés ont permis l’identification de trois décors se distinguant par leurs styles et leurs
chronologies.
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La richesse de l’habitat domestique antique apparu dans l’emprise de la cour de la Chaufferie est
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Deux de ces décors appartiennent au Ier siècle et sont caractéristiques du IIIe style, mais l’ensemble
le plus important se rattache au IIIe style tardif, daté de la fin du Ier ou du début du IIe s. La thématique
ornementale de cet ensemble remarquable est centrée autour de la figure de Dionysos dont les
attributs sont nombreux sur une prédelle à saynètes, entre des panneaux blanc et vermillon en zone
médiane et sur les entablements couronnant les panneaux.
L’ensemble des vestiges d’habitats sont abandonnés à la fin du IIe ou au début du IIIe s. sans
connaître de réoccupation tardive. Le site de la domus, dont les matériaux de démolition ont été
intégralement évacués, est définitivement spolié au IVe s. par l’arrachement de ses dernières
fondations. Prenant place sur le sommet de la levée de berge, les ruines de la domus semblent
demeurées comme une éminence autour de laquelle se développent les éléments attribuables à
l’Antiquité tardive.
Dans le courant des IIIe et IVe s., trois massifs pleins quadrangulaires se répartissent d’est en ouest,
au nord des secteurs d’habitats abandonnés. Deux d’entre eux ont été totalement ou partiellement
spoliés tandis que le troisième est conservé sur trois assises maçonnées en gneiss et mortier jaune.
Espacés d’une vingtaine de mètres, leurs orientations sont divergentes et se distinguent de celle du
bâti du Haut-Empire. Leur fonction n’est pas clairement établie, l’hypothèse de fondations de
mausolées, de piles ou de support de monuments commémoratifs doit être discutée au regard du
statut de la Presqu’île dont l’appartenance au pomerium n’est pas démontrée.
Dans l’angle nord-est de la cour, un paléochenal entaillant les niveaux du Haut-Empire a pu être
repéré sur plus de vingt mètres. Creusé jusqu’au sommet du banc de galets, son orientation et son
profil pourraient évoquer plus un ouvrage anthropique qu’un talweg naturel. Condamné
progressivement par les sédiments qu’il a entraînés, son comblement n’est pas dû à une intervention
de remblaiement volontaire.
Si la partie sud du site ne montre pas de signe de fréquentation tardive, la partie nord est
finalement aménagée à la fin du IVe ou au début du Ve s. par un sol extérieur (fragments de tuiles, de
blocs et des galets). L’absence de fossés ou d’ornières ne permet pas d’identifier un véritable axe de
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circulation.
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Aucun vestige mobilier ou immobilier n’est rattachable avec certitude à la période mérovingienne.
Un aménagement de dalles de voie antique récupérées, associées à un épandage de fragments de
tuiles antiques et d’éclats de gneiss s’alignent sur le tracé du paléochenal, déjà condamné, mais qui
pouvait occuper une dépression naturelle. Le retour d’importants dépôts de limons dans ce secteur du
site indique une évidente faiblesse topographique.
Une seule structure est assurément datée du haut Moyen Âge, il s’agit d’un petit ensemble
funéraire composé de deux sépultures de jeunes enfants (entre 1 et 2 ans et demi pour l’un, entre 3 et
4 ans pour l’autre) inhumés en coffre. Les deux tombes se répartissent de part et d’autres d’une
structure empierrée ayant pu servir de calage. Les deux squelettes montrent des atteintes attribuables
au scorbut. Aucun mobilier n’étant associé aux sépultures, c’est une datation radiocarbone qui a
permis d’établir la chronologie de l’ensemble funéraire dans la deuxième moitié du IXe siècle.
À partir de la fin du XIIIe s., de nouvelles traces d’occupation se généralisent sur l’emprise de la
fouille. Dans un horizon sédimentaire difficilement lisible au sein d’une stratigraphie d’accumulation
uniforme et rassemblée dans quelques fosses localisées dans la partie nord de la cour, du mobilier
céramique est daté de la fin XIIIe ou du XIVe s. Cette chronologie correspond aux premiers indices
archivistiques attestant la création du quartier Bourgchanin qui s’établit progressivement entre les
actuelles rue de la Barre, rue Bellecordière et la berge du Rhône.
Le quartier qui se densifie au fil des siècles devra finalement disparaître avec les agrandissements
successifs de l’Hôtel-Dieu. Au XVIIe s., la construction du petit dôme et des quatre rangs touche en effet
la partie septentrionale du quartier et à partir du début du XVIIIe s. les recteurs de l’hôpital multiplient
les rachats de maisons qui permettront le vaste agrandissement de l’édifice suivant les dessins de
Jacques-Germain Soufflot. La cour de la Chaufferie a conservé de cet ancien quartier populaire de
nombreuses fondations qui redonnent de la matière aux plans anciens et illustrent, notamment dans
l’emprise de la cour de la Chaufferie, un secteur qui n’était pas documenté. Les sols extérieurs (en
galets têtes de chat) ou intérieurs (carreaux de Verdun) étaient particulièrement bien préservés en
partie est de la fouille, mais les caves, fosses d’aisances et puits ont largement endommagé la
stratigraphie. Ces éléments se sont toutefois révélés précieux pour l’analyse de la naissance et de
l’évolution d’un quartier en corrélant les sources archivistiques et les données archéologiques. Le
quartier du Bourgchanin disparaît complètement dans la deuxième moitié du XIXe s. avec les dernières
constructions méridionales de l’hôpital autour de la cour Bonnet et de la cour du Midi dominée par le
dôme de l’architecte Paul Pascalon.
(fig. 02)
Emplacement : fig. 02 – image 11008_PN_1318
Légende : Fragment d’enduit peint antique
Crédit : Service archéologique de la Ville de Lyon, 17.10.2012
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(fig. 01)
Emplacement : fig. 01 – image 11008_PN_421
Légende : Vestiges des époques moderne et contemporaine
Crédit : Service archéologique de la Ville de Lyon, 21.08.2012
PAGE 13
Fiche d’état du site
La présence des bâtiments de l’hôpital de J.-G. Soufflot, profondément fondés en périphérie de la
fouille, a permis une fouille relativement extensive de l’emprise du chantier. Compte tenu de la
profondeur des vestiges, un talutage à trois paliers a toutefois été maintenu en limite orientale de la
fouille, au pied du bâtiment B, pour permettre le relevé d’un transect sud-nord à l’extrémité est du
site. La zone de stockage des déblais, au nord-ouest (80 m2), a aussi dû être délaissée ; la présence
sous-jacente de fondations en béton pour soutenir les cuves des gaz médicaux avait déjà constitué un
obstacle important durant la réalisation du diagnostic.
De nombreuses maçonneries antiques et modernes ont été laissées en place, aucune ne sera
conservée lors de la construction du parking. Chaque fois que cela s’est révélé techniquement
possible, la stratigraphie a été examinée jusqu’à l’apparition du terrain naturel. Plusieurs sondages
profonds dans les sables graveleux du Rhône attestent l’absence d’occupations antérieures à celles qui
ont été fouillées.
Des vestiges sont apparus sur l’intégralité du site et tous se prolongent manifestement en dehors
du périmètre de l’opération. Vers l’ouest, les vestiges antiques se dirigent sous la rue Bellecordière
entre les cotes 164,02 et 164,61 m NGF, ils réapparaissent dans l’emprise de l’opération du 22-24 rue
Bellecordière (Le Nezet-Célestin et alii 1998). Dans ce secteur, l’implantation de la dernière
chaufferie, fouillée en 1983, a fait disparaître jusqu’au terrain naturel les éventuels vestiges qui
auraient été laissés en place.
En limite nord de la cour de la Chaufferie, les structures antérieures à l’époque moderne sont moins
denses. Toutefois, l’ensemble de la stratigraphie archéologique s’étage entre les cotes 163,20 et
166,00 m NGF et disparaît sous le réfectoire (bâtiment G). Ce bâtiment dispose de sous-sols sur
l’ensemble de sa surface (fig. 1). Le niveau supérieur des dalles est constant autour de 164,47 m NGF à
l’exception d’une pièce surcreusée à 164,02 m NGF. Si l’on tient compte de l’épaisseur des dalles, seule
la partie la plus basse de la stratigraphie antique et les structures en creux pourraient être conservées.
En limite sud, les structures négatives s’enfoncent dans le terrain naturel jusqu’à la cote 163,50 m
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NGF
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et les sols du Bourgchanin culminent à 166,50 m NGF. Les fondations du bâtiment E coupent cette
séquence qui se développait vers le sud. Le sous-sol de ce bâtiment montre des altitudes de dalles plus
disparates. Une galerie d’évacuation d’eaux usées court derrière la façade nord avec un pendage
plongeant vers le Rhône de 165,50 m NGF à l’ouest à 164,78 m NGF à l’est. Ces niveaux permettent
d’envisager la persistance d’éléments stratigraphiques antiques. Sous les trois-quarts sud du bâtiment
les dalles des sous-sols cotent de 164,34 m à 164,62 m NGF, les niveaux de terrazzo antiques (phase
1.2) ont peu de chance d’être conservés, mais les niveaux plus anciens (phase 1.1) pourraient être
partiellement préservés. À l’ouest de la galerie permettant de passer de la cour de la Chaufferie à la
cour Bonnet, un espace conséquent ne semble pas disposer de sous-sol. Plus au sud, sous la galerie
bordant au nord la cour Bonnet un sous-sol continu cote entre 164,36 et 164,52 m NGF. Sous la cour
Bonnet un sous-sol unique a été créé sur presque la totalité de la cour, sa dalle cote à 164,36 m NGF. À
l’exception de structures en creux importantes, la stratigraphie archéologique ne devrait pas être
conservée. Néanmoins, en bordure occidentale de la cour une bande plus large pourrait être épargnée.
Le bâtiment F, qui sépare la cour Bonnet de la cour de l’Internat, est doté de deux salles en soussol dont les dalles cotent à 164,57 m NGF.
Vers l’est, un sondage géotechnique réalisé à la demande de l’aménageur (fig. 1, 3001) a montré
que les murs supportant la grande galerie nord-sud du bâtiment B étaient fondés en tranchée étroite,
laissant entre eux l’intégralité de la stratigraphie de l’époque moderne à l’Antiquité. Sous le bâtiment
Soufflot, en façade, une galerie d’évacuation des eaux usées présente des altitudes de dalle entre
163,94 et 164,82 m NGF. Dans les caves, les sols de terre battue affichent des altitudes entre 164,61 et
164,77 m NGF. Trois sondages géotechniques creusés dans une même cave dans l’axe de la cour de la
Chaufferie (3002, 3003 et 3004) ont fait apparaître sous la cote 164,64 m NGF la conservation des
remblais antiques sur 0,9 à 1 m d’épaisseur, soit dix centimètres sous le sol des caves. Ces sondages
attestent la continuité de la stratigraphie antique jusqu’au droit de la façade Soufflot sur le quai Jules
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Courmont, repoussant au-delà de cette limite la berge du Rhône.
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Fig. 1 – Environnement de la cour de la Chaufferie : altitudes (sommets des dalles en m NGF) des sous-sols et
galeries d’évacuation des eaux usées, situation des sondages géotechniques (topographie cabinet Operandi).
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Prescription 1/3
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Prescription 2/3
Prescription 3/3
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Cahier des charges scientifique 1/7
Cahier des charges scientifique 2/7
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Cahier des charges scientifique 3/7
Cahier des charges scientifique 4/7
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Cahier des charges scientifique 5/7
Cahier des charges scientifique 6/7
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Cahier des charges scientifique 7/7
Projet d'intervention 1/12
CONTRAT ENTRE LA SAS HOTEL-DIEU LYON-PRESQU’ILE ET LA VILLE DE LYON
POUR LA RÉALISATION D’UNE FOUILLE ARCHÉOLOGIQUE
SUR LE SITE DE L’HOTEL-DIEU (LYON 2e)
Entre :
La SAS Hôtel-Dieu Lyon-Presqu’île, immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Lyon
sous le numéro B 534 628 367, domiciliée au siège de la société Eiffage Immobilier Centre-Est, 3, rue
Hrant Dink – 69002 Lyon, représentée par Monsieur Bernard VITIELLO, Directeur Adjoint Immobilier,
autorisé à signer les présentes.
Ci-dessous dénommée l’aménageur
Et :
La Ville de Lyon, dont le siège social est Place de la Comédie 69205 Lyon cedex 01, représentée par
son Maire en exercice, Monsieur Gérard COLLOMB, et par délégation par Monsieur Georges
KEPENEKIAN, Adjoint délégué à la Culture, au Patrimoine et aux Droits des Citoyens, autorisé aux fins
des présentes par la délibération n° 2012-…., adoptée en séance du Conseil Municipal du 02 juillet
2012, envoyée en Préfecture le …..
Ci-dessous dénommée l’opérateur
Préambule :
Dans le cadre de la reconversion du site de l’Hôtel-Dieu (69002 Lyon), site classé Monument
historique emblématique du paysage urbain lyonnais, le Service Régional de l’Archéologie (SRA,
Direction Régionale des Affaires Culturelles) a prescrit une opération de fouilles archéologiques sur le
terrain de la cour de la Chaufferie et de son futur parking. Le diagnostic archéologique conduit en
2011 par le Service archéologique de la Ville de Lyon (SAVL) sur ce secteur avait en effet dégagé les
vestiges de plusieurs niveaux d’occupation, déjà attestés par trois opérations réalisées à proximité en
1983, 1996 et 1998 :
•
Sur l’ensemble du site, 2,50 m de stratigraphie séparent les sols modernes des
niveaux antiques en place. Aucun sol marqué n’apparaît dans ces niveaux rapportés assimilables à
des terres cultivées. La présence de niveaux antiques (murs, éléments de démolition rubéfiés, traces
d’une puissante construction maçonnée) est attestée dans les trois sondages ouverts au diagnostic.
La céramique évoque un abandon au IIIe siècle apr. J.-C. La découverte de fragments d’enduits peints
(avec décor typique du IVe style pompéien) atteste une phase de construction postérieure au milieu
du Ier siècle. Les structures antiques témoignent d’une occupation continue sur la majeure partie de
la cour. Ces niveaux très arasés et dépourvus de sols sont scellés par une fine couche d’abandon.
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•
Pour l’époque moderne, des murs et caves voûtées appartenant aux immeubles de la
rue Bourgchanin, détruits en 1843 et à l’« appartement des fous », construit au XVIIIe siècle ont été
dégagés, associés à une ruelle et des espaces dallés en galets « tête de chat ».
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Projet d'intervention 2/12
•
L’époque médiévale n’est représentée par aucun vestige mobilier ou immobilier, le
remblaiement du site a dû être réservé à une occupation champêtre dont le niveau supérieur a dû être fixé
e
e
par la construction du rempart sur le Rhône aux XVI et XVII siècles.
La SAS Hôtel-Dieu Lyon-Presqu’île a choisi le Service archéologique de la Ville de Lyon comme
opérateur archéologique pour réaliser cette fouille. Le présent contrat précise l’organisation et la
méthodologie de l’opération prévues pour cette intervention et validées par le SRA.
L’intervention du Service archéologique est prévue à partir de mi-juillet (voir infra, § 3.1) ; la phase
doit durer quatre mois et demi, à moduler en fonction de la durée des opérations techniques
nécessaires à la démolition des fondations des bâtiments antérieurs et à celles des éventuelles
déposes de mosaïques ou enduits peints ou découvertes d’embarcations.
Le présent contrat a pour objet, conformément à l’article 40 du décret 2004-490, de spécifier et
d’organiser les obligations entre l’aménageur et l’opérateur.
Sont annexés au présent contrat et ont valeur contractuelle entre les deux parties signataires la
proposition financière de la Ville de Lyon et le tableau des prestations techniques directement prises en
charge par l’aménageur (annexe I) ainsi que le plan de phasage de l’opération (annexe II).
_________________________________________________
Article 1. Identification de l’opération
Dossier administratif :
Type de dossier : demande d’autorisation de travaux sur un Monument historique
Envoyé par : Ville de Lyon (DAU)
Déposé par : SAS Hôtel-Dieu Lyon-Presqu’île
Localisation du projet d’aménagement :
Département : Rhône
Commune : Lyon 2e
Adresse : Hôtel-Dieu (cour de la Chaufferie)
Réf. cadastrales : AL 5p et domaine public
Nature du projet : construction d’un parking souterrain dans le cadre de la reconversion du site de
l’Hôtel-Dieu
Type d’opération : travaux de terrain
Surface à fouiller : 2 181 m2
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Arrêté n° 12-032 (n° SRA : 19309).
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Projet d'intervention 3/12
Article 2. Principes méthodologiques
Pour répondre aux objectifs définis par le SRA dans son cahier des charges de l’opération (n° SRA
19309, art. 3.3), le Service archéologique de la Ville propose de procéder comme suit :
2.1.
Organisation et méthodologie de l’intervention (cf. plan annexe II)
L’opérateur mènera l’opération (1er temps) en plusieurs phases :
2.1.1. Une phase de décapage préliminaire (« phase 0 ») menée sur l’intégralité du terrain hors
secteur (quart médian est) de la « loge des fous » jusqu’à la profondeur de 0,75 m max. – la zone
de la « loge des fous » ne sera décapée que jusqu’au niveau d’apparition des murs, soit environ sur
0,20 m. Ce décapage sera réalisé sous surveillance archéologique ponctuelle.
2.1.2. La phase 1 de la fouille, correspondant à trois horizons chronologiques, sera conduite en
trois temps successifs.
•
Pour chacun de ces trois temps, la fouille progressera de l’est vers l’ouest en trois
secteurs : un 1er secteur correspondant au quart est de l’emprise, à l’est de la « loge des
fous » ; un 2e secteur correspondant à l’intérieur de la « loge des fous » ; un 3e secteur
correspondant à la moitié ouest du terrain, à l’ouest de la loge. La bande de terrain
séparant l’ancienne chaufferie en sous-sol de la rue Bellecordière, seule partie du secteur
sud de l’aile ouest du parking à rester à fouiller, sera explorée selon la même procédure.
•
Dans un 1er temps, la fouille des niveaux modernes atteindra la profondeur
approximative de – 2 m.
•
Dans un 2e temps, la fouille portera sur les niveaux médiévaux, identifiés dans le
diagnostic exclusivement sous la forme de terres cultivées ( ?). Une attention particulière
sera portée au secteur longeant la fouille de 1983 rue Bellecordière, où des vestiges
médiévaux pourraient cependant être conservés. Les remblais feront l’objet d’analyses et
de prélèvements spécifiques, destinés en particulier à des études géotechniques et
palynologiques.
La fouille des remblais sera effectuée par le biais de tranchées de reconnaissance,
talutées en tant que de besoin, avant d’être suivies d’un décapage mécanique.
•
Il est prévu que la phase 1 de la fouille soit, si la présence de vestiges le justifie,
menée jusqu’à la cote 162,50 m NGF, correspondant au bas des fondations de la structure
antique la plus profonde dégagée au diagnostic.
•
S’il est scientifiquement justifié d’explorer la partie talutée qu’il sera nécessaire
de laisser en place à l’intérieur de la paroi périphérique pour atteindre la cote 162,50 m
NGF, les techniciens de AIA Ingénierie ont donné leur accord pour la réalisation de
sondages de 3 à 4 m de large, réalisés en « touches de piano ».
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•
Dans un 3e temps interviendra la fouille des niveaux antiques, reconnus dans les
sondages à environ – 4,50 m : ils sont apparemment très arasés sur l’ensemble du terrain
et conservés seulement sur 0,50 m d’épaisseur. La fouille de la rampe d’accès des engins
sera, en tant que de besoin, achevée dans cette phase.
La fouille pourra révéler la présence de vestiges mobiliers ou immobiliers nécessitant
l’intervention d’un laboratoire spécialisé : ces travaux ne sont pas globalement chiffrés
dans le devis annexe I.
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Projet d'intervention 4/12
•
Au cas où, au niveau qui pourra être atteint à l’intérieur de la berlinoise et hors
nappe phréatique (soit 162,50 m NGF environ), d’éventuels niveaux archéologiques seraient
en cours de dégagement ou apparaîtraient, il sera nécessaire de mettre en place une couche
de protection (cf. infra, 2.2.5) avant la réalisation de la paroi moulée du parking. La fouille
de ces niveaux serait alors reprise et achevée en début de phase 2 (phase 2a,
conditionnelle).
2.1.3. La phase 2 de la fouille interviendra après la mise en place de la paroi moulée du futur
parking. La prescription du SRA imposant dans son cahier des charges (art. 3.3, alinéa 2 ; art. 5,
alinea 2) une « surveillance des terrassements profonds » ainsi qu’une « reconnaissance sous la
forme de tranchées », l’opérateur envisage deux phases :
•
La phase 2b, obligatoirement mise en œuvre, correspondra à la réalisation de
tranchées destinées à explorer les couches de gravier qui seront vraisemblablement
traversées à partir de la cote 162,50 m NGF. Menée jusqu’à la cote 160 m NGF, elle durera
une semaine.
•
Au cas où la phase 2b amènerait la découverte d’éléments archéologiques ou de
niveaux anthropiques masqués sous les couches de gravier du Rhône, une éventuelle phase
2c (correspondant à la « provision pour fouille » demandée par le SRA art. 5, alinea 2) serait
mise en œuvre pour en réaliser le dégagement complet. Sa durée est estimée (hors
découverte envisagée infra) à quatre semaines maximum.
2.1.4. Une surveillance archéologique des travaux de terrassement du parking au-delà de la cote
160 m NGF sera mise en œuvre si nécessaire en fonction des éventuelles découvertes de la phase 2.
2.1.5. Toute découverte d’embarcations, de vestiges de l’ancien pont en bois de la Guillotière, de
bois assemblé ou d’objets en matériaux périssables nécessitera la mise en œuvre de moyens humains
et financiers spécifiques, tels qu’évoqués dans le devis (annexe I) sans que leur chiffrage global
puisse être établi, ainsi que la mise en place d’un délai de fouille complémentaire.
2.2.
2.2.1.
Données et contraintes techniques
Principes de confortement des parois
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La méthodologie ici proposée par l’opérateur est fondée sur les principes de confortement
périphérique basés sur les constatations géotechniques et les préconisations correspondantes
émises par AIA Ingénierie.
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•
La fouille (1er temps) sera menée à l’intérieur d’un périmètre constitué d’une
berlinoise le long de la rue Bellecordière et sur le retour nord de l’aile nord-sud du parking,
jusqu’à la façade ouest du réfectoire d’une part, et des façades des bâtiments conservés au
nord, à l’est et au sud de la cour d’autre part. Les reconnaissances géotechniques ont en
effet attesté que les murs et fondations des bâtiments conservés (dont la tourelle sudouest) sont fondés à une profondeur nettement supérieure à celle du fond des niveaux
archéologiques, suffisantes pour en assurer la stabilité lors de l’excavation. Les deux murs
de façade est et ouest de la « loge des fous » (secteur médian du terrain) pourront si c’est
utile être partiellement conservés et faire office de confortement perpendiculaire aux murs
du réfectoire.
Projet d'intervention 5/12
•
Il est envisagé que la mise en place de la berlinoise intervienne concomitamment
au début de la fouille, après la phase de décapage, en commençant par la partie ouest du
terrain.
•
La berlinoise descendra au minimum à la cote 162 m NGF. Si cela s’avère nécessaire
pour éviter des problèmes techniques pour l’installation des profilés, il sera procédé à un
préforage (à réaliser sous la surveillance d’un archéologue). Le boisage des berlinoises sera
descendu au fur et à mesure de l’avancée de l’opération archéologique, à la demande du
responsable d’opération.
•
Après la fin du dégagement des niveaux antiques reconnus dans les sondages à
environ – 4,50 m, l’aménageur mettra en place la paroi moulée du futur parking, à
l’intérieur de laquelle sera réalisé le 2e temps de la fouille.
2.2.2.
Circulation des engins
L’accès des engins se fera par l’angle nord-ouest du terrain.
Une bande de circulation des engins, de 5 m de largeur N/S, sera ménagée en limite nord du terrain.
Elle servira de rampe d’accès et sera fouillée au fur et à mesure de l’avancée de la fouille.
2.2.3.
Démolition des bâtiments contemporains
•
La démolition des fondations des bâtiments hospitaliers et de la dalle de béton
située de part et d’autre de la tourelle pourra nécessiter la mise en place de moyens
mécaniques plus puissants que ceux affectés quotidiennement à la fouille (pour le BRH en
particulier).
•
Les cuves enterrées de la partie médiane ouest du terrain seront vidées et évacuées
avant le début de l’opération archéologique proprement dite, afin de mener en dessous les
sondages de pollution nécessaires : l’opération sera menée sous surveillance
archéologique. L’espace libéré sera ensuite rechargé en conservant les murs périphériques.
•
La chaufferie, dont la dalle est située à 162,50 m NGF, ne sera démolie qu’à la fin de
l’opération archéologique. Ses murs nord et ouest constitueront des confortements en cours
de fouille.
•
L’ensemble des travaux de démolition, indispensables au creusement du parking,
ne seront pas décomptés des moyens mécaniques affectés à la fouille.
2.2.4.
Démolition des berlinoises mises en place pour les sondages du diagnostic
Les IPN et le boisage des berlinoises des sondages menés en 2011 devront être retirés au fur et à
mesure du déroulement de la fouille.
Opérations de remblaiement-déblaiement
Si des opérations de remblaiement-déblaiement s’avèrent nécessaires au bon déroulement de la
fouille, les matériaux utilisés seront du sable ou du gravier fin (sur 0,50 m d’épaisseur min.) et du
bidim. Les modalités de leur mise en œuvre (en particulier s’il se pose des problèmes d’accès des
engins) feront l’objet au coup par coup de décisions communes sous le contrôle de l’Etat.
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2.2.5.
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Projet d'intervention 6/12
2.2.6.
Opérations de pompage
Des moyens de pompage hydraulique pourront, en fin de phase 1, s’avérer nécessaires si la nappe
phréatique, apparue à la cote 162,50 m NGF au diagnostic, était beaucoup plus haute lors de la
fouille.
2.2.7.
Evacuation des déblais
Les déblais de la partie est pourront si nécessaire être stockés provisoirement en partie ouest, ceux de la
partie ouest nécessiteront la mise en place des moyens mécaniques permettant une évacuation
immédiate.
2.3.
Méthodologie du traitement des données
• L’ensemble des structures fera l’objet d’un relevé graphique, photographique et numérique,
en plan et en élévation pour les maçonneries. Les relevés planimétriques et stratigraphiques seront
réalisés au 1/10e, 1/20e et/ou 1/50e, en fonction du type de découvertes. Les éventuelles
découvertes d’enduits peints ou de mosaïques nécessitant des relevés in situ feront l’objet d’une
couverture orthophotographique assurée par l’équipe. Le relevé exhaustif des vestiges sera effectué
par l’équipe sur la base de stations géoréférencées (coordonnées Lambert 2 centre) implantées par
un géomètre.
Les données stratigraphiques seront enregistrées selon la méthode de Harris.
• Des interventions de prélèvements à des fins d’analyses géomorphologiques et
palynologiques seront effectuées dans les niveaux de remblais médiévaux (terres agricoles ?), dont
l’on tentera de préciser la nature. Les analyses diffractométriques engagées par le SAVL sur les
alluvions reconnus rue Bourgelat (Lyon 2e) seront poursuivies.
• Les interventions de prélèvement et dépose et de conservation préventive des mosaïques et
enduits peints, des embarcations, pieux de pont, éléments en bois assemblé et objets en matériaux
périssables éventuellement nécessaires seront confiées à des laboratoires spécialisés en
conservation et restauration. A la demande de l’Etat, l’aménageur s’engage à prendre en charge ces
dépenses spécifiques dans les conditions du devis ci-annexé.
• Les prestations d’analyses diverses (bois et végétaux en particulier) seront confiées à des
laboratoires spécialisés.
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• Les données de terrain seront intégrées dans la base de données archéologiques ALyAS,
élaborée par l’opérateur.
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Projet d'intervention 7/12
2.4.
Composition de l’équipe
L’équipe prévue sera constituée du personnel suivant :
•
en phase terrain
–
–
–
–
–
–
–
un archéologue responsable d’opération (antiquisant spécialiste d’archéologie
préventive en site urbain)
deux archéologues responsables de secteur (l’un moderniste-médiéviste puis
l’autre antiquisant), qui se succèderont en fonction des phases chronologiques des
vestiges mis au jour ;
quatre archéologues, présents à temps plein ;
d’un dessinateur-infographiste, à quart de temps ;
d’un géomorphologue, à quart de temps ;
d’un stagiaire technicien responsable de l’inventaire et du conditionnement du
mobilier.
Si besoin en phase 2 suite à la découverte d’une ou plusieurs embarcations,
interviendront des archéologues spécialisés en archéologie navale.
• En phase d’étude, l’équipe sera complétée, en tant que de besoin, par les spécialistes dont
la collaboration s’avèrera nécessaire en fonction des découvertes réalisées (archéozoologue,
numismate, spécialiste d’instrumentum, spécialiste d’enduits peints, spécialiste de mosaïques…) :
leur temps de présence s’adaptera à la réalité du matériel recueilli.
• Il est prévu que le chantier accueille, dans le cadre de conventions de stage signées entre la
Ville de Lyon et les universités, des étudiants en archéologie en formation.
Article 3. Clauses administratives
3.1.
Calendrier de l’opération
• Le temps consacré à l’opération de fouille sera au minimum de 80 et au maximum de 90
jours ouvrés.
S’y ajouteraient éventuellement, au cas où l’équipe archéologique ne pourrait intervenir ailleurs
sur le terrain :
- les jours consacrés à certaines des opérations relevant du BTP (mise en place des berlinoises,
démolition de longrines et fondations modernes) :
– les jours nécessaires à des opérations de dépose (mosaïque ou enduits peints), réalisées par un
laboratoire spécialisé.
Si ce temps de retrait n’est pas supérieur à 2 semaines, l’équipe anticiperait alors sur la phase
d’étude finale. Dans le cas contraire, une révision du calendrier sera officiellement mise en place, en
accord entre l’aménageur et l’opérateur et sur validation du SRA.
L’opération de terrain commencera au plus tôt le 09/07/2012, au plus tard le 23/07/2012.
La répartition du temps de travail global entre les différentes phases de l’opération n’est pas
contractuelle et pourra si besoin est être adaptée par le responsable à la réalité des découvertes.
Ces délais s’entendent hors circonstances particulières (défaillance d’entreprise ou de fournisseur,
aléa imprévisible, cas de force majeure) et hors découverte d’importance exceptionnelle (décret
2004-490 du 3 juin 2004, art. 43).
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•
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Projet d'intervention 8/12
Les journées d’intempérie empêchant le travail de l’entreprise et/ou celui des archéologues seront
défalquées du temps prévu. Les intempéries (nature et période) s’entendent au sens de l’article L.
731-2 du Code du Travail.
3.2.
Résultats de l’opération
• La remise du rapport d’opération se fera au plus tard 30 semaines (pour 125 jours ouvrés)
après l’achèvement de la phase de terrain (sauf retard dans la remise des résultats des analyses
éventuelles par les laboratoires concernés ou mise en place d’un calendrier différent validé par
avenant par les deux parties en accord avec le Service régional de l’Archéologie - SRA).
Ce rapport sera établi conformément aux textes en vigueur (décret 2004-490 du 3 juin 2004, art. 58,
arrêté du 27 septembre 2004, cahier des charges élaboré par le SRA Rhône-Alpes et annexé à la
prescription de fouilles).
• L’exploitation et la diffusion des résultats de l’opération sont susceptibles, pendant et après
la phase de terrain, de faire l’objet d’actions de valorisation, qui pourront être menées en commun
par l’aménageur et l’opérateur. Les modalités de l’ensemble de ces opérations de communication
seront définies en concertation avec le SRA.
Article 4. Clauses techniques annexes
4.1.
Conditions de mise à disposition du terrain
• Avant l’intervention de l’équipe archéologique, le terrain devra nécessairement, sur
l’intégralité de l’emprise concernée par l’opération, avoir été libéré de toutes contraintes et de tout
élément pouvant entraver le déroulement normal des opérations.
Tous les réseaux anciens traversant les zones de fouille devront avoir été mis hors service et évacués
lors de la phase de décapage préliminaire. Si leur évacuation n’est pas achevée dans cette phase,
elle sera effectuée au fur et à mesure de l’avancée des travaux sous la surveillance des archéologues.
•
A la fin de l’opération, l’aménageur fera son affaire de la remise en état du terrain.
4.2.
Conditions de sécurité
• La mise en sécurité du chantier archéologique sera assurée par l’aménageur en concertation
avec l’opérateur et sous la conduite du coordonnateur SPS. Elle se conformera aux règles habituelles
des chantiers du BTP (décret n° 65-48 du 08 janvier 1965, modifié par le décret 95-608 du 06 mai
1995). L’aménageur assurera, dans le cadre de son PGCSPS (Plan général de coordination sécurité
protection de la santé), la sécurité de l’équipe en activité, qui fournira son PPSPS (Plan particulier de
sécurité et de protection de la santé) pour l’établissement du plan de prévention.
• L’aménageur se chargera par ailleurs de mettre en place le barriérage et la signalétique du
chantier, les problèmes de sécurité étant particulièrement sensibles en centre-ville.
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Article 5. Procès-verbaux de début et de fin de chantier
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5.1.
Procès-verbal de début de chantier
Au moment de l’occupation du terrain constituant l’emprise de diagnostic, la Ville de Lyon dresse un
procès-verbal de mise à disposition du terrain de façon contradictoire, en présence d’un
représentant de l’aménageur, en deux exemplaires originaux dont l’un remis à l’aménageur.
Projet d'intervention 9/12
Ce procès-verbal a pour double objet :
de constater que toutes les conditions (accessibilité, mise en sécurité, autorisations) sont
réunies pour le démarrage de l’opération
de fixer la date effective de début de chantier et, par suite, de valider le calendrier
prévisionnel de l’opération.
5.2.
Procès-verbal de fin de chantier
à Lorsqu’elle cesse d’occuper le terrain constituant l’emprise de diagnostic, la Ville
de Lyon dresse, dans les mêmes conditions, un procès-verbal de fin de chantier.
Ce procès-verbal a pour triple objet :
de constater la cessation de l’occupation par l’opérateur et de fixer en conséquence la date à
partir de laquelle l’aménageur peut retrouver l’usage du terrain
de constater l’accomplissement des obligations prévues par le présent contrat
de mentionner, le cas échéant, les réserves formulées par l’aménageur : dans ce cas, un
nouveau procès-verbal constatera la levée de ces réserves.
A défaut pour l’aménageur de se faire représenter sur les lieux, l’opérateur peut, en accord avec lui,
adresser le procès-verbal de fin de chantier à ce dernier par lettre recommandée avec accusé de
réception, à charge pour l’aménageur de le retourner signé à la Ville de Lyon.
En cas de désaccord entre l’aménageur et l’opérateur sur ce procès-verbal ou en cas de refus de
l’aménageur de le signer, la partie diligente peut demander au président du tribunal administratif de
désigner un expert pour dresser le procès-verbal prévu ci-dessus.
à
Article 6. Règlement des prestations de service du Service archéologique de la Ville de Lyon
L’aménageur s’engage à verser une provision d’un montant de 25 000 € T.T.C. à la Ville de Lyon à
compter de la signature des présentes.
Le solde des dépenses engagées par le Service archéologique conformément au devis joint au
présent contrat sera réglé par l’aménageur sur présentation de factures mensuelles transmises par
l’opérateur.
Ces factures ne pourront pas dépasser le montant global maximum prévu par le devis, auquel
pourront venir s’ajouter les deux phases de fouille conditionnelles (phases 2a et 2c) et les frais de
fouille et étude d’éventuelles embarcations.
Aucune dépense supplémentaire ne sera prise en compte par l’aménageur sans la signature d’un
avenant préalable.
Article 7. Durée de validité du contrat
S’il est nécessaire, pour des raisons dues à la nature des découvertes ou à la réalisation du chantier
qui ne relèveraient pas de l’article 8 (cf. infra), de prolonger cette durée de validité, il sera procédé à
la signature d’un avenant.
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Le présent contrat prendra effet à compter de sa signature et prendra fin le 30 septembre 2013.
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Projet d'intervention 10/12
Article 8. Clause suspensive
Le contrat sera suspendu de plein droit à la suite d’un arrêt du chantier relevant de l’aménageur
et/ou de ses entreprises prestataires excédant une durée de 15 jours calendaires et non prévu
initialement dans le déroulement des travaux. Dans ce cas, la SAS Hôtel-Dieu Lyon-Presqu’île
remboursera à la Ville de Lyon les dépenses engagées pour couvrir l’intégralité de cette phase de
chantier sur la base du récapitulatif correspondant.
L’opérateur, une fois prévenu par l’aménageur de la possibilité de reprise du chantier, s’engage à se
rendre disponible pour un redémarrage du chantier dans un délai maximum de 2 semaines.
Article 9. Résiliation
Si la durée de l’arrêt inopiné du chantier excède un mois, l’opérateur se réserve le droit – en fonction
de la disponibilité de ses équipes – soit de ne reprendre le chantier qu’à la date qui lui conviendra,
dont il informera l’aménageur au moins deux semaines à l’avance, soit de résilier le contrat.
Dans ce cas, l’aménageur remboursera à la Ville de Lyon toutes les dépenses engagées, sur la base du
récapitulatif correspondant.
Article 10. Litiges
Les parties s’engagent à soumettre les litiges relevant du présent contrat aux tribunaux compétents,
après avoir épuisé la voie d’un accord amiable devant intervenir dans les six mois suivant la fin du
chantier.
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Fait à Lyon, le
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en 6 exemplaires
Pour la SAS Hôtel-Dieu Lyon-Presqu’île,
Pour la Ville de Lyon,
M. B. VITIELLO
Directeur Adjoint Immobilier
M. G. KEPENEKIAN
Adjoint délégué à la Culture,
au Patrimoine et aux Droits des
Citoyens
Projet d'intervention 11/12
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Projet d'intervention 12/12
Autorisation de fouille 1/2
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Autorisation de fouille 2/2
1. Cadre d’intervention
1.1. Localisation et circonstances de l’intervention (E. Bertrand)
L’Hôtel-Dieu est situé sur la rive droite du Rhône en bordure est de la Presqu’île. Faisant face au
quartier de la Guillotière, il s’élève immédiatement au nord du pont de la Guillotière, sur le tracé
médiéval qui, par la rue Mercière, conduisait de la place d’Albon à la voie d’Italie (pl. 2 et 3).
Définitivement désaffecté à la fin de l’année 2010, la reconversion du site a été confiée à la société
Eiffage Immobilier Centre Est. Sous la maîtrise d’œuvre des architectes Albert Constantin et Didier
Repellin, le projet prévoit la requalification des 62 000 m2 existants (classés Monument Historique) et
la création de 10 000 m2 de nouvelles constructions sur la rue Bellecordière et dans la cour de la
Chaufferie. Le musée des Hospices Civils devrait rester dans les murs avec une possible extension de sa
surface. Le reste du bâtiment accueillera un hôtel de luxe, des espaces commerciaux, des bureaux.
Après signature du bail en 2012, le site pourrait ouvrir partiellement en 2015 et être achevé en 2016.
Le projet retenu prévoit une utilisation plus optimale des espaces avec la création de nouveaux
sous-sols (fig. 2), notamment dans la cour du Midi (tranche 3) et de la Pharmacie (tranche 4). La
surface plus importante de la cour de la Chaufferie (tranche 1), à laquelle sont rattachées la cour de
l’Internat (tranche 2) et une bande de terrain disponible au sud de la chapelle (tranche 5), a permis à
l’aménageur d’envisager la réalisation d’un parking souterrain. Celui-ci sera accessible depuis le quai
Jules Courmont par une rampe (tranche 7) qui s’enfoncera sous la façade de l’Hôtel-Dieu.
Bien qu’elle soit au cœur de l’Hôtel-Dieu dessiné par l’architecte J.-G. Soufflot au début du XVIIIe
siècle, la cour de la Chaufferie est une création récente. Jusqu'en 1937, une aile centrale nord-sud
partitionnait cet espace clos à l'ouest par les maisons bordant la rue Bellecordière (fig. 4). La
destruction au milieu du XIXe siècle des immeubles entre la chapelle et la rue de la Barre à finalement
permis la création de la cour de l'Internat et l'agrandissement de l'hôpital vers le sud.
La fouille des tranches 1 et 2 ne constitue donc qu’une première étape, la construction du parking
souterrain ne pourra être effective qu’après une éventuelle prescription par le SRA sur l’emprise de la
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tranche 5.
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Fig. 2 – Plan général de l’Hôtel-Dieu : phases d’interventions archéologiques (document AIA architectes).
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Fig. 3 – Plan général de l’Hôtel-Dieu : numérotation des bâtiments et dénomination actuelle des cours
(document conçu par D. Repellin).
Fig. 4 – Chronologie des principales phases de constructions de l’Hôtel-Dieu
(d’après AIA architectes, D. Repellin et SAVL).
1.2. Méthodologie de l’opération de fouille (E. Bertrand)
1.2.1. Pertinence du diagnostic
Le diagnostic de la tranche 1 a été réalisé du 27 juin au 3 août 2011 (Bertrand et alii 2011). Trois
sondages sur les quatre prévus ont pu être menés à bien. La présence de nombreux réseaux encore
actifs en sous-sol n’ apas permis de réaliser l’intégralité du projet défini. La densité des vestiges
modernes du Bourgchanin (XIVe-XIXe siècles) et d’un bâtiment de l’hôpital Soufflot détruit au XXe
siècle étaient évidemment attendus. Les structures antiques découvertes dans les trois sondages sont
alors apparues particulièrement arasées. Aucun sol n’ayant été identifié, la stratigraphie antique
semblait se limiter à des fondations, souvent récupérées à partir des niveaux d’abandon.
La richesse des vestiges finalement dégagés en zone centre-sud de la fouille n’avait donc pas été
elle aurait pu être pressentie dans le sondage S4. Mais le décapage mécanique de l’horizon fin XIIIeXIVe siècles, dissimulé au sein d’une stratigraphie très uniforme, n’a pas permis la mise en évidence du
rare mobilier qui le signale. De plus, les quelques fosses de cette occupation assez lâche, découvertes
durant la fouille, ont échappé à l’emprise des sondages du diagnostic.
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anticipée. Par ailleurs, l’occupation médiévale n’avait pas été décelée. Absente des sondages S2 et S3,
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1.2.2. Plan d’intervention initial
Le plan d’intervention initial projetait une fouille en plusieurs phases successives sur la totalité de
la zone prescrite (divisée en trois secteurs, cf. supra p. 25-36). Après une première phase de décapage
général mené sur les remblais contemporains pour mettre au jour les galeries de réseaux, les niveaux
modernes pouvaient être fouillés suivant une progression évidente vers l’ouest au point d’évacuation
des déblais par la rue Bellecordière. Une rampe ménagée en partie nord de la cour devait permettre le
transit des matériaux terrassés. Dans un deuxième temps, ce processus était répété pour le
dégagement des niveaux antiques. Enfin, une dernière phase d’exploration en tranchées dans les
dépôts naturels pouvait donner lieu à une nouvelle intervention sur d’éventuelles épaves.
1.2.3. Contraintes techniques
Plusieurs aléas techniques sont venus assez tôt modifier le plan d’intervention initial. La zone
fouillée devant s’étendre sur la totalité de la cour jusqu’à l’aplomb des façades environnantes, une
campagne de sondages géotechniques (15 janvier au 29 février 2012) sur les fondations des bâtiments
a permis d’en évaluer la résistance. Les fondations des ailes B, E et F (fig. 3) pouvaient être mises à nu
jusqu’au fond de fouille (- 4,5 m). Toutefois, l’existence d’un voûtement de grande portée (10,5 m sur
8 m de hauteur) dans le grand réfectoire (bâtiment G) a suscité des inquiétudes. La nécessité de
mettre en place des tirants à la naissance des voûtes a gelé la partie nord de la zone centrale jusqu’à la
fin du mois d’août. En outre, le soutènement d’une pompe à balancier attaché à un pilier de la galerie
en limite est de la cour n’a pu être assuré qu’à la fin du mois d’août, interdisant à la fois toute
excavation autour de ses fondations (notamment son bassin) et le maintien d’une zone de circulation
pour l’engin qui fut employé pour l’intervention.
Ces difficultés et la nécessité de réaliser un troisième sondage dans la cour du Midi pour
l’achèvement du diagnostic de la tranche 3 en parallèle de la fouille ont conduit le SAVL à proposer un
allongement de la durée d’intervention d’un mois (fin d’intervention décalée de la fin du mois de
novembre au 22 décembre 2012).
L’achèvement de la berlinoise qui devait soutenir la rue Bellecordière en limite ouest de la fouille a
été plusieurs fois repoussé. Ce n’est que le 4 décembre 2012 que la libération de ce secteur pour la
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fouille a été effective. Cette mise à disposition tardive du secteur Bellecordière particulièrement
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encombré par l’accumulation des déblais, dont l’évacuation était parfois retardée par l’engorgement
des dépôts de stockage, a conduit le SRA a imposé un délai supplémentaire d’intervention
indispensable à la réalisation complète de la prescription. Cette prolongation portant jusqu’au 18
janvier 2013 était assortie d’un allègement des procédures d’enregistrement sur les vestiges
modernes.
La prescription s’étant par ailleurs étendue à l’éventuelle présence de vestiges sous la chaufferie
construite en 1983, un contrôle de l’altimétrie des vestiges en périphérie et la démolition partielle de
la dalle la supportant ont permis d’écarter cette hypothèse.
Enfin, trois jours ont été consacrés, après la fin de l’opération (13 au 15 février 2013), à la fouille
des vestiges demeurés enfouis sous la rampe d’accès du chantier qui avait été laissée en place pendant
la durée de la démolition de la chaufferie.
1.2.4. Méthodologie de la fouille et de l’enregistrement
Le terrassement principal été effectué avec une pelle mécanique de 35 tonnes sur chenilles.
Plusieurs pelles mécaniques de plus faible tonnage (5 à 9 tonnes) ont été employées pour le
terrassement fin et l’intervention parfois délicate entre les maçonneries laissées en place. Une
stratégie de démolition systématique des fondations n’était pas envisageable : elle aurait souvent eu
un impact trop destructif sur les niveaux en place et le temps nécessaire à ce travail aurait ralenti
l’avancée de la fouille. Il a donc fallu en permanence, avec toutes les difficultés que cela comporte,
fouiller des « cellules » dont la surface parfois réduite à la largeur du godet compliquait l’efficience du
terrassement et le relevé stratigraphique.
Le site a été divisé en quatre zones de fouille (fig. 5), elles ont été naturellement définies par les
contraintes du terrain qui en sous-sol reflétaient l’organisation de l’hôpital dessiné par J.-G. Soufflot.
La zone est correspond à l’ancienne cour Ste-Elisabeth (470 m2), les fondations des loges des fous
fixent les limites de la zone centre (442 m2), la zone ouest intègre l’ancienne cour St-Nicolas et les
lavoirs (405 m2), enfin la zone Bellecordière s’étend jusqu’au droit de la berlinoise et épouse la
chaufferie de la cour de l’Internat vers le sud (765 m2).
Les stratigraphies ont été relevées manuellement (échelle 1/20) en plusieurs phases suivant la
progression de la fouille. Malgré quelques hiatus dus aux conditions de fouilles, plusieurs transects
possible afin d’assurer une lisibilité continue des dépôts sédimentaires. Une partie importante des
coupes stratigraphiques (116) se retrouve donc assemblée dans des transects nord-sud ou est-ouest
traversant l’ensemble du site. Les enregistrements tachéométriques (P. Dessaint, J. Torgue) ont
permis d’assurer la connexion entre les relevés successifs.
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(10) plus ou moins développés ont été anticipés en début d’opération et ont été maintenus autant que
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Fig. 5 – Localisation des zones de fouilles définies pour l’enregistrement des données.
L’ensemble des informations planimétriques ont été enregistrées en tachéométrie et dessinées
manuellement pour les structures détaillées. Les élévations des bâtiments périphériques de l’hôpital
ont permis la réalisation de nombreuses prises de vues zénithales (corrigées avec la topographie),
elles ont été employées pour l’habillage des plans mis au net. Au final, 2014 unités stratigraphiques
ont été créées, certaines d’entre elles ont été isolées ou réunies pour l’interprétation de 942 faits
(sols, maçonneries, structures en creux).
1.2.5. Dépose des enduits peints
La découverte d’un dépôt important de fragments d’enduits peints (US 931) a conduit le Service
Archéologique de la Ville de Lyon à faire appel au Centre d’Études des Peintures Murales Romaines de
Soissons1. Pendant une semaine, Sabine Groetembril a encadré les opérations de prélèvement et
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d’inventaire des caisses de mobilier (du 22 au 26 octobre 2012). Un carroyage avait déjà été mis en
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place afin d’optimiser le remontage des fragments en laboratoire. Les fragments n’étaient pas réunis
au pied de l’élévation qu’ils recouvraient, mais avaient été déplacés et accumulés dans une cuvette.
Toutefois, ce rejet a dû suivre assez directement le travail d’arrachage puisque les éléments de
1
Le rapport d’intervention du CEPMR est présenté en annexe (p. 929-934).
plusieurs décors étaient encore regroupés séparément. La dépose manuelle s’est accompagnée d’un
cerclage systématique des fragments dégagés en connexion.
La méthodologie acquise par l’équipe de fouille a pu être remise en œuvre lors de la récupération
de nouveaux fragments abondants au sein du remblai (US 1176).
1.2.6. Phasage et diagramme
Le phasage chronologique du site a été établi à partir des relations stratigraphiques observées sur
le terrain. Ce travail s’est souvent révélé délicat, à la fois parce que les dépôts sédimentaires ont
souvent été mutilés par des structures parfois très massives. Les nombreuses caves et fosses septiques
modernes, auxquelles sont venus s’ajouter les creusements contemporains (cuves, réseaux,
fondations), ont rompu de nombreuses relations stratigraphiques sur des distances qui rendent plus
incertaines les équivalences. Une rupture est particulièrement invalidante entre la zone centre, la
zone ouest très mutilée, et la zone Bellecordière où la stratigraphie antique est moins bien conservée.
L’attention portée à la réalisation de transects entre ces zones n’a pas levé toutes les difficultés.
Sur l’ensemble du site, la densité des structures modernes a considérablement morcelé la
continuité des vestiges et parfois fait disparaître en totalité des zones de transition clefs. Le
nécessaire maintien d’une rampe de circulation dans l’axe est-ouest de la cour n’a évidemment pas
simplifié l’analyse des équivalences sédimentaires entre le sud et le nord du site. En zone centre par
exemple, le simple cumul de la surface des fondations des loges des fous atteint 30 % de ce secteur,
sans tenir compte des fondations modernes, contemporaines et des caves.
Le montage chronologique du diagramme a pu être conforté et complété par l’examen des
mobiliers datant (céramique, monnaies, instrumentum). Néanmoins, certains ajustements ont dû être
arbitrés avec des données souvent insuffisantes.
La plupart des horizons définis par la céramologie sont très cohérents et ils sont confirmés par
l’ensemble du mobilier. Si l’Antiquité a pu bénéficier d’un traitement désormais classique, les
contextes réunis pour les périodes médiévale et modernes sont souvent des ensembles clos qui ne sont
pas nécessairement exactement contemporains et dont la datation fine pourrait être mobile au sein
parfois pu être mises en relation avec les vestiges apparus en fouille.
Le diagramme est présenté en plusieurs segments correspondant à des groupements de phases :
naturelles et antiques, médiévales, modernes, modernes et contemporaine. Cette segmentation
améliore sa présentation et sa lisibilité (pl. 14 à 22).
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des phases. L’analyse archivistique apporte, pour les phases modernes, des datations absolues qui ont
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1.2.7. Communication et médiation (V. Branchut-Gendron)
Opérateur archéologique de collectivité territoriale, le SAVL affirme son rôle d’acteur de la cité en
développant une archéologie de proximité dont la restitution aux publics garantit la valeur sociale.
Après l’Antiquaille en 2011, le site de l’Hôtel-Dieu a offert au SAVL une nouvelle opportunité de
dévoiler une archéologie à l’œuvre. La fouille menée cour de la Chaufferie de juillet 2012 à janvier
2013 et la phase d’étude qui lui a succédé ont inspiré une programmation d’actions de communication
et de médiation organisées pour l’essentiel en partenariat avec des acteurs du territoire concerné (2e
arrondissement).
Afin de toucher un large public, le SAVL a participé aux opérations nationales organisées à
l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication (Journées nationales de l’Archéologie et
Journées européennes du Patrimoine en 2012 et en 2013). Accueilli à deux reprises à l’Office du
Tourisme (JNA 2012 et JNA 2013) où il a reçu 228 visiteurs, le SAVL s’est établi pour les JEP 2013 à
l’Hôtel-Dieu même, bénéficiant d’une fréquentation remarquable (10 000 visiteurs pour les deux
journées). Outre la présence de membres du SAVL pour répondre aux questions du public, les
opérations nationales ont donné lieu à la réalisation d’un ensemble de 13 panneaux explicatifs et de 3
livrets de présentation (4 pages). En prêtant quatre de ces panneaux, le SAVL a également contribué à
l’information du public lors de la manifestation Lyon City Design qui, en mars 2013, a reçu à l’HôtelDieu 15 600 visiteurs en 4 jours.
Outre les opérations nationales et locales suscitant l’intérêt d’un large public, le SAVL a souhaité
témoigner de l’opération conduite cour de la Chaufferie en investissant des lieux familiers des
habitants du 2e arrondissement. Conçues avec l’équipe de la bibliothèque municipale de
l’arrondissement, deux expositions temporaires ont présenté chacune un volet de l’opération
archéologique : Quel chantier ! Episode 1 : on a fouillé sous l’Hôtel-Dieu a témoigné du déroulement de
la fouille du 15 janvier au 9 février 2013 ; Quel chantier ! Episode 2 : après la fouille de l’Hôtel-Dieu,
suivez l’enquête… a rendu compte de la phase d’étude du 17 septembre au 24 octobre 2013. Dans le
souci d’associer de manière étroite un acteur de l’arrondissement, la seconde exposition a impliqué
l’Institut Saint-Vincent-de-Paul, établissement médico-éducatif ayant par ailleurs choisi le SAVL en
2010 pour la fouille induite par son extension, rue Bourgelat. Cette implication s’est traduite par un
travail approfondi avec les enseignantes et les jeunes de trois unités de formation différentes
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(rédaction des textes de l’exposition sur la base d’interviews menées au SAVL, réalisation de
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reportages photographiques au service, conception graphique du support de communication lors
d’ateliers montés par le médiateur informatique de la bibliothèque, contribution au montage et au
vernissage de l’exposition, réalisation d’un film restituant les interviews, etc.). Ces deux expositions
ont donné lieu à des actions de médiation (visites, interventions, ateliers), notamment dans le cadre
de l’Automne des Gones proposé par les bibliothèques municipales de Lyon et de la Fête de la Science
2013. Des supports de communication et de médiation (affiches, flyers, livret de visite) ont été
réalisés et 20 retombées presse obtenues (7 presse écrite, 11 presse web, 2 TV et 1 radio). Au total, les
deux expositions et la programmation associée (13 actions) ont généré 501 à 521 contacts (hors
fréquentation en visite libre de la seconde exposition, non comptabilisée).
Sur proposition d’Eiffage, aménageur chargé de la reconversion de l’Hôtel-Dieu, l’exposition Quel
chantier ! Episode 1 a été présentée dans le hall d’accueil du siège régional du groupe, situé dans le 2e
arrondissement. Reformulée pour répondre aux contraintes de l’endroit, cette nouvelle version de
l’exposition s’est tenue du 21 mai au 25 juillet 2013, s’adressant aux collaborateurs et partenaires
d’Eiffage. Une intervention de la direction du SAVL s’est tenue lors du vernissage de cette
manifestation.
Concernant le public scolaire, les collaborations ont concerné en grande majorité les écoles
élémentaires du 2e arrondissement. Elles se sont déclinées de diverses manières (présentations de
l’archéologie en milieu scolaire ou encore visites du chantier et des deux expositions proposées à la
bibliothèque du 2e arrondissement). Au total, 35 actions ont été conduites à l’attention de 20 classes
issues de 7 établissements scolaires (6 écoles élémentaires et l’Institut médico-éducatif SaintVincent-de-Paul). Ces actions ont donné lieu à 887 contacts (801 élèves/jeunes et 86
enseignants/accompagnateurs).
De façon plus ponctuelle, des actions ont également été conduites avec des journalistes (visites
au SAVL pour découvrir les enduits peints antiques dégagés cour de la Chaufferie), la mairie du 2e
arrondissement (proposition de création d’une rubrique « actualité archéologique de l’Hôtel-Dieu »
sur le site de la mairie), une association liée à l’archéologie ou encore la direction des Affaires
culturelles de la Ville de Lyon.
Toutes actions confondues et uniquement pour celles dont la fréquentation est chiffrée,
l’opération archéologique menée à l’Hôtel-Dieu cour de la Chaufferie aura permis au SAVL de toucher
directement 1713 à 1733 contacts (hors fréquentation en visite libre de la seconde exposition de la
bibliothèque municipale du 2e arrondissement, non comptabilisée, et hors fréquentation des JEP 2013
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avec 10 000 visiteurs).
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1.3. Contexte géographique et géomorphologique (S. Gaillot, H. Tronchère)
L’Hôtel-Dieu se trouve en rive droite du Rhône, sur la rive orientale de la Presqu’île lyonnaise
(pl. 4). Cette presqu’île se présente comme une langue de terre relativement plane, d’environ 4,25 km
de longueur pour 0,7 km de largeur, étendue du nord au sud. Elle est située au sud du plateau de la
Croix Rousse, et à l’est du plateau de Fourvière, dont elle est séparée par la rivière Saône. On trouve à
l’est la plaine de l’Est lyonnais, dont la Presqu’île est séparée par le fleuve Rhône. Ce secteur
correspond, en termes de région naturelle, à la plaine d’inondation alluviale mise en place à la
confluence des deux cours d’eau par les accumulations successives des sédiments, déposés au gré de
leurs débordements et/ou de leurs changements de tracés (Bravard et alii 1997).
Le site proprement dit est éloigné d’entre 60 m et 80 m du fleuve. L’altitude actuelle du sol est
constante entre 166,90 et 167,00 m NGF. Cette altitude est inférieure de 0,6 à 0,7 m par rapport aux
cotes relevées cour de la Chaufferie lors de la tranche 1 du diagnostic. En effet, les cours de la
Pharmacie, du Magasin et le cloître sont clairement situés en contrebas de la cour de l’Arbre et de
l’ensemble de la partie sud du site.
La stratigraphie-type de la Presqu’île voit se succéder, de bas en haut :
- D’abord des dépôts caillouto-sableux jusque vers 162/163 m NGF en moyenne. Il s’agit des
chenaux caillouteux et des bancs de galets mis en place principalement par le Rhône au premier âge
du Fer. À cette période, l’hydrologie très puissante du fleuve rendait probablement impossible
l’installation dans la Presqu’ile : il faut imaginer un paysage de large rivière à tresse inondée à chaque
crue débordante.
- Ensuite des dépôts limoneux à limono-sableux jusque vers 164/164,5 m NGF. Il s’agit des
alluvions fines de débordement mises en place par les deux cours d’eau, après le premier âge du Fer, à
une période où l’hydrologie du Rhône s’était assagie. Il faut imaginer, au moment de la fondation de
Lugdunum, un paysage de plaine alluviale très densément végétalisée, délimitée à l’est et à l’ouest
par les chenaux principaux de la Saône et du Rhône, mais traversée de lônes. Ces dépressions,
auxquelles correspondent des stratigraphies différentes de la stratigraphie-type, correspondaient à
d’anciens chenaux en cours de comblement, partiellement ou totalement remis en eau au moment des
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crues. Trois d’entre elles ont été formellement identifiées : celle de la Bourse (bras de la Bourse), dont
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les dépôts les plus tardifs sont coiffés d’amphores d’assainissement datés de 15 av. / 15 apr. J.-C.
(Arlaud et alii 2000, p. 56) ; celle de la République, datée de la même période ; celle de Bellecour, qui
aurait cessé de fonctionner au début de notre ère (Arlaud et alii 2000, p. 27). La cartographie de ces
chenaux, telle que proposée par J.-P. Bravard en 1997 (Bravard et alii 1997, p. 189) puis en 2000
(Arlaud et alii 2000, p. 56), place le site du 1 place de l’Hôpital à la base du bras de Bellecour (limite
hypothétique).
- Enfin des niveaux anthropiques jusqu’au sommet actuel de la Presqu’ile, situé en moyenne entre
167 et 168 m NGF. Ces niveaux, dont les plus anciens sont datés du changement d’ère, avaient entre
autre pour objectif de protéger la Presqu’ile des inondations. Ces protections ne furent jamais
absolues, puisque les archives écrites conservent la mémoire de crues ayant frappé la Presqu’île dès
580. L’archéologie nous donne des exemples de crues plus anciennes encore. Ainsi, des alluvions de
débordement de la Saône, situées entre des niveaux datés 40/60 apr. J.-C., ont-elles été observées
sous l’un des kiosques de la place Bellecour (Becker 1983, Arlaud et alii 2000, p. 24-25). Ces crues
furent fréquentes pendant la période de péjoration climatique du Petit Âge Glaciaire (milieu du XIVe
siècle – fin du XIXe siècle). Notons qu’en cas de crue actuelle de fréquence millénale, le site serait
touché par les débordements et la remontée de la nappe phréatique du Rhône (cf. Atlas des Zones
inondables, DIREN) alors qu’il ne le fut pas, ou très marginalement (la rue Bellecordière fut inondée),
lors de la grande crue de 1856.
On s’intéressera particulièrement à ces faciès d’inondation, interstratifiés dans les niveaux
anthropisés, et représentatifs de phénomènes naturels dont on cherche à connaître l’impact sur la
société.
Les sondages du BRGM réalisés à proximité de l’Hôtel-Dieu (notamment 06986R0223/F,
06986P0286/M132, 06986R0015/S) révèlent que l’ensemble des faciès alluviaux quaternaires
(composés de mélanges dans des proportions variées de limons, sables, graviers et galets, plus ou
moins nettement stratifiés) à proximité du site ont une épaisseur de plus de 20 m (profondeur au point
le plus bas : 142 m NGF, sondage 06986P0286/M132). Le faciès géologique sous-jacent est celui du
Jardin des Plantes, un poudingue (roche sédimentaire détritique consolidée) datant de
l’ingression/régression marine Miocène.
In fine, il sera possible de trouver lors du chantier les types de faciès suivants :
-
Charge de fond du Rhône
-
Niveau de débordement du Rhône
-
Charge du fond de la Saône (à ne pas exclure, malgré l’éloignement des deux cours
d’eau)
-
Niveau de débordement de la Saône (idem).
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Des faciès naturels :
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Des faciès anthropiques (à signification paléo-environnementale) :
Remblais d’aménagement (notamment rehaussement du terrain, pouvant être interprété comme
moyen de lutte contre les inondations), voire « terres noires », telles qu’elles ont notamment été
observées sur le site de fouille de la rue Bourgelat.
Structure hydraulique (murs de protection, etc.).
Les diagnostics effectués précédemment sur le site de l’Hôtel-Dieu ont confirmé cette stratigraphie
théorique (Bertrand et alii 2012a et 2012b). Notamment, les relevés obtenus dans la cour de la
Pharmacie et la cour du Midi, ont confirmé en ce qui concerne le terrain naturel la présence de niveaux
alluviaux liés à l’activité du Rhône (strates grossières de galets et niveaux de débordements
limoneux). L’interstratification de niveaux fins et de niveaux de galets et sables dans certains des
sondages ouverts lors des diagnostics suggèrent d’importantes variations de l’énergie du fleuve. Ces
interstratifications peu communes (la structuration conventionnelle des niveaux étant la présence en
profondeur des galets mobilisés par roulage, coiffés par les dépôts de débordement fins transportés
par suspension) n’ont toutefois été observées que dans la cour de la Pharmacie (extrême nord du site
de l’Hôtel-Dieu), ce qui peut impliquer un effet local, éventuellement lié à la présence proche du bras
République.
1.4. Contexte archéologique (E. Bertrand, A.-C. Le Mer, E. Bouvard)
Plusieurs opérations d’archéologie préventive ont été réalisées dans l’environnement proche du
site de l’Hôtel-Dieu (pl. 5-7). L’opération de la rue Childebert (Arlaud et alii 1992, 2000) borde au
nord l’îlot de l’hôpital ; la fouille de la place Antonin-Poncet a exploré la rive droite du Rhône au
niveau de la place Bellecour (Becker et alii 1989) et la fouille réalisée entre la rue Bellecordière et la
rue de la République documente la stratigraphie plus à l’ouest dans l’axe de la cour de la Chaufferie
(Le Nézet-Célestin et alii 1998). Enfin, une fouille menée dans l’enceinte de l’hôpital jouxte les
tranches 1 et 2 de la cour de la Chaufferie au sud-ouest (Jacquin 1983).
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1.4.1. Topographie antique de la rive droite du Rhône
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Le partitionnement de la Presqu’île en îlots séparés par des chenaux alimentés par le Rhône est un
schéma porté par les historiens et les archéologues depuis la fin du XIXe siècle (l’évolution de ces
hypothèses est synthétisée dans Desbat 1982 et Desbat/Lascoux 1999). La reconstitution de la
géographie de ces bras, générée durant l’âge du Fer à un moment où les flux tractifs du Rhône
modelaient le confluent, s’est affinée grâce à la collaboration des géomorphologues et des
archéologues sur une série d’opérations archéologiques menées en Presqu’ile durant les deux
dernières décennies du XXe siècle (Bravard/Presteau 1997, Arlaud et alii 2000).
La découverte de deux rives de chenaux sur les fouilles de la rue Childebert et de la place Antonin
Poncet positionne l’Hôtel-Dieu sur un banc/îlot. Le bras étudié rue Childebert atteint 22 m de largeur,
les premiers aménagements qui visent à le colmater (vide sanitaire d’amphores) datent du
changement d’ère (Arlaud et alii 1992, 1998). Des dispositifs analogues recensés place Le Viste et
place Bellecour (Le Mer/Chomer 1997) assainissaient également un chenal du Rhône qui, depuis la
place Antonin Poncet, devait rejoindre la Saône.
Ces bras anciens, très actifs à l’âge du Fer, ne sont plus, au milieu du Ier siècle apr. J.-C., que des
lônes inondées durant les périodes de crues. Mais ces zones, encore peu maîtrisées, qui compliquent
l’urbanisation de la Presqu’île, ne semblent pas totalement assainies avant la fin du Ier siècle apr. J.-C.
1.4.2. L’occupation antique
À l’ouest de la rue Bellecordière (22-24 rue Bellecordière/83 rue de la République, sondage en
1996, fouilles en 1998, pl. 7), le plancher caillouteux relevé à 162,70 m NGF était recouvert par des
dépôts alluviaux jusqu’à 163,60 m NGF. Ce niveau portait des traces de fréquentation datées de la fin
du règne d’Auguste. Vers 20-40 apr. J.-C., deux bâtiments s’installent de chaque côté (est et ouest)
d’une dépression colmatée par des graviers. Cette occupation est détruite par une inondation (164,40
m NGF). Le bâti est reconstruit suivant le même plan : des cloisons, des trous de poteaux et des aires
rubéfiées sur les sols en terre battue organisent les espaces intérieurs. Entre les bâtiments, une rue
nord-sud, bordée par un fossé, a fossilisé des ornières et des traces de sabots.
Une reconstruction du site est datée de l’époque flavienne, les structures sont renforcées, un
portique qui abritait un caniveau s’appuie sur un muret qui surplombe la rue d’un mètre. Un incendie a
probablement ruiné cet état. Au IIe siècle, le quartier est réaménagé, le bâtiment occidental est
abandonné et ses matériaux sont récupérés. Le fossé, comblé avec des galets, accueille désormais un
égout en bois. Le bâtiment est est reconstruit en léger décalage, la rue est entretenue. Au IIIe siècle,
l’habitat et l’égout sont abandonnés mais la rue est encore fréquentée au IVe siècle. Le site est
Dans l’enceinte même de l’Hôtel-Dieu, les fouilles de 1983 ont mis au jour des structures antiques
datées par la céramique du milieu du Ier siècle de notre ère (pl. 7). Les limites d’un bâtiment orienté N
25° E se dessinent. Un premier mur, large de 1,10 m, maçonné avec des galets et des briques montre
une ouverture à l’ouest matérialisée par le négatif d’une crapaudine. Plus au nord, sur le même tracé,
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finalement remblayé au Ve siècle, mais la rue, rehaussée, est toujours en usage.
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un mur en granit est installé directement sur le terrain naturel. Un autre mur se présente
perpendiculairement avec une maçonnerie en gneiss et briques ; le liant à la chaux fait défaut sur plus
de 7,50 m, il est remplacé par de la terre. Ces premiers éléments enserrent un espace long de 20 m
(nord-sud), la largeur observée (10 m) se prolonge vers l’est en dehors de l’emprise de fouille. Lors
d’une seconde phase, le bâti existant, chemisé, s’étend vers l’ouest. L’ouverture déjà repérée est
conservée, agrandie et anoblie par deux colonnes encadrant le passage. Ce deuxième état montre des
maçonneries liées au mortier de tuileau.
Au sein de l’espace délimité par ces murs, apparaissent d’autres structures sans connexion
stratigraphique avec la périphérie : un sol (164,42 m NGF) est associé à une cloison plaquée en tuileau
et à deux bases de piliers dont l’une conservait le négatif d’une colonne. La céramique associée à ces
éléments est datée entre la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle.
Plus au sud, dans la partie est de la place Antonin Poncet (fouilles 1984 et 1987), les seuls indices
d’une occupation antique se limitent à des fosses, un petit foyer et une couche dépotoir datés par la
céramique du Ier au IIIe siècle de notre ère.
1.4.3. Le Haut Moyen Âge
Rappelons la configuration probable de la Presqu’île au début du Moyen Âge : selon B. Gauthiez ,
un bourg « d’outre Saône » se serait constitué autour des pôles religieux de Saint-Nizier, Notre-Damede-la-Plâtière et éventuellement Saint-Pierre ; à l’extrémité sud des terres, sous la mouvance
carolingienne, s’installe l’abbaye d’Ainay, au confluent du Rhône et de la Saône, soit sur des terrains
relativement instables et insalubres. Les autres portions de la Presqu’île et des coteaux de la CroixRousse ne sont pas renseignés par les sources historiques. Il suggère aussi un possible ouvrage de
franchissement entre La Platière et la Saônerie (douane sur la rive droite de la rivière). Mais la
présence d’un haut-fond au droit de l’actuelle place d’Albon, futur point d’ancrage du Pont du Change
(1052-1070), permet d’envisager un point de franchissement plus précoce en cet endroit. Le
diagnostic opéré en 2009 (Bertrand et alii 2010) a d’ailleurs mis en évidence une occupation des Xe-XIe
siècles qualifiée par des terres noires riches en mobilier, une série de trous de poteaux liés à des
aménagements de berge, une puissante maçonnerie parallèle à la rive, ainsi qu’un puits. La nature de
ces vestiges tend à confirmer la vocation urbaine de cet espace ; par ailleurs, il semble impensable que
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cette zone occupée soit coupée du cœur de cité sis en face, dans le quartier cathédral, aussi, il faut
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bien restituer un ouvrage de franchissement en un point ou un autre de la rive gauche de la Saône.
La même question se pose à propos du Rhône : pour l’Antiquité, on restitue un axe passant par la
rue Sainte-Hélène et débouchant face à la Grande rue de l’Université ; en outre, la voie d’Italie, jointe
par le compendium Lyon-Vienne, est attestée rive gauche entre les tracés de la rue des Trois Pierres et
de la rue Père Chevrier . À l’amont, sur le site de l’ancien pont de la Guillotière, aucun élément antique
n’a été mis en évidence lors des fouilles du métro C en 1991 (Burnouf et alii 1991) ; en revanche, de
nombreux blocs et pieux « antiques » ( ?) associés à un haut-fond ont été repérés en 1864 dans le lit
du Rhône à l’aplomb du futur pont de l’Université (Le Mer/Chomer 2007, p. 418) , ce qui pourrait
indiquer, si ce n’est la présence d’un ouvrage d’art « en dur », au moins un point de franchissement lié
à l’itinéraire compendium / voie d’Italie antique ou plus tardif... Les premières informations textuelles
concernant un pont sur le Rhône remontent au Moyen Âge central : en 1184, les frères pontifes, à
l’origine de l’Hôtel-Dieu, érigent un ouvrage en pierre, plus ou moins à l’endroit du pont actuel. Quant
au réseau viaire de la Presqu’île du premier Moyen Âge, archéologie et histoire restent muettes.
Les opérations d’archéologie préventive dans la Presqu’Île et quelques découvertes ponctuelles
du XIXe siècle (plutôt mal datées) sont assez peu prolixes à l’égard du premier Moyen Âge :
1er arrondissement
- 2-4 montée de la Butte : maçonnerie et activité artisanale [400-600]
- 41-43 rue des Chartreux : habitat et sépultures [644-688]
- Place des Terreaux : sépultures isolées et artisanat [351-600]
2e arrondissement
- quai Saint-Antoine / place d’Albon : 3 fosses, trous de poteaux (aménagement de berge), 1 mur,
1 puits [901-1100]
- place des Célestins : habitat, voirie et sépultures [601-900]
- rue de la monnaie : un entrepôt installé sur les niveaux d’abandon antique [401-1300]
- Hôtel-Dieu (découvertes dont il est question présentement) : deux sépultures à inhumation et
une structure empierrée [770-977]
- 41-43, rue Président Edouard Herriot : une fosse et un niveau d’occupation [901-1100]
La dispersion spatiale de ces sites, leur appréhension lacunaire et la nature disparate des vestiges
ne nous permettent pas pour l’heure de proposer une évocation de la Presqu’Ile et des coteaux de la
Croix-Rousse entre la fin du Ve siècle et l’aube de l’an Mil.
Afin d’esquisser les contours de la topographie funéraire contemporaine des deux sépultures de
l’officialisation du culte chrétien au sein de l’Empire romain (Édit de Milan 313) et l’avènement de la
dynastie capétienne et de la féodalité.
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l’Hôtel-Dieu, il convient d’évoquer les lieux d’ensevelissement attestés pour la période comprise entre
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Mais ces cimetières communautaires officiels masquent une réalité surement bien plus diverse en
raison, entre autres, de la nature mixte du territoire concerné où se côtoient une zone urbaine
(quartier épiscopal – et éventuellement bourg d’outre-Saône) et des zones péri-urbaines ou rurales,
plus ou moins éloignées des pôles cultuels où se pressent les sépultures ad sanctos.
Les pôles d’ensevelissement (ou potentiellement éligibles à la sépulture) communautaires
recensés dans la littérature spécialisée atteignent le nombre de 23, répartis comme suit sur le
territoire lyonnais (Lyon intra-muros actuel) :
- Six basiliques périurbaines : Saint-Just, Saint-Irénée, Saint-Laurent-de-Choulans, SaintNizier, Saint-Vincent, Saint-Pierre-aux-Liens
- Le groupe cathédral au cœur de la cité (églises Sainte-Croix, baptistère Saint-Etienne,
primatiale Saint-Jean-Baptiste)
- Six abbayes ou ensembles canoniaux : Saint-Pierre-les-Nonnais, Notre-Dame-de-la-Platière
(Sainte-Marie), Sainte-Eulalie (futur Saint-Georges), Saint-Paul, Saint-Martin-d’Ainay, et l’Ile
Barbe en zone « rurale »
- Quatre églises amenées à devenir centre de paroisse : Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Romain,
Saint-Michel d’Ainay, et Saint-Alban en rive gauche du Rhône, fort loin de la ville médiévale
- Une récluserie Saint-Geniès ou Saint-Barthélémy
- L’hôpital fondé par Childebert et Ultrogothe en rive droite de la Saône, au nord de la ville
Si tous ces édifices n’ont pas survécu à l’outrage du temps, les traces de l’occupation funéraire
qu’ils ont agrégées se lisent encore dans les blocs lapidaires épars (réemplois ou découvertes
fortuites) retrouvés alentour : la répartition de ces éléments lithiques souvent épigraphiés correspond
globalement aux emplacements attestés ou supposés des sanctuaires.
En dehors de ce phénomène de polarisation, une discontinuité d’occupation du sol et de pratiques
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funéraires est mise en évidence par l’archéologie.
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1.4.4. L’habitat médiéval et moderne
Place Antonin Poncet (pl. 7), côté est, les vestiges d’habitat sont répartis sur deux parcelles de
l’ancienne place de la Charité, connues en partie par les vestiges mis au jour, mais surtout par des
documents d’archives, les maisons ayant été acquises par le Consulat dans la deuxième moitié du XVIIe
pour créer la place en 1680. Les textes en offrent une description précise, avant leur destruction. La
première parcelle (45 x 25 m), au nord, se compose d’une maison donnant sur le quai et agrémentée
d’un jardin sur l’arrière ; les pièces P1 et P2, ainsi que le puits P3, semblent s’apparenter à la
description de ces éléments. La seconde parcelle (60 x 8.50 m) devait être occupée par une petite
maison à étages avec un jardin donnant sur la place Bellecour, qui correspondent peut-être aux pièces
P4 et P5 de la fouille. Enfin, une dernière parcelle (62 x 17 m) abritait deux maisons juxtaposées avec
jardins, qui correspondent aux vestiges très lacunaires de la partie sud de la fouille.
La création de la place Bellecour en 1680 permet d’assurer la communication avec les berges du
Rhône et résout des problèmes d’écoulement d’eau par le percement de la canalisation entre les
parcelles nord et la parcelle sud. Son emplacement ne correspond pas exactement à celui de l’actuelle
place Antonin Poncet, mais se trouve plus au nord, avec une largeur est-ouest moindre.
Rue Bellecordière, sur l’îlot côté ouest de la rue, l’occupation du site reprend au XIVe siècle sous la
forme de deux silos et d’un puits. Au XIVe siècle, le pont qui permet de franchir le Rhône se situe déjà à
l’emplacement de l’actuel pont de la Guillotière. Son emplacement lors des deux siècles précédents
n’est pas déterminé avec certitude et des hypothèses le placent soit plus en amont, soit déjà au niveau
du pont de la Guillotière, soit plus au sud. Au XVe siècle, un petit habitat (166,50 m NGF) construit en
matériaux périssables et doté d’un puits et de latrines est installé sur l’ancienne voie, au milieu d’une
zone de jardins ; il est détruit par un incendie et laisse la place à un dépotoir en fonction jusqu’au XVIe
siècle. Le plan scénographique montre, au milieu du XVIe siècle, un ensemble de maisons alignées sur
la rue Bourgchanin, qui correspond à l’actuelle rue Bellecordière.
En 1983, les fouilles dans l’enceinte de l’Hôtel-Dieu mettent au jour des niveaux de la période
médiévale (165,50 m NGF) représentés par les fondations de quatre maisons construites au XVe siècle
puis détruites en 1843 pour la construction d’un promenoir réservé aux convalescents (pl. 8). Deux
d’entre elles sont identifiées grâce aux archives de l’Hôtel-Dieu : la maison Cusset et la maison du Roy
d’Or (au total seize maisons situées en façade de la rue Bourgchanin sont détruites). Les vestiges ont
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pu être confrontés à ces plans, et certains d’entre eux identifiés.
PAGE 57
2. Résultats de l’opération
2.1. Données géomorphologiques : faciès d’une rive rhodanienne
(H. Tronchère, S. Gaillot)
2.1.1. Configuration paléotopographique générale
Deux grandes formations naturelles peuvent être décrites sur la zone de fouille, toutes deux de
nature purement alluviale : la formation la plus profonde correspond au banc de galets, dont la
topographie conditionne en partie seulement les futures évolutions du paysage (pl. 58). Le banc de
galets est ensuite surmonté par les dépôts de crue limoneux qui vont progressivement venir niveler la
topographie, et sur lequels se développent les implantations humaines. Les effets des crues restent
toutefois sensibles durant toute l’occupation du site, puisque des apports limoneux naturels,
imputables aux débordements du fleuve, sont présents sur toute la stratigraphie.
La parcelle étudiée semble se situer sur la levée de berge séparant le lit mineur du Rhône de sa
plaine d’inondation (lit majeur). Le banc de galets constituant le substrat du site est en effet
caractérisé par un interfluve traversant selon une orientation nord-sud (parallèle au Rhône) la moitié
est du site. La partie ouest du chantier correspondrait donc à une partie du lit majeur du fleuve. Cela
expliquerait le grand nombre de niveaux d’inondation relevés dans la partie ouest de la zone de
fouille.
2.1.2. Le banc de galets
2.1.2.1. Description
Le banc de galets a pu être atteint sur l’ensemble de la zone de fouille. Il présente un faciès
identique sur tout le site : une matrice de sable, incluant un grand nombre de galets de taille variable.
La fraction limoneuse est absente dans cette unité géomorphologique (dite de « grave »). On observe
localement des lentilles ou des passées de sables grossiers à moyens très bien triés (par exemple l’US
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815, pl. 41). Le banc de galets a notamment été observé à l’est dans la minute 40 (US 853) où il
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culmine à 163,6 m NGF environ, la minute 57 (US 994, 163,8 m NGF, pl. 36) ou la minute 80 (US 1241,
164 m NGF, pl. 41), sur les points hauts de la levée de berge au centre du site dans la minute 64 (US
1077, 164 m NGF, pl. 42), la minute 65 (US 1107, 163,9 m NGF, pl. 42), puis dans les parties déprimées
de la moitié ouest du site sur la minute 83 (US 1308, 162,9 m NGF, pl. 41), la minute 108 (US 1918,
163,2 m NGF, pl. 43), la minute 107 (US 1902, 163,26 m NGF, pl. 51) ou la minute 116 (US 1968, 163,33
m NGF, pl. 52). D’une manière générale, à l’échelle de la zone de fouille, le point le plus haut culmine à
164,11 m NGF, le point le plus bas à 162,8 m NGF, soit une déclivité de 1,31 m. La base de cette strate
n’a bien sûr pas été atteinte, car pouvant atteindre jusqu’à 20 m d’épaisseur d’après les sondages
proches du BRGM.
Le sommet du banc de galets est entaillé en de nombreux points par des creusements anthropiques
(transect 1 : US 1151, pl. 36 ; transect 2 : US 947, 1054, 1000, 995, pl. 37 ; transect 3 : US 1085, 1016,
pl. 38). D’autres talwegs ne peuvent en revanche pas être uniquement imputés à de seules
interventions anthropiques, et peuvent être au moins partiellement naturels (paléochenal US 1016
notamment sur les minutes 53, 59 et 61, pl. 36 à 38).
On peut également constater au sommet de la levée de berge une alternance de dépôts sableux et
de lits de galets présentant un pendage régulier, clairement visibles en coupe (cf US 815 et 816,
minute 42, pl. 41), résultant de l’avancée progressive de la levée (phénomène proche de celui des
topset / foreset en milieu deltaïque). De plus, le sommet du banc de galets apparaît sur certaines
zones (par exemple l’US 814, minute 42, pl. 41) comme très aplani. Cet état peut résulter de deux
phénomènes :
1/ Le sommet du banc, et particulièrement l’interfluve correspondant à la levée, peut avoir été
parcouru par un écoulement en tresse, ayant pour effet des remaniements de surface, et un nivelage
partiel.
2/ Le sommet actuellement visible du banc a pu être recouvert antérieurement par une couche de
matériel plus fin qui aurait ensuite disparu, éventuellement sous l’effet de crues postérieures. Ces
crues pourraient être les événements ayant déposé la strate de limons homogènes visible sous les
premiers niveaux d’occupation sur d’autres zones du site (minute 65 par exemple, pl. 42), où ils
recouvrent effectivement les sédiments grossiers (par exemple l’US 1344, minute 90, pl. 42. cf. partie
consacrée aux débordements de crue).
Le niveau supérieur du banc de galets présente souvent une oxydation, sur une épaisseur d’une
dizaine de centimètres. Cette oxydation est probablement due à une circulation d’eau dans la strate.
Celle-ci a soit pu être directement affleurante, et donc soumise à un ruissellement constant, ou avoir
de l’eau est impossible. L’écoulement aurait donc eu lieu dans le premier niveau suffisamment poreux,
le sommet du banc de galets et de sables.
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été sub-affleurante, sous un niveau imperméable (de limons par exemple) dans lequel la circulation
PAGE 59
2.1.2.2. Caractéristiques granulométriques
Une granulométrie du niveau superficiel de la levée alluviale a été effectuée selon une méthode de
comptage manuel (méthode de Wolman). 300 particules (galets et sables formant la matrice du banc)
ont été mesurées de manière systématique selon leur axe B à la surface du banc de galets et à flanc de
coupe dans plusieurs points du site (notamment au niveau des minutes 42, pl. 41 ; 16, pl. 38 ; 47 et
53, pl. 37).
La valeur médiane (D50) de l’axe B des particules est de 0,8 cm, celle du percentile le plus grossier
(D99) est de 4,4 cm. La classe modale principale est à 2 mm, mais d’autres modes moins marqués sont
présents, à 1 et 3 mm notamment. On se situe donc ici dans la catégorie granulométrique des sables
très grossiers et des graviers (1 à 64 mm selon l’échelle de Wentworth).
Fig. 6 – Histogramme granulométrique du banc de galets.
Toutefois, les mesures de granulométrie précédentes correspondent à la surface du banc de galets
qui pourrait, dans un cas tel que le Rhône, soumis à des crues de forte énergie, constituer une
« armure », voire un « pavage » (une couche superficielle résultant de l’exportation/remobilisation
des particules fines par le courant, et protégeant de fait une « sous-couche » de plus faible
granulométrie (Bray/Church 1980). Or, il a été démontré que la granulométrie réelle de la charge de
fond est en général davantage comparable à celle de la sous-couche qu’à celle de l’armure
(phénomène accentué dans le cas d’un pavage, Bakke et alii 1999). Si le D99 de l’armure est proche de
celui de la sous-couche, il n’en va pas de même du D50, qui peut être 3 à 4 fois supérieur dans l’armure
que dans la sous-couche (et donc, par extension, dans la charge de fond). Par conséquent, dans le cas
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de la charge de fond du Rhône à proximité de l’Hôtel-Dieu, si l’on admet l’existence d’une armure dans
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la levée de berge, la valeur de C99 diminuerait quelque peu, mais la valeur du D50 varierait entre 0,26
et 0,2 cm. Ces valeurs restent toutefois indicatives et sujettes à caution, les travaux de Mosley et
Tindale (Mosley et alii 1985) ayant démontré qu’il faudrait environ 8000 mesures pour estimer de
manière fiable la granulométrie de la surface d’un banc…
2.1.3. Les débordements de crue
2.1.3.1. Description
Les sédiments apportés par les crues constituent une couche limoneuse d’épaisseur variable,
déposée au-dessus du banc de galets. Ces dépôts à dominante limoneuse sont présents sur la presque
totalité du site d’étude, et présentent deux faciès bien distincts. Le premier est caractérisé par un
litage de strates limoneuses ou de sables très fins, voire d’argiles (US 1304, minute 83, pl. 41, 59 et
209). Ce type de faciès est systématiquement le plus profond. On le retrouve par exemple dans l’US
1150 (minute 31, à l’est de la zone d’étude, pl. 36 et 60), avec une épaisseur décimétrique, dans les US
1296, 1298, 1300, 1302, 1304 de la minute 83, au centre du site, derrière la levée de berge, où elle
atteint 0,5 m d’épaisseur, dans l’US 1495 de la minute 92 (extrémité ouest du site, pl. 44 et 237). Le
deuxième faciès rencontré ne présente pas ce litage, mais est au contraire homogène, mise à part la
présence de quelques graviers. Ces unités présentent un aspect très similaire à certains niveaux
anthropisés, et ne s’en distinguent que par l’absence de matériel anthropique. Ces niveaux de
débordement atteignent une altitude variable : 163,93 m NGF au niveau de la minute 40 (US 852, pl.
37) au nord-est du site, 164,07 m NGF au niveau de la minute 86 au centre du site (US 1100, pl. 42 et
213), 163 m NGF au nord-ouest (minute 115, US 1967, pl. 53 et 211). Le sommet de ces dépôts est
parfois difficile à identifier nettement, et a de plus pu être localement altéré ou arasé par les
occupations humaines. Par ailleurs, les processus d’apport sédimentaire (crues) ayant déposé ces
unités se sont poursuivis durant l’occupation du site, ce qui explique que la matrice de nombre d’US
plus tardives soit identique à celle de ce niveau de terrain naturel. D’une manière générale, l’épaisseur
des niveaux de débordement (lités ou non) situés entre le banc de galets et les strates anthropisées
varie entre 0,1 et 1,2 m.
2.1.3.2. Caractéristiques granulométriques
Des dépôts de crues ont été mis en évidence à plusieurs reprises dans la partie ouest de la zone de
fouille. La minute 90 (pl. 42 et 213), située immédiatement au-delà de la levée de berge, a fait l’objet
d’une série de prélèvements pour analyse granulométrique. Cette coupe a en effet été jugée
représentative des faciès de niveaux de débordement pré-anthropisation rencontrés sur l’ensemble du
site. Elle comporte, posé sur le banc de galets (US 1340), un niveau nettement lité (US 1342), puis une
grossière (US 1342 et 1345), et enfin une unité limoneuse potentiellement impactée par l’activité
anthropique (US 1346-1347).
Deux mesures ont été systématiquement effectuées sur chaque échantillon, la première sans
défloculation, la seconde avec une défloculation aux ultrasons. Dans la totalité des cas, aucun
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couche de limons homogènes (US 1344) interrompue par des strates fines à la granulométrie plus
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décalage entre les modes relevés lors de la première puis de la deuxième mesure n’a été observé. Une
faible variation des volumes relatifs a pu être constatée. Ce résultat confirme la fiabilité et la
reproductibilité de la mesure, la proportion de particules agglomérées s’avérant faible, et sans impact
notable sur le D90. Les analyses ont été effectuées en voie humide sur un granulomètre Malvern
Mastersizer 2000 en collaboration avec l’ENTPE de Vaulx-en-Velin. La mesure a porté sur les fractions
sableuse, limoneuse et argileuse (cette dernière fraction semble absente des échantillons analysés).
L’US 1342 présente un mode sableux fin largement dominant et bien trié, révélant un processus de
dépôts présentant une énergie modérée. La sédimentation résulte de débordements de crue mettant
en place des particules relativement fines (charge de suspension graduée). Un deuxième mode
granulométrique est présent dans la fraction limoneuse, et est également relativement bien trié. Ce
mode correspond à la phase de décantation prenant place lors de la décrue et donc au dépôt de la
charge de suspension uniforme. L’US 1342 présente en effet un faciès lité. Il n’a pas été possible
compte tenu de la finesse des lamines de les prélever et de les mesurer individuellement au
granulomètre, mais la mesure sur un échantillon amalgamant l’ensemble des lamines fait nettement
ressortir les deux processus.
L’US 1342 est nettement plus sableuse. On observe de plus dans cette US une fraction de petits
galets (non mesurés par le granulomètre), en plus de la matrice sablo-limoneuse. La fraction
limoneuse présente un mode très peu visible, les sables fins bien triés constituant la large majorité de
la matrice. Cette fine unité peut correspondre à un épisode de crue plus violent, marqué par le dépôt
de graviers au-delà de la levée de berge : de telles particules, d’ordre centimétrique au plus,
appartiennent déjà à la charge de fond, et sont en principe mobilisées par roulage ou saltation et non
par suspension.
L’US 1344 présente un faciès similaire, le mode limoneux étant légèrement moins marqué. De plus,
cette US ne comporte pas la fraction de graviers qui caractérisait l’US 1342. La charge sédimentaire de
cette US s’avère donc très bien triée et homogène.
L’US 1346 en revanche est marquée par l’apparition d’une fraction sableuse moyenne, sous la forme
d’un mode distinct, suggérant l’existence de deux stocks différents. Le mode granulométrique des
sables fins diminue également par rapport aux US précédentes (100 à 150 µm environ, contre 160 à
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220 µm pour les US inférieures). La proportion des sables moyens augmente nettement dans l’US
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supérieure (US 1347), et ne forme plus un mode individualisé, générant un très mauvais tri de la
fraction sableuse. Globalement, on peut considérer ces deux US comme un ensemble, qu’il n’est
possible de distinguer que du fait de l’existence d’un fin alignement horizontal de quelques graviers et
petits galets (ordre centimétrique) les séparant. Ces deux US sont situées sous les strates
anthropisées, et, en ce qui concerne l’US 1346, participent au comblement du creusement 1350. On
peut donc envisager que ces deux unités aient été marquées par l’action anthropiques (piétinement,
aplanissement…), et ne soient, de fait, pas totalement naturelles.
L’US 1349, qui comble le creusement US 1350, est similairement mal triée, et comporte de plus une
fraction notable de graviers et petits galets. Il s’agit selon toute vraisemblance d’un apport artificiel
de matériel local destiné à remblayer le creusement US 1350.
2.1.4. Synthèse : modélisation des strates du terrain naturel
Le transect 6 qui court sur l’ensemble du site d’est en ouest met en évidence la rupture
topographique qui se produit au sein des US naturelles au milieu du site (au niveau du mur US 177, pl.
41 et 209). D’une manière générale, le sommet de la grave (US 734) culmine à 164,05 m NGF au centre
du site. Une pente douce semble exister en direction de l’est, avec une déclivité de l’ordre de 5 cm au
droit du mur US 149. Les limons de débordement (US 1240), d’une épaisseur d’une dizaine de
centimètres, recouvrent de manière homogène l’unité de grave. Ces limons ne présentent pas de
caractère lité, potentiellement du fait de perturbations anthropiques. La partie ouest du transect
montre quant à elle une topographie et une stratigraphie différentes. La couche de grave (US 1308)
plonge brusquement d’un mètre environ. Cette rupture marque la limite entre la levée de berge et la
plaine d’inondation. Le colmatage limoneux, plus épais qu’à l’est, tend à niveler la différence
d’altitude ouest/est. Le niveau supérieur des limons dans cette zone (US 1295) présente un faciès
identique aux limons de l’est. En revanche, sous ce niveau, on observe un faciès limono-argileux lité
non altéré. L’alternance de strates de limons fins et d’argiles (US 1305, 1303, 1301, 1299, 1297) et de
strates de limons plus grossiers et de sables fins (US 1306, 1304, 1302, 1300,1298, 1296) est typique
de dépôts liés à des débordements de crue d’énergie variable au-delà de la levée de berge venant
progressivement rehausser la plaine d’inondation.
Afin de compléter l’observation des transects, une modélisation de la topographie des deux
grandes phases de dépôts naturels (banc de galets / limons) a été entreprise à partir de l’ensemble
des coupes stratigraphiques ayant atteint le terrain naturel (pl. 61 à 63).
En ce qui concerne le substrat graveleux (US 1954, 734…), une centaine de points, majoritairement
rapport de fouilles archéologiques du 83 rue de la République – 22-24 rue Bellecordière (Le NézetCélestin et alii 1998). Les creusements clairement identifiés comme purement anthropiques
(creusements de fosses, fossés, etc.) ayant atteint et donc modifié la surface du banc de galets ont
intentionnellement été exclus du nuage de points, afin d’obtenir une image de la paléotopographie
naturelle. Un modèle numérique d’élévation a été interpolé depuis les points de contrôle.
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situés dans la partie est du chantier, ont été utilisés. De plus, un jeu de 4 points ont été extraits du
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Malgré la faible densité des points de contrôle dans le secteur Bellecordière, il est possible de
distinguer clairement sur le modèle numérique d’élévation la levée de berge du Rhône délimitant le lit
mineur du fleuve à l’est et la plaine d’inondation de la Presqu’île. La déclivité maximale entre le point
le plus haut de la levée de berge et le point le plus bas (chantier AFAN, zone Bellecordière - rue de la
République) est de l’ordre de 2 m, pour une distance d’environ 120 m, soit une forte pente d’environ
16‰.
Dans la zone où la précision du MNE est la meilleure (zone est), on peut constater une irrégularité
topographique marquée de la surface du banc de galets. Une telle configuration est cohérente avec la
dynamique typique des bancs des levées de berges, parcourus en période de crue par un réseau
temporaire tressé qui emprunte les talwegs laissés par les écoulements antérieurs et remobilise luimême la partie superficielle du banc.
Malgré le fait qu’il n’ait été mis clairement en évidence que dans trois coupes ayant fourni des
profils transversaux, le paléochenal potentiel dans la partie nord-est de la fouille reste nettement
visible sur le modèle d’élévation.
Une démarche similaire a été entreprise sur les limons de débordement déposés sur le banc de
galets. L’ensemble des US de limons non anthropisés a été pris en compte sur l’ensemble du site.
Toutefois, la frontière entre niveaux anthropisés et non anthropisés est parfois délicate a établir. De
plus, il est essentiel de considérer que si les particules grossières du banc de galets ont été laissées a
priori intactes mis à part quelques creusements aisés à identifier (fosses, fossés…), et donc que le
sommet du banc correspond bien à une entité naturelle unique et non altérée, il n’en va pas de même
des US de limons de crues : en effet, l’implantation humaine s’est bien établie au sommet d’un état
donné de limons de débordement, mais en a altéré la topographie (sous l’effet du piétinement, du
creusement de fondations, trous de poteaux, de potentiels remblaiements ou nivellements malaisés à
mettre en évidence). Par conséquent, contrairement au banc de galets, le modèle numérique des
limons naturels ne correspond pas nécessairement à un état géomorphologique donné à un instant
précis, mais bien à la surface sous laquelle aucune anthropisation n’a été mise en évidence.
On peut constater un dépôt d’épaisseur très variable des US limoneuses. En effet, elle varie entre
1,2 m au maximum à 0 m pour les zones où l’ensemble des niveaux limoneux a été anthropisée. La
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tendance générale est une accumulation de limons plus importante dans la partie ouest du site,
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correspondant à la zone basse du banc de galets (la plaine d‘inondation), et une épaisseur plus fine au
sommet de la levée de berge, ce qui constitue le fonctionnement normal d’une berge active
(débordement puis décrue et « piégeage » des limons au-delà du bourrelet formé par la levée de
berge. Cela est également confirmé par le net litage des couches limoneuses de l’ouest de la zone de
fouille, celui-ci étant bien moins marqué, voire absent, au sommet de la levée de berge). Outre son
épaisseur, la topographie des limons de débordement est également très marquée. On relève une
différence d’altitude de près d’1,5 m entre le point le plus haut, dans la partie est du site, et le point le
plus bas au nord-ouest. De plus, la topographie des limons de débordement semble plus complexe que
celle du banc de galets. Là où la topographie du banc de galets ne montre qu’une nette rupture
d’orientation nord/sud, logiquement parallèle au tracé du cours d’eau, celle des limons de
débordement montre, en plus de cette rupture est-ouest également visible, une deuxième limite,
d’orientation ouest/est cette fois. Une différence d’altitude de 30 à 40 cm peut être constatée, et est
confirmée par le calcul de l’épaisseur de la couche limoneuse : dans la moitié ouest de la zone d’étude,
elle atteint son maximum au sud, avec environ 1 m, contre seulement 0,5 m en moyenne au nord. Le
même delta est visible dans la partie est de la zone de fouille. Compte tenu de la taille de la zone de
fouille, il n’est pas possible d’expliquer avec certitude cette anomalie. On peut avancer l’hypothèse
d’écoulements perpendiculaires au Rhône, ayant altéré la morphogénèse de la zone en
remobilisant/érodant la couverture limoneuse, mais une vision plus globale du site serait nécessaire
pour valider cette théorie. On ne peut également exclure une action anthropique ayant décaissé la
zone nord-ouest (un rehaussement de la partie sud-ouest n’est en revanche pas envisageable, les
niveaux de débordement observés présentant un net litage naturel trahissant une absence de
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remaniement anthropique).
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2.2. Une occupation antique de berge en Presqu’île (A.-C. Le Mer)
2.2.1. Les premiers niveaux d’occupation (phase 1.1)
Les premiers aménagements antiques sont installés directement sur les dépôts d’inondation
limoneux, sans préparation spécifique, ou bien directement dans la grave du Rhône. Les sols observés
prennent soit la forme de fins niveaux argileux jaunes parfois recouverts par une couche plus ou moins
épaisse de chaux sableuse de teinte blanche grisâtre, soit la forme d’un niveau de petits galets indurés
ou encore d’épandages de tessons de céramique. Ils sont associés dans cette première phase à des
structures en creux (fosses et trous de poteaux), quelques maçonneries dispersées et à trois
canalisations.
2.2.1.1. Des limons anthropisés
Les niveaux limoneux sur lesquels reposent les sols sont caractérisés par la disparition de leur
litage d’accumulation et la présence de légères traces d’anthropisation. Ces limons brun-gris à vert,
homogènes, intègrent quelques lentilles sableuses et de rares galets de 0,5 à 1 cm de diamètre. De
petits fragments de TCA et de charbon les distinguent des niveaux limoneux sous-jacents totalement
vierges d’inclusions.
En zone est, ces limons ont pu être observés (US 817, pl. 41) à la cote de 164,20 m NGF. En zone
centre (US 1294, 1295, 1338, 1525 et 1136, pl. 41), leur niveau d’apparition se situe entre 164,39 m
NGF (US 1525, pl. 40 et 48) et 163,97 m NGF (US 1338, pl. 37). Dans la zone ouest (US 1205, 1206, 1207,
1208, pl. 41 et 210), on les observe entre 164,16 m NGF (US 1208) et 164,56 m NGF (US 1205) au plus
haut, tandis qu’ils apparaissent à une altitude comprise entre 164,19 m NGF (US 1585, pl. 44) et 164,40
m NGF (US 1772, pl. 50) dans le secteur Bellecordière (US 1496, 1585, 1677, 1678, 1998, pl. 44).
Ces premières traces de fréquentation ne se développent qu’à une dizaine de centimètres audessus du banc de galets à l’ouest et dans le secteur Bellecordière. Naturellement lités, les niveaux de
crue soumis à l’anthropisation sont remaniés, piétinés, ce qui gomme leur structuration verticale.
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Dans la partie centrale de la zone de fouille, où les dépôts de crue sont plus épais, des litages
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limoneux et sableux ont pu être observés dans les strates situées immédiatement au-dessus du banc
de galets. Ce litage tend ensuite à s’estomper dans les niveaux de débordement supérieurs,
potentiellement altérés du fait des installations humaines s’établissant à leur sommet. Une série de
prélèvements a été effectuée dans les niveaux de débordement naturels de la minute 90 (pl. 42 et
213), au centre du site (en arrière de la levée de berge), afin de caractériser ces dépôts et de
déterminer si les strates sommitales avaient effectivement subi un impact anthropique. L’étude
granulométrique (cf Caractéristiques granulométriques des niveaux de débordement) a confirmé cette
hypothèse.
2.2.1.2. L’US 1508, un niveau de fréquentation
Dans le secteur Bellecordière, à l’extrémité occidentale du site, l’US 1508 est aussi un niveau
limoneux gris-vert mêlé de quelques petits galets et charbon. Il s’est avéré à la fouille être
particulièrement riche en mobilier métallique, notamment en militaria. Il se distingue en outre par la
présence de trois zones rubéfiées. Leur description est identique : il s’agit d’une zone rouge indurée en
surface avec de petits charbons assez épars (1 à 2 cm d’épaisseur). Aucune maçonnerie n’est présente
et aucune trace d’arrachage ou de négatif n’a été observée. Soit les aménagements associés ont
disparu et les foyers ont été curés, soit il s’agit plus probablement de simples foyers ponctuels. Le
premier (US 1710, pl. 23), de forme grossièrement circulaire, apparaît à la cote de 164,30 m NGF et
mesure, dans sa plus grande extension, 0,63 m de diamètre. Le second (US 1741, pl. 23), 1,60 m plus à
l’ouest, apparaît à la même altitude et présente une forme grossièrement rectangulaire de 0,40 m de
long (est-ouest) sur 0,22 m de large (nord-sud). Le dernier (US 1518, pl. 23) a été dégagé 15,50 m
environ plus au nord. De forme plus nettement rectangulaire, il mesure 0,50 m de long (est-ouest) sur
0,40 m de large (nord-sud). Son niveau d’apparition est à 164,20 m NGF. Deux clous ont été trouvés en
surface (M1518I165).
2.2.1.3. Des sols aménagés
Sur ces niveaux d’occupation limoneux plus ou moins faiblement anthropisés sont venus se poser
les premiers sols et les premiers niveaux de circulation aménagés.
À l’est, l’US 185 est constituée d’un sol d’argile jaune à brun clair qui subsiste en lambeaux à la
cote de 164,22 m NGF et mesure 2 à 3 cm d’épaisseur (pl. 38). Il repose sur le niveau limoneux US 184.
En zone centre, le sol US 1138 est un niveau argilo-limoneux de teinte ocre sur lequel demeure par
endroits, sur une épaisseur variable, un niveau de mortier de chaux de sableux blanc-gris (pl. 41 et
215). Apparaissant à la cote de 164,32 m NGF, il est horizontal et ne marque pas de pendage. Il est
irrégulière, ou bien s’il s’est amenuisé à certains endroits. Il est très bien conservé notamment dans
son tiers sud, où il mesure jusqu’à deux centimètres d’épaisseur. On le perd plus au sud, où il est coupé
par le mur moderne US 55.
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difficile de déterminer avec certitude si ce niveau chaulé était à l’origine épandu de manière
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Au sud du mur moderne US 167, l’US 1481 qui apparaît à la cote de 164,38 m NGF est un niveau de
sol jaunâtre induré, de consistance beaucoup plus sableuse que le niveau argileux US 1138. Il présente
un pendage très marqué du sud vers le nord. Le niveau de mortier chaulé blanc-grisâtre (US 1480, pl.
40) qui le recouvre apparaît à 164,40 m NGF et présente le même pendage ; il est mêlé de quelques
galets et présente une texture moins homogène que le sol US 1138. Entre ces deux niveaux vient
s’intercaler une couche de limon brun-vert US 1525 comportant quelques inclusions de galets.
En zone centre, un niveau de terre battue argileux jaune, US 1293, identique aux US 185 et 1138, a
été observé en coupe sous les sols de terrazzo US 206 et US 294 à la cote de 164,28 à 164,13 m NGF (pl.
41 et 209). Il marque un pendage de l’ouest vers l’est. Un niveau de remblai constitué de limon et de
grave vient s’intercaler entre ce sol et les terrazzos. Le sol a été repéré légèrement plus à l’est, US
1089 à 164,74 m NGF. Aucune trace d’un niveau chaulé le recouvrant n’a été observée. Il repose sur un
niveau limoneux (US 1294) comportant des inclusions de petits galets centimétriques, de nodules de
mortier et de charbon.
Dans le secteur Bellecordière, un sol US 1404 s’étend à partir de la cote de 164,04 m NGF sur
environ 2,50 m2, sous la forme d’une recharge de limon contenant des nodules d’argile et des traces
de bois carbonisé et de rubéfaction (pl. 23, 44, 236). Il se développe au nord du négatif de sablière US
1396. Il est limité sur son côté ouest par le négatif préservé sur seulement 0,70 m de long pour 0,20 m
de large US 1408. Un sol argileux lacunaire (US 1467, pl. 23 et 44) d’apparence identique a été repéré
au nord du mur moderne US 1458 ; il apparaît à la cote de 164,07 m NGF et recouvre le niveau de limon
US
1508. Bien présent à l’ouest de la tranchée de récupération US 1462, il est beaucoup plus ténu sur
son côté est. Aucune trace de mortier chaulé n’était visible. Plus à l’est, des lambeaux très épars de ce
même niveau ont été identifiés sur le limon US 1530, entre les murs modernes US 1355 et US 1420.
Dans la même zone, un fragment de ce niveau argileux ocre est présent également (US 1380/1559),
plus au sud, à la cote de 164,37 m NGF. Il est enfin présent à l’extrémité sud-ouest du site (US 1634), à
la cote de 164,38 m NGF, de part et d’autre du mur US 1611.
Un autre type de sol a été observé dans le même secteur. Il s’agit d’un niveau de cailloutis (US
1507) qui se situe à la cote de 164,20 m NGF. Il est constitué de petits galets de 1 à 2 cm de diamètre
en très forte concentration, qui forment un niveau très induré, dans lequel sont insérés quelques
fragments de tegulae. Il a été dégagé sur la totalité de la largeur constituée de l’espace limité à l’est
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par le mur moderne US 1460 et à la limite ouest de l’emprise du site.
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Il borde dans sa limite sud un épandage détritique de mortier jaune sableux (US 1503, pl. 23)
comportant des fragments de gneiss et quelques petits galets. Ce niveau, constitué de matériaux de
construction, qui se retrouve également sur un peu moins d’un mètre carré à l’est du mur US 1459, ne
paraît pas adéquat pour être un niveau de circulation. De plus, ces deux niveaux présentent des
contours très irréguliers et ne sont associés à aucun élément structurant du type maçonnerie ou
négatif de cloison. Cependant, leur altitude identique et leur surface intégralement plane laissent
penser que ces niveaux constituent bien des sols, peut-être dans des espaces extérieurs et/ou
d’artisanat.
Juste au sud de ces niveaux, l’US 1504 apparaît à 164,24 m NGF (PL. 23 et 216). Elle est constituée
des fragments d’un dolium (932 fragments) à plat, associés à des tessons d’amphores (211 tessons),
de cruches (100 tessons) et d’autres productions moins densément représentées.
À une quinzaine de mètres au nord-est, un second épandage de tessons (US 1451, pl. 23, 47, 215,
216) a été dégagé à la cote de 164,23 m NGF au-dessus du sol en terre battue US 1380 (164,12 m NGF,
pl. 47). Reposant sur un fin remblai limoneux (US 1524, pl. 47), il était conservé directement sous le
sol (US 1352) de la cave moderne F1385. De nombreux tessons (573) appartenant à trois amphores
Dressel 20 constituaient un tapis dense de panses fragmentées à plat. Au sud-ouest de cet épandage,
une demi-panse d’amphore Dressel 20 (US 1470) émergeait de l’ensemble.
Un second niveau de cailloutis (US 1465, pl. 23) est installé sur le niveau de limon anthropisé US
1508. Apparaissant à la cote de 164,31 m NGF, il est constitué de galets de 0,5 à 2 cm de diamètre pris
dans un mortier de chaux, encore visible par endroits. Ce sol présente une étendue de 1,40 m de
largeur est-ouest sur 2 m de longueur, nord-sud. Il s’interrompt au sud au niveau de la tranchée de
récupération US 1464, et ne semblait pas se poursuivre au-delà. On peut supposer qu’il s’agit du sol qui
fonctionnait avec ce mur récupéré, dont le fond cote à 164,16 m NGF.
2.2.1.4. Les structures en creux
Dans les limons de débordements anthropisés ont été repérées plusieurs structures en creux,
notamment en zone centre et dans le secteur Bellecordière.
En zone centre, un trou de poteau (US 1527, pl. 23) a été fouillé tout à fait au sud du secteur.
Creusé dans le niveau de limon homogène US 1521, il s’ouvre à une altitude de 164,40 m NGF. Il
comporte un système de calage composé de tegulae fichées verticalement. Il se situe à 0,30 m au sud
de la canalisation US 1522. À 6 m au nord, un autre trou de poteau (US 1178, pl. 23 et 215) est creusé
large. Son ouverture se situe à 164,20 m NGF, et a livré plusieurs éléments de calage en gneiss. À moins
d’un mètre au nord, une tranchée (US 1140, pl. 23) axée sud-est/nord-ouest (N70°O) a été suivie sur
2,20 m de long. Elle est creusée dans le niveau de limon anthropisé US 1136. Elle est comblée par un
limon gris-vert proche de l’US 1136 mais avec des inclusions de graviers. Elle est coupée à son
extrémité est par le mur US 1041 ; sa limite ouest n’est pas très nette car la fosse allongée US 1146 qui
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dans le sol US 1138. De forme légèrement ovale, il mesure 35 cm de diamètre dans sa partie la plus
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se trouve dans la directe continuité de la tranchée semble être séparée de cette dernière par un
lambeau du sol US 1138 dans lequel elles sont creusées. Toutefois, ce lambeau de sol était très ténu et
cette limite demeure incertaine. Cette tranchée constitue probablement le négatif d’une sablière
basse.
Toujours en zone centre, trois trous de poteau (US 374, 379 et 381, pl. 23), creusés dans le limon
en place US 361, s’ouvrent respectivement à 163,81/163,69/163,85 m NGF. Le premier de forme ovale
(diamètre maximum 0,45 m) est comblé par un limon vert associé à des fragments de TCA et un petit
bloc de gneiss qui constituaient probablement un calage. Le second, circulaire (diamètre 0,20 cm), et
profond d’une quinzaine de cm, est comblé par un limon légèrement plus brun que l’encaissant avec
quelques éclats de TCA. Le dernier (diamètre 0,30 m) profond d’une vingtaine de cm est comblé par un
limon vert associé comme US 374 à des fragments de TCA et un fragment de granite marquant
probablement les restes d’un calage.
À l’extrémité ouest de la fouille, dans le secteur longeant la rue Bellecordière, une série de trous
de poteau a été relevée, avec une concentration dans la partie sud notamment. Il s’agit des US 1497,
1505, 1583, 1601, 1599, 1603, 1605, 1607, 1609, 1737, 1739 (pl. 23). Cet ensemble de creusements,
qui s’ouvrent à des niveaux relativement proches (entre 164,15 et 164,27 m NGF), ne semblent pas
dessiner de plan cohérent. Trois d’entre eux comportent des calages : l’US 1505 comporte un calage
constitué d’une tegula, l’US 1599 est calé à l’aide de fragments de briques, de tegula et de blocs de
gneiss. Enfin, le trou de poteau US 1601 est calé à l’aide de tegulae et de gros blocs de gneiss.
Dans le même secteur, d’autres creusements ont été identifiés. La fosse US 1471 s’ouvre dans le
niveau d’occupation argilo-limoneux US 1456 à 164,07 m NGF, avec une profondeur de 0,37 m (pl. 23).
De forme oblongue, elle a été reconnue sur une largeur de 1,10 m nord-sud, pour une longueur de
2,60 m minimum dans le sens est-ouest, ayant été coupée sur son côté est par le mur moderne US
1436. Son comblement est composé de matériaux hétérogènes, avec notamment une concentration de
tegulae dans la partie sud-ouest. La seconde, de forme également oblongue, US 1536, se trouve en
limite de la fouille contre la berlinoise, à une vingtaine de centimètres à l’ouest de la précédente. Sa
surface totale n’est pas connue, mais ses dimensions minimales sont de 0,80 m de longueur est-ouest
sur 0,4 m de largeur nord-sud. Elle s’ouvre à 164,05 m NGF sous le sol US 1405, et mesure 0,90 m de
profondeur. Son remplissage est constitué d’au moins trois niveaux différents, avec notamment un
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comblement inférieur (US 1538) gris-noir charbonneux.
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La fosse US 1679, apparaissant à la cote de 164,17 m NGF, se situe immédiatement au nord de la
fosse moderne US 1676. Profonde de 21 cm, elle est comblée par un niveau limoneux gris-noir
charbonneux. La nature de son comblement, son immédiate proximité avec la fosse médiévale US 1676
et la pauvreté du mobilier qu’elle contenait (3 tessons antiques) laissent un doute sur son
appartenance à la phase antique. Dans le secteur Bellecordière, une fosse (US 1370) d’orientation estouest est creusée dans le limon US 1377. Elle s’ouvre à 164,18 m NGF ; son comblement est constitué
d’un gravier grossier et de mortier jaune pulvérulent, pris dans un sédiment légèrement argileux brun.
Toutefois, l’absence de mobilier céramique dans le comblement ne permet pas d’affirmer avec
certitude son appartenance à la phase antique.
À l’extrémité nord du site, quatre fosses (US 1983, 1985, 1991 et 1993, pl. 23 et 44) à profil en
cuvette ont été repérées au cours du démontage de la rampe ; la fosse US 1985 n’a été repérée qu’en
coupe. Creusées dans la grave du Rhône US 1968, elles sont comblées de limon mêlé de petits galets,
comme les fosses US 957 et US 949 du secteur est, vierge de mobilier ; à noter toutefois l’exception du
remplissage US 1992 qui contenait une tôle en bronze semi-circulaire et bombée (M1992I164). La
fosse US 1983 s’ouvre à la cote de 163,31 m NGF ; le fond est atteint à 163,17 m NGF. Les cotes de fond
pour US 1991 et US 1993 sont respectivement de 162,74 et 162,96 m NGF. Elles sont semblables aux
fosses US 949 et US 957 du secteur est, également creusées dans la grave, mais appartenant plutôt à la
phase 1.2 du site.
Environ 12 m plus à l’est, une grosse fosse à profil en cuvette US 1717 a été dégagée (pl. 23 et 50).
Elle mesure au minimum 1,45 m d’est en ouest pour 1 m de largeur nord-sud. Coupée à l’ouest par le
mur moderne US 1790, seule sa partie sud-est a été fouillée ; elle s’ouvre à 163,49 m NGF et son
comblement est constitué de fragments de TCA, de charbons de bois, de faune, de quelques nodules de
mortier et d’éclats de gneiss, pris dans un sédiment limono-argileux brun. Les 84 tessons de
céramique prélevés fournissent une datation autour de 50 apr. J-C. Le fond de cette fosse profonde
d’une soixantaine de centimètres, est à 162,79 m NGF.
2.2.1.5. Les maçonneries
On ne peut guère raccrocher à cet état que quelques maçonneries, qu’aucun lien stratigraphique
ne lie avec les sols précédemment décrits. Seule la chronologie relative du site permet de les associer
à cette phase.
Le mur US 1562 axé sud-est/nord-ouest (N112°O) est conservé sur une longueur de 0,40 m, et
apparaît à la cote de 164,50 m NGF (PL. 23 et 238). Il est construit, à la différence des murs précédents,
aux murs US 1410 et 1413. Il est conservé sur une seule assise ; son parement sud semble conservé
mais son côté nord est endommagé, si bien que sa largeur totale n’est pas restituable.
Une vingtaine de centimètres à l’ouest est implanté le massif construit en blocs de gneiss liés
noyés dans un mortier jaune US 1563, qui culmine à la cote de 164,37 m NGF. Orienté sud-ouest/nord-
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en blocs de granite avec quelques fragments de TCA, mais liés avec un mortier rouge-rosé semblable
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est, il est conservé sur une assise, sur une longueur de 0,70 m pour une largeur de 0,45 m (pl. 23 et
238).
L’US 1431 est un reste de mur spolié, d’axe nord-ouest/sud-est, dont il reste des éléments épars
de gneiss et de TCA, associés à de gros nodules de mortier jaune et gris. Il est situé à 2 m environ au
nord de la chaufferie construite en 1983 et fondé dans les limons non anthropisés. Il apparaît à
163,58 m NGF (pl. 23 et 238).
2.2.1.6. Les structures hydrauliques
Scellées par les niveaux de sols en terre battue, plusieurs structures linéaires en creux
conservaient des témoins de leur vocation hydraulique. En zone centrale, la canalisation US 1522 se
présente sous la forme d’un négatif de tranchée aux parois sub-verticales, d’une largeur comprise
entre 0,56 m et 0,6 m (pl. 23 et 217). Orientée nord-ouest/sud-est (N73°O) et coupée par le mur
moderne US 177, elle a été suivie sur une longueur de 2,60 m à l’est de ce mur et 2,35 m à l’ouest. Elle
a été coupée sur son extrémité est par la fondation du mur antique US 1041 et par la tranchée de
récupération moderne US 205 à son extrémité ouest. On note cependant qu’elle n’a pas été repérée audelà du mur des loges des fous US 150, laissant entendre que sa limite est correspond à peu près à la
limite de fouille. La zone comprise entre les murs modernes US 296 et US 215 n’a pu être explorée en
raison de son exiguïté, si bien que l’on n’est pas en mesure de déterminer la limite ouest de cette
canalisation. Elle s’ouvre à 164,40 m NGF dans le même niveau de limon homogène US 1521 que le trou
de poteau US 1527 (pl. 23). Le fond de la tranchée, profonde de 0,28 m, est tapissé de galets de moyen
diamètre (5 à 8 cm), rapportés à des fins de drainage. La fouille s’est arrêtée sur ce niveau. Une frette
métallique (M1523I235) trouvée au fond de la tranchée est l’unique indice du fonctionnement dans la
tranchée d’une conduite en bois entièrement disparue.
2.2.1.7. Éléments de chronologie (E. Bertrand)
Trois monnaies sont issues des unités stratigraphiques attribuées à la phase 1.1. Deux d’entre
elles présentent des frappes relativement anciennes. Un denier de Lucius Mussidius Longus est daté de
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42 av. J.-C. (remblai US 1294) et un dupondius de Nîmes des années 16 à 3 av. J.-C. (US 1294). La
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troisième monnaie est un as à l’autel des trois Gaules daté entre 12 et 14 apr. J.-C. La précocité de ce
numéraire par rapport au mobilier céramique n’est toutefois pas inhabituelle. Si la découverte d’un
denier de 42 av. J.-C. peut légitimement surprendre, la période de circulation du dupondius de Nîmes
et de l’as lyonnais est suffisamment longue au Ier voire au IIe siècle pour ne pas constituer un indice
certain de résidualité.
Le mobilier céramique constitue un ensemble finalement relativement modeste. Bien que 2492
restes aient été comptabilisés, près de 2000 tessons appartiennent à quelques individus (à fort
coefficient de fragmentation : amphores, dolium, commune claire ou sombre) brisés en place pour
constituer des surfaces de circulation (US 1451, 1470 et 1504). Les céramiques fines qui permettent
d’étayer principalement la datation céramologique forment un ensemble réduit à 116 restes pour 28
individus auquel s’ajoutent 6 amphores et 44 vases en céramique commune. Aucune de ces
productions ne peut être antérieure au règne de Tibère et si le monnayage fournit des jalons anciens,
la céramique ne montre que peu d’éléments assurément résiduels. La chronologie augustéenne des
premiers aménagements identifiés rue Childebert (Arlaud et alii 2000, p. 56-59) ou au 22-24 rue
Bellecordière (Le Nezet-Célestin et alii 1998, p. 23) ne trouve pas d’écho sur le site de l’Hôtel-Dieu.
La sigillée de la Gaule du sud fournit un terminus post quem en 40 apr. J.-C. confirmé par la
céramique à paroi fine lyonnaise qui est assez bien représentée. L’absence de mobilier attribuable à
l’époque flavienne permet de resserrer la chronologie de la phase 1.1 autour des années 40-60 apr. J.C. Cette datation confirme l’analyse céramologique des fouilles de la cour de l’Internat dont la
première phase d’occupation est datée du milieu du Ier siècle apr. J.-C. (Jacquin 1983, p. 9-10).
2.2.2. Construction d’une domus (phase 1.2)
Si les vestiges de la phase 1.1 montrent une occupation incontestable du site dès le milieu du
premier siècle, sans que l’on puisse en déterminer la nature avec certitude, les vestiges de la phase 1.2
permettent d’identifier clairement la présence d’un habitat. Ce bâtiment, dont l’emprise correspond
globalement aux secteurs est et centre du site, s’installe après la mise en place de plusieurs niveaux de
remblaiement.
2.2.2.1. Réaménagement et rehaussement du site
Des niveaux de remblaiement avec des matériaux de construction rubéfiés succédant à la phase
En zone est, l’US 900 est un niveau très rouge induré constitué de fragments de briques, de
tegulae, d’enduits peints associés à de gros nodules d’adobe brûlé (pl. 36, 202 et 218). Le tout est pris
dans un sédiment limoneux. Ce remblai, apparaissant à 164,37 m NGF est installé dans les niveaux
limoneux US 1152-1153 (pl. 36) très légèrement surcreusés, formant une couche d’une vingtaine de
centimètres d’épaisseur qui s’affine sur son bord sud mais s’interrompt quasi verticalement sur son
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1.1 apparaissent en plusieurs endroits du site.
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bord nord. La présence de céramique non brûlée, ainsi que l’absence de rubéfaction du sédiment
indique qu’il ne s’agit pas des restes d’une structure incendiée sur place mais que ces matériaux ont
été rapportés. Dans l’angle sud-ouest de ce niveau apparaît une empreinte en négatif formant un
angle droit, de 3 cm d’épaisseur. Une couche de nature identique a été repérée 3,50 m plus au sud en
coupe (US 942), à 164,31 m NGF, d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur également et 0,70 m de
largeur ouest-est.
En zone centre, l’US 1238 culminant à 164,28 m NGF est un niveau rubéfié limoneux contenant
aussi des éléments de construction détritiques (briques, tuiles et enduits peints). Il est très proche en
nature et en altimétrie des niveaux précédemment décrits de la zone est, et repose directement sur le
limon non anthropisé US 1110.
En zone ouest, le niveau de démolition rubéfié US 1831 apparaît à 163,91 m NGF, soit une
quarantaine de centimètres sous les niveaux précédemment décrits (pl. 43 et 218).
On le suit enfin dans le secteur Bellecordière, où il apparaît (US 1965, pl. 53) sensiblement à la
même altimétrie, soit 163,93 m NGF. Il repose sur un niveau de limon avec de légères traces
d’anthropisation US 1966.
Sur ces niveaux de démolition sont déposés par endroits des remblais limoneux avec quelques
inclusions, en zone centre entre 163,76 m NGF (US 1832, pl. 43) et 164,78 m NGF (US 1479) pour les
niveaux extrêmes. En zone est, ces remblais sont compris entre 164,02 m NGF (US 989, pl. 36) et
164,88 m NGF (US 741).
En zone centre une séquence de remblais détritiques jaune ocre a été repérée sous les terrazzos
(fig. 7). De consistance argileuse, ils comprennent des fragments de mortier blanc, de TCA, de nodules
d’argile rubéfiés, de gneiss, de galets et de charbon (pl. 40, 41 et 210).
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US remblais
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1243, 1244, 1245,
1092, 1218
210, 1292
1176, 1478, 1415, 1479
1233, 1176, 1133, 1177
1097, 1098, 1099
1133, 1252
Amplitude altimétrique
(m NGF)
Rehaussement (m)
US terrazzos
164,35 / 165,02
0,84
1090
164,26 / 164,89
164,26 / 164,91
164,32 / 164,87
164,28 / 164,61
164,23 / 164,70
0,66
0,65
0,55
0,33
0,47
294/206
1036
1024
1049
1058
Fig. 7 – Altimétrie cumulée des remblais d’exhaussement sous les terrazzos de la phase 1.2.
Dans l’angle sud-est du site, l’US 620/932/941 constitue une nappe massive de sable graveleux
(0,5 m d’épaisseur, comparable au substrat accumulé par la charge du fond du Rhône, pl. 36, 45 et
202). Il s’en distingue toutefois par une matrice fine plus sombre qui diffère des dépôts naturels. Ce
qu’il faut donc plutôt considérer comme apport anthropique est déposé au-dessus des limons non-lités
(US 184, 1150, 1149) et des sols de la phase 1.1. Bien que tous les contours de ce dépôt n’aient pas pu
être suivis précisément en plan, il forme une langue oblongue d’orientation sud-est/nord-ouest
culminant à la cote 164,65 m NGF.
Ce remblaiement, dont la nature diffère clairement des niveaux qui supportent les terrazzos, a pu
être déterminé par une volonté de drainage nécessitée par un sol non-couvert. Il a été décapé à l’est
du mur moderne US 149 sur une surface de 2,5 m par 5,4 m et plus à l’est sur une surface de 2,5 m sur
2,5 m, ainsi qu’un peu plus au nord, contre la maçonnerie US 726. Si sa limite nord paraît conditionnée
par la présence du mur de façade du bâti antique, son extension vers l’est est amputée par les
fondations de l’hôpital.
2.2.2.2. Les espaces d’habitat : l’aile occidentale
Un ensemble de vestiges liés à une occupation domestique, notamment des sols bétonnés et des
murs, a été mis au jour essentiellement dans les secteurs centre et est du site. Il est limité au nord par
un mur de façade qui a été presque entièrement spolié et qui ne demeure que sous la forme d’une
tranchée de récupération, US 699 à l’est (pl. 36, 202 et 203) et US 1073 en limite ouest de ces vestiges
d’habitat (pl. 42 et 213). Large de 0,7 m (orientation N72°O), on peut le restituer sur une longueur
minimale de 27,70 m. Ce mur était apparu dans le sondage 4 du diagnostic (Bertrand et alii 2011, p.
39-41). Conservé sur 1,1 m de longueur sa partie inférieure (seuil à 163,64 m NGF) montrait cinq
assises majoritairement maçonnées en blocs de granit (pl. 38). Dans un second temps le mur avait été
repris : deux assises maçonnées en gneiss signalaient donc une possible reconstruction ou
modification de la façade. Les limites de ce mur ne sont pas connues : à l’est il disparaît sous la berme
maintenue contre le mur US 2 de l’hôpital, à l’ouest, il ne réapparaît pas au-delà de la façade ouest des
loges des fous.
Un tableau de synthèse (fig. 8) réunit les données collectées sur les sols d’habitat mis au jour
dans la partie centrale du site, du sud vers le nord. La délimitation est et ouest est faite en fonction du
bâtiment actuel de l’hôpital (US 3) et l’alignement des murs Soufflot US 167 et 191, la partie centre
entre ces murs et l’alignement des murs US 187 et 202, la partie nord enfin au-delà de cette limite.
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mur central des loges des fous US 177 qui coupe l’espace en deux. La partie sud est comprise entre le
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US terrazzos
Altitude (m NGF)
Localisation
US murs associés
206
294
1036
1090
1030
1024
1033
1049
1058
165,09
165,09
165,13
165,10
164,95
164,98
164,78
164,73
164,70
Partie sud-ouest
Partie sud-ouest
Partie sud-est
Partie sud-est
Partie centre-ouest
Partie centre-est
Partie centre-ouest
Partie nord-ouest
Partie nord-est
272 ; 1029
272
1041
1041
1028
1028
1028 ; 1025 ?
1025 ; 1069
1026 ; 1067
Fig. 8 – Altimétrie des terrazzos de la phase 1.2.
On constate que les sols présentent un dénivelé négatif d’une quarantaine de centimètres du sud
vers le nord en deux paliers : une quinzaine de centimètres entre le sud et la partie centrale, puis
environ 25 centimètres entre les terrazzos du centre et ceux au nord.
Leur mode de construction varie légèrement entre eux. Le terrazzo US 206 est construit sur un
radier constitué de blocs de gneiss, de galets, de fragments de TCA et de mortier, identique au radier
du terrazzo US 1024 (pl. 25, 41 et 222). Sa surface est faite d’un calcaire concassé décoré d’inclusions
non organisées de pierre noire et jaune de 2 cm de côté environ. Le terrazzo US 294 juste à l’est, qui
semble de facture identique, est trop endommagé pour que l’on puisse déterminer si sa surface
comportait le même type de décor.
Le terrazzo US 1036 présente un décor qui le distingue des autres (pl. 40, 221). Très endommagé
sur sa surface, on distingue malgré tout des motifs en croix faits de l’assemblage de 5 fragments de
pierre noire plus ou moins rectangulaire. Le radier de ce sol est constitué comme les précédents de
galets moyens (5 à 7 cm de diamètre), de fragments de gneiss et de TCA pris dans du mortier.
Curieusement, les motifs ne sont pas du tout réguliers, ni dans la disposition des tesselles, ni dans
l’espacement des motifs. Les croix semblent en effet par endroits s’organiser sur un quadrillage d’une
vingtaine de centimètres de côté, cet ordre se trouvant bouleversé dans plusieurs zones. De même si
les motifs en croix sont réguliers en quelques endroits, ils sont en majorité destructurés. La
singularité des motifs de ce sol par rapport aux autres, la différence de niveau et la présence d’un
fragment de mortier poussent à placer ce sol dans une phase postérieure, ce qui laisse à penser qu’il
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appartient à une phase de réfection de l’habitat (voir paragraphe 2.2.2.5.).
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Une cloison US 272 (N18°E) sépare les sols US 206 et US 274 et forme deux espaces distincts (pl.
25, 41 et 222). Elle est construite sur un solin en petits blocs de gneiss et tegulae liés au mortier jaune
de 30 cm de largeur conservé sur une assise (seuil à 164,98 m NGF), qui supportait probablement une
cloison en matériau périssable. Elle marque un retour vers l’ouest à son extrémité nord avec la cloison
US 1029 (pl. 42, 223), de facture identique à l’US 272. Elles forment à l’ouest un espace de 3,30 m nord-
sud sur 2,10 m est-ouest minimum, sa limite sud passant sous le bâtiment de l’hôpital et sa limite
ouest ayant été détruite par les creusements US 268 (phase 2.2), US 205 (phase 3.1) et par le mur
moderne US 215.
Au nord de cette cloison se développent les terrazzos US 1030 à l’ouest et US 1024 à l’est (pl. 41,
42, 220 et 223). L’US 1030 est conservée sur 1,77 nord-sud sur 1,50 m maximum est-ouest. Sa limite
sud, bien conservée, remonte légèrement contre la cloison US 1029, indiquant sans conteste qu’elle
fonctionnait bien avec lui. Dans un bon état de conservation, sa surface porte de légères traces de
rubéfaction irrégulières. Construit sur un radier de galets, avec des petits blocs de gneiss et des
fragments de TCA liés au mortier, sa surface est constituée de petits fragments de calcaire beige, jaune
ou rouge, le tout dans un mortier beige lissé en surface. Le terrazzo US 1024 est constitué d’un radier
identique au précédent. Sa surface conservée sur 2,70 m est-ouest et 1,45 m maximum nord-sud est
réalisée, comme pour le sol US 1030, à l’aide de fragments de calcaire concassés, de fragments
de calcaire jaune pris dans un mortier beige lissé. Il a été détruit sur une majeure partie de son côté
nord par un massif de béton contemporain (US 152) et porte de légères traces de rubéfaction. Ces deux
sols pourraient très bien constituer un seul et même terrazzo. Sa limite nord correspond au passage de
la cloison US 1028. Bien présente à l’ouest, où elle est construite en petits blocs de gneiss et fragments
de TCA à plat liés au mortier, elle constitue également la limite nord du sol US 1030. À l’est, elle ne
subsiste que sous la forme de tuiles posées à plat mais bien dans l’alignement de la partie observée à
l’ouest. D’une largeur de 17 cm, elle peut être restituée sur une longueur de 5,7 m au minimum. Elle
est coupée à l’ouest par la fosse médiévale US 268.
Au nord de cette cloison commence un autre espace, avec un sol toujours en béton mais de facture
et d’aspects légèrement différents que ceux situés plus au sud. Côté ouest, il reste un sol construit à
l’aide de petits galets (2 à 3 cm de diamètre) agglomérés dans un mortier beige. Une fine couche de
mortier de couleur identique venait lisser le tout en surface. Elle n’est conservée que dans sa partie
extrême nord-est où elle recouvre presque totalement les galets ; ailleurs les galets affleurent.
Initialement considérés comme deux sols différents, il s’est avéré à la fouille que les deux niveaux de
sols US 1033 et US 1049 individualisés ne forment qu’un seul espace (pl. 25 et 223), qu’est venu a
posteriori diviser le mur US 1025 (voir phase 1.3). Il couvre un espace de 4,3 m dans le sens nord-sud,
la limite nord étant formée par le mur récupéré US 1069-1070 pour une largeur est-ouest d’un
177. Ce sol ne semblait pas porter d’inclusion décorative comme les sols situés plus au sud ;
néanmoins, on a pu repérer sur la bordure qui délimite la partie très endommagé du sol côté ouest un
alignement d’inclusions de fragments de TCA quadrangulaires disposées en pointillés sur environ 0,8
m de long dans le sens nord-sud. Ils n’ont pas été retrouvés dans la partie plus au nord bien
conservée.
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minimum conservé de 4 m. Le côté est a été détruit par la tranchée de fondation du mur moderne US
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Le mur US 1069 orienté nord-ouest/sud-est (N75°E), construit en blocs de gneiss liés au mortier
jaune, borde le sol US 1049 au nord et a été récupéré sur toute sa longueur (pl. 25 et 229). Côté est, il
ne devait guère aller au-delà du mur US 177 car le sol US 1058 s’étend légèrement plus au nord que
l’emprise restituée du mur. Il effectuait peut-être plutôt un retour vers le sud dans l’alignement de la
cloison US 272 et suivant le tracé du mur Soufflot US 177.
Côté est, les sols US 1033 et US 1049 trouvent leur pendant dans le sol US 1058 (pl. 24, 40 et 219).
Celui-ci, mieux conservé, est cependant très affaissé dans sa partie centrale où il présente une
déclivité d’une quinzaine de centimètres. Conservé sur une longueur maximale nord-sud de 2,50 m,
son côté ouest a été détruit par le creusement de la fosse US 1059 lors d’une phase postérieure (phase
1.3). Sa limite nord n’est pas clairement identifiée, détruite sur les 9/10e par un massif en béton de la
chaufferie contemporaine, le reste disparaissant sous le mur moderne US 188. L’extension de ce sol se
poursuit dans tous les cas au-delà de la limite septentrionale de son pendant occidental US 1049. Ce
sol a peut-être subi une réfection dans son angle sud-ouest, où l’on observe plusieurs fragments de
tegula posés à plat au niveau où aurait dû apparaître le terrazzo.
Les liens stratigraphiques qui unissent ce terrazzo US 1058 avec les trois maçonneries qui le
bordent sur son côté méridional sont complexes (pl. 40 et 228). En effet, on trouve successivement
une cloison US 1067 qui borde le parement nord d’un mur US 1026 et surmonte un mur sous-jacent US
1130. Il est possible que le sol ait fonctionné initialement avec le mur US 1130, orienté comme les
autres maçonneries de cet état (N75°E). Il est construit en blocs de gneiss, galets et fragments de TCA,
liés par un mortier gris-blanc qui le distingue des autres maçonneries, liées majoritairement au
mortier jaune. Il n’en reste que la fondation. Le sol à cet endroit a perdu son horizontalité et est
« remonté », probablement sous l’effet de son affaissement central. Le mur a pu être arasé et le
terrazzo sommairement réparé avant de reconstruire un mur de même orientation, légèrement plus au
sud (mur US 1026) et être, dans un troisième temps, sûrement très proche, renforcé ou re-parementé
avec la maçonnerie US 1067. Celle-ci est construite sur un seul rang de blocs de gneiss et de fragments
de TCA liés au mortier jaune. Large seulement de 10 cm, elle est collée sur la paroi septentrionale du
mur US 1026 dont elle suit l’orientation et a conservé par endroits des traces d’enduit blanc.
L’espace limité au nord par le mur US 1026 et au sud par la cloison US 1028 (2,35 m de largeur) ne
comportait pas de terrazzo (pl. 25 et 219). Très perturbés par le bloc en béton de la chaufferie
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contemporaine, deux lambeaux de sol (US 1027 et US 1063, pl. 25) ont pu être dégagés. Apparaissant
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respectivement à la cote de 164,96 et 164,94 m NGF, ils sont constitués d’un niveau d’argile rubéfié
associé à des galets et des fragments de TCA, recouvert d’une fine couche de mortier de chaux blancgris, conservé de façon inégale au maximum sur un centimètre d’épaisseur.
2.2.2.2.1. Les installations hydrauliques et l’espace nord-ouest
Sous le mur US 1026 est installée une canalisation US 1139 orientée semblablement aux murs,
nord-ouest/sud-est (N75°E), construite en blocs et dalles de gneiss associés à des galets et fragments
de TCA liés au mortier jaune (pl. 25 et 228).
Le piédroit nord visible en coupe a été détruit par la fosse US 1059, tandis que son piédroit sud a
été très endommagé par les aménagements postérieurs, et semble être dévié par la présence du mur US
1175. Le fond du canal est fait de briques posées à plat. Le piédroit sud est installé en partie sur ces
briques tandis que le piédroit nord est maçonné contre, créant ainsi une impression de décalage ; le
mur US 1026 étant installé dessus, il demeure une ouverture carrée de 18 cm de côté. Après démontage
de ce dernier, il s’est avéré qu’elle s’interrompait très vite vers l’est, le canal étant maçonné sur toute
sa largeur. On peut la restituer sur 1,50 m de long, son extrémité ouest demeurant inconnue.
La liaison du piédroit US 1139 avec la maçonnerie US 1175 est perturbée, mais ces deux murs
semblent bien fonctionner ensemble, si bien que l’on peut interpréter US 1175 comme le piédroit
oriental d’un caniveau qui serait orienté nord-sud et dont le piédroit occidental aurait été détruit par
l’aménagement du mur moderne US 177. Cette maçonnerie dégagée sur 1,60 m de long est construite
en blocs de gneiss et TCA liés au mortier jaune à l’identique de l’US 1139. Elle se prolonge vers le sud
où la maçonnerie US 1062 prend directement la suite, dans le même alignement. Pourtant, elle diffère
par son mode de construction. En gneiss également, les fragments de TCA sont plus nombreux, des
blocs de granite sont ajoutés et surtout elle est maçonnée avec un mortier blanc-gris, le tout étant
recouvert d’un niveau de fragments d’amphores posés à plat.
Plus au nord-ouest, de l’autre côté du mur Soufflot US 177, on trouve une seconde canalisation,
associée à d’autres vestiges hydrauliques. En effet, un petit espace à caractère hydraulique est
délimité au nord par le grand mur de façade est–ouest US 699-1073 et au sud par le mur partiellement
récupéré US 1069-1070 (pl. 25 et 229). Même si les limites est et ouest demeurent indéterminées,
l’espace nord-sud mesure 1,65 m de large et les vestiges reconnus s’étendent sur 4 m de long au
maximum. La canalisation US 1194 (à 164,20 m NGF), orientée comme la canalisation US 1139, a été
très endommagée par les installations postérieures, modernes et contemporaines. Il reste une partie
du piédroit nord (US 1071 à 164,60 m NGF) construit en blocs de gneiss et fragments de TCA liés au
conservé un fragment d’enduit de tuileau sur sa face septentrionale. Le fond de la canalisation,
constitué de dalles de terre cuite (briques ou tegulae ?), est coupé par les blocs de béton
contemporains US 297 et US 298. Les limites est et ouest de cette canalisation n’ont pas été trouvées ;
on peut restituer la longueur maximum de cette canalisation sur 3,30 m. Un lien éventuel avec la
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mortier jaune très mal conservé et un lambeau du piédroit sud presque totalement ruiné. Ce mur a
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canalisation US 1139 située 1,20 m plus au sud reste envisageable, bien que ce lien supposerait un
coude presque à angle droit. Le mur Soufflot US 177 empêche définitivement d’identifier cette liaison.
Le piédroit nord US 1071 est lié avec un mur nord-sud US 1072 très mal conservé, sur seulement
une trentaine de centimètres de longueur. Construits en galets, gneiss et mortier jaune, il a conservé
un lambeau d’enduit de tuileau sur son côté est qui forme un angle avec celui de l’US 1071. Il borde sur
sa face occidentale un gros bloc de béton de tuileau (US 1068) dont les dimensions conservées sont de
1,30 m est-ouest sur 0,80 m nord-sud et 0,30 m d’épaisseur. Sa cote maximale est de 164,33 m NGF et
marque un fort pendage de l’est vers l’ouest, en raison des perturbations postérieures. Sa surface
lissée très régulière indique qu’il s’agit d’un reste du sol d’une pièce d’eau (latrines, cuisine, petit
espace thermal ?) ou bien d’un sol de bassin.
Ce bloc recouvrait un niveau de mortier jaune sableux US 1195 (164,24 m NGF) de 1 à 2 cm
d’épaisseur qui a servi peut-être de préparation avant l’installation du béton de tuileau. Sous ce
niveau se trouve un second niveau de mortier de tuileau US 1196 épais d’environ 15 cm, lissé en
surface, dans lequel est aménagée une canalisation (US 1188, pl. 230) de 8 cm de large pour 10 cm de
profondeur, orientée nord-sud. Il s’agit d’un négatif de conduite qui pouvait contenir un tuyau de
plomb disparu. Les 0,7 m sur lesquels elle a été observée sont insuffisants pour déterminer un
pendage, mais ce type de conduite étant plutôt réservé à l’adduction d’eau, elle servait en toute
vraisemblance à amener l’eau dans cette pièce ou dans ce bassin. Le niveau de tuileau US 1196 est
d’autre part lié à une tegula posée à plat sur un radier de fragments de TCA et de gneiss, US 1192
(164,18 m NGF), dont il épouse les contours. L’arasement de ces vestiges rend la lecture des liens
stratigraphiques entre ces éléments difficile à établir.
À un peu plus d’une vingtaine de mètres à l’ouest, la maçonnerie US 1794 est construite en blocs
de gneiss liés au mortier jaune d’axe sud-ouest/ nord-est et fondé dans le limon naturel US 1674 (pl.
24 et 231). Entourée sur ses quatre côtés par des maçonneries modernes et contemporaines (US 1781,
1792 et 1795), elle n’a pu être suivie que sur une longueur de 0,9 m. Malgré le caractère très partiel de
cette maçonnerie, on peut penser qu’il s’agit des restes d’un caniveau orienté globalement est-ouest,
dont on aurait les deux piédroits en coupe et le fond constitué de tegulae posées à plat, qui passent
sous le mur moderne US 1781. Les bouleversements dus aux installations postérieures et l’exiguïté du
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contexte empêchent une analyse plus complète.
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À un peu plus d’une dizaine de mètres au nord, une canalisation US 1995 a été repérée lors du
démontage de la rampe d’accès à l’extrémité nord-ouest du site (pl. 24, 52 et 231). Conservée très
partiellement à l’aplomb des fondations du mur moderne US 1946 dans l’angle d’une cave, son
contexte archéologique a été amputé par les aménagements du bâti. Elle est construite en blocs de
gneiss, de granite et de calcaire formant un parement ouvert côté nord et insérant une conduite dont
la base est constituée de tegulae posées à plat et tuilées sur quelques centimètres. La partie
supérieure de l’ouvrage et sa couverture ont été écrêtées par une fosse de récupération (US 1996).
Creusée dans la grave US 1968 avec un sommet cotant à 163,21 m NGF et un fond à 162,62 m NGF, elle se
développait en direction du sud ; peut-être se connectait-elle avec la canalisation US 1794. N’ayant
pas été dégagée et observée dans sa longueur, il n’a pas été possible d’en observer le pendage (pl. 24
et 231).
2.2.2.2.2. Le mur US 1041
L’ensemble des espaces décrits précédemment sont limités à l’est par le mur US 1041 (pl. 25, 219
et 220). Celui-ci, orienté sud-ouest/nord-est (N17°E), est construit en blocs de gneiss, blocs de
granite et fragments de TCA liés au mortier jaune. Dégagé sur une longueur de 10,70 m (pour 0,6 m de
large), il a été élargi ou renforcé sur une longueur de 2,90 m dans sa partie sud, le long du terrazzo US
1036, endommageant ce dernier du même coup, puis récupéré (voir phase 1.4, US 1045). À l’inverse, le
lambeau de terrazzo US 1090 qui le borde à l’est garde l’empreinte du mur contre lequel il a été plaqué.
Sur le reste de son extension, le mur est arasé jusqu’à sa fondation à la cote de 165,13 m NGF. Son
tracé, en direction du nord, se confond petit à petit avec celui du mur des loges des fous US 150 et se
perd au niveau de la limite nord du terrazzo US 1058. Du fait de son arasement, sa liaison avec les
niveaux de sols qu’il borde se trouve perturbée. Cependant, elle reste relativement nette avec le sol US
1024, même si l’arasement de la maçonnerie descend plus bas que le niveau du terrazzo. Quant à la
liaison plus au nord avec le sol US 1058, elle est difficile à observer, puisque le mur à cet endroit n’est
observable que sur sa face ouest, entièrement absorbé dans la maçonnerie moderne. Comme pour la
partie sud, la liaison ne paraît pas régulière, comme si le mur US 1041 avait fait l’objet d’une reprise :
le terrazzo semble avoir été entamé et la cassure comblée avec le mortier utilisé pour le mur.
Au vu de ses dimensions, de sa disposition en bordure des sols de terrazzo et de son orientation,
ce mur marque très certainement la limite entre les espaces intérieurs de l’habitat et les espaces
extérieurs situés à l’est.
2.2.2.2.3. Le mur US 1025
Un mur US 1025 construit en blocs de gneiss et de granite associés à des fragments de tegulae liés
165,07 m NGF ; suivi sur 5,90 m d’est en ouest, il est orienté comme les vestiges de la phase précédente
(1.2). À son extrémité occidentale, il vient couper le mur US 1175 ainsi que le terrazzo US 1049.
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au mortier jaune vient se poser sur l’arase du mur US 1041 (pl. 26 et 219). Sa cote maximum est à
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2.2.2.3. Un espace ouvert lié à l’habitat
Deux séries de murs chaînés à angle droit structurent cet espace. Il s’agit des murs US 733-734
d’une part et US 726-727 de l’autre (pl. 25 et 225). Le premier ensemble, le plus à l’ouest, est construit
en blocs de granite et de gneiss liés au mortier jaune, très arasés et conservés sur une seule assise.
Leur niveau d’apparition se situe à 164,90 m NGF. Ils suivent l’orientation des maçonneries de l’habitat
soit N75°E pour l’US 734 et N17°E pour l’US 733. Si la longueur totale de l’US 734 est indéterminée, les
deux maçonneries sud-ouest/nord-est mesurent toutes les deux 1,10 m de long pour 0,4 m de large,
et semblent conservées sur l’intégralité de leur longueur. Le deuxième ensemble situé à 2,35 m à l’est
du premier présente les mêmes caractéristiques d’orientation et de construction.
Un peu plus de 4 m au sud-est, deux murs chaînés en angle droit (US 723-724) sont construits
selon la même orientation que les ensembles précédents et avec des matériaux identiques (pl. 25 et
224). Ils apparaissent à 164,83 m NGF et mesurent 0,42 cm de large. Le mur US 724 a été récupéré
jusqu’à sa jonction avec l’US 723 (phase 1.4.).
À l’extrémité est, une structure linéaire US 883 constituée de fragments de tegulae et de très rares
fragments de gneiss a été dégagée sur 2 m de longueur (pl. 25). Conservée sur une quinzaine de
centimètres d’épaisseur, son niveau supérieur se situe à 164,74 m NGF et son orientation suit celle des
autres vestiges d’habitat. En l’absence de mortier, il s’agit peut-être d’une simple structure de
drainage. Elle disparaît à l’est sous la berme, elle est coupée à l’ouest par une fosse septique moderne.
À l’aplomb du mur de limite US 1041, dans l’espace étroit compris entre les murs des loges des
fous US 149 et US 150, circule une canalisation sud-ouest/nord-est US 1180 orientée comme lui, N17°E.
Elle est constituée d’une tranchée creusée dans le niveau de limon anthropisé US 1092 de 0,4 m de
large et comblée par un niveau argilo-sableux US 1093 qui renfermait un fragment de terrazzo et un
fragment de béton de tuileau (pl. 25 et 227). Ce creusement vient couper au nord le mur US 734 et
devait probablement être inclus dans la construction de ce dernier. De sa partie maçonnée il ne reste
qu’un fragment du piédroit oriental US 1091 (165,05 m NGF) conservé sur une longueur nord-sud de 0,5
m et sur une largeur de 0,8 m est-ouest, où il est recoupé par le mur moderne US 150 (pl. 25, 226 et
227). Construit essentiellement en gneiss, il comporte quelques éléments de granite et quelques
galets moyens à sa base. L’intérieur de son piédroit est habillé par une dalle de grès fichée
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verticalement probablement en remploi, qui comporte des traces de chauffe. Un départ de couverture
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en gneiss demeure en place sur une vingtaine de centimètres de large. Il ne reste pas de trace de la
présence d’un piédroit occidental de facture identique à l’US 1091. Néanmoins, il reste un
aménagement de blocs de granite sans mortier US 1220 (pl. 25 et 226), conservé sur deux assises,
parallèle au négatif de canalisation, à 164,50 m NGF, posé sur le niveau de fréquentation limoneux US
1219. Entre cette construction et le mur US 150, de très nombreux fragments d’amphores ont été
trouvés en remblai, peut-être installé à des fins de drainage. À environ 1 m plus au nord, deux dalles
de granite isolées ont été trouvées, mais plus de taille supérieure aux blocs utilisés pour la bordure US
1220.
Une frette en plomb (M1093I285, pl. 132) utilisée pour lier une canalisation en bois à une
canalisation en plomb a été mise au jour dans la partie nord de la canalisation, à environ 0,50 m au
sud de son passage dans le mur US 734 (pl. 227). Elle atteste la vocation hydraulique de la tranchée.
Contre la face septentrionale de la maçonnerie US 1091 est posé un massif US 1087, construit en
blocs de granite, de gneiss et fragments de TCA liés au mortier blanc (pl. 25 et 226). De forme
grossièrement rectangulaire et conservé sur plusieurs assises, il mesure 1,15 m nord-sud pour 0,85 m
est-ouest. Ses côtés ouest et nord portent des traces d’arrachement, les observations ne pouvant être
faites sur les deux autres parements. Son lien avec les structures avoisinantes et avec la stratigraphie
n’est pas apparu clairement, du fait de l’exiguïté du lieu et de la rupture stratigraphique générée par
la construction des deux murs des loges des fous.
2.2.2.4. La canalisation US 499 et ses abords
Une dizaine de mètres à l’ouest du bâtiment d’habitation, une canalisation orientée plein nord a
été dégagée en plusieurs points. Elle court sur toute la largeur nord-sud du site, totalisant ainsi une
longueur minimale de 21,60 m (pl. 24, 49, 232 à 234).
Elle se compose d’une tranchée creusée dans le limon légèrement anthropisé US 497, de profil
rectangulaire à fond plat et bords verticaux (0,80 x 0,40 m), au fond de laquelle est installée une
conduite en terre cuite2. Celle-ci est conservée d’un seul tenant sur 3 m, auquel viennent s’ajouter
deux segments plus fragmentaires au sud et au nord (0,70 m de long), et deux autres plus courts
retrouvés de part et d’autre du fossé US 629. Elle marque un pendage du sud vers le nord, avec une
altitude supérieure de 163,75 m NGF au sud et 163,37 m NGF au nord. Elle ne débouche, sur l’emprise du
site, sur aucun réceptacle.
La conduite proprement dite est constituée de tuyaux en terre cuite emboîtés les uns dans les
un diamètre extérieur maximum de 13 cm et une épaisseur de paroi de 1,5 cm. Ils présentent chacun
une extrémité en renfoncement intérieur sur 5 cm de long, et une extrémité opposée dotée d’une
excroissance de 5 cm de long et d’un diamètre inférieur à celui du corps principal (10 cm). Ce système
2
Voir l’étude des céramiques architecturales, p. 306-307, pl. 194.
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autres (pl. 232 et 194). Ils mesurent en moyenne 0,47 m de long au total (0,42 m hors jointure) pour
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permet de créer une jointure et ainsi d’emboîter les tuyaux les uns dans les autres. Aucune trace de
mortier destiné à étanchéifier totalement ces joints n’a été observée sur les éléments retrouvés. La
tranchée est comblée par un niveau de limon sableux comportant des inclusions de gneiss, de
céramique et de charbon US 425 jusqu’à 164,06 m NGF.
Cette canalisation a été recoupée par le fossé US 629 en phase 1.3. et par les murs modernes US
420 et US 426 notamment (pl. 234).
À un peu moins de 3 m à l’ouest a été repéré un trou de poteau US 1696 creusé dans le limon US
1693 (pl. 24). Son comblement est constitué d’un calage de granite et de tegula pris dans un sédiment
limono-argileux brun. Il est creusé à côté d’une fosse US 1691 au comblement constitué d’un sédiment
argileux mêlé de nombreux petits galets (1 à 2 cm de diamètre). Elle s’ouvre à 163,76 m NGF et mesure
une soixante de cm de profondeur pour un diamètre de 1,20 m maximum.
À 5,50 m à l’est, un amas coquillé (US 1288) a été dégagé sur une surface plane de 1,10 m2 et 8 cm
d’épaisseur (pl. 24 et 230). Apparaissant à 163,60 m NGF, il est composé en majorité de coquilles
d’huîtres et de murex, pris dans un fin sédiment limoneux vert. On note également la présence de
quelques TCA ainsi que des fragments de céramique qui leur sont associés.
2.2.2.5. Le sol extérieur US 1418
À 164,60 m NGF, dans le secteur Bellecordière, s’étend un niveau de gravier compact associé à
quelques fragments de TCA et de gneiss posés à plat (pl. 24, 41 et 212). Il a été dégagé sur l’ensemble
de l’emprise de la cave moderne F 1419, dont les murs sont venus couper son extension. Il repose sur
un remblai limoneux légèrement anthropisé US 1425. Son éloignement (environ 18 m) des structures
d’habitat antique de la zone centre et les perturbations modernes ne permettent pas d’identifier ce sol
comme un espace extérieur de la domus stricto sensu, bien que son altimétrie soit en cohérence avec
les sols de celle-ci. Il pourrait également correspondre à un espace de circulation.
2.2.2.6. Les structures en creux à l’extrémité occidentale
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Juste à l’ouest de ce sol a été dégagé un négatif quadrangulaire de 46 centimètres de côté et 13
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cm de profondeur, US 1698, à 163,89 m NGF (pl. 24). Il est comblé de petits galets, fragments de
gneiss, de TCA et de mortier pris dans un sédiment sablo-limoneux brun. Il est accompagné d’un
second creusement US 1700 (altitude supérieure 163,99 m NGF) qui n’a pu être fouillé que sur 1,30 m
de long et 0,40 m de large, disparaissant sous le mur moderne US 1681.
Dans le secteur Bellecordière, deux ensembles de trous de piquets, qui n’offrent pas de plan
cohérent, ont été observés. Un premier ensemble, le plus au nord, compte une vingtaine de
creusements (US 1745 à US 1765) qui s’ouvrent dans le limon de débordement US 1724 entre 163,60 et
163,50 m NGF (pl. 24). De forme circulaire ou légèrement ovale, ils mesurent entre 5 et 10 cm de
diamètre et sont comblés par un limon légèrement argileux brun avec des inclusions de petits
fragments de TCA, de petits galets et charbons. Juste à l’est, la fosse US 1735 s’ouvre dans le même
niveau limoneux, à 163,63 m NGF et mesure 1,70 cm est–ouest pour 0,80 m nord-sud et 0,57 m de
profondeur (pl. 24). Son remplissage est constitué de limon gris avec des inclusions de charbons, de
TCA et quelques fragments de céramique antique. Sur le côté ouest une seconde fosse oblongue US
1661, au comblement identique, s’ouvre à 163,81 m NGF, pour une profondeur de 17 cm. À un mètre
vers l’ouest, un trou de poteau US 1708 de 0,80 m de diamètre et d’une trentaine de cm de profondeur
avec un bloc de gneiss en calage apparaît à 163,75 m NGF (pl. 24).
Un ensemble identique se développe à environ 7 m au sud-ouest. Il s’agit des creusements US
1857 à 1877 aux mêmes caractéristiques que les trous de piquets précédents, s’ouvrant à un niveau
compris entre 164 et 164,10 m NGF et creusés dans le limon de débordement US 1837 (pl. 24). Dans ce
même niveau est creusé un fossé nord-ouest/sud-est, US 1873, suivi sur 2 m de long. Il possède un
profil en cuvette de 0,90 m de large, avec un niveau d’ouverture à 164,24 m NGF pour une profondeur
d’environ 0,40 m. Son comblement est semblable à celui des structures en creux précédemment
décrites. Ce fossé recoupe une première petite fosse circulaire US 1879 de 0,50 m de diamètre (altitude
supérieure 164,10 m NGF) d’une dizaine de cm de profondeur au comblement de même nature, et une
seconde US 1877 de 0,20 m de diamètre aux caractéristiques identiques.
2.2.2.7. L’espace au sud du secteur Bellecordière
Au sud de ces structures en creux, un mur US 1476 dont il ne reste que des fragments de mortier,
de gneiss et de granite a été dégagé à partir de la cote de 164,33 m NGF (pl. 27 et 242). Il a été suivi sur
3,50 m, sur une orientation nord-ouest/sud-est identique à celle des murs de l’habitat (N75°E).
Environ 8 m au sud se développe un ensemble qui vient se connecter avec les vestiges trouvés en
1983 lors de la construction de la chaufferie (Jacquin 1983). Il se compose d’un négatif de sablière US
237). Celui-ci est comblé par le niveau de démolition US 1390, composé de tegulae et des restes d’un
mur en terre rubéfié. Cette sablière venait très probablement se connecter avec le pilier septentrional
de l’ouverture pratiquée dans le mur 5 mis au jour en 1983 (Jacquin 1983). Cette structure trouve son
pendant parallèle à 1,20 m au sud, avec le mur US 1389. Il est construit en gneiss lié au mortier blancjaune et orienté dans l’axe du pilier méridional de l’ouverture du mur 5 et dans celui du mur 1 de la
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1396 qui suit la même orientation nord-ouest/sud-est que les constructions environnantes (pl. 24 et
PAGE 85
fouille de 1983. Ces deux structures délimitent un niveau de sol induré et rubéfié (US 1393) situé à
164,51 m NGF. Cet ensemble semble constituer un accès à un espace qui s’étend à l’est du mur 2 mis au
jour en 1983 (Jacquin 1983).
Le mur US 1406 construit en blocs de gneiss liés au mortier jaune se développe vers le sud à partir
du mur US 1389, à 164,29 m NGF selon la même orientation que les murs de la domus (N 19° E, pl. 24).
Le lien entre ces deux maçonneries, qui ne sont pas chaînées, n’est pas clairement établi. Il constitue
la suite du mur 18 mis au jour en 1983, dont il suit le tracé et les modes de construction.
Dans ce même secteur, cinq massifs maçonnés ont été découverts (pl. 24, 240 et 241). Trois de
plan nettement quadrangulaires (0,55 m de côté) et construits en blocs de gneiss et fragments de TCA
liés au mortier grossier jaune sont assimilables à des bases de piliers (US 1398, 1400 et 1402) ; ils sont
fondés en tranchée étroite dans le limon et apparaissent à une cote comprise entre 164,20 et 164,30
m NGF. La nature des deux autres, US 1596 et 1597, de plan plus circulaire, est incertaine. Placés en
sous-œuvre, le premier sous la sablière US 1396, le second sous la maçonnerie US 1389, ils faisaient
peut-être office de confortement à un endroit où la construction s’affaissait.
Légèrement au nord-ouest de cet ensemble, un niveau d’argile rubéfiée US 1474 contenant du
charbon, de la TCA et du gneiss, de forme grossièrement rectangulaire apparaît au fond de la fosse US
1536, à 163,37 m NGF, et constitue probablement un niveau de rejet de foyer (pl. 48).
2.2.2.8. Éléments de chronologie (E. Bertrand)
Bien qu’il ne soit pas très abondant, le monnayage attribué à la phase 1.2 oriente clairement la
datation vers la fin du Ier siècle apr. J.-C. Trois monnaies ont été frappées sous le règne de Vespasien
entre 71 et 73 apr. J.-C. (US 1273, 1286, 1529). En dehors de l’espace bâti antique, un dupondius de
Trajan est un peu plus récent (US 661, 99 apr. J.-C.). Les autres monnaies plus anciennes (règne de
Tibère) n’alimentent pas l’établissement d’un terminus post quem.
Avec 3224 restes provenant de 70 unités stratigraphiques cumulées pour former un horizon
cohérent, le mobilier céramique est suffisamment représentatif pour asseoir la chronologie de la
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phase 1.2. Une partie de ce matériel est par ailleurs clairement scellé par les terrazzos présents au sud
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du site. La présence de nombreuses formes de sigillées déjà inventoriées pour la phase 1.1 se justifie
pleinement par la durée de vie de certains types sur l’ensemble du Ier siècle apr. J.-C. (Drag. 15/17,
18, 24/25, 27, 29, 30, 33, Ritt. 12). L’évolution quantitative de ce répertoire montre toutefois un
accroissement de la présence des bols Drag. 33. L’apparition du vaisselier flavien est attestée par
plusieurs types caractéristiques : Drag. 35, 37, Knorr 78. L’émergence plus sensible des productions
sigillées de la Gaule du centre (phases 2 à 4, Drag. 37, Curle 11) ou le répertoire des céramiques à
paroi fine confirment ce glissement chronologique.
Avec un terminus post quem dans les années 60/70 apr. J.-C., cette phase chronologique peut
légèrement déborder d’une ou deux décennies sur le IIe siècle, mais l’absence des productions qui
émergent dans le deuxième quart du IIe siècle (notamment la sigillée claire B) interdit d’étendre la
fourchette chronologique de cette phase au-delà des années 110/120 apr. J.-C. Il convient par ailleurs
d’être prudent, l’uniformité des ensembles réunis pour l’identification de cette phase, entre le
mobilier provenant des remblais supportant l’habitat antique et des unités stratigraphiques pouvant
témoigner de l’occupation des abords, un décalage est évidemment envisageable. La monnaie de
Trajan de 99 apr. J.-C. serait à replacer dans ce contexte.
2.2.3. L’abandon de la domus (phase 1.3)
2.2.3.1. Le dépôt d’enduits peints US 931
Dans la partie orientale du site, un ensemble de fragments de peintures murales (US 931, pl. 26,
36, 244) a été dégagé dans un niveau de limon légèrement surcreusé (US 1149). Apparaissant à 164,33
m NGF, les fragments forment une couche très dense d’environ 0,40 m d’épaisseur. Situés juste au nord
de la tranchée de récupération US 699 qui a recoupé ce niveau en phase 1.4, ils ont été jetés
volontairement à l’extérieur de l’emprise de l’habitat à la fin de leur période d’usage. La surface du lot
a été reconnue sur 8 m2 au minimum : les extrémités à l’ouest et au nord sont coupées par des
maçonneries modernes (US 48 et 51), et la limite orientale passe hors de l’emprise de fouille. Ce
niveau est scellé par un remblai limoneux brun US 702 mêlé de nombreuses inclusions de gneiss,
petits galets et mortier.
2.2.3.2. Le fossé US 629
Les zones ouest et Bellecordière sont traversées par un grand fossé (US 629, 1689, 1884 et 1672)
de limon naturel sur 1,58 m de large et 0,70 m de profondeur ; sa cote d’ouverture maximum observée
est à 163,75 m NGF. Le fond plat, formé par un niveau naturel d’argile, ne porte aucune trace
d’aménagement complémentaire type plancher, boisage ou tuyau. Il marque un pendage de l’ouest
vers l’est (163,26 m NGF à l’ouest/163,07 m NGF à l’est), en direction du Rhône. Cependant, il n’a pas
été retrouvé au-delà des berceaux qui supportent les citernes de la chaufferie contemporaine, si bien
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orienté est-ouest (pl. 26, 43, 44, 234 et 235). Ses parois sont taillées verticalement dans les niveaux
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que l’on ne peut affirmer que ce fossé drainait des eaux jusqu’au fleuve. Son remplissage US 630 est
constitué d’un limon brun vert très dense en mobilier céramique.
2.2.3.3. Les fossés nord-est
Six fossés d’orientation sud-ouest/nord-est ont été observés, regroupés dans le secteur nord-est
du site dans un espace de 200 m2 environ (pl. 26, 37, 39 et 243). Ils sont tous creusés dans la grave,
avec un profil en cuvette. Ils sont comblés avec un sédiment limono-argileux brun, de la TCA et un
abondant mobilier céramique. Trois d’entre eux (US 947, 871 et 896) sont surcreusés de fosses
circulaires comprises entre 0,5 m et 0,95 m de diamètre pour la plus grosse d’entre elles.
US fossé
Altimétrie (m NGF)
947
871
896
740
737
736
164,03 / 163,42
163,97 / 163,65
163,98 / 163,7
163,8 / 163,32
163,90 / 163,42
163,90 / 163,2
Dimensions en m
(longueur x largeur x profondeur)
4,5 x 0,8 x 0,61
3,6 x 0,95 x 0,32
0,75 x 0,25 x 0,12
2,75 x 0,88 x 0,48
4 x 0,9 x 0,4
4 x 0,8 x 0,5
Fig. 9 – Altimétrie et dimensions des fossés de la phase 1.2.
Cet espace nord-est se caractérise également par la présence de fosses, creusées comme les fossés
dans la grave du Rhône. Légèrement à l’est de ces derniers, une fosse rectangulaire US 755 de 1,25 m
de longueur nord-sud sur 0,90 m de largeur est-ouest s’ouvre à 163,76 m NGF. Un peu plus au sud, à
proximité du fossé US 947, deux autres fosses US 957 et US 949 s’ouvrent toutes les deux à 163,80 m et
sont comblées par un limon gris-vert mêlé de petits galets et d’un peu de mobilier.
2.2.3.4. Les massifs de fondation (US 827, 1515 et 1539)
Trois massifs de fondation, US 827, 1515 et 1539, ponctuent le site d’est en ouest à intervalles
réguliers (pl. 26). Le mieux conservé des trois, US 827, se situe dans la zone est (pl. 38, 54 et 245). Il
est fondé dans le limon naturel US 852 avec un niveau d’apparition situé à 164,22 m NGF (fond à 163,77
m NGF). Conservé sur trois assises, il est construit majoritairement en blocs de gneiss associés à
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quelques blocs de granite, liés au mortier jaune. Les côtés sud et sud-ouest portent des traces
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d’arrachement, à l’inverse des côtés nord et nord-ouest qui sont bien conservés. La limite occidentale
avait été observée lors du diagnostic de 2011 dans le sondage S4 (maçonnerie US 433). On peut ainsi
restituer une longueur totale de 4,70 m dans le sens est-ouest et une largeur nord-sud de 4,10 m.
Hormis la présence de blocs grossièrement taillés sur une face sur les côtés nord et ouest, le reste de
la maçonnerie est constituée de blocs non équarris et dépourvus d’organisation ; le mortier, bien
présent sur les bords, est plus rare, voire absent, dans le cœur de l’ouvrage.
À une vingtaine de mètres vers l’ouest, la fosse US 1514 est creusée dans le limon (fond à 163,12
m NGF, pl. 246). Son remplissage (US 1515) argileux brun est riche en éléments de démolition
comprenant de nombreux nodules de mortier jaune mélangés à des blocs de gneiss fragmentés, de la
TCA, du mobilier céramique et de la faune. Cette structure s’intègre au creusement US 320 déjà
identifié dans le sondage S3 du diagnostic effectué en 2011 et dont la largeur totale entre les bords
parallèles sud et nord atteint 4,20 m. Si l’on peut rapprocher cette structure empierrée de la
précédente (US 827) par la nature de ses matériaux et ses dimensions, les éléments qui la composent
ont été perturbés au cours d’une phase de spoliation et ne forment plus une maçonnerie construite.
Cette structure coupe au nord-est une fosse rectangulaire (US 1516) longue d’1,50 m comblée par un
limon sableux avec de la TCA, de la céramique et un moellon en calcaire taillé.
Vingt-trois mètres plus à l’ouest, dans le secteur Bellecordière, une troisième structure identique
a été mise au jour (US 1539/1579, pl. 44 et 247). Elle est construite en blocs de gneiss liés au mortier
jaune et, comme la précédente, a été en grande partie spoliée. Outre les matériaux de construction
mentionnés pour les deux structures précédentes, des fragments de terrazzo ont été trouvés dans ce
niveau de démolition. L’angle sud-ouest et l’intégralité de son bord sud ont été préservés sur une
assise, si bien que l’on peut restituer une largeur est-ouest de 4,30 m.
2.2.3.5. Les murs au sud-ouest
Au sud-ouest du site, deux murs US 1387 et US 1388 sont construits en blocs de gneiss liés au
mortier rouge-rosé (pl. 26 et 236). Le premier est orienté sud-ouest/nord-est en léger décalage avec
les vestiges de la domus (N25°E) avec un niveau d’apparition à 164,56 m NGF ; il effectue un retour vers
l’est (N73°E) qui en revanche suit une orientation conforme aux vestiges de la phase 1.2. Toutefois ces
deux maçonneries se distinguent de la phase précédente par le mortier en usage pour leur
construction. Ils sont construits en tranchée étroite, et coupent le niveau de sol de la phase 1.2 (US
1393).
tranchée étroite sont conservées sur une à deux assises (pl. 26 et 241). Elles sont constituées de blocs
de gneiss liés avec un mortier rouge qui diffère de celui mis en œuvre dans les deux murs précédents.
La première est un massif rectangulaire d’axe est-ouest de 0,73 m de large sur 0,95 m de long, qui
vient se coller à la seconde, de facture identique, mesurant 0,67 m de large et conservée sur une
longueur maximum de 0,97 m. Si le massif US 1410 semble avoir conservé l’ensemble de ses
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Un peu moins de deux mètres plus au sud, deux maçonneries, US 1410 et US 1412, construites en
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parements, la maçonnerie US 1412 a été coupée par l’aménagement de la berlinoise sur sa partie
occidentale ; le parement sud semble également avoir été endommagé, mais ses limites nord et est
sont intactes. Ces deux maçonneries accolées sur leur largeur et orientées pareillement nordouest/sud-est (N63°E) présentent un décalage de leur axe du côté de leur parement septentrional :
celui de l’US 1412 est une quinzaine de centimètres plus au nord que celui de l’US 1410. Le lien entre
elles et avec le reste des vestiges reste indéterminé.
Dans le prolongement vers l’est de la maçonnerie US 1410, un négatif de mur 1611 (164,43 m NGF)
est construit avec le même mortier que les murs US 1387 et US 1388. Il se raccorde probablement avec
le retour vers l’est du mur 5 trouvé lors de la fouille de 1983, qui est signalé à la cote de 164,33 m NGF.
2.2.3.6. Éléments de chronologie (E. Bertrand)
Le répertoire céramique de la phase 1.3 (3291 restes pour 338 individus) est notamment
caractérisé par l’apparition de nouvelles productions spécifiques au IIe siècle. Les sigillées claires B
sont peu abondantes, mais les deux types identifiés (Desbat 74/76 et 68/70) impliquent un terminus
post quem dans le dernier quart du IIe siècle. La présence de céramique métallescente confirme cette
datation tardive. Même si ces éléments sont numériquement faibles, ils sont appuyés par d’autres
productions potentiellement plus anciennes mais qui les accompagnent régulièrement à la fin du
siècle. C’est le cas des productions de céramique fine (sigillée claire A) ou culinaire provenant
d’Afrique du Nord et de la céramique allobroge.
Les sigillées gauloises flaviennes sont encore majoritaires mais le répertoire originaire de Gaule
centrale (Lez. 57, 91, 96, 97 et Déch. 72) illustre, pour les vases les plus récents, les phases de
production 6 et 7 des ateliers de Lezoux. L’éventail des céramiques communes culinaires confirme
l’adoption plus fréquente du mode de cuisson oxydante tandis que pour la typologie des mortiers en
céramique claire les lèvres pendantes et plus particulièrement en amande peuvent être positionnées à
la charnière des IIe et IIIe siècles. Le matériel amphorique, essentiellement constitué de Gauloise 4,
est abondant (40 % du nombre de restes) mais il n’apporte pas de précision chronologique notable
(un seul tesson pourrait être attribuable aux ateliers d’Afrique du Nord).
L’examen du lot, catégorie par catégorie, ne permet pas d’envisager une datation dans le courant
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du IIIe siècle. L’ensemble des éléments céramologiques (aucune monnaie n’est attribuable à cette
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phase) resserrent donc la chronologie de la phase 1.3 entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle.
2.2.4. La dernière occupation antique du site (phase 1.4)
2.2.4.1. Les tranchées de récupération
À l’abandon de la domus succède une phase de récupération d’une partie des matériaux qui
constituaient ses maçonneries. Ainsi, le mur de façade qui borde l’habitat au nord est spolié sur une
partie de son tracé (pl. 27, 36, 42, 202 et 203). Les matériaux du mur nord-sud US 1041 sont récupérés
jusqu’à la base de sa fondation dans le quart sud de la structure (pl. 221). Repérée à partir de la cote
165,15 m NGF, la tranchée de récupération US 1045 conserve dans son remplissage des fragments de
gneiss et de mortier jaune pris dans un sédiment limoneux brun. La tranchée de récupération du mur
de façade est-ouest, US 1073 et US 699, qui s’ouvre à 164,72 m NGF est caractérisée par un remplissage
identique. Cependant, on note dans le tiers oriental de cette tranchée la présence en fond de
comblement d’un niveau de mortier très pulvérulent blanc-jaune et très homogène, sur une trentaine
de centimètres d’épaisseur.
À l’est, dans les parties extérieures au corps d’habitat, deux tranchées de récupération nordouest/sud-est parallèles, US 725 et 747, s’ouvrent presque à la même altitude (respectivement 164,76
et 164,73 m NGF). À la différence des précédentes, celles-ci ne mesurent que 0,40 m de large, mais
sont comblées avec les mêmes matériaux détritiques (pl. 27, 45).
Dans le secteur Bellecordière, deux tranchées US 1462 et US 1464 orientées conformément aux
axes de construction de la domus mesurent 0,50 m de large (pl. 27 et 239). S’ouvrant respectivement à
164,38 et à 164,31 m NGF, elles sont comblées dans leur partie supérieure par un niveau détritique
sableux rouge, qui recouvre un niveau de matériaux de construction - fragments de gneiss associés à
du mortier jaune et des fragments de TCA - pris dans un sédiment limoneux brun.
À environ 5 mètres plus au sud, une autre tranchée US 1449 s’ouvre à 163,97 m NGF. Elle est
comblée par des fragments de gneiss et de granite associés à du mortier jaune. D’orientation sudouest/nord-est, elle apparaît légèrement désaxée par rapport au reste des éléments récupérés.
À l’extrémité nord, sous la rampe s’ouvre la tranchée de récupération US 1996/1997 de la
canalisation US 1995. Apparaissant à 163,44 m NGF, elle est comblée de fragments de gneiss, de TCA
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associés à des nodules de mortier et des galets, dans un sédiment limoneux brun.
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2.2.4.2. Le paléo-chenal US 1016
Un chenal US 1016 - soit paléo-chenal naturellement mis en place dans un talweg déjà présent
dans le banc de galets, soit fossé creusé par l’homme3 - occupe l’extrémité nord-est du site (pl. 27, 36
à 38, 40, 55, 248 à 250). Circulant sur un axe sud-est/nord-ouest, son ouverture mesure environ 2,10
m de large. Il est scellé par le niveau de circulation US 666/US 683 autour de 164.50 m NGF. Le fond de
son comblement inférieur, constitué par l’US 1007, est un niveau de limon brun vert mêlé de charbons
et de petits fragments de TCA situé à 163.22 m NGF. Le colmatage progressif du chenal est mis en
évidence par la succession de strates qui constituent son comblement. Il s’agit majoritairement de
niveaux limoneux ou sableux plus ou moins densément anthropisés avec des charbons, des fragments
de gneiss et de TCA, à l’image de l’US 1007. Cependant, deux niveaux tendent à se distinguer au sein de
ces dépôts : l’US 1013 (163,85 à 163,59 m NGF) qui est un limon vert presque pur et beaucoup moins
anthropisé que les autres et, à l’inverse, l’US 1014 (164,22 à 163,72 m NGF) qui le recouvre et qui est
caractérisé par une forte densité de TCA, de faune, de galets, de blocs de gneiss et d’enduits peints,
pris dans un sédiment brun beaucoup plus sableux.
2.2.4.3. Un espace de circulation à l’est
Dans les secteurs est et centre, les restes d’un espace extérieur de circulation, US
666/1235/1279/1267, ont été identifiés (pl. 27, 36 à 38, 55 et 252). Il s’agit d’un niveau compacté de
galets petits à moyens, associés à des fragments de tegulae et de gneiss, qui peut être restitué sur une
vingtaine de mètres est-ouest et une dizaine de mètres nord-sud. Apparaissant à 164,40 m NGF, il
mesure entre 15 et 20 cm d’épaisseur et ne semble pas marquer de pendage. Il repose sur un limon
gris mêlé d’inclusions (US 682), et vient sceller l’arase du massif de fondation US 827 ainsi que le
paléochenal de la phase 1.3.
2.2.4.4. Blocs US 1249
Dans le secteur centre, deux gros blocs en calcaire US 1249 ont été observés en coupe (pl. 27, 40,
251). Ils reposent sur un lit de fragments de gneiss et de TCA (US 1269) à 164,14 m NGF. Accolés l’un à
l’autre, ils paraissent grossièrement équarris et mesurent entre 0,50 et 0,70 m de largeur et
d’épaisseur et au moins autant de long (leur extension vers l’est passe dans la coupe et reste
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inconnue). Ces blocs et le niveau sur lequel ils reposent sont englobés dans le creusement US 1261
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(observé également en coupe) qui présente des parois verticales et un fond plat, d’une profondeur
équivalente à l’épaisseur des blocs. Le sédiment qui vient combler cette fosse est un limon noir US
1262 mêlé de quelques inclusions.
3
Voir les hypothèses de formation du paléochenal en partie 3.1, (p. 182 du volume 2).
2.2.4.5. Éléments de chronologie (E. Bertrand)
Quarante-quatre monnaies ont été découvertes dans les contextes attribués à la phase 1.4. Bien
que l’état d’une dizaine de pièces n’ait pas permis de les identifier précisément, elles appartiennent
presque toutes au monnayage du IVe siècle4. Les dates d’émission s’échelonnent assez largement entre
306 et 383/408 apr. J.-C., mais le monnayage le plus ancien (frappé entre 306 et 361) demeure
couramment en circulation durant tout le IVe siècle. Les monnaies les plus récentes (frappées entre
364 et 408) permettent d’établir plus assurément un terminus post quem à l’extrême fin du IVe siècle
ou au début du Ve siècle.
Le mobilier céramique de la phase 1.4 rassemble 793 restes pour 99 individus Il est
principalement en rapport avec la mise en place de la dernière occupation du site (sols et niveaux de
circulation) et la spoliation de certaines structures construites durant la phase 1.2. Les productions de
céramique fine sont peu représentées (80 restes), mais l’apparition de la sigillée claire luisante
positionne clairement le lot dans un faciès d’Antiquité tardive. Malheureusement, la longue durée de
vie du répertoire de ces céramiques à revêtement argileux (fin IIIe-Ve siècle) n’impose pas
nécessairement une datation aussi récente que ne le suggère le monnayage. Toutefois, même si ces
éléments sont très discrets, d’autres productions permettent d’affiner la chronologie céramologique.
La présence de cinq bords en bandeau d’ollae antiques permet des comparaisons avec des contextes
bien documentés pour la transition des IVe et Ve siècle (Batigne-Vallet/Lemaître 2008). Par ailleurs,
quatre tessons de dérivées de sigillées paléochrétiennes confirment la cohérence entre le lot
4
Un dupondius de Marc Aurèle a été frappé en 171.
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monétaire et le mobilier céramique.
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2.3. Le Moyen Âge (C. Ducourthial)
Les vestiges médiévaux mis au jour sont peu nombreux, déconnectés les uns des autres et souvent
mal datés. Deux phases ont néanmoins pu être distinguées. La première (phase 2.1) a été établie
grâce à la datation radiocarbone de deux squelettes d’enfants reposant à 164,62 m NGF (US 912 et 916 ;
Cf. infra, l’étude anthropologique et les résultats de l’analyse en annexe, pl. 28, 38, 56, 57). Si,
comme il semble, les deux inhumations sont contemporaines l’une de l’autre, la phase 2.1 peut être
déterminée par la zone de recouvrement chronologique des intervalles de dates proposés pour chacun
des squelettes, soit de 862 à 886.
La seconde s’étend de la fin du XIIIe siècle à la fin du XIVe siècle. Elle a été établie grâce aux 1362
tessons, recueillis dans 18 unités stratigraphiques différentes, et corroborée par 3 monnaies qui ont
pu circuler dans la seconde moitié du XIIIe et au début du XIVe siècle (Cf. infra les études
céramologique et numismatique).
Rattacher chaque structure à l’une ou l’autre de ces deux phases n’est pas toujours possible, ni
sans doute pertinent. Les remaniements successifs de la voie antique (US 666), entrecoupés d’épisodes
d’alluvionnement massif (Cf. infra, l’étude géomorphologique), s’intercalent par exemple entre la voie
elle-même et les deux sépultures de la phase 2.1. Ils caractérisent à eux seuls une phase qu’aucun
fossile directeur ne permet de placer, avec précision, entre le IVe et le IXe siècle.
2.3.1. Les remaniements du sol US 666 et l’assèchement du marigot
Un alignement de grosses dalles, orienté NO/SE et coupé transversalement par le mur est des
loges des fous (US 149), a été mis au jour au nord de la cour de la Chaufferie (pl. 28, 37, 254 à 257). Il
comprend quatre dalles de voie grossièrement quadrangulaires, en granite, et un gros bloc
rectangulaire de calcaire. Leurs surfaces, planes, alignées les unes sur les autres, déclinent
légèrement mais progressivement vers l’est, de 164,65 m à 164,58 m NGF. La planéité et la stabilité de
l’ensemble sont assurées par un radier de pierres de granite, de gneiss et de calcaire, et des fragments
de tegulae (US 1121). Ce radier, qui se confond assez facilement avec les recharges de voie US 1221, est
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enfoncé dans une matrice limoneuse (US 1002) et prend généralement appui sur les galets de la voie.
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Les traces d’ornières dont les faces apparentes des dalles de granite sont marquées par endroits
prouvent qu’elles proviennent d’une voie, mais la présence d’un dé de calcaire en leur sein et la
discordance des traces de frottement d’une dalle à l’autre montrent qu’il s’agit ici de remplois. On
peut supposer que l’on a voulu, avec ces dalles, créer un passage, hors d’eau, malgré la menace
d’inondations dont témoigne le premier dépôt d’alluvions US 1002 (sur ce point, Cf. infra, l’étude
géomorphologique).
Deux autres dalles de granite ont été retrouvées à faible distance de l’alignement US 987 (US
1078). Elles sont dépourvues de calage et reposent sur l’horizon US 1002 dans lequel elles
s’enfoncent, au point d’atteindre par endroits la voie US 666. On n’a visiblement pas cherché à
disposer horizontalement leurs faces supérieures, marquées d’ornières elles aussi. Tout porte donc à
croire qu’elles ne sont pas en place et qu’elles ont été arrachées à la structure US 987 toute proche.
Les unes et les autres sont ennoyées par un second dépôt massif d’alluvions limoneux (US
1268/1266/1280/1222/1008), dont la mise en place peut être contemporaine de l’arrachement des
dalles US 1078. Ce dépôt, qui culmine ici à 164,58 m NGF, mais atteint en d’autres points du site 164,91
m, est scellé par un épandage de fragments de TCA et de gneiss d’environ 4 m2 (US 986). Ce cailloutis,
qui recouvre ponctuellement les dalles US 1078 et 987, est certainement destiné à assécher un terrain
jugé trop humide, voire boueux, en vue de le rendre praticable. C’est probablement aussi la fonction
de l’empierrement US 975, situé entre 164,74 m et 164,9 m NGF : un amas de pierres calcaires et de
granites, jetées plus que disposées dans un nouveau dépôt limoneux (US 784), peut-être en formation,
qui scelle l’épandage US 986.
2.3.2. Les structures du Haut Moyen Âge (phase 2.1)
Les 6 trous de piquets (US 951 à 956) et les 12 trous de poteaux creusés dans les limons de
débordement US 784 appartiennent peut-être, eux aussi, à un dispositif de franchissement (pl. 28). Si
les trous de piquets ont un diamètre moyen de 6 cm, les trous de poteaux ont un diamètre qui varie de
14 à 60 cm et peuvent atteindre 36 cm de profondeur. Plusieurs d’entre eux possèdent en outre un
calage de pierre qui se confond parfois avec l’empierrement US 975 sous-jacent (TP US 969, 970 et 971
par exemple).
Ces trous de piquets et de poteaux ont été observés à 164,90 m NGF. Leur niveau d’ouverture est
donc probablement assez proche de celui des deux fosses d’inhumation US 915 et 905. Cette proximité
stratigraphique laisse supposer que les uns et les autres ne sont pas chronologiquement très éloignés
Située entre les deux squelettes US 917 et 912, la structure US 904 est composée d’un assemblage
de pierres de gneiss, de granite et de calcaire tapissant les parois d’une fosse divisée en deux
compartiments par une cloison médiane (pl. 28, 258). Cette structure, dans laquelle on peut voir
notamment un double dispositif de calage pour marqueurs verticaux (Cf. l’étude anthropologique d’E.
Bouvard, pour une description détaillée et d’autres hypothèses), culmine à 164,81 m NGF. Il intègre
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et appartiennent tous à la phase 2.1.
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aux moins deux éléments de voie antique. Ces deux dalles de granite, situées l’une au sud et l’autre à
l’ouest de la structure US 904, ont probablement été prélevées sur l’alignement US 987 - lequel a pu
être atteint, fortuitement, lors du creusement du substrat limoneux : la fosse US 988, par exemple, se
trouve sur le tracé de la structure US 987. Les autres pierres de la structure US 904, d’un moindre
module, peuvent aussi provenir du calage des dalles de voie (US 1121).
On notera que le rare mobilier associé à ces structures, recueilli dans le trou de poteau US 978 et
structure US 904, date de la phase 1.4. Il a néanmoins été considéré comme résiduel en raison de la
proximité des niveaux tardo-antiques sous-jacents.
2.3.3. Les structures du Bas Moyen Âge (phase 2.2)
La phase 2.2, qui s’étend de la fin du XIIIe siècle à la fin du XIVe, est essentiellement caractérisée
par des structures en creux (23 au total), souvent tronquées par des excavations plus récentes et qui
n’ont, pour certaines d’entre elles, pu être observées qu’en coupe (pl. 29). Onze fosses ont livré du
mobilier céramique attribuable à cette phase ; les autres ne sont datées que par leur position
stratigraphique. La plus ancienne de ces structures (stratigraphiquement parlant) est creusée au
sommet de l’horizon limoneux US 784/667, un dépôt alluvionnaire massif en surface duquel ont
commencé d’apparaître les tessons de céramique de cette phase, ainsi qu’un double parisi de Philippe
le Bel, de 1295-1303, recueilli à 164,85 m NGF (M667N59). C’est une petite fosse circulaire de 90 cm de
diamètre pour 30 cm de profondeur (US 903, pl. 38 et 258), dont la paroi à profil incurvé est tapissée
de TCA, de gneiss et de galets. Elle est remplie d’un sédiment brun contenant 9 tessons de céramique
et des débris de tôles de bronze. Elle est scellée par une couche de limon brun très semblable (US
785/878), dans laquelle s’ouvre, à quelques mètres plus au nord, une autre fosse contemporaine.
Cette seconde fosse circulaire (US 876, pl. 38, 256 et 257) présente un profil radicalement
différent, en forme d’entonnoir. Elle mesure 1,64 m de profondeur pour 1,30 de diamètre maximal.
Elle est recoupée en surface par une troisième fosse (US 985), d’1,15 m de diamètre, dont le
comblement limoneux, brun-clair, se confond avec le sien. Outre une faune abondante, la fosse US 876
a livré 381 tessons de céramique provenant de 34 vases différents, auxquels s’ajoutent divers objets
métalliques, comme une boucle de ceinture et quelques clous, et un denier de Guillaume II de
Châteauroux daté de 1233-1270 (M877N62). C’est la plus importante fosse-dépotoir médiévale de la
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cour de la Chaufferie, bien datée grâce à son abondant mobilier. Le décalage existant entre son niveau
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d’ouverture (165,21 m NGF) et celui de la petite fosse US 903 (165,04 m NGF), voisine et contemporaine,
permet d’estimer à 17 cm au moins la hauteur de l’accumulation de sédiment (ou de remblai) survenue
au cours de la phase 2.2 (US 785/878).
Si l’on excepte deux fosses, minuscules, observées en coupe (US 772 et 770), seule la fosse 668
s’ouvre à une altitude supérieure à la fosse US 876 (165,36 m NGF), ce qui peut s’expliquer par la seule
déclivité du terrain dans lequel elle est implantée (US 667). Large d’1,80 m et profonde de 58 cm, elle
ne contenait pas de mobilier datant et pourrait n’être au final qu’une simple dépression, dont la paroi
serait marquée par des galets et des fragments de TCA (pl. 208).
Non loin de là, dans l’angle nord-est de la cour de la Chaufferie, a été mise au jour et fouillée une
fosse subcirculaire, d’1 m à 1,10 m de diamètre (US 649), conservée sur 30 cm de profondeur
seulement. Cette structure, écrêtée à 164,51 m NGF, était comblée d’un sédiment brun noir au sein
duquel a été découvert le négatif d’un récipient hémisphérique fait dans un matériau périssable qui a
laissé sur l’encaissant une trace brun-rouge reconnaissable. Le récipient (peut-être une corbeille
d’osier ?), d’environ 60 cm de diamètre, était lui-même rempli de galets et de petites pierres de
granite, noyés dans une matrice gris clair, cendreuse. Ce comblement, originel, était scellé par une
couche de matériaux hétérogènes (US 648), probablement intrusifs, qui pourraient provenir d’une
perturbation moderne et/ou de l’affaissement de la structure même du récipient (pl. 253).
La fosse 973 est située à 2 m à peine à l’ouest de la fosse US 876. En raison de perturbations
modernes, son niveau d’ouverture n’a été reconnu qu’à 164,74 m NGF. Elle mesure plus d’1,20 m de
diamètre pour 80 cm de profondeur. Sa paroi a dû être aménagée : elle était encore partiellement
recouverte de débris de planches de bois et contrefortée du côté sud par une dalle de calcaire posée de
chant (pl. 261). Son comblement brun-noir, très organique, contenait 145 tessons provenant d’au
moins 9 vases différents, de la faune et plusieurs petits objets en alliage cuivreux.
Plus à l’ouest, mais toujours sous la même latitude, deux fosses circulaires (US 1125 et 1217),
d’1,20 m et 80 cm de diamètre respectif, conservées sur moins de 60 cm de profondeur, sont chacune
recoupées par une fosse oblongue aux contours mal définis (US 1119 et 1216 ; pl. 262). La fosse US
1217 a livré 40 tessons de céramique (issus d’au moins 4 individus), la fosse 1216, 26 (pour un NMI de
3) et la fosse 1119, 256 tessons provenant d’au moins 29 vases différents ainsi qu’un denier d’argent
des archevêques de Lyon (c. 1220-1250 ; M1120N63). La fosse US 1167 a été mise au jour dans le sol
de la cave F1124 (pl. 261). C’est une fosse quadrangulaire d’1,20 m de côté, conservée sur 54 cm de
profondeur. Elle était comblée d’un sédiment brun moyen contenant des galets de toutes tailles, des
Au sud/sud-ouest de cette fosse, deux structures en creux de 35 à 45 cm de profondeur ont été
mises au jour au décapage (US 1281 et 1283) : il s’agit de creusements linéaires, ouverts à 164,80 m
NGF
dans un dépôt d’alluvions massif (US 1280) équivalent aux horizons US 1008 et US 784. Il ne
contenait pas de mobilier mais d’assez nombreuses pierres de gneiss et de calcaire, et quelques
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poches cendreuses, de la faune et 69 tessons de céramique issus d’au moins 10 vases.
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fragments de TCA, noyés dans une matrice limoneuse très semblable à l’encaissant. Il s’agit peut-être
d’un dispositif destiné à drainer ou à assécher le terrain.
Plus à l’ouest, dans une zone qui a livré de nombreuses structures en creux modernes, deux fosses
médiévales ont été partiellement fouillées. Ces fosses circulaires d’1,10 m de diamètre, creusées dans
les terres noires US 1731, sont conservées sur à peine 60 cm de profondeur. La fosse US 1725 a livré 26
tessons de céramique issus d’au moins deux vases, ainsi qu’un dé à coudre ; la fosse US 1844 contenait
18 tessons pour un NMI de 1 (pl. 262). Une troisième fosse, probablement médiévale elle-aussi, a été
observée dans une coupe très proche (US 1820 ; pl. 43). Elle s’ouvre à 164,76 m NGF, dans un horizon
de terres noires (US 1817 et 1819) et s’enfonce à 164,02 m NGF. Les autres fosses médiévales sont
situées au sud de la cour de la Chaufferie. La fosse US 1330 mesure 1,10 de diamètre et n’est conservée
que sur 50 cm de profondeur. Elle est écrêtée à 164,80 m NGF. Elle a livré 53 tessons de céramique pour
un NMI de 1.
Mise au jour plus au sud, entre les murs US 296 et US 215 des loges des fous, la fosse US 320 a livré
16 tessons de céramique issus d’au moins 3 vases. Les autres fosses ont été creusées à partir d’un
niveau de terres noires (US 582), qui scelle les terrazzos antiques (US 206 et 207) et culmine vers
165,28 m NGF. La fosse US 270, mesure 64 cm de profondeur pour un diamètre réduit d’à peine 60 cm de
diamètre. Elle n’a pas livré de mobilier. Ce n’est pas le cas de sa voisine, l’US 268, qui mesure 1,80 de
côté pour une profondeur identique, et qui a livré 103 tessons de céramique provenant d’au moins 8
vases. Son comblement (US 269/579) est repercé d’une fosse peu profonde (US 577) qui contenait
notamment une partie du squelette en connexion d’un animal. Elle est recouverte par 80 cm de terres
noires (US 576).
La répartition géographique de ces fosses peut expliquer pour partie leur fonction. Bon nombre
d’entre elles se trouvent en fond de jardin, le jardin des maisons de la rue de la Triperie, pour les
fosses septentrionales, mais aussi celui de certaines maisons de la rue du Bourgchanin (l’Arche
d’Alliance, l’Aumône et Boissieu). Abritée des regards par des murs de pisé, dont seul le tracé s’est
perpétué, une partie d’entre elles a pu servir de fosses d’aisance, ponctuellement reconverties en
dépotoir.
Il nous faut encore évoquer, pour achever ce tour d’horizon des quelques structures médiévales
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mises au jour, le tronçon de mur en pierres sèches US 622. Ce mur, ou plus exactement cette
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maçonnerie sans mortier, orientée selon un axe nord-sud, est formée de grosses pierres calcaires
disposées horizontalement sur un radier de petits moellons de granite, de calcaire et de gneiss, et de
fragments de tuiles (pl. 29 et 253). Il culmine à 165,21 m NGF et s’enfonce jusqu’à 164,86 m NGF dans
l’horizon de terres noires 624, qui a livré 181 tessons de céramique de la phase 2.2 provenant d’au
moins 17 vases différents.
2.4. L’époque moderne (C. Ducourthial)
Les documents d’archives peuvent tout aussi bien concourir à la reconstitution du passé que le mobilier
archéologique, ou les structures exhumées sur le terrain, et l’archéologie des périodes récentes ne saurait
privilégier un type de sources parmi tous ceux qu’elle a à sa disposition. Outre la description archéologique
des maisons mises au jour, on trouvera ci-dessous pour chacune d’elles une synthèse des données
historiques disponibles, établie d’après des documents originaux transcrits ou analysés dans la troisième
partie du présent rapport (infra, § 3.11. Étude d’archives).
2.4.1. La maison de l’Arche d’Alliance et celle de Jacques de Laverrière sur le Rhône
2.4.1.1. Les données historiques
La maison de l’Arche d’Alliance est née de la réunion, en 1612, de deux maisons contiguës et d’un
jardin sur l’arrière tirant vers les courtines du Rhône, c’est-à-dire d’au moins trois parcelles distinctes.
2.4.1.1.1. Le corps de maison septentrional jusqu’en 1612
La maison septentrionale est l’une des seules à permettre l’établissement d’un lien entre le parcellaire
moderne et celui du Moyen Âge, tel que le font connaître les nommées de 1496 et de 1516. Elle apparaît
pour la première fois en 1490 dans le testament de Jean Toteyn le Vieux, un boulanger lyonnais, où elle sert
de base d’imposition pour une pension foncière de 15 sous léguée aux Frères Prêcheurs. La maison passe
ensuite et successivement à sa veuve, Jeannette (1491), à son fils Jean (1502-1528), puis à Jeanne Toteyn
femme de Catherin Forest, aux enfants de cette dernière, Antoine et Étiennette Forest (1532), et à celle-là
seule ensuite. En 1549, Thomas Dubois, époux d’Étiennette, s’acquitte en son nom de la pension due aux
Dominicains. La maison, dont on ne sait rien sinon qu’elle possède un jardin, est vendue en 1589 par leur
probable fils, Charles Dubois, à Claude Cutin, un mercier de Lyon. En 1612, ses propres héritiers la
revendent à Antoine de La Combe, maître poudrier du roi et commissaire des salpêtres en l’arsenal de Lyon.
Elle est alors décrite par cette formule absconse : « maison haute et basse devant et derrière et cour dernier
étant ci-devant en jardin, le tout joint ensemble ».
La maison située immédiatement au sud était, en 1493, aux mains d’Isabelle, veuve de Denis Parisot.
Selon Rolet Millot, qui en passe reconnaissance en 1502, elle aurait appartenu plus tôt à Jeanne, la fille
d’Antoine Duclos. Millot reconnaît au total trois maisons contiguës, là où les nommées de 1493, de 1516 et
de 1528 n’en signalent que deux, ce qui laisse supposer la fusion, non documentée, de deux d’entre elles.
Notre maison sud pourrait donc éventuellement résulter de la réunion de deux corps : l’ancienne maison
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2.4.1.1.2. Le corps de maison méridional jusqu’en 1612
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Duclos et celle qui avait appartenu à Simon Colombier et qui lui est contiguë. La « maison haute moyenne et
basse » de 1493 échoit quoi qu’il en soit à Gabriel Millot (1528-1551) puis à Pierre Millot (1575). On la
trouve aux mains de Claude Rojouy en 1589 (sans savoir comment elle y est arrivée), puis en celles de
Claude Debourge ; elle est alors appelée « maison de la Bessée ». En 1608, un arrêt du parlement de Paris
l’adjuge à sa belle-sœur, Étiennette Seigneurin, veuve de François Debourge le Jeune. Elle passe avant
1612 à son ayant droit, le poudrier Antoine de La Combe.
2.4.1.1.3. Le jardin et la maison basse sur le Rhône
Le 15 avril 1612, ce dernier complète ses acquisitions en acquérant des recteurs de l’Hôtel-Dieu un
jardin sur le Rhône, qui dépendait déjà en 1493 d’une maison de l’hôpital située à l’angle de la rue de la
Triperie et de la berge du fleuve. Il y construit une « maison basse » signalée fortuitement dans l’acte
d’alignement donné en 1633 à son voisin Laperle, dont les fonds et ceux de Lacombe sont mitoyens vers le
Rhône alors que deux maisons les séparent rue Bourgchanin. Selon ce document, la maison basse et le
jardin seraient l’un et l’autre bordés à l’est par le « grand chemin » des courtines du Rhône.
2.4.1.1.4. Le corps de maison septentrional après 1640
Le testament d’Antoine de La Combe, le 29 août 1640, rompt définitivement l’unité de ce fonds. Il
lègue à son fils Pierre Antoine de La Combe, tireur d’or avant de devenir marchand poudrier lui aussi, le
corps de maison septentrional sur rue qu’il a « reconstruit à neuf », à charge pour lui de supporter le
passage vers la petite maison sur cour, où il paraît habiter, et qui échoit à sa petite fille Marguerite Royaulx.
Située hors de notre périmètre de fouille, en bout de parcelle, cette petite maison incorpora le patrimoine
de l’Hôtel-Dieu grâce à la donation qu’en fit Suzanne Mose, veuve du procureur Sadin, en 1710.
Pierre Antoine de La Combe ne conserve pas sa moitié de maison qu’il vend à Aymard Gillet, un
passementier, en 1643. Les deux corps ne sont plus désormais unis que par la pension foncière à laquelle ils
servent d’assise, et dont il faut conjointement s’acquitter, et par l’enseigne de l’Arche d’Alliance que l’on y
trouve appendue dès 1665. En 1643, la moitié de maison Gillet comprend une grande cave voûtée « de toute
la longueur de ladite maison », c’est-à-dire sur toute sa profondeur, deux bas au-dessus séparés par des
poteaux, trois étages de deux chambres chacun et un grenier. Elle passe à sa mort à sa veuve Claudine
Daurolles (1686) puis échoit, en vertu du testament de celle-ci, à Henri Daurolles et à Claude Perret. Ce
dernier obtient en 1688 l’autorisation du Consulat de faire rehausser le devant « d’une maison à lui
appartenante, sise et faisant face sur la rue Bourchanin » de 10 à 12 pieds (de 3,40 à 4,10 m). Dix ans plus
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tard, il revend tout ce qui lui appartient, soit une cave côté cour et les 2 , 3 , 4 et 5 étages, à Maurice
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Mezard, tailleur d’habits, et à Claude Dufour, charpentier. Leurs héritiers s’en dessaisissent en 1706 au
profit de Louis Bonniot, ouvrier en soie, qui passe en 1719 une reconnaissance conjointe avec Henri
Daurolles en faveur de l’abbaye d’Ainay. Les héritiers Bonniot cèdent leur part à l’Hôtel-Dieu en 1744. Celle
d’Henri Daurolles passe successivement aux mains des sieurs Mallet et Milliet puis de la veuve Grégoire et
de ses héritiers auxquels les administrateurs de l’Hôtel-Dieu l’achètent en 1843. La maison est alors
détruite afin d’aménager un promenoir pour les malades au long de la rue Bourgchanin.
Ce corps de maison n’a pas été fouillé.
2.4.1.1.5. Le corps de maison méridional et le jardin après 1640
La moitié sud de la « grande maison » d’Antoine de La Combe échut à son fils Daniel, maître teinturier
de soie, avec ses aisances et dépendances. Au nombre de celles-ci, on compte une « petite cour » sur
l’arrière, en partie couverte, un « petit bas » servant d’étable, ouvrant sur la cour, et un jardin ou verger
possédant un accès du côté du Rhône, où se trouvent également les « bas et chambre » qu’il faut identifier à
la « maison basse » signalée dès 1633. Les latrines, le puits et l’escalier en vis, peut-être aménagés à la
faveur de la reconstruction de la maison, devaient en revanche rester indivis entre les légataires.
En 1641, Daniel de La Combe obtient l’autorisation du Consulat « de faire poser deux larmiers de pierre
de taille » (des jours) et d’élever de la hauteur qu’il voudra la « muraille de sa maison sise en Bourchanin sur
les courtines du Rhône » - formule curieuse qui paraît désigner le mur qui clôt à l’est son jardin, construit
dans le prolongement de la façade de sa maison basse, et qui avait servi de base pour l’alignement de la
maison Laperle en 1633. Une semaine plus tard, il passe un accord avec son voisin Laperle, qui, au nom de
sa femme, Jeanne Chevance, l’autorise à « appuyer et bâtir » sur la muraille qui sépare la maison de ladite
Chevance de son jardin. Daniel de La Combe entreprend la construction d’une maison et d’un local propre à
son activité de teinture de soie, que l’Encyclopédie appelle aussi teinture de rivière. Cela ressort
expressément, non pas des permissions de 1641, mais du contrat du 16 décembre 1643 par lequel il
abandonna à Étienne Courtin, un marchand boucher, l’intégralité de son fonds. Ce dernier se décompose en
deux articles, à commencer par la maison, ou plutôt la moitié de maison héritée de son père, avec ses
dépendances, et dont la description ne laisse pas supposer qu’il y apporta des modifications. Comme la
moitié nord, que son frère a revendue six mois plus tôt , elle comprend une grande cave voûtée, deux bas
au-dessus, trois étages et un rembourci (des combles), auxquels s’ajoutent la cour et le petit bas de 12
pieds de haut (un peu plus de 4 m), construit partie en planche et partie en pisé.
Le second article, qui nous intéresse plus ici puisqu’il a livré des vestiges, comprend le jardin et les
constructions qui s’y trouvent : un petit bâtiment de planches à usage de boutique, joignant la cour de la
maison des mariés Laperle (à l’arrière, semble-t-il, de la maison Saint-Bonnet), « une maison ou teinturerie
aussi joignant », que l’on peine à localiser mais que l’on sait constituée d’un grand bas « construit à neuf
de bise avec une chambre au-dessus, ouvrant sur le Rhône, dans lequel on reconnaît sans mal la maison
basse signalée en 1633. L’ensemble des fonds contenus dans ce second article confine au sud non
seulement à la maison Laperle mais aussi à celle des « mariés Jean Garreau » ou, si l’on préfère, à la maison
Visade, du nom de celui qui devait en 1713 la vendre à l’Hôtel-Dieu. Or cette maison, dont on a ici la
première mention, qui n’est pas signalée dans l’acte d’alignement Laperle de 1633 et ne devait pas exister à
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depuis peu » (à partir de 1641, nous l’avons vu), doté d’un puits à eau claire, et un autre petit bas du côté
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cette époque, semble avoir été, plus encore que la teinturerie précitée, la raison des autorisations de 1641,
et de la demande d’alignement tout particulièrement. Il faut donc supposer que Daniel de La Combe a,
entre 1641 et 1643, revendu une partie des bâtiments nouvellement construits à Jean Garreau et à sa
femme, ne gardant pour lui que la teinturerie.
L’acte de vente de 1643 apporte une précision non négligeable : le vendeur pourra faire enlever « la
pierre route » (les moellons), la brique, le « bachat de pierre » (une sorte de bac à eau) et autres matériaux
actuellement stockés « dans le bas du côté du Rhône servant à ses chaudières et autrement à faire poudre ».
La maison basse construite en bord du Rhône par Antoine de La Combe, qui fut marchand poudrier après
avoir travaillé à l’arsenal royal, avait donc servi à faire de la poudre, avant d’abriter les chaudières
nécessaires aux activités de teinturier de rivière exercées par son fils Daniel.
En 1654, Jean Courtin revend à Jacques de Laverrière l’ensemble des biens acquis par son père onze
ans plus tôt. L’acte de vente, calqué sur celui de 1643, n’apporte pas de précisions supplémentaires sur la
moitié de maison de la rue Bourgchanin, qui paraît inchangée. Ce n’est pas le cas du jardin, où si l’on
retrouve, au sud, le bâtiment « emparé d’ais » qui servait de boutique à Daniel de La Combe, on peine un
peu à reconnaître l’ancienne teinturerie dans ces « bâtiments étant joignants du côté de la rue ou courtines
du Rhône » composés de bas (un seul ou plusieurs ?) et chambre au-dessus, et d’une allée en laquelle il y a
un puits à eau claire.
2.4.1.1.6. Le partage de 1665
Le partage, avant 1668, de l’hoirie Laverrière devait de nouveau entraîner le morcellement du fonds.
Par son testament du 5 janvier 1665, Jacques de Laverrière avait en effet légué à sa fille Suzanne, encore
mineure, le corps de logis sur la rue Bourgchanin « où est pour enseigne l’Arche d’Alliance » ainsi que la cour
attenante, et les entrées et commodités communes aux maisons Gillet et Royaulx. Il lui avait en revanche
interdit l’accès au Rhône, ordonnant que la porte de l’allée qui y mène, comme celle du petit bâtiment qui
ouvrait sur la cour, exclu de la part de sa fille, soient murées aux frais de son fils Jacques, qu’il choisit pour
héritier universel. Les deux lots ainsi formés ont dès lors des destinées différentes.
2.4.1.1.7. Le corps de logis méridional après 1668
Suzanne de Laverrière devait être encore mineure en 1668 lorsque sa mère, Jeanne Cusset, reconnut,
conjointement avec leur voisin Gillet, la pension qui pesait sur la maison de l’Arche d’Alliance. En 1683,
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c’est son mari, Antoine Bailly, tireur d’or et bourgeois de Lyon, qui passe reconnaissance en faveur de
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l’archevêque de Lyon dans la directe duquel se trouve le corps de logis méridional. Les dimensions données
dans cette reconnaissance à la parcelle (80 pieds de long) sont hautement fantaisistes, comme d’ailleurs
beaucoup d’informations provenant de ce terrier, et en complète contradiction non seulement avec les
éléments factuels dont nous disposons (le partage de 1665) mais aussi avec le plan géométral du quartier.
En 1709, la maison passe à leur fils, Jean-Baptiste Bailly, qui revend l’année suivante le second étage
et la cave sur l’arrière au sieur Bonniot, déjà propriétaire de la quasi-totalité du corps de maison
septentrional. Ses héritiers, nous l’avons vu, devaient revendre le tout à l’Hôtel-Dieu en 1744.
Le sort du reste du corps de maison méridional, encore aux mains de Jean-Baptiste Bailly en 1719, est
moins bien connu. Vers 1734, il avait été démembré : la cave sur l’avant, le rez-de-chaussée, le premier
étage et la cour sur l’arrière, et le bas qui s’y trouve, étaient devenus la propriété de la veuve Gajon. Ils
passèrent ensuite à Claude François Vachon puis à son neveu Claude Vachon (1763), qui s’en dessaisit en
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1779 en faveur de l’Hôtel-Dieu. Toujours vers 1734, les 3 , 4 et 5 étages (la maison n’en possédait que 3
en 1640) sont au sieur Guimpier. Ils passent ensuite aux Verzieu avant d’être adjugés à l’Hôtel-Dieu, on ne
sait trop pourquoi, en 1778.
2.4.1.1.8. Le jardin et les constructions vers le Rhône après 1665 : la maison
Laverrière
Le terrain compris entre le bout de cour de la maison sur rue et les courtines du Rhône était, avec
toutes les constructions qui s’y trouvaient, dévolu à Jacques de Laverrière, héritier universel de son père.
Sa mère, Jeanne Cusset, devait cependant en conserver l’usufruit. C’est elle en tout cas qui passe
reconnaissance en faveur de l’abbaye d’Ainay en 1677 (peut-être est-il encore mineur à cette date). Le
fonds comprend alors « un petit bâtiment sur le fleuve du Rhône » (c’est la maison basse mentionnée en
1633) « consistant en un petit bas prenant jour par un larmier sur led. fleuve du Rhône…, et une petite
chambre ou grenier au-dessus », un jardin, une grange et une étable qui sont probablement tout ce qui reste
de l’ancienne teinturerie. Les fonds confinent à l’ouest à un petit bâtiment de pisé, d’un niveau, couvert de
tuiles, situé à l’arrière de la cour de la maison de la rue Bourgchanin, qui est sans aucun doute celui que
Jacques de Laverrière père avait exclu de la part de sa fille, et qui n’appartint pas, comme il est dit, au sieur
de Saint-Bonnet (propriétaire de la maison située au sud de celle de l’Arche d’Alliance).
En 1690, enfin, Jacques de Laverrière, qui exerce à Trévoux la profession de tireur et escacheur d’or et
d’argent, revend à l’Hôtel-Dieu l’ensemble des immeubles du Bourgchanin qu’il a hérités de son père. Les
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anciennes dépendances de la maison de l’Arche d’Alliance constituent les 4 et 5 articles du contrat. Elles
comprennent notamment, du côté du Rhône, le bas surmonté d’une chambre, qu’une galerie de bois relie
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désormais, au nord, à la maison contiguë (qui lui appartient et fait l’objet du 3 article), et une cour sur le
derrière dans laquelle se trouvent, non plus la teinturerie, mais quatre écuries et fenières de bois couvertes
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de tuiles (4 article). Il n’est plus fait mention du puits à eau claire. Plus à l’ouest (5 article), au-delà du
« enfermé par une muraille à hauteur d’appui avec des barreaux de chêne en forme de balustrade au-dessus »,
un bas construit de maçonnerie et pisé (déjà évoqué) et d’autres constructions de bois « servant de cavon
charbonnier et à autres usages et commodités ».
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mur de clôture de la maison Visade, on trouve une petite cour et une petite écurie, ainsi qu’un jardin
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C’est aux dépens de ce fonds que devaient être construits, après 1735, les nouveaux bâtiments de
l’Hôtel-Dieu en partie dessinés par Soufflot. Avant de les détruire, cependant, les administrateurs de
l’établissement les mirent en location. En 1723, on trouvait à l’arrière de la maison six écuries louées à
différents bouchers. Sans doute en était-il de même pour la maison basse, sur le Rhône, quoique aucun
document ne nous l’apprenne. Le tout était en tout cas déjà « en très mauvais état ».
La description de 1735 n’apprend rien de plus que l’acte de 1690, sinon qu’on trouve de nouveau un
puits, que l’on peut supposer différent de celui qui avait été aménagé dans la teinturerie, et que le passage
vers la rue Bourgchanin a été rouvert.
2.4.1.2. Les données archéologiques
De la maison de l’Arche d’Alliance au sens strict, c'est-à-dire de la part dévolue à Suzanne de
Laverrière au terme du partage successoral opéré par son père en 1665, située pour l’essentiel sous les
bermes et les cavités bétonnées liées au transformateur électrique de la cour de la Chaufferie, seul un sol de
cave en terre battue d’un noir charbonneux a pu être observé, immédiatement au nord du mur US 1955 (US
1956, à 164,08 m NGF). Toutes les traces d’occupation liées à cette maison ont été repérées dans la part
échue en 1665 à Jacques de Laverrière fils, qui regroupait ce qui avait été, d’un côté, le jardin de la maison
sur rue, signalé pour la première fois en 1612 seulement, et, de l’autre, le jardin acquis des recteurs de
l’Hôtel-Dieu, la même année, par Antoine de Lacombe. Cela suffit à expliquer, sans doute, l’importance
quantitative des terres noires modernes observées sur l’ensemble de cette zone (US 1731, 1108, 1109,
1166, 1170, 674, 536, 645, 695/696, 1265, 1264, 390, 275, 246, 623) au-dessus et bien souvent dans la
continuité des niveaux médiévaux (sans transition décelable). Le mobilier qui leur est associé est autant
médiéval que moderne, selon qu’il a été ramassé en partie basse ou haute de ces horizons (39 tessons de
céramique de la phase 2.2 ont été recueillis dans les US 674 et 785 et 1731, contre 2 modernes, US 390 et 27
de la phase 3.2 dans l’US 645). Ces terres noires, qui s’étagent parfois sur près d’un mètre d’épaisseur,
culminent en moyenne vers 165,70 m NGF et atteignent par endroit 166 m d’altitude.
Les premières structures proprement modernes sont des fosses (US 1847, 1727, 1842, 1844 et 1850)
découvertes, arasées, à l’arrière du corps méridional de la maison sur rue, à proximité de deux autres fosses
médiévales (US 1725 et 1730 ; pl. 262). La fosse US 1842, l’une des mieux conservées, est cylindrique,
comme sans doute aussi les fosses US 1844 et 1847, et présente un fond concave à profil hémisphérique.
Elle mesure 1,44 m de diamètre ; son fond atteint 163,64 NGF pour une ouverture conservée à 164,93 m NGF.
La fosse US 1727 est quant à elle à peu près cubique (1,20/1,30 m de côté) ; elle est creusée jusqu’à la
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grave, apparue à 162,85 m NGF, pour une ouverture conservée à 164,27 m NGF. Contrairement aux autres,
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elle présente à l’ouverture une sorte d’élargissement ou d’avant-trou (US 1849), sans doute consécutif à un
recreusement. Toutes ces fosses sont comblées par un semblable sédiment brun foncé, meuble, et très
organique qui recèle, outre de la faune et quelques objets métalliques d’origine domestique (ustensiles de
couture n°349, 356 ; éléments de vaisselle n°338 ou de parure n°331, 448), un abondant mobilier
céramique constitué en majorité de fragments de marmites (dont une à fond perforé) datés de la phase 3.1.
Seul le mobilier provenant du surcreusement US 1849 est plus récent (phase 3.2).
La situation de ces fosses, leur proximité avec l’habitat, leur longue durée d’utilisation (depuis le
e
Moyen Âge jusqu’à la fin du XVI siècle), la nature de leur comblement et celle du mobilier qu’on y a jeté
prouvent leur usage domestique, sans doute comme fosses d’aisance et dépotoirs. Notons qu’à la fin du XV
e
siècle, au Bourgchanin, la possession de latrines était suffisamment remarquable pour être signalée dans
les reconnaissances (Cf. en 1476, celle de Jean Toullin, possesseur d’une maison, avec « jardin et latrines »
5
située une dizaine de mètres plus au nord ).
Plus à l’est, outre quelques menus aménagements de jardin (trous de piquets et négatifs de planche US
862, 779, 777), s’étend, au sommet des terres noires, à 165,80 m NGF, un sol ou un niveau de travail
caractérisé par une fine couche de mortier et de débris de pierres dorées (US 538, 505, 504) répandue dans
une sorte de vaste dépression (pl. 36).
Ce niveau, qui scelle le remblai US 645 daté de la phase 3.2, est entaillé par la tranchée, visible en plan
seulement, d’installation, ou plutôt de reprise (US 593, pl. 263), du mur sud de la parcelle (US 34). Le mur US
34, comme son prolongement occidental US 56/155 (pl. 263-264), est constitué d’un soubassement fait
d’une alternance de gros blocs de ramassage et de petits et moyens moellons ébauchés, majoritairement en
granite, sans liant véritable (base relevée à 164,97 NGF), et d’une élévation, très arasée, de quatre à cinq
assises de galets et de moellons de calcaire de petit et moyen appareil, liés par un mortier gris très friable
(alti. sup. 166,46 NGF, pl. 263). Il mesure près de 50 cm d’épaisseur.
Le mur US 266, qui limitait lui aussi la parcelle du côté sud, mais sur un tracé parallèle, plus au nord,
était relié au précédent par l’intermédiaire du mur de l’arrière-cour de la maison Visade, décrit en 1678
comme fait de maçonnerie et pisé, et que la fondation du mur US 177 de la loge des fous fit totalement
disparaître. Contrairement au précédent, le mur US 266 est entièrement construit de moellons ébauchés de
calcaire jaune du Mont d’Or, liés par un mortier gris clair, compact et résistant. Il est installé dans les terres
noires (US 1109 et 1108), en tranchée étroite, et mesure lui aussi près de 50 cm d’épaisseur (alti. sup. 165,5
m NGF ; pl. 265). Il scelle une fosse de la phase 3.1 (US 1116).
Le mur US 77 qui clôt la parcelle du côté nord, comme ses prolongements US 839/11191118 et 30134,
appartient à un type encore différent : il est composé majoritairement de galets mais aussi de petits
moellons de pierres dorées et de granite, liés par un mortier pulvérulent oscillant du beige verdâtre au gris
clair. Il est arasé à 166,28 m NGF et mesure 50 cm d’épaisseur. De même nature, sa fondation, dans laquelle
Sans doute plus récente, la partie orientale du mur US 77 (US 653) est en revanche assise sur une
fondation en béton, observée sur plus de 4 m de long (pl. 265-266) et dont la tête épaissie est adossée à
5
Arch. dép. Rhône, 11 G 129, fol. 48r.
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des tessons de céramique culinaire de la phase 3.2 ont été recueillis, descend à 164,88 m NGF.
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l’extrémité ouest du mur US 654. Ce dernier, qui paraît bien lui préexister, est caractérisé par sa très
puissante fondation de béton (plus d’un mètre de large ; base inférieure à 164,16 m NGF) qui tranche avec
son élévation de petits moellons de pierres dorées de 50 cm d’épaisseur.
2.4.1.2.1. La maison basse F64 (maison Laverrière)
Parallèle au mur US 654, le mur US 571 présente un développement similaire, en sorte qu’il pourrait
bien appartenir au même bâtiment, que l’on croit pouvoir identifier à la maison basse incidemment citée
dans la documentation en 1633 (pl. 266). Il n’y a toutefois, à l’endroit où ils s’interrompent l’un et l’autre,
aucune trace du mur de façade qui aurait pu les relier. La seule façade sur cour que cette maison basse
semble avoir possédée se trouve en effet plus à l’ouest (US 64/74). C’est un mur construit en pierres dorées
liées par un mortier gris, arasé à 166,25 m NGF, qui repose sur une fondation en béton d’un mètre de
hauteur (pl. 267), très semblable au mur US 653 contre lequel il s’appuie quoique d’épaisseur un peu
moindre (40 cm). À l’opposé, il prend également appui contre le mur 48, de même facture, qui prolonge le
mur US 571 et ferme l’espace au sud (arase à 166,47 m NGF, épaisseur de 52 cm ; pl. 267). Bien qu’ils ne
soient pas liés entre eux, les murs US 653, 64/74 et 48, qui délimitent la maison basse F64, paraissent bien
relever d’une même campagne de construction. Le mur US 571, qui n’est en somme qu’un tronçon de
fondation, pourrait correspondre à une première étape du même chantier : la profondeur de fondation
(164,54 m NGF ici, moins de 164,96 m NGF pour le mur US 64) nécessitant peut-être, ici comme pour d’autres
bâtiments du Bourgchanin, la compartimentation des tranchées.
Le sol US 538/504/505 à partir duquel les murs de la maison F64 paraissent avoir été construits a été
rehaussé par deux remblais successifs (US 570 et 539) qui rattrapent le niveau des ressauts de fondation,
mesurés à 166,04 m NGF. Le premier d’entre eux (US 570) est essentiellement constitué de débris de
matériaux de construction (TCA et petits moellons compris). Le second, plus organique, a
vraisemblablement servi de sol primitif au bâtiment, ou de support de sol s’il s’agissait d’un plancher, à
166,14 m NGF. Il est entaillé par une fosse aux parois verticales (US 512) adossée au mur 48/571 et dont le
fond, situé à 165,09 m NGF, est tapissé d’une pellicule indurée de débris de pierre concassée et de mortier
gris (US 569), semblable à un sol. La profondeur de la fosse (1,10 m), sa faible largeur (1,60 m ; on ne
connaît pas sa longueur), et sa position dans la maison (contre un mur) peuvent laisser supposer qu’il
s’agit d’un cavon semblable à celui de la maison voisine (Cf. infra).
Quelle qu’en fut la fonction (était-elle liée à l’activité de poudrier d’Antoine de Lacombe ?), cette fosse
fut ensuite comblée par une série de remblais (US 568, 567, 537, 540 à 546) qui débordent du creusement
et rehaussent le niveau du sol primitif. C’est dans les niveaux supérieurs de ces remblais qu’a été mise au
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jour la partie inférieure d’un fourneau circulaire (F59), de 98 cm de diamètre, que précédait une aire de
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chauffe (pl. 268-269). La sole de ce fourneau est formée d’une dalle rectangulaire de gneiss de 13 cm
d’épaisseur (66 x 102 cm), qui occupe l’intégralité de ce qui paraît avoir servi de bouche à feu, et une part
notable de la chambre de combustion, où elle est complétée par des rangées de briques posées de chant et
un gros galet plat (166,10 m NGF). Adossée au parement du mur US 48, la paroi de cette chambre, conservée
sur 18 cm de hauteur tout au plus, et d’une épaisseur d’environ 35 cm, est formée de pierres dorées et de
briques, rubéfiées en profondeur. La partie aérienne du fourneau a, par la suite, visiblement été détruite et
arasée à hauteur du sol de la pièce.
L’aire de chauffe est installée dans un creusement oblong (US 124) pratiqué dans l’axe de la bouche à
feu et renforcé par un muret périphérique (US 125), fait de galets et de pierres dorées liés par un mortier
gris. Le fond de cette fosse, situé à 165,94 m NGF, était recouvert d’un dépôt cendreux (US 510/103), lié à
l’activité du fourneau et à son curage régulier, dans lequel a été recueilli un tesson de céramique de la
phase 3.3.
Le sol de la pièce est hétérogène. À l’ouest, il est formé d’un tapis de 3 m de large de galets, connus à
Lyon sous le nom de tête de chat, qui s’appuie contre le parement intérieur du mur US 64/74 par
l’intermédiaire d’une ligne de galets d’un plus gros module (US 61 et US 75). À l’est, ou du moins sur le
pourtour du fourneau, il est constitué de tomettes ou de briques (dont il ne subsistait plus qu’un lambeau,
US
60) disposés, comme les têtes de chat du reste, sur un lit de pose US 547, à 166,32 m NGF. Les deux
paraissent avoir coexisté.
Quoique nécessaire à l’enfournement du combustible, l’aire de chauffe US 124 a dans un second temps
été comblée par un remblai composé de matériaux de démolition (US 113). Il ne paraît pas cependant que
l’activité du fourneau s’en soit trouvée interrompue ou du moins empêchée. Le pavement de tête de chat US
61, qui a visiblement subi des réparations et a été étendu au-dessus du comblement de la fosse US 124, est
recouvert d’une pellicule charbonneuse qui provient nécessairement de l’utilisation du fourneau. Or elle
est, au moins en partie, postérieure au comblement de l’aire de chauffe qu’elle recouvre. Il y a donc eu deux
phases d’utilisation du fourneau : l’une avec aire de chauffe, l’autre sans. À cette seconde phase
correspondent vraisemblablement les sols de terre battue charbonneuse, US 548 et US 62 (pl. 269), que
sépare un niveau de ragréage US 549, et qui, pour le premier du moins, ressemble fort à la surface du
remblai US 547 privée de son pavement (tomettes ou galets). Ces niveaux, tantôt confondus, tantôt séparés
par le rechapage US 549, sont caractérisés par leur forte teneur en scories métalliques (près de 3 kg de
scories de fer ont été récoltés dans l’US 62). Ils sont par ailleurs percés par un trou circulaire de 46 cm de
diamètre, profond de 30 cm (US 63) dans lequel ont été aussi mis au jour 1,760 kg de scories et une plaque
métallique de 600 g. Deux autres trous, l’un en partie tronqué par la tranchée de fondation du mur US 2 de
l’Hôtel-Dieu (US 138), l’autre creusé dans le pourtour maçonné arasé du fourneau (US 136) ont en outre
révélé d’importantes concentrations de battitures. Ces battitures et ces scories ferreuses récoltées en
quantité attestent l’usage du fourneau à des fins métallurgiques : il a de toute évidence servi de forge. Dans
cette optique, le trou US 63 a pu accueillir un bac de trempe, et le gros galet observé dans la sole du
première du fourneau F59.
On se souvient à propos que le « bas du côté du Rhône » avait servi, jusqu’à la vente de la maison, en
1643, à abriter les chaudières que Daniel de La Combe utilisait pour ses activités de teinture de soie. Or le
type de chaudière utilisée par ceux qu’on appelait aussi teinturiers de rivière, en raison de la nécessaire
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fourneau servir d’enclume. Rien cependant ne prouve que cet usage de forge corresponde à la destination
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proximité de leur atelier du cours d’eau dans lequel ils rinçaient les tissus, est bien connu grâce à
l’Encyclopédie qui lui consacre plusieurs planches. Il est constitué d’une cuve d’airain hémisphérique
supporté par un muret circulaire en briques (pl. 201). Ce muret, qui émerge du sol à hauteur d’homme
(environ 1 m), constitue la partie aérienne d’un fourneau semi-enterré qui présente, en dehors de ses
dimensions plus importantes (1,60 m de diamètre et 80 cm de profondeur, pour l’exemple illustré) et d’une
plus grande sophistication, une analogie certaine avec celui que nous avons mis au jour : sole réfractaire
encaissée, paroi de briques renforcée par de la maçonnerie, entrée du fourneau par laquelle s’évacue la
fumée ; la galerie de service qui dessert plusieurs fourneaux est ici remplacée par une simple aire de
chauffe. Dans ce type de chaudière la hauteur complète du fourneau égale son diamètre ; on peut donc
restituer la hauteur du muret périphérique, par rapport au sol de la pièce, à 80 cm.
Daniel de Lacombe, à qui la maison a échu en 1640 mais qui pouvait en disposer dès avant, a donc pu
supprimer le cavon F512 pour faire installer les fourneaux semi-enterrés nécessaires à ses activités. En
1643, lorsqu’il vendit la maison, il fut convenu qu’il serait autorisé à récupérer dans le bâtiment (F64)
servant à ses chaudières mais aussi à faire poudre (son père et son frère avaient été poudriers), les pierres,
briques, bachat de pierre et autres matériaux qui s’y trouvaient : peut-être cela supposait-il le démontage
de ses installations et la dépose d’une partie du pavement. Quoi qu’il en soit, le fourneau F59 fut arasé et
l’aire de chauffe comblée. La chambre de combustion, bien qu’encaissée, fut réutilisée comme foyer de
forge par un possible locataire dont les archives n’auraient pas conservé la trace. Aucun des propriétaires
successifs n’a en effet été forgeron : Étienne Courtin était boucher (1643), Jacques de Laverrière marchand
(1654) et en 1690 tout est passé à l’Hôtel-Dieu.
2.4.1.2.2. Les aménagements extérieurs
L’angle que formait la façade de maison F64 (US 64) avec le mur de clôture de la maison Visade (US 71)
était occupé par une fosse d’aisance carrée de 2 m de côté (F759, pl. 270). Les quatre murs de cette
structure, maçonnés en pierres dorées et béton sur une épaisseur parfois supérieure à 60 cm, sont chaînés
entre eux. Le mur est (US 762), construit en sous-œuvre du mur de façade 64, présente, comme le mur US
1955 de la maison Saint-Bonnet, l’empreinte de 22 cm de diamètre d’un poteau de bois (encore en place),
sans doute destiné à étayer le mur sus-jacent pendant la durée des travaux. Un autre bois prélevé dans le
mur sud (US 763) laisse supposer qu’il fut lui aussi construit en sous-œuvre du mur US 71. Le fond de la fosse
est constitué par le gravier. La voûte qui la recouvrait a été détruite lors de l’installation de la galerie F54.
La mise en place de la fosse d’aisance F759, qui semble bien postérieure aux murs US 64 et 71, paraît
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être aussi la cause de certains désordres observés dans le pavage de galets US 65, où un bombement
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périphérique et des alignements perturbés trahissent une reprise de la zone. Ce pavage, dont nous
reparlerons, est lui-même postérieur au mur US 71/241 contre lequel il s’appuie. Or ce mur date de 1641 : il
fut élevé afin d’isoler de la maison de l’Arche d’Alliance une fraction de parcelle destinée à être vendue (la
future maison Visade ; Cf. infra).
Plus au nord a été mis au jour un tronçon de mur de 2,30 m de long, parallèle à la façade US 74 de la
maison F64 dont 80 cm le séparent (US 73/769). Ce mur, de 50 cm de large, arasé à 166,36 m NGF (fondation
à 165,69 m), a probablement servi d’échiffre pour la volée de marches qui conduisait à « la petite chambre
ou grenier » aménagée à l’étage de la maison. Si son extrémité méridionale a sans doute été sectionnée par
l’installation de la galerie F54, il s’arrête, au nord, à 1,37 m du mur US 653, laissant un passage de la même
largeur pour accéder à la maison. La construction de ce mur (et donc de l’escalier) semble postérieure à la
mise en place du pavage.
Hormis quelques lacunes dues à des aménagements contemporains (la chaufferie essentiellement),
tout l’espace situé à l’ouest de la maison F64, entre les murs 653, 77, 839/1119 et 30134, qui closent la
parcelle du côté nord, et les murs 71/241, au sud, est pavée de galets en tête de chat (pl. 270). Dans ce
vaste tapis de plus de 30 m de long, deux zones se distinguent. Au nord, une zone de passage, une allée qui
reliait la maison sur rue à la maison F64 et au travers de laquelle on accédait au Rhône : US 838, 800, 835,
833/802, 69 et 79 (cette dernière très perturbée). Selon le tracé des murs qui la bordent, sa largeur varie
de 3 à 4 m. Elle est marquée par une rigole médiane, vers laquelle convergeaient les eaux de pluies
ruisselant sur les pans opposés du pavage ou drainées par une rigole connexe. L’eau ainsi recueillie était
généralement évacuée de la parcelle par l’intermédiaire de caniveaux en pierre de taille aménagés sous le
plancher des allées de maison (Cf. maison Devarennes, description de 1701). Le pendage de la rigole
montre qu’elle s’écoulait vers l’est.
2.4.1.2.3. La teinturerie
Ce pavage, qui culmine à 166,30 m d’altitude NGF, surplombe de quelques centimètres le second tapis
de tête de chat. Il en est séparé par une longue engravure (US 127, 112, 263), négatif d’une palissade de
planches contre laquelle il venait s’appuyer et que soulignait une ligne de plus gros galets. Cette palissade,
reliée à la maison F64 par l’intermédiaire d’un pan de mur oblique (US 67), situé à l’arrière de l’escalier F73,
constituait la façade est-ouest d’un bâtiment à pans de bois. Elle était supportée par les poteaux de
plusieurs fermes orthogonales, qui constituaient la charpente de l’édifice et dont subsistent quelques bases
faites de blocs de pierres enfouis en fondation (US 110, 111, 130). L’un d’eux, observé fugacement entre les
murs 215 et 177, prouve que ce bâtiment s’étendait au moins jusque là, vers l’ouest. Du côté sud, le
bâtiment prenait appui contre le mur mitoyen US 71/241 comme aussi, semble-t-il, contre le mur US 266. Il
s’agit très certainement de la « maison ou teinturerie » qui en 1643 était dite « construite à neuf depuis
peu ».
paraissent les empreintes des piédroits d’une porte. Le sol de cette teinturerie (US 86, 95, 65) est constitué
d’un pavement de galets plus petits qu’à l’extérieur. Il est marqué au nord par une grande rigole
longitudinale, présentant un pendage vers l’est, et à laquelle sont connectées plusieurs rigoles
perpendiculaires (pl. 271). Dans le renfoncement de la cour (entre les maisons Saint-Bonnet et Visade), le
pavement (US 312, 277), qui s’appuie contre le mur US 266, sans démarcation de gros galets (pl. 271), est
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Deux trous de piquets (US 131 et 132) observés dans l’engravure précitée, à 1,10 m l’un de l’autre,
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entaillé par une autre rigole et plusieurs trous de poteaux qui signalent des aménagements intérieurs. On
ne retrouve pas de correspondance entre les alignements de ce pavement et celui qui a pu être observé lors
du diagnostic, ce qui laisse penser qu’il s’agit de deux espaces distincts. Il y avait d’ailleurs dans la cour,
outre la teinturerie, un petit bâtiment de planches à usage de boutique.
D’après l’acte de vente Lacombe-Curtin ce « grand bas » était doté d’un puits à eau claire. Il s’agit peutêtre du puits US 242, construit conjointement au mur US 241, avec les mêmes matériaux, et auquel une
ouverture dans le mur sud de la parcelle Visade pouvait donner accès (diamètre de 85 cm ; pl. 272). Le
« puits » US 1215, structure ovalisée d’un diamètre interne supérieur à 1,57 m, situé dans la partie nord, au
milieu de l’allée (pl. 272), pourrait du coup n’être qu’une sorte de puits perdu destiné à l’évacuation des
eaux usées de la teinturerie. L’installation en 1937 de la cheminée de la chaufferie a malheureusement fait
disparaître toute relation stratigraphique avec les têtes de chat et son comblement n’a pas révélé de
mobilier datable.
En 1654, il n’y avait plus dans la cour que des « bâtiments étant joignants », sans fonction précise, et
une allée « en laquelle il y a un puits à eau claire » dans lequel - s’il ne s’agit pas, comme nous le pensons,
du puits US 1215 – nous croyons devoir reconnaître le puits US 30135, observé à l’occasion d’un sondage
géotechnique (n°3013) contre le mur US 30134. En 1677, on ne trouve plus en lieu et place de l’ancienne
teinturerie qu’une grange et une étable. La maison possède en revanche à nouveau un jardin, constitué par
des apports de terre accumulée à l’intérieur d’une muraille périphérique dont quelques vestiges subsistent
(US 307, appuyé contre le mur US 266, US 864, 1313 et 1312). En 1690, ce jardin était « enfermé par une
muraille à hauteur d’appui avec des barreaux de chêne en forme de balustrade au-dessus ». L’allée qui
conduisait au puits US 30135, rétrécie par la construction de cette enceinte (US 1313 et 864), fut
agrémentée de plates-bandes semi-circulaires, aménagées dans le pavage de galets. Une ouverture
rectangulaire pratiquée dans le pavage US 800 sur 1 m de long a également été observée au sud du mur US
864, dans l’angle nord-est du jardin (pl. 273).
L’espace immédiatement contigu au jardin, à l’est du mur US 307, était en 1690 occupé par une « petite
écurie ». Ce bâtiment coincé dans le renfoncement situé à l’arrière de la maison Visade, était désormais (car
ce n’était pas le cas au temps de la teinturerie), séparé par une petite cour du grand bas adossé au mur US
71/241, dans lequel quatre écuries avec fenières avaient été aménagées. En 1723, l’Hôtel-Dieu en louait six
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à des bouchers.
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2.4.2. La maison Visade
2.4.2.1. Les données historiques
La maison Visade, nous l’avons vu, a été construite par Daniel de Lacombe aux dépens du jardin sur le
Rhône que son père avait acquis des recteurs de l’Hôtel-Dieu. Les permissions accordées en juillet 1641 par
le Consulat pour bâtir côté Rhône, et par son voisin Laperle pour prendre appui sur le mur mitoyen, nous
fournissent un terminus post quem très précis. D’un autre côté, la mention de la maison comme confins de
parcelle, lors de la vente La Combe / Courtin, en décembre 1643, prouve qu’elle était achevée à cette date.
Elle est alors aux mains de Jean Garreau et de sa femme, Marie Briod. Elle parvient par le biais de cette
dernière à François Bournaud, pour lequel est rédigé un projet de reconnaissance qu’il ne vint pas signer.
La maison y est décrite comme une « maison basse et chambre au-dessus », à laquelle sont adjointes une
« petite loge servant de fenière », une étable et une cour.
En 1678, Antoine Silvant et sa femme, qui en sont devenus propriétaires, la revendent à Jean
Charveyron. L’année suivante, deux experts sont mandatés pour faire l’état des lieux. On trouvera en
annexe leur compte rendu détaillé, dont nous tirons les informations suivantes : la maison s’ouvre sur le
Rhône ; elle comprend un bas éclairé par « un larmier double et un demi-larmier » (dont le percement avait
été autorisé par le Consulat en 1641), une chambre à l’étage et un grenier au-dessus. Le bas, qui est séparé
de l’allée par un poteau, est carrelé, sauf du côté de la cour (vers l’ouest) où un plancher surélevé d’un
mètre (3 pieds) abrite un petit cavon. Le bas est doté d’une cheminée et d’un lavoir en pierre de taille. Il n’y
a pas de cave proprement dite. L’allée conduit à une première cour où se trouvent l’escalier de bois qui
dessert l’étage et le grenier et, dans l’angle nord-est, les latrines auxquelles est accolé un petit couvert que
supportent trois morceaux de bois. Joignant la cage d’escalier (côté sud) se trouvent une soupente (2,70 x
2,40 m), puis une fenière délabrée (11,60 x 4,10 m) dont le rez-de-chaussée sert d’écurie. Au-delà de celleci, le mur construit de pisé et de maçonnerie délimite une arrière-cour dont l’angle nord-ouest est occupé
par un puits à eau claire et un bachat de pierre. L’écurie, la cour et les passages sont pavés « à cailloux ».
L’idée de Charveyron et de son épouse, Balthazarde de Laye, était bien sûr d’entreprendre des travaux.
En 1683, il baille à prix fait à plusieurs artisans la construction, à la place des petits bâtiments délabrés que
nous venons de décrire, d’un corps de logis sur cour de 11,10 m de long sur 5,90 en œuvre, comprenant un
bas, chambre et grenier au-dessus. Il s’agit pour le maçon de rehausser les murs mitoyens (au nord et au
sud) de la hauteur nécessaire et de construire perpendiculairement deux « murailles » de 2 pieds et demi
En 1690, Balthazarde de Laye et Joachim Visade, qu’elle a épousé en secondes noces, reconnaissent
tenir la maison de la directe de l’abbé d’Ainay. L’acte n’a d’autre intérêt que de fournir la liste des
propriétaires successifs de la maison, que nous ne connaîtrions pas sans cela. La maison échoit à leur fils,
Pierre Visade, qui la revend en 1713 à l’Hôtel-Dieu.
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d’épaisseur (85 cm) fondées « jusqu’au gravier et terre ferme ».
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En 1723, la maison est décrite comme possédant deux bâtiments de trois étages chacun (ils ont donc
été rehaussés ?), séparés par une cour de 14 pieds de long (4,80 m). L’escalier de bois a été reconstruit en
pierre « en demi ovale » et dessert les deux corps. De l’autre côté de la cour se trouvent toujours les latrines,
jugées « très mauvaises » et auxquelles on accède depuis les étages par des galeries de bois. Le rez-dechaussée du nouveau bâtiment est occupé par plusieurs écuries séparées par des palissades. Tout au fond,
dans la petite cour d’un peu plus de 2 m de long (6 pieds), le puits paraît toujours en service. Il n’est fait
aucune allusion à la cave, contrairement au projet de reconnaissance dressé vers 1735 qui évoque, sans
doute un peu rapidement, « des bas et caves au-dessous ». La maison – celle du côté du Rhône plus
vraisemblablement – est jugée « assez vieille ».
2.4.2.2. Les données archéologiques
En 1641, Daniel de Lacombe avait obtenu la permission du Consulat de rehausser et de percer de deux
larmiers le mur de sa maison du côté du Rhône, et celle de son voisin Laperle de s’appuyer sur leur mur
mitoyen (US 34/56/155). Muni de ces autorisations, il avait entrepris la construction d’une maison qui,
deux ans plus tard, avait déjà été vendue à Jean Garreau et à sa femme.
La parcelle allouée à cette maison était délimitée au nord par le mur US 71/241, construit, en pierres
dorées, dans le prolongement du mur US 571/48 contre lequel il s’appuie. Selon le plan géométral de 1734,
ce mur mesurait 56 pieds de long (19,20 m), pour une épaisseur constatée de 50 cm. À l’est, la parcelle
était close par un mur de maçonnerie et de pisé, que la construction du mur US 177 de l’Hôtel-Dieu fit
disparaître par la suite, et qu’un retour, au sud, reliait au mur US 155. Le puits US 242, construit en même
temps que le mur US 241, se trouvait à l’intérieur de la parcelle. Sa position angulaire laisse cependant
supposer qu’il fut, un temps au moins, accessible au voisin teinturier qui l’avait fait creuser.
2.4.2.2.1. La maison F51
Trois des quatre murs de la maison existaient déjà en 1641. S’il suffisait de rehausser la façade sur le
Rhône, elle restait en revanche à construire du côté de la cour. Appuyé de part et d’autre sur les murs
latéraux, le mur US 51 est construit en pierres dorées (avec quelques blocs en parpaing) sur une fondation
en béton débordant largement vers l’intérieur (64 cm d’épaisseur en fondation, contre environ 50 cm en
élévation). Il est percé dans sa partie méridionale d’une porte qu’encadraient deux piédroits aux feuillures
taillées dans un calcaire blanc (pl. 273). Au sud, Daniel de Lacombe fit plus que s’appuyer sur le mur
mitoyen US 34 ; son état ne le permettait peut-être pas. La mur fut en effet, en partie est, reconstruit en
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pierres dorées, parfois calées par de la TCA, avec là aussi quelques blocs disposés en parpaing (US 13).
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Le seuil de la porte (US 523, à 165,99 m NGF) est scellé par une couche de débris de taille de pierres
dorées, évidemment liée à la construction du mur US 51 au pied duquel elle s’étend. Cette construction a
sans doute été entreprise à partir du sol US 504 sous-jacent, qu’affleure le béton de la fondation. Sauf à
supposer qu’on descendait une marche pour entrer dans la maison, la vingtaine de centimètres qui sépare
ce sol du seuil de la porte laisse penser qu’il n’a pas été réutilisé tel quel. Il a peut-être servi, en revanche,
tout comme le ressaut de fondation lui-même, que couronne une assise de pierres dorées, à supporter un
plancher de bois.
Un incendie, dont le foyer se trouve juste au-dessus du ressaut (US 559, pl. 274), et qui est peut-être
celui de cet hypothétique plancher de bois, a laissé sur le parement intérieur des murs est et sud des traces
notables de rubéfaction, et est peut-être à l’origine de la pellicule charbonneuse qui recouvre le sol US
504/505 inférieur. Après cet incendie, le niveau de sol fut rehaussé de 30 à 40 cm par un remblai (US
502/503), dans lequel ont été recueilli, outre un peu de mobilier médiéval résiduel, dont une monnaie des
e
archevêques de Lyon, 59 tessons de céramique du XVII siècle et un liard des Dombes de 1592-1608 (n°60).
Ce remblai devait servir de support à un pavement de galets en tête de chat (US 41) situé à 166,18 m NGF,
soit près de 20 cm au-dessus du seuil de la porte et des traces de rubéfaction les plus basses (pl. 275).
Ce pavement s’appuie sur les murs US 13 et 34, au sud, par l’intermédiaire d’un cordon de plus gros
galets. À l’ouest, où il pénètre dans l’embrasure de la porte, nécessitant le rehaussement du vantail,
l’emploi d’un module supérieur signale une réfection (US 501). Son étendue vers le nord n’est pas connue ;
peut-être se limitait-il à la largeur d’une allée ? Il fut quoi qu’il en soit entaillé dans une troisième phase
par le creusement d’une vaste fosse quadrangulaire, peu profonde (80 cm), dont les parois sud et nord,
respectivement de 3 m et de 4,20 m de long, furent parementées d’une maçonnerie hétérogène de moellons
de calcaire et de galets (US 40 et 46 ; pl. 275-276). Le fond de cet aménagement, dans lequel on aura
reconnu le cavon décrit en 1679, est formé d’un sol en terre battue (US 561/562, à 165,39 m NGF), sur lequel
reposaient quelques tessons de céramique de la phase 3.3. Dans un second temps, ce cavon fut rétréci par
la construction, en avant du mur US 46, d’un second mur de pierres dorées et de briques plates (US
556/57/572), servant de support à un aménagement cloisonné construit en retrait du nu du mur (F557, pl.
277). Cette sorte de placard comprenait trois compartiments, séparés de pilettes de briques plates, au fond
garni de tomettes. Chacun d’entre eux mesure 74 cm de large, 26 cm de profondeur conservée (mais sans
doute plus de 60 à l’origine) et 50 cm de haut. Ils étaient peut-être destinés à maintenir en place des
tonneaux de vin.
L’espace compris entre cette structure et le muret US 46 fut remblayé (US 558). En dehors du cavon F40,
qui était recouvert d’un plancher surélevé, le sol du rez-de-chaussée de la maison F51 était carrelé de
tomettes (US 44) dont le lit de pose (US 43) prenait appui sur le remblai US 502. Lors de l’expertise de 1679,
cet espace était séparé de l’allée (pavée de galets) par un « poteau », c'est-à-dire une cloison à pan de bois.
Elle fut par la suite supprimée et remplacée par un mur de refend dont la fondation en béton de chaux (US
555), de 50 cm de large, a détruit l’angle que formaient initialement les deux maçonneries US 40 et 46. Le
cavon finit lui aussi par être supprimé. C’est peut-être immédiatement avant de le combler, par un remblai
plusieurs assemblées, US 553/574) ; elle dessinait au sol une bande charbonneuse de 3,33 m de long et 68
cm de large, de plusieurs centimètres d’épaisseur, dans laquelle un abondant mobilier céramique de la
phase 3.3 a été découvert (pl. 277). Après le comblement du cavon, le sol de tomettes a été étendu sur
toute la surface de la pièce, jusqu’au mur US 51.
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composé de matériaux de démolition (US 552), qu’on jeta au fond une grosse planche carbonisée (ou
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2.4.2.2.2. Les aménagements extérieurs
À l’extérieur de la maison F51, les terres noires sont recouvertes de plusieurs séquences de remblais
(US 390/387, 389, 386 ; US 258/251 ; US 588, 587, 586, 585 ; US 100) recélant de la céramique de la phase
3.3 (éventuellement 3.2). Elles servent de support à un pavage de galets en tête de chat dans lequel deux
zones se distinguent. Au nord, une allée surélevée longe le mur US 71/241, que souligne un cordon de gros
galets, et conduit au puits US 242 (US 253, 280, et diag. US 417 ; pl. 278). Elle est bordée au sud par une
marche contre laquelle vient aboutir la seconde partie du pavage (US 249, 156/159, 97, 70), marquée par
un net pendage vers le nord. Cette inclinaison permet de diriger les eaux de ruissellement vers une rigole
qui court au pied du trottoir. La partie sud du pavage, dont l’altitude varie de 166,21 m à 166,38 m NGF, est
marquée de plusieurs négatifs (US 252, 254, 160, 161) qui signalent, outre d’inévitables restaurations, de
fort probables travaux de cloisonnement (pl. 278). Selon l’expertise de 1679, la maison F51 était d’ailleurs
séparée par une cour (dont il ne reste rien) d’une écurie pavée de « cailloux », de 11,60 m de long sur 4,10
m de large – dimensions qui permettent d’attribuer l’engravure US 254 à sa façade septentrionale.
En 1683, Charveyron, alors propriétaire de la maison, fit remplacer cette écurie délabrée que
surmontait une fenière, par un corps de logis de la largeur de la parcelle sur 11,10 m de long. Il suffisait de
rehausser les murs latéraux, au nord et au sud, et de les relier par deux pignons de 85 cm de large fondés
jusqu’au gravier : ce sont précisément les caractéristiques des murs de pierres US 188 (à l’ouest) et US 84 (à
l’est), construits en pierres dorées et mortier gris compact, dont la fondation a marqué le pavement en
galets de son empreinte (pl. 279). L’extrémité septentrionale du mur 84 était percée d’une porte d’entrée
dont le seuil fut empierré pour maintenir la continuité du pavement de l’allée (US 88, pl. 279). Celle-ci
conduisait à une seconde porte (percée dans le mur US 188) qui s’ouvrait sur le puits conservé dans une
petite arrière-cour (pl. 280). La destination du rez-de-chaussée de ce nouveau bâtiment ne changea pas : il
était encore en 1723 occupé par plusieurs écuries séparées de palissades. Tout juste pouvons-nous signaler
l’aménagement non daté d’un cabanon d’1,20 m de large sur plus d’1,80 m de long, adossé au mur sud (US
56/155), et dont les parois de planches ont laissé dans le pavement de galets une engravure charbonneuse
caractéristique (US 99). Le sol de cet édicule était composé d’une mosaïque de carreaux de Verdun de
différents modules (US 85, pl. 280), posés sur un lit de mortier (US 96).
La première cour contenait, selon la description de 1679, un escalier de bois accosté d’une soupente,
des latrines et un petit couvert. Tous ces aménagements furent détruits par le creusement et la construction
d’une nouvelle fosse d’aisance et semble-t-il d’une cave. L’intégralité de la surface de la cour fut décaissée
jusqu’au gravier. Les fondations des murs US 51 et US 84, déchaussées par ce creusement, furent
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enchemisées d’une nouvelle maçonnerie de pierres dorées (US 255 et US 2006). Au sud, on parementa d’une
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maçonnerie semblable les terres noires apparues sous la fondation peu profonde du mur US 56 (US 751).
Au nord, le mur US 94, avait la même fonction mais non la même longueur. Son extrémité orientale
s’appuie sur la face arrière du mur US 93 (pl. 281) qui correspond probablement à la paroi ouest de la fosse
septique : ce pourrait même être un vestige du premier sac de latrines que la description de 1679 situe au
nord-est de la cour. Le mur US 93 mesure 1,58 de long et déborde du mur US 94, sans raison apparente,
sinon peut-être celle de se raccorder au doublage de maçonnerie US 2006 qui s’interrompt au même niveau,
par un pan de mur aujourd’hui disparu (pl. 282). Comme le laissent supposer ses deux faces parementées,
le mur US 763, contre lequel s’appuie le mur US 93, est sans doute commun à la fosse d’aisance F759 (maison
Laverrière) et à celle de la maison F51.
La base d’un contrefort a été découverte adossée au contre-mur US 2006 ; il servait probablement à
renforcer le mur US 52 et à soutenir la voûte maçonnée qui recouvrait la cave. Elle-même supportait sans
doute l’escalier de pierre « en demi-ovale » qui en 1723 desservait les deux corps de logis. À cette date, les
latrines étaient jugées « très mauvaises », ce qui suppose sans doute qu’elles, pas plus que la fosse sousjacente, n’avaient subi de modification depuis 1679. Il ne semble pas non plus que la cour, initialement
pavée de galets en tête de chat (US 72), fut à nouveau empierrée après l’aménagement de la cave : la
hauteur de l’extrados de la voûte l’interdisait peut-être. Elle fut partiellement détruite par l’installation
tardive de la galerie F54.
2.4.3. La maison Saint-Bonnet
2.4.3.1. Les données historiques
La maison Saint-Bonnet constituant (un peu comme la maison Visade mais du côté de la rue
Bourgchanin), une sorte d’enclave à l’intérieur de la parcelle qu’avait possédée la veuve Parisot et la
famille Millot après elle, il est permis de supposer qu’elle fut, elle aussi, créée à ses dépens.
En 1493, Isabeau, veuve de Denis Parisot, tenait deux maisons contiguës : l’une basse, l’autre haute
moyenne et basse. Si l’une d’elles est à l’origine, nous l’avons vu, de la partie méridionale de la maison de
l’Arche d’Alliance, l’autre l’est, par conséquent, de la maison Saint-Bonnet. Elles passent ensuite aux mains
de Rolet Millot qui reconnaît, en 1502, non pas deux mais trois maisons distinctes. Les deux maisons les
plus au nord avaient déjà fait l’objet de reconnaissances portées au terrier Canalis, aujourd’hui perdu. Ce
n’est pas le cas semble-t-il de la dernière, qui pourrait être de création plus récente et paraît avoir
rapidement fusionné avec sa voisine immédiate. En 1516, il n’y a d’ailleurs plus que deux maisons et la
« maison basse » de 1493 est devenue une « maison haute, moyenne et basse ». Elles échoient à Gabriel
Millot (1528) qui les tenaient toujours en 1551. La biffure apportée, dans le registre, à la mention relative à
la maison méridionale laisse entendre cependant qu’il s’en dessaisit rapidement par la suite. Elle aurait
e
Croppet coté E, disparu lui aussi. C’est donc à cette époque qu’elle aurait été démembrée.
e
En 1575, la maison (la 33 du penonnage Bernico) était aux mains d’un dénommé Lemoyne, garde des
ports. Elle passe ensuite à Thurin de Saint-Bonnet (1612) puis à son fils Jean (1640) qui en fait finalement
don, en 1668, aux « pauvres malades de l’Hôtel Dieu ». On sait peu de chose sur sa physionomie : elle est
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d’ailleurs été, au début de la seconde moitié du XVI siècle, reconnue par Étienne Bourgeois, au terrier
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« haute moyenne et basse » et contient « plusieurs corps ». La reconnaissance passée par les recteurs de
l’Hôtel-Dieu en 1684 ne dit pas autre chose mais précise qu’elle fait 7 pas de large en façade, contre 80
pieds de profondeur (5,70 x 27,40 m), et confine à l’est à l’écurie de Laverrière.
La description de la maison réalisée en 1723 est cependant plus fine et plus fiable. Elle consiste alors
en un corps de logis de 16 pieds de large contre 40 de longueur (5,50 x 13,70 m) composé de deux caves, de
deux bas et de deux étages, de deux chambres chacun, desservi par un escalier de pierre en vis. À l’arrière
s’étend une cour de 36 pieds de long (12,30 m), en grande partie occupée par un bas couvert, de 30 pieds
de large sur 14 de long (10,30 x 4,80 m). Les latrines sont contiguës à la maison ; le puits est au bout de la
cour.
2.4.3.2. Les données archéologiques
Il ne reste de la maison Saint-Bonnet, telle qu’elle peut être circonscrite grâce au plan géométral de c.
1734 et à la description réalisée dix ans plus tôt, qu’une cave sur cour, une fosse septique et un puits.
La cave F1940, l’une des deux caves signalées en 1723, est quasiment carrée : elle mesure 5,50 m du
nord au sud et 5,40 m d’ouest en est (mesure prise entre le mur US 1942 et le chicot de mur US 1969, lequel
est situé, d’après le plan de 1820, à l’aplomb du refend de la maison). Les murs, conservés sur quelques
dizaines de centimètres seulement, fondations comprises, sont construits en petit appareil de pierres
dorées et galets liés par un mortier gris. Au nord, l’arase du mur US 1955 présente l’empreinte
grossièrement circulaire de trois poteaux verticaux, de 15 à 20 cm de diamètre, dont on peut supposer
qu’ils ont servi à étayer le mur mitoyen de la maison, pendant l’aménagement en sous-œuvre de la cave (pl.
282). Celui-ci est en effet postérieur à la construction de la maison, comme en témoignent notamment
l’absence de chaînage des murs entre eux et le tardif chemisage en béton (US 1970/1941) du mur sud (US
1971/1940), peut-être victime de sa trop faible épaisseur (33 cm, contre 60 cm pour le mur est de la cave,
destiné à supporter la façade sur cour, et environ 50 cm pour le mur US 1955 au nord). La maçonnerie US
1958, qui est appuyée contre le parement sud du mur US 1955 et semble filer à l’ouest sous la berne,
pourrait être liée à la cage d’escalier qui se trouve à l’aplomb (Cf. plan de 1820). Le sol de cette cave (US
1963), fine couche charbonneuse déposée sur un remblai de limon et galets, est situé à 164,28 m NGF. Il n’a
pas livré de mobilier. La cave, selon les données des archives, existait déjà en 1723.
La fosse d’aisance F1935 avait déjà été en grande partie mise au jour lors du diagnostic (sondage 2).
Elle est formée de quatre murs construits en pierres dorées, liées par un mortier gris fin, et chaînés entre
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eux selon un plan très grossièrement carré (de 2,60 m de côté). Les murs nord, est et ouest ont 50 cm
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d’épaisseur ; le mur sud (US 1935) n’en mesure qu’une vingtaine seulement, sans doute en raison de la
préexistence (ou de la construction simultanée) de la fosse F1854 de la maison voisine (Devarenne) contre
laquelle il s’est appuyé. Il a été, dans un second temps, intégralement doublé par une chemise en béton (US
1936). Les parois de la fosse, conservées sur plus d’1,80 m de hauteur, s’enfoncent dans les sables
graveleux du Rhône qui constituent le fond de ce que l’on appelait autrefois le sac des latrines (à 162,85 m
NGF).
Les quelques tessons récoltés lors du diagnostic ont été, en dehors de quelques éléments résiduels,
e
attribués au XIX siècle. Les latrines elles-mêmes sont signalées dans la documentation en 1723.
En bout de parcelle subsistent les vestiges d’un petit puits cylindrique en pierres dorées (US
1852/1921), de 85 cm de diamètre intérieur, qui est mentionné dans la description de 1723. Il n’a pas été
fouillé. La construction de « l’appartement à laver la vaisselle », en 1742, en a définitivement condamné
l’usage.
À l’ouest, deux fosses très arasées ont été mises au jour. La première (US 1733), dont la fouille a révélé
quelques tessons de céramique moderne, présente un plan ovale de plus d’1,60 m de long. Son fond atteint
163,85 m NGF de profondeur, soit une attitude comparable à la seconde fosse (US 1777) qui n’a pu être
observée qu’en coupe. Il s’agit probablement de fosses d’aisance.
Des trois murs qui délimitaient la cour dans laquelle se trouvaient la fosse et le puits, seuls des
vestiges du mur sud ont été mis au jour. Le mur US 446 qui joint à peine, à l’ouest, les fosses F1854 et
F1935, et que le mur US 421 prolonge, à l’est, bien au-delà du fond de la parcelle, est construit en moyen
appareil de pierres dorées, sans galet, liées par un mortier gris pâle très compact, appareil caractéristique
des constructions menées sous l’égide des administrateurs de l’Hôtel-Dieu. Il mesure 70 cm d’épaisseur.
Plus à l’ouest, le mur US 1939 est construit dans le prolongement occidental de la paroi septentrionale de la
fosse F1854, qu’il relie au corps de logis.
Deux tronçons de murs superposés (US 1952 et 1953) ont été mis au jour en fin d’opération, dans des
conditions qui ne permettaient pas leur étude minutieuse (pl. 283) : leur tracé, parallèle au mur mitoyen US
446, et leur épaisseur un peu moindre permettent de supposer que l’un au moins de ces deux murs
correspond à celui de l’appentis figuré sur le plan de 1820 entre les latrines et le mur US 1790 du lavoir.
L’examen du plan de 1820 montre par ailleurs, comme aussi l’atlas de la rente noble d’Ainay, que
l’escalier en vis, signalé dans la description de 1723 mais invisible en fouille, s’inscrit dans une cage
polygonale qui déborde, au nord, largement sur la façade sur cour de la maison voisine (l’Arche d’Alliance),
comme si elle avait été commune aux deux maisons. Cela renforce l’hypothèse, formulée plus haut, selon
laquelle la maison Saint-Bonnet résulterait du démembrement partiel de la vaste parcelle qu’avaient
e
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possédée la veuve Parisot et les Millot après elle, à la charnière des XV et XVI siècles.
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2.4.4. La maison Devarenne
2.4.4.1. Les données historiques
La maison Devarenne, qui aurait d’abord appartenu à Pierre Garçon (1446), était en 1493 tenue par
Philippe Guilliermet, un tavernier. Elle est alors « haute, moyenne et basse ». Sa reconnaissance de 1502
précise qu’elle confine à l’est aux jardins de la veuve Châtillon et de Rolet Millot, ses deux voisins
immédiats, sans doute parce qu’elle aussi résulte du démembrement d’une plus vaste parcelle (celle des
Châtillon, si l’on en juge par leur disposition respective). La maison passe ensuite à Jean Champion (1516)
puis à sa veuve, Marie Chappuyse (1551). Elle aurait été reconnue peu de temps après par Benoît Langlois,
qui est aussi leur ayant droit pour la maison du Roy d’Or, dont les époux Champion avaient été
propriétaires.
On perd, pendant plus d’un siècle, la trace de la maison qui reparaît en 1683 aux mains d’Antoine
Mercieu, un bourgeois lyonnais. En 1700, ses héritiers la font expertiser en vue de procéder à son partage.
Les informations qui suivent sont tirées de leur procès verbal, dont la transcription figure en annexe.
La maison est composée de deux corps de logis séparés par une cour. Le corps de logis sur rue a 5 m de
façade pour une profondeur de 13,4 m (jusqu’à l’escalier). Il comprend une grande cave voûtée séparée en
deux par un mur, percé d’une porte. L’accès à la cave sur rue se fait par un trappon situé au rez-de-chaussée
et un escalier maçonné, celui de la cave sur cour par le grand escalier de pierre. Le rez-de-chaussée est
occupé par deux bas et l’allée, séparés les uns les autres par des poteaux. Il est surmonté d’un étage et d’un
grenier auxquels on accède par l’escalier en vis situé au bout de l’allée d’entrée, dans la cour. Les latrines,
sur trois niveaux, sont situées entre l’escalier et le corps de logis arrière ; elles surmontent une fosse
voûtée qui s’étend en partie sous le pavage de cadettes de la cour. L’espace libre de celle-ci mesure 12
pieds sur 6 (4,10 x 2,05 m).
De construction récente, le corps de logis sur cour occupe tout le fond de la parcelle. Il mesure 8,40 m
de long contre 4,60 m de large. Au rez-de-chaussée, un passage de 2 pieds 6 pouces (85 cm) ménagé entre
le bas et le mur mitoyen septentrional permet d’aller puiser de l’eau ; le puits se trouve au fond de cette
allée. On accède au bas par la cour. Il est surmonté d’un étage et d’un grenier desservis par le même
escalier que le corps de logis sur rue, auquel des galeries le relient.
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Au terme du partage, le corps de logis sur cour est attribué à Antoine Vallier, fils de Claude Vallier et de
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Catherine Mercieu, et à sa femme, Isabeau Biollay. Il passe ensuite à Antoine Olard, héritier de droit de sa
mère Antoinette Vallier, veuve d’Antoine Olard, et donataire universel d’Isabeau Biolay, veuve Vallier, qui
le vend à l’Hôtel-Dieu en 1742. À cette date, il confinait au nord au « terrain ou emplacement sur lequel lesd.
sieurs recteurs font faire des nouvelles reconstructions ».
Le corps de logis de la rue Bourgchanin revient à Étienne Chasset, marchand et maître passementier, et
à Antoinette Mercieu, sa femme. Il passe ensuite, l’on ne sait comment, aux mains de Catherine Archiez,
veuve de Jean Devarenne, qui en fait don en 1730 à sa fille, Marie Anne Devarenne. C’est elle qui le revendit
à l’Hôtel-Dieu en 1745. La description de la maison qui est faite à cette date est conforme au compte rendu
des experts. Elle rappelle qu’au-delà de la cour une seconde allée conduit au puits commun. Mais, et c’est
une nouveauté, l’allée traverse la maison sur cour « qui a été en partie démolie » et « se prolonge de
plusieurs pieds dans les nouvelles constructions de l’Hôtel Dieu ». L’usage du puits avait donc été maintenu
malgré la construction de ce que l’atlas de la rente noble d’Ainay appelle « l’appartement à laver la
vaisselle » et qui sans doute venait de commencer lorsque fut vendu le corps de logis sur cour.
2.4.4.2. Les données archéologiques
Bien connue grâce à une expertise réalisée en 1700, la maison Devarenne a livré peu d’éléments qui n’y
soient pas décrits : une fosse arasée en bout de parcelle, dont le fond atteint 163,97 m NGF, et les vestiges
d’une maçonnerie courbe qui sont très certainement ceux d’un puits (US 1929, arasé à 164,84 m NGF). La
e
reconstruction de la maison à une date inconnue (au XVII siècle ?) et la fondation de la façade sur cour en
avaient peut-être compromis l’usage.
Cette maison comprend un premier corps de logis sur rue, long de 13,40 m et large de 5 m, dont trois
murs construits en pierres dorées ont été retrouvés (US 1928, au sud, 1945 à l’est et 1971/1940 au nord ; pl.
283). Si le mur US 1945 mesure 54 cm d’épaisseur, les murs US 1928 et US 1940/1971 n’en ont qu’une
quarantaine. Peut-être étaient-ils aussi moins profondément fondés. Toujours est-il que, lorsque
l’aménagement de la cave F1975 fut décidé, ces deux-là seuls furent enchemisés par des maçonneries de
pierres dorées, très semblable aux murs eux-mêmes (US 1974/1988 et 1987). À l’ouest, le mur US 1975
compartimentait la cave en deux pièces reliées entre elle par une porte dont le seuil charbonneux a été
observé à 164,13 m NGF (US 1976). La cave, selon la description de 1700, disposait de deux accès distincts,
dont un sur l’arrière par le grand escalier (US 1856). L’altitude de la plus basse de ses marches, à 163,91 m
NGF nous donne une idée de celle du sol primitif, aujourd’hui disparu. Il fut par la suite rehaussé à 164,27 m
NGF,
enterrant les deux premières marches de l’escalier et laissant sur les murs une trace noire
caractéristique (sol charbonneux US 1977, sur remblai US 1978 de la phase 3.3).
Le percement du mur 1945, consécutif à l’aménagement de l’escalier US 1856, a peut-être affaibli la
façade au point qu’il fut jugé nécessaire de le conforter de l’intérieur par un doublage en béton (US
1946/1949). Celui-ci plonge dans une fosse (US 1979, pl. 284) dans laquelle du mobilier céramique de la
Le grand escalier US 1856, qui n’était pas indispensable au bon fonctionnement de la cave, puisque
celle-ci disposait d’un autre accès, pourrait à la rigueur lui être postérieur. Il forme en revanche un tout
avec la fosse d’aisance F1854 à laquelle il est reliée par le mur de cage (US 1932). Les deux marches
conservées les plus hautes sont scellées au nord dans un tronçon de mur de clôture (US 1939, en pierres
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phase 3.4 a été recueilli.
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dorées et galets) et au sud dans un mur noyau (US 1944). Tous trois prennent appui sur la façade sur cour de
la maison Devarenne (US 1945).
La fosse d’aisance F1854 présente un plan rectangulaire d’1,75 m de large sur 2 m de long. Ses parois
sud, est et ouest (US 1932, 1933 et 1934) mesurent 72 cm d’épaisseur en moyenne. Si le mur US 1854 qui la
ferme au nord est plus mince (40 cm), c’est sans doute parce qu’il est adossé au mur sud de la fosse
septique de la maison contigüe (US 1935), probablement construite en même temps vu leurs positions
respectives. Les quatre murs de la fosse F1854, bâtis en pierres dorées comme le reste de la cage d’escalier,
s’enfoncent dans la grave qui en constitue le fond. Son comblement organique (US 1798) a révélé un
abondant mobilier céramique de la phase 4.1, jeté là avant l’abandon définitif et la démolition de la
maison, en 1842.
Au-delà de la cage d’escalier et de la petite cour adjacente, où ont été mis au jour les vestiges du puits
US 1929,
se dressait un corps de logis de 8,40 m de long, dont les murs étaient en 1700 « construits [pour
la] plus grande partie à neuf depuis peu d’années ». Si la façade sur cour, qui se dressait dans le
prolongement du mur est de la fosse (US 1933), avait disparu, les autres murs ont été retrouvés : US 446 au
nord, US 420 à l’est, US 419 et 1688 au sud, tous construits en pierres dorées liées par un mortier gris
compact. Leur épaisseur en revanche n’est pas constante : les murs US 419 et 420, qui sont chaînés entre
eux (en partie haute seulement : cf. pl. 326), mesurent 95 cm d’épaisseur. Celle du mur US 1688,
simplement abouté au mur US 419 et englobant une maçonnerie préexistante (US 1922 ; pl. 284), oscille
entre 80 et 90 cm, contre 65 cm seulement pour le mur nord US 446 (épaisseur identique au mur US 1939).
Cela ne suffit toutefois pas pour assurer que ces murs ne sont pas contemporains les uns des autres.
À l’intérieur de ce corps de logis, du côté nord, une allée longeait le bas et conduisait au puits en béton
US 427, construit à l’angle des murs 420 et 446 et probablement en même temps qu’eux. L’usage de ce puits
fut maintenu après la construction de « l’appartement à laver la vaisselle », grâce à une ouverture ménagée
à la base du mur de façade de celui-ci (US 1687/1719), de sorte qu’il était possible en 1745 de dire que la
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maison sur cour « se prolonge[ait] de plusieurs pieds dans les nouvelles constructions de l’Hôtel Dieu ».
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2.4.5. La maison de l’Aumône
2.4.5.1. Les données historiques
Il y a, à l’origine de la maison de l’Aumône, « deux maisons et jardins » contigus, réunis aux mains du
drapier Guillaume Chastillon dès avant 1446. Les nommées de 1493 pourraient laisser croire que leur fusion
est effective à cette date : les héritiers de Jean Chastillon tiennent en effet une « maison haute, basse,
moyenne, contenant deux corps, et jardin par derrière jusques à la rivière du Rhône ». La reconnaissance que
passe en 1502 sa veuve Andrée nous détrompe. Les deux maisons avec jardins derrière, qui forment alors un
ensemble contigu, constituaient initialement trois lots distincts dont on connaît les possesseurs : Mile, la
femme de Jean Vanerelli, Perrin Mantellier et la veuve de Vachier de Varey.
Si les descriptions continuent d’hésiter entre la maison en deux corps et les deux maisons contiguës,
elles s’accordent sur un point : le jardin qui en dépend s’étend jusqu’au Rhône. Le fonds reste en intégralité
e
aux mains des Châtillon jusqu’au-delà du milieu du XVI siècle. Marguerite Châtillon, veuve de Jacques de
Crozet, serait la dernière à en passer reconnaissance (après 1551). Il passe ensuite à Étienne Pourcent, un
notaire lyonnais, qui y résidait déjà en 1588, puis à Marie Chevance, la femme de Claude Pepin, un
apothicaire de Lyon.
En 1609, cette dernière est sommée de payer à l’archevêché les arrérages des 29 années écoulées
(limite au-delà de laquelle les arrérages échus sont prescrits) comme tenancière et possesseur « d’une
maison » (la fusion paraît définitive) « avec deux jardins y joignant ». Si l’un au moins de ces deux jardins
était délimité à l’est par le « chemin au long de la rivière du Rhône », l’autre pourrait bien être celui qui, au
e
début du XVI siècle déjà, passait derrière la parcelle Guilliermet et confinait au nord à la maison Millot.
C’est dans le premier des deux qu’Antoine Gens, un menuisier répondant au sobriquet de Laperle,
entreprend en 1633 la construction d’un « bâtiment » au long du Rhône, pour lequel le Consulat lui
ordonne de s’aligner sur le mur de la maison basse et du jardin de son voisin Lacombe (au nord), jusqu’au
droit de l’autre mur qui le sépare de son voisin Mouton (au sud), et ajoute cette précision sibylline :
« suivant lequel alignement le susdit devant de maison que prétend faire construire led. Gens sera reculé, au
droit du mur mitoyen faisant séparation tant de la maison desd. héritiers Mouton que de la maison dud.
Laperle, de 3 pieds 9 pouces du côté de vent ».
En 1641, Pierre Gens, dit Laperle (est-ce le même ?), époux de Jeanne Chevance, probable héritière de
1645, la maison est aux mains de leurs héritiers. En 1657, cependant, elle est saisie et vendue aux enchères
à la requête de l’un d’eux, Thomas Gens. Elle est alors acquise par Claude Gallemant qui, par son testament
de 1665, fait de l’Aumône Générale (l’hôpital de la Charité) son héritier universel.
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Marie, autorise Antoine de La Combe à appuyer les constructions qu’il projette sur leur mur mitoyen. En
PAGE 121
2.4.5.1.1. Le démembrement de la parcelle ; la maison de la rue Bourchanin après
1657
Le démembrement de la parcelle est antérieur à cette date. L’Aumône Générale, autant que l’on puisse
en juger, n’a jamais possédé la moitié orientale, qui est reconnue par Vital Verchère dès 1676. On en
6
trouvera l’historique dans le paragraphe consacré à la maison Chazel (du nom de la famille qui en fit don à
l’Hôtel-Dieu en 1723).
La reconnaissance passée par les recteurs de l’Aumône Générale, en 1684, n’apporte aucune précision
sur le sujet : ils reconnaissent tenir une maison « en plusieurs membres » qui relève sur 80 pieds de
profondeur seulement de la directe de l’Archevêché (le « surplus » oriental mouvant de l’abbaye d’Ainay).
Ils finissent par la céder aux recteurs de l’Hôtel-Dieu en 1724. Le grand plan terrier dressé vers 1734 la
décrit comme une maison de quatre étages, une boutique sur le devant, un bas sur l’arrière, avec caves, et
une cour au fond.
2.4.5.1.2. Le bâtiment sur l’arrière (maison dite « art. 7 »)
e
C’est au-delà de cette cour, à l’arrière des maisons de Varenne et de la Charité où, depuis le XVI siècle
au moins, les jardins des maisons Millot et Châtillon se rejoignaient, que les recteurs de la Charité, devenus
propriétaires du terrain par suite du legs Gallemant, en 1665, entreprirent la construction d’un bâtiment
d’existence éphémère. Ce bâtiment n’est connu que par des plans. Celui de 1734 le décrit comme un « grand
bâtiment neuf en trois étages, avec deux bas et caves », inséré entre une double cour (à l’ouest) et un jardin
(à l’est) auquel conduit une allée qui coupe la cour en deux et traverse le bâtiment en séparant les deux
bas. Au fond du jardin se dresse un petit bâtiment, une « loge », de 20 pieds de long (6,85 m), séparé des
anciennes écuries Lacombe par un passage de 4 pieds de large (1,37 m). D’après un autre plan terrier
contemporain, le nouveau bâtiment mesurait 8 m de profondeur contre 5,5 m pour le jardin. Le projet de
reconnaissance dressé par le sieur Theve et reproduit sur le grand plan terrier de 1735 mentionne de
surcroît (art. 7) un puits et des sièges de latrines.
2.4.5.2. Les données archéologiques
Les remaniements importants subis par la maison de l’Aumône ont fait disparaître presque toute trace
des états primitifs. Seuls paraissent en être réchappés les murs en galets d’une construction enterrée (US
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107 à 111) qui semble à la fois trop longue pour être une fosse septique et trop étroite pour être une cave
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(1,50 m x 4,85 m au moins ; pl. 285). C’est oublier sans doute que cette parcelle de 5,30 m de large avait
autrefois contenu deux maisons côte à côte.
6
infra, § 2.4.8.1.4.
Ces maçonneries de galets liés par un mortier verdâtre, au sein desquelles quelques rares pierres
calcaires apparaissent, ont été dressées directement contre l’encaissant limoneux. Leur épaisseur varie de
40 à 65 cm. Le mur nord (US 1811), long de 5,60 m, a probablement servi de soubassement au mur de
propriété mitoyen : le mur US 1928 s’inscrit d’ailleurs dans son prolongement. Le mur sud (US
1809/1808/1807) décrit un coude qui rétrécit l’espace aux dimensions d’un simple couloir, ou d’un escalier
(pl. 285), dont des constructions plus récentes empêchent de voir le débouché (à l’est). Peut-être faut-il
joindre à cet ensemble le chicot de mur US 1922, retrouvé emprisonné entre les murs US 1688 et 419, à 7 m
de là (pl. 284 ; arase à 165,53 m NGF) : le mortier verdâtre et les galets qui composent cette maçonnerie de
56 cm de haut ne sont pas en tout cas sans rappeler celle du petit caveau F1811 (arasé quant à lui à moins
de 164,66 m NGF).
Du corps de logis sur rue proprement dit, seuls les murs pignons ont pu être observés. Au nord, le mur
US
1928, construit en pierres dorées, a été doublé par une semblable maçonnerie qui s’appuie sur l’angle
nord-ouest du caveau F1811. Cette chemise, de 20 cm d’épaisseur (US 1655 ; pl. 286), est installée dans une
tranchée (US 1656) dont le fond atteint 163,24 m NGF. Son parement porte la trace noirâtre d’un sol de cave
non conservé (US 1654 ; à 164,32 m NGF), que l’on retrouve au sud sur le ressaut que forme l’épaisse chemise
(50 cm, US 1839) du mur mitoyen (US 1840 ; pl. 286). Elle-même s’enfonce dans une tranchée plus étroite
(US 1907). Cette cave, aménagée dans un second temps, comme bien d’autres, avait au moins la longueur
des chemises latérales, sur lesquelles aucune trace de l’arrachement du refend figuré sur le plan de 1820
n’a été observée. Un contrefort en béton (US 1927), adossé à l’est au mur US 1805, porte sur son flanc ouest
des traces charbonneuses qui permettent de supposer que le sol de la cave s’étendait jusque-là, à l’aplomb
de la façade sur cour. La cave F1655 et le caveau F1811 ont pu coexister, celui-ci émergeant du sol de cellelà.
L’angle sud-ouest de la cour, située sur l’arrière du corps de logis, était occupé par une vaste fosse
d’aisance (plus sûrement qu’une cave), de 4 m de long, creusée jusqu’au gravier (pl. 287 ; alti. inf. à 163,18
m NGF). Le mur US 1681, qui constitue la paroi sud de cette fosse, est percé de quatre trous verticaux de 20
cm de diamètre. Ce dispositif suggère une construction en sous œuvre, à l’aplomb du mur de clôture
mitoyen. Le mur US 1681 se trouve d’ailleurs dans l’alignement du mur US 1840. Il est directement adossé à
l’encaissant et son épaisseur varie de 50 à 70 cm. Il semble parfaitement chaîné à la base de la façade sur
cour (US 1805). Si ce mur US 1805 ne résulte pas lui aussi d’une construction en sous-œuvre et qu’il est bien
contemporain de toute cette façade, on peut conclure que la fosse F1681 est contemporaine de la
construction de la maison de l’Aumône, et donc antérieure à l’aménagement de la cave F1655. Le mur US
1805, qui mesure plus de 80 cm d’épaisseur, s’appuie au nord contre le mur US 1807. Peut-être était-ce
été mis au jour montrent que son épaisseur était comparable à celle du mur US 1805. Toutes ces
maçonneries sont composées de petit et moyen appareil de pierres dorées équarries, liées par un mortier
gris compact.
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aussi le cas du mur US 1806 qui fermait à l’est la fosse F1681, avant d’être démoli. Les vestiges qui en ont
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La démolition du mur US 1806 est consécutive au réaménagement de la cour et à la construction, dans
son tiers médian, d’une cage d’escalier. Cette cage repose en effet sur un puissant massif de maçonnerie (US
1804), rectangulaire, qui, adossé aux murs US 1807 et 1805, occupe la moitié nord de la fosse F1681 (5,60
m de long sur 1,90 m de large). À l’est, où il est complété par un mur d’un mètre d’épaisseur (US 1812) et un
autre massif de maçonnerie en quart de cylindre (US 1803), le massif US 1804 se termine par un conduit
maçonné d’évacuation de latrines. La nouvelle fosse d’aisance, rétrécie dans sa largeur, s’allonge
désormais à l’est au-delà du mur US 1806, jusqu’à la maçonnerie US 1803 dont la fonction demeure
énigmatique. Celle-ci, toute d’un bloc avec les US 1804 et 1812, est adossée à deux murs préexistants, qui
peut-être délimitaient une cave : US 417 à l’est et US 329 au sud - ce dernier prenant appui sur l’angle que
formaient initialement les murs US 1681 et US 1806. Ces nouveaux travaux, nous le verrons, sont sans doute
consécutifs à la construction de l’appartement à laver la vaisselle.
2.4.5.2.1. Le sous-sol du bâtiment de l’Aumône
Au-delà du mur US 417 s’étend un vaste sous-sol que surmontait un bâtiment plus petit, de trois étages,
qui, selon le plan géométral de 1734, fut cédé aux recteurs de l’Hôtel-Dieu par la Charité de Lyon (en
1724). Ce sous-sol (pl. 287) est délimité au sud par le mur US 329/293. Quelques différences de traitement
dans la réalisation du parement de ce mur (pl. 288), notamment, en partie ouest, l’usage de galets, ont pu
faire croire à une construction en deux temps et à un agrandissement de la cave. Plusieurs pierres de liaison
disposées en carreau montrent cependant qu’il n’en est rien. Tout au plus pouvons-nous distinguer deux
phases d’un même chantier : la construction à l’ouest d’un mur à deux parements enserrant une fourrure (US
329 ; pl. 288), dans la perspective de l’aménagement d’une cave dans la maison voisine (maison Boissieu),
et celle, à l’est, d’un mur construit en applique, contre l’encaissant (US 293). Ce mur, d’environ 76 cm
d’épaisseur, paraît chaîné au mur US 417 qui, avec le mur US 420, clôt le sous-sol vers l’ouest.
Contraint par la limite parcellaire de la maison Devarenne, le mur US 420 n’est pas construit sur le
même tracé que le mur US 417 (pl. 326). Il est en revanche chaîné avec le mur US 421/435 qui délimite la
cave au nord (pl. 326). Tous deux ont une épaisseur d’environ 90 cm. Ils sont construits en pierres dorées
liées par un mortier gris blanc compact mais quelques galets sont employés en blocage. Au nord-est, une
maçonnerie de même type, mais très dégradée, forme, à la base du mur US 296, une saillie de 2,5 m de long
sur 35 cm (US 492 ; pl. 326, 289). Quoique cela ne coïncide pas parfaitement avec les données fournies par
les archives (qui ne décrivent, il est vrai, que les parties aériennes), il s’agit probablement des vestiges du
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mur est de la cave.
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Le sous-sol était divisé en deux par un mur de refend (US 337) construit dans le prolongement du mur
US 419.
Ce mur, semblable aux autres, renfermait dans sa partie orientale un puits, construit comme lui et
en même temps que lui, en pierres dorées. Il recevait par ailleurs les retombées des voûtes en berceau des
deux caves (US 330), parallèles et d’égale surface (10,30 x 3,40 m pour F417, au sud, et 8,30 x 4,10 m pour
F420 au nord), qui supportaient le bâtiment de trois étages mentionné dans les archives. Chaque cave
paraît avoir initialement disposé de son accès propre, depuis la cour, par un escalier à volée droite dont les
bases des murs d’échiffre ont été mises au jour (US 415 et 416 pour la cave F417 et US 436 et 461 pour la
cave F420).
Dans la cave nord (F420), le sol en terre battue (US 422/351) repose, à 164,57 m NGF, sur un niveau de
travail formé d’éclats de pierres dorées et de nodules de mortier gris pulvérulent (US 638) directement
étendu sur les terres noires (US 490 et 805). De la céramique de la phase 3.4 y a été mise au jour. Le sol
primitif de la cave sud (F417), lui aussi en terre battue charbonneuse (US 450/341), s’étend à l’ouest sur un
niveau de remblai brun (terres noires ? US 452), ponctuellement recouvert d’une croûte de chaux (US 451),
et à l’est sur un lit d’éclats de pierres dorées (US 363/353) qui lui-même scelle un remblai de la phase 3.3.
L’altitude du sol US 450/341 a été mesurée aux environs de 164,40 m NGF ; il recélait lui aussi de la
céramique de la phase 3.3.
À l’origine, les deux caves ne communiquaient probablement pas entre elles. La cave F417, en
revanche, était reliée soit au caveau F1811, soit à la cave délimitée par les murs US 1806, 329 et 417, soit
aux deux, par un passage laissé libre entre les murs US 417 et 419. La construction de l’appartement à laver
la vaisselle par les recteurs de l’Hôtel-Dieu, à partir de 1742, devait modifier cette disposition. Il n’était plus
question de passer par les cours pour descendre dans les caves qui avaient été préservées. Si le lavoir créait
en effet un obstacle insurmontable, il était en revanche possible de passer au-dessous, en empruntant ce
couloir qui reliait les différentes caves entre elles. Encore fallait-il pouvoir y accéder : ce fut en partie
l’objet de la construction de la cage d’escalier rectangulaire (F1804), à latrines incorporées, que le plan de
1820 représente parfaitement adossée à la façade ouest du nouveau bâtiment, et qu’il convient d’attribuer
aux recteurs, devenus, en 1724, propriétaires de la maison de l’Aumône.
Le nouvel escalier condamnait l’accès à la cave F1806 qui fut intégrée à la fosse d’aisance agrandie. Le
caveau F1811 et son couloir d’accès furent comblés de matériaux de démolition et de terre (US 1814) sur
lesquels fut coulée, à 164,67 m NGF, une épaisse dalle de béton de chaux, de la longueur de la cage
d’escalier (US 1813). On pouvait de là gagner la cave F417, et peut-être même aussi la cave sur rue F1655 en
traversant l’espace qu’occupait jusque-là le caveau F1811 - la démolition des murs US 1810 et 1809 datant
possiblement de cette phase.
Parvenu dans la cave F417, on pouvait entrer dans sa voisine F420 par une porte percée dans le mur US
337 (US 426, pl. 289), à l’arrière de l’ancien escalier (US 436 et 461) qui, devenu inutile et gênant, fut
évidemment démoli. On rehaussa enfin le sol de la cave F417 par une série de remblais fins, culminant à
164,63 m (US 432), qui rattrapaient à la fois le niveau de la dalle US 1813 et le sol US 422/351 de la cave d’à
Le corps de logis sur cour de la maison Devarenne fut bâti peu avant 1700. C’est probablement le cas
aussi du grand sous-sol de la maison de l’Aumône puisqu’ils ont en commun plusieurs murs : l’US 1688 (qui
n’est peut-être qu’un rhabillage du vieux mur US 1922, sur le côté nord du couloir des caves), l’US 419, dans
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côté.
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son prolongement, et le mur US 420 qui s’appuie sur le précédent et qui est parementé jusqu’au sol de la
cave F420.
2.4.5.2.2. Le jardin
Le jardin figuré sur le plan géométral de 1734, auquel on accédait en traversant le rez-de-chaussée du
bâtiment de l’Aumône, formait un rectangle de 18 pieds de profondeur (6,16 m) sur 24 de large, soit la
largeur de la parcelle (pl. 290). Il était compris entre le mur US 492, à l’ouest, et l’arrière du bâtiment F55 à
l’est (débris de mur US 200, pl. 291) ; les archives nous apprennent toutefois qu’avant 1633, le jardin
s’étendait jusqu’au Rhône. Au sud, il est bordé par un mur de pierres dorées de 40 cm d’épaisseur (US 192,
pl. 291), posées sur une fondation en béton culminant à 166,62 m NGF qui paraît avoir été coupée par
l’installation du mur US 200. Au nord, où l’angle sud-ouest de la maison Visade (US 155) faisait une saillie de
2 pieds sur 4 (70 cm x 1,40 m), il est délimité par le mur US 266, mitoyen avec la maison de l’Arche
d’Alliance (supra). Ce mur de pierres dorées, dont l’épaisseur varie de 40 à presque 50 cm, scelle une fosse
qui n’a pu être observée qu’en coupe (US 1116). Elle mesure 1,25 m de diamètre, s’ouvre à 165,17 m NGF au
moins et s’enfonce jusqu’à 163,67 m NGF. Le mobilier qu’elle contenait, daté grâce à la céramique de la
e
phase 3.1, prouve que cette limite parcellaire s’est fixée là au XVI siècle au plus tôt.
Cette fosse est creusée dans une épaisse couche de terres noires (US 211), qui culmine à 166,27 m NGF.
C’est sur ce niveau que sont installées toutes les structures observées dans le jardin. Elles sont peu
nombreuses. On trouve dans l’angle sud-est une construction maçonnée de plan carré (quoique amputée au
sud par un mur en béton US 152), d’1,50 m de côté. Ses parois de pierres dorées, d’une trentaine de
centimètres d’épaisseur, sont profondément ancrées dans le sol, sans doute jusqu’au gravier. Elles
supportent une voûte maçonnée qui émerge de près de 80 cm du sommet des terres noires (extrados à
167,04 m NGF). Il s’agit probablement d’une fosse d’aisance, peut-être liée au bâtiment de l’Aumône qui
possédait des sièges de latrines, signalées en 1735. La connexion entre les deux a pu être supprimée par
l’installation des murs US 296 et 215 des loges des fous.
Plus au nord s’étendent quelques lambeaux de pavement, de galets (US 229) et de tomettes (US 235, US
234), posés, vers 166,30 m NGF, sur un lit de chaux dans lequel se dessine un négatif de cloison est-ouest
(US 226/227 ; pl. 291). Les galets, installés dans une légère dépression, scellent par ailleurs une fosse peu
profonde (US 301) datée par son comblement céramique de la phase 3.3. Ces structures appartiennent sans
doute au petit bâtiment ou à la loge de 20 pieds de long (6,85 m) que le plan géométral de 1734 figure au
fond du jardin. Le blocage de pierres dorées, liées par un mortier blanc pulvérulent, qui tapisse une
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tranchée d’orientation est-ouest (US 306) pourrait constituer le solin du mur de pisé fermant ce bâtiment au
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nord (alti. sup à 165,97 m NGF ; pl. 292).
Un petit massif de maçonnerie de 55 cm de long sur 45 cm de large (US 310), composé de pierres
calcaires et de galets posés de chant, et liés par un mortier jaunâtre (alti. sup. à 166,18 m NGF ; pl. 292), a
été mis au jour dans l’angle nord-ouest du jardin. Un second massif a été découvert à moins de 2 m plus à
l’est (US 308), dans une petite tranchée (US 309) d’où il émerge à 166,29 m NGF. Il comprend lui aussi des
moellons de calcaire et des galets posés de chant, bordés sur le côté sud par une dalle de calcaire de 75 cm
de long, posée de chant, dans l’alignement de la structure US 310. Peut-être s’agit-il des vestiges du mur
(ou du solin de mur) de clôture septentrional de la parcelle, qui devait être remplacé, après le milieu du
e
XVI siècle et sur un tracé légèrement différent, par le mur US 266.
2.4.5.2.3. La maison Laperle
En 1633, Antoine Gens, dit Laperle, obtint l’autorisation du Consulat d’édifier un bâtiment tout au bout
de cette parcelle en sifflet, que le grand plan scénographique de c. 1550 représente encore non bordée et
ouverte sur le Rhône. Le jardin est, à cet endroit-là, particulièrement étroit : il n’y a pas 3,40 m entre le mur
de clôture de la maison Lacombe, au nord (US 34), et le mur mitoyen qui le sépare de la propriété Mouton,
au sud (supposé à l’emplacement du mur US 7, dans l’axe des murs US 1840, 1681, 329/293, et 192).
Les premiers sols attestés reposent directement sur les terres noires (US 603, 476 et 710) en surface
desquelles des tessons de céramique moderne ont été ramassés. Un niveau de galets en tête de chat (US
602/616), coupé par la tranchée d’installation, ou de réfection, du mur US 34, côtoie un lit de mortier (US
480) qui n’est pas sans rappeler l’horizon US 538/505/504, observé, plus au nord, dans les maisons
Lacombe et Visade (alti. sup. à 165,82 m NGF ; pl. 293). Ces deux sols sont séparés par la fondation
bétonnée du mur US 590, qui émerge trop pour leur être contemporaine et succède certainement à un mur
plus ancien (pl. 293).
À l’est de cette limite, le sol de mortier, maculé de traces charbonneuses (pl. 294), est rehaussé d’un
remblai jaunâtre contenant de gros morceaux de TCA (US 601), à la surface duquel il se peut qu’on marchât.
Toute la zone est ensuite couverte d’un autre remblai, brun, (US 481, 475 et 617) dans lequel a été
découvert un liard des Dombes de Marie de Montpensier (1608-1626). C’est depuis ce niveau, s’affinant vers
l’est, que furent construits deux nouveaux murs. Le mur US 590, d’orientation nord-sud, est abouté au nord
au mur US 13, avec lequel il forme un angle droit. Comme lui, il est construit en pierres dorées, dont
certaines disposées en parpaing, et mesure 45 cm d’épaisseur. Il repose en revanche sur une fondation de
béton de chaux de 65 cm de large, que surmonte une pierre de seuil en calcaire blanc (US 594, 72 x 20 cm).
Le second mur (US 591), de 32 cm d’épaisseur, n’est conservé que sur 1,10 m de long. Il repose sur une
fondation de béton contemporaine de celle du mur US 590, avec lequel il forme un angle droit. Il délimite au
nord, au long du mur US 34, un espace de 85 cm de large, tapissé de mortier (US 605/606, à 165,95 m NGF).
paraît avoir conservé l’empreinte d’une pierre de seuil.
Au sud du mur US 591, le remblai US 481 est recouvert d’une sorte de chape de mortier maigre (US 511)
qui affleure le seuil US 594 avec lequel il fonctionne (166,17 m NGF ; pl. 294-295). Passé ce seuil, à l’est du
mur US 590, le remblai US 475 supporte un pavement de galets en tête de chat (US 595) trop large pour n’être
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Cette couche de mortier remonte sur le bas des murs US 591 et 34 et sur la fondation du mur US 590 où elle
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qu’une allée. Les nombreuses lacunes du pavement, à l’est et au nord de cet espace que l’on pourrait croire
extérieur, sont comblées par une couche de terre battue (US 462/473).
Ce niveau de terre battue est perforé d’une fosse conique d’un mètre de diamètre et autant de
profondeur (US 935), remplie de matériaux de construction : moellons, TCA, bois, gravier et sable (US
936/474 ; pl. 205).
La fosse, les différents niveaux de sols (US 511, 595, 462/473 et 605/606) et les deux murs US 590 et
591, préalablement arasés, sont dans un troisième temps recouverts d’un remblai noir, charbonneux,
présentant un net pendage vers l’est où il tend à disparaître (US 472). On y trouve de nombreux tessons de
céramique (phase 3.3) et des scories de fer. Au nord du mur US 591, où le sol était plus bas qu’ailleurs, le
remblai s’épaissit (US 589). Il contient toujours autant de céramique, de la même phase, mais aussi de la
faune en abondance. Toute la zone est ensuite recouverte d’une fine couche de limon brun (US 471) puis
d’un remblai sableux gris (US 470).
C’est à partir de ce niveau que furent creusées les fondations de la maison voisine (au sud, maison
Piccard), prélude à la reconstruction de la maison Laperle. Le mur US 7 qui forme avec le mur US 9/31 un
angle sub-orthogonal (84°) s’inscrit dans l’axe des murs mitoyens US 1840, 1681, 329/293, et 192 observés
plus à l’ouest. Comme le mur US 9, il mesure 50 cm d’épaisseur et repose sur une fondation de béton
largement débordante, coulée dans une tranchée évasée (US 508). Le ressaut de fondation (US 22/477) a
été mesuré à 166,10 m NGF. L’élévation de pierres dorées, liées par un mortier gris compact, culmine à
166,69 m NGF (pl. 295).
Une fois les bases de cette maison jetées, on entreprit la reconstruction de sa voisine en la dotant
d’une grande fosse septique (F411). Cette fosse rectangulaire, de 2,60 m sur 2,20 m, creusée jusqu’au
gravier, est bordée sur trois côtés par des parois de pierres dorées d’une trentaine de centimètres
d’épaisseur, adossées soit à l’encaissant (au sud et à l’est), soit à la fondation du mur US 34 (au nord). À
l’ouest, les parois nord et sud s’appuient contre la fondation préexistante du mur US 53, suffisamment
profonde pour n’avoir pas nécessité de doublage, et dans laquelle a été greffée la retombée de la voûte en
pierres dorées qui recouvre l’ensemble (US 565/607 ; pl. 296). Les reins de la voûte, percés à l’ouest par une
trappe de visite, sont chargés d’un blocage de béton de chaux qui aplanit l’extrados (US 58). Le mur US 733,
qui borde en partie basse le côté oriental de la fosse, atteint au-dessus de l’extrados 55 cm d’épaisseur. Il
s’appuie au sud sur le ressaut de fondation US 477 et contre le mur US 7, et se développe pour former la
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façade sur cour de l’ex-maison Laperle (US 12/441).
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À l’ouest de cette façade et perpendiculairement à elle se développe un autre mur (US 39) qui délimite
l’aire consacrée aux latrines. Cette aire de 2 m de large sur 2,50 de long, située à l’aplomb de la fosse, est
compartimentée en deux, dans le sens de sa largeur, par une cloison de pierres dorées (US 405). Au nord de
cette cloison, la chape US 58 épouse la forme ovale d’un conduit d’évacuation de latrines en céramique
glaçurée jaune (US 35 ; pl. 296) qui s’ouvre dans la clef de voûte (US 565/607). Elle y est recouverte d’un
pavement de carreaux de terre cuite (US 404) qui s’étend partiellement sur l’arase du mur US 53 à la façon
d’un seuil. Cette disposition suggère que l’on accédait à ces latrines depuis l’intérieur du bâtiment F55 par
une porte à ébrasement (visible à la forme biseautée du piédroit, US 406 ; pl. 297), vraisemblablement
percée a posteriori puisque les latrines sont plus récentes que le bâtiment lui-même. Au sud de la cloison,
la voûte était percée d’un regard rectangulaire, de 75 cm sur 60, que devait obturer une trappe de bois (US
409 ; pl. 297). Cette ouverture destinée à la vidange de la fosse était probablement accessible par une porte
percée dans le mur US 39. Il n’est pas impossible qu’elle ait aussi supporté un siège de latrines en bois à
l’usage des habitants du petit corps de logis sur Rhône.
À l’intérieur de ce corps de logis, c'est-à-dire à l’est du mur US 12/441, l’horizon US 470, à partir duquel
ont été faits les travaux, est rehaussé par un autre remblai US 468/469 qui scelle la fondation US 477. Ce
remblai, contenant dans une matrice sableuse des éclats de pierres dorées, des nodules de chaux et des
graviers, est couronné d’une fine couche de limon (US 467) qui sert de support à plusieurs sols. Les deux
tiers nord de l’espace (2 m de large) sont couverts d’un lit de mortier de chaux (US 15), sur ragréage (US
466), sur lequel étaient sans doute posés des carreaux de terre cuite (166,35 m NGF ; pl. 298). Ce sol a été
refait à l’identique juste au-dessus, où l’on retrouve la séquence ragréage (US 465), lit de mortier (US 14) et
tomettes - ces dernières à 166,50 m NGF (US 8). Au sud de ce pavement, et séparé de lui par une cloison de
bois qui a laissé son empreinte (US 463) et quelques fragments (US 17) dans l’horizon US 465, s’étend une
allée de galets en tête de chat d’un mètre de large (US 11 ; pl. 298), aux bordures soulignées par un
changement de module. Les galets, qui par endroits s’étagent sur deux niveaux et succèdent peut-être à
une première allée associée au sol US 15, sont bordés par un caniveau de 30 cm de large, taillé dans de
longs blocs de calcaire à gryphées (US 10 ; pl. 299). C’est par ce type de rigole, ici adossée au parement du
mur US 7 et débordant sur l’arase du mur US 12/441, que les eaux de ruissellement s’évacuaient vers le
Rhône.
Le pavement US 11, qui repose à l’ouest sur l’arase du mur US 12/441, devait se prolonger au devant du
mur US 39 pour former une sorte de vestibule, abrité par les paliers de l’escalier commun au corps de logis
sur Rhône et au bâtiment F55. D’après le plan géométral de 1734, l’allée commune bifurquait ensuite vers le
sud, passant entre le mur US 53 et la montée de l’escalier figurée à l’arrière de la maison Piccard (à l’ouest
du mur US 9).
2.4.5.2.4. Le bâtiment F55
La construction du bâtiment F55 a précédé, nous l’avons vu, l’aménagement de la fosse septique F410
tracé de la limite sud de la parcelle montrent aussi qu’elle est postérieure au rattachement de l’arrière de la
parcelle à la future maison Chazel.
Le bâtiment est attesté pour la première fois en 1676. C’est un corps de logis rectangulaire de 18 m de
long sur 5,50 m de large, adossé au mur de clôture US 56/155, au nord, et délimité sur les autres côtés par
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et de l’escalier dont elle servait de support. Son accès méridional et le décalage du mur US 55 par rapport au
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les murs US 200, 55 et 53 (pl. 264). Ces trois murs de pierres dorées, de 55 cm d’épaisseur, reposent sur des
fondations débordantes, entaillées de coups de sabre obliques qui témoignent de la progression du
chantier (pl. 300). Elles sont installées en tranchée étroite dans l’horizon de terre noire (US 614, 623, 633,
1021 et 182) qui culmine ici autour de 166 m NGF (+/- 10 cm), et dans lequel étaient creusées deux fosses :
l’une rectangulaire de plus d’1,50 de long, contenant de la faune et de la céramique moderne (US 634 ; fond
à 165,29 m NGF), la seconde, tout autant moderne, observée en coupe sous la fondation du mur US 55 (US
1231 ; fond à 164,47 m NGF).
À l’intérieur du bâtiment, les terres noires sont scellées par un niveau de mortier, cohésif par endroits,
pulvérulent en d’autres (US 91/598, 529/528), qui affleure les ressauts des fondations. Cet horizon, qui a
probablement servi de, ou supporté un, premier sol, présente un léger pendage vers le sud (166 m NGF au
nord, 165,90 m NGF au sud). Ce sol est percé d’une fosse oblongue (US 599), peu profonde, dans laquelle a
été recueilli du mobilier céramique de la phase 3.3.
Au nord, un solin maçonné d’à peine 30 cm d’épaisseur, abouté à angle droit au mur US 56 et formant
un retour en équerre vers l’est (US 530 et 531), délimite un espace d’1,30 m de large, amputé à l’est par une
tranchée contemporaine (US 82, pl. 300). Les deux maçonneries, formées de matériaux hétérogènes liés par
un mortier pulvérulent et disposés sur une assise tout au plus, reposent directement sur le sol primitif. Une
fois ces solins posés, l’intérieur du bâtiment fut entièrement remblayé (US 81, 90, 527) jusqu’à hauteur de
leur arase. On recouvrit ensuite le tout d’une chape de mortier de chaux (US 80, 526, 238, 179) destinée à
supporter un sol de tomettes. Des cloisons, de bois sur sablière sans doute, furent montées à l’aplomb des
solins, créant une démarcation dont témoigne la découpe des grands carreaux de terre cuite (25x25 cm)
posés dans l’édicule (US 133, pl. 301). Le pavement de tomettes (de 15 x 15 cm) qui recouvre le reste du
rez-de-chaussée n’a pas conservé de trace d’un autre cloisonnement (US 106, 153, 146, 178 ; pl. 301-302).
Quelques restaurations sommaires y ont toutefois été effectuées (US 89). Les cloisons de la petite pièce
adossée au mur nord furent même démontées et le pavement complété de façon à en masquer l’empreinte.
D’après la description qui en est faite en 1723, un escalier extérieur plaqué contre le mur US 55 donnait
accès au premier étage du bâtiment F55 qu’occupait alors un cordier. La volée droite de cet escalier était
soutenue par un mur d’échiffre, parallèle à la façade, qui a été mis au jour en fouille (US 144 ; 5 m de long
pour 40 cm d’épaisseur), à 1,20 m du mur US 55. Ce côté du bâtiment était alors occupé par une cour. On
peut faire l’hypothèse que le bâtiment ne possédait initialement qu’un étage, desservi par ce seul escalier.
Il n’aurait été surélevé qu’à l’occasion de la construction de la cage d’escalier « à noyau », commune au
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petit corps de logis sur le Rhône.
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2.4.6. La maison Boissieu
2.4.6.1. Les données historiques
En 1493, la propriété de Jean Debourg, fournier, qui confinait au nord à la maison Châtillon,
comprenait une « maison basse et moyenne » ainsi qu’un « jardinet ». Selon sa reconnaissance de 1502 (la
sienne ou celle de son héritier homonyme, qui est peintre), elle aurait appartenu plus tôt à Guillaume
Greysieu dit Barbichon. En 1516, elle est à Jean Debourg, verrier, à ses hoirs en 1528 et à nouveau à Jean
Debourg en 1551. Dans le registre de cette année-là, son nom est biffé et remplacé par Baillet. La maison
aurait été, en effet, peu de temps après, reconnue par Jean Baillet dit Debourg au terrier Croppet coté E,
aujourd’hui perdu.
e
En 1575, la maison (la 30 du penonnage Bernico) est adjugée par décret à Gilbert Collet, un couturier,
avant de passer à son fils Jean-Baptiste. En 1592, le fonds est acquis aux enchères par un boucher, François
Dru, par ailleurs époux de Marguerite Collet. Il comprend alors une maison « haute moyenne et basse » sur
la rue et une autre plus petite, en pisé, « haute et basse » séparée de la première par une petite cour close,
avec un jardin sur l’arrière d’environ « une demie couperée de semailles » (mesure répétée à l’envi, quoique
probablement fantaisiste, équivalent à 333 m2).
En 1619, les quatre héritières Dru, qui entendent régler pacifiquement la succession de leurs parents,
font estimer la maison par voie d’experts. La transcription de leur compte-rendu détaillé figure en annexe ;
les informations qui suivent en sont extraites. La maison sur rue comprend, au rez-de-chaussée, un bas de
22,5 pieds de profondeur et un arrière-bas de 18, pour une largeur de 10 pieds 7 pouces, l’allée de 3 pieds
non comprise (soit au total 13,9 x 4,65 m). Il n’y a pas de cave mais un étage, composé de deux chambres,
et surmonté de deux greniers desservis par un escalier en vis, en pierre de taille, situé dans un angle de la
cour arrière. Les latrines sont contiguës à l’escalier ; le sac de latrines s’étend sous la cour. Cette cour, de
9,3 m sur 4,5 m, contient également un puits à eau claire dont l’usage est commun avec la maison
Chevance, au nord.
Le fond de la cour est occupé par deux étables séparées par un mur. La première, de 5,7 m sur 6,3 m
de large, est surmontée d’une fenière à laquelle on accède depuis la cour par un petit escalier en pierre. De
même largeur, la seconde étable, à l’est, n’a que 3,9 m de profondeur et ne possède pas d’étage. A l’arrière
Quatre lots sont créés et attribués aux enchères aux héritières Dru. Le premier, qui comprend les bas
et arrière-bas, avec la faculté de créer des caves au-dessous, est acquis par Claudine Dru et son mari,
Humbert Mefont. Le premier étage revient à Pernette Dru et à Benoît Follioux. Les greniers sont attribués à
Françoise Dru et à Sébastien Gonnet. Jeanne Dru et Adam Coste, son mari, obtiennent quant à eux les deux
étables, la fenière au-dessus et la seconde cour sur l’arrière.
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s’étend une petite cour de 16 pieds sur 19 (5,5 x 6,5 m).
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2.4.6.1.1. Des étables sur l’arrière à la maison de l’Imprimeur
En 1644, Jeanne Dru, veuve de Gilbert Chardin épousé en secondes noces, fit de sa nièce Marguerite
Fouilloux, femme du boucher Claude Gaillard, son héritière universelle. Le fonds qui lui avait été dévolu en
1619 échut donc à celle-ci, puis à ses enfants qui, au terme d’un partage réalisé en 1671, l’attribuèrent à
l’un d’eux, Humbert Gaillard. Ce dernier étant prêtre perpétuel de l’Eglise de Lyon n’avait d’autres héritiers
que ses frères et sœurs et les enfants de ceux-ci, qui, après sa mort, choisirent en 1683 de vendre à François
Teyttet dit Cotton, maître maçon, la petite maison et le jardin derrière clos de murs. La sommaire aprise
qu’il fait réaliser par deux experts nous en apprend plus sur cette petite maison « haute et basse ». C’est un
corps de logis « composé de deux bas » en enfilade « et deux greniers au-dessus, séparés par une muraille
traversière qui règne jusques au couvert ». Le premier bas a 6,1 m de profondeur sur 6,25 de large, le second
3,9 m sur 6,3 m : on reconnaît sans peine les deux étables de 1619 qui désormais sont carrelées (la
première peut-être légèrement agrandie au dépens de l’escalier de pierre). Une cheminée « manchote »
occupe l’angle nord-est de l’arrière bas. Aucune cave n’y est signalée. Les deux bas (et non plus le seul sur
le devant, comme en 1619) sont surmontés de greniers auxquels on accède désormais depuis la cour
commune par une simple échelle. Une porte relie l’arrière-bas à une seconde cour (L x l = 6,6 m x 5,9). La
plus grande partie des murs du corps de logis et de la cour sont en pisé. Il n’est pas fait de description du
jardin, pourtant signalé dans l’acte de vente et qu’il faut sans doute identifier à la cour. Les commodités
(puits et latrines) sont situées dans la première cour et d’un usage commun avec la maison sur rue.
En 1719, François Cotton vend la maison à André Molin, maître imprimeur, qui dès l’année suivante
entre en conflit avec son voisin Jean Chazel (au sud et à l’ouest) : celui-ci lui reproche notamment d’avoir
réalisé « différentes constructions et réparations », dont des « piles de maçonnerie », qu’il a appuyées contre
le mur de la maison Chazel sans le dédommager.
Enfin en 1731, la veuve Molin et ses deux filles abandonnent « la petite maison haute, moyenne et
basse » et son petit jardin « d’une demi coupe de semailles » à l’Hôtel-Dieu. Selon le plan géométral dressé
vers 1734, le fonds serait composé d’ouest en est d’une « maison haute et basse avec une cuisine audessous », d’un « jardin » (en lieu et place de la cour) et d’une « imprimerie » tout au bout, à l’origine du
contentieux. Moins fiable par définition, le grand plan terrier réalisé vers 1735 diffère quelque peu : le
fonds serait constitué d’une maison « dont le bas sert d’imprimerie », d’un jardin et d’une cour.
2.4.6.1.2. Le corps de logis sur rue après 1619
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Les deux bas de la maison sur rue avaient été acquis aux enchères, en 1619, par Claudine Dru et son
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mari, Humbert Mefont, avant de passer à Jean Mefont qui n’avait pas d’autres héritiers que ses cousins
Gaillard. Ils échurent à Claude Gaillard le Jeune au terme d’un partage, survenu en 1645, qui est aussi
l’occasion d’une description d’experts retranscrite en annexe. On y apprend notamment que les deux bas
sont construits sur la terre ferme : personne n’a donc encore usé de la faculté, dont le propriétaire
disposait, d’aménager des caves au-dessous. Les sols des deux bas, qui communiquent entre eux, sont faits
de pavés et de carreaux rompus reposant sur un plancher. En 1684, Pierre Gaillard, tant en son nom qu’en
celui de Barthélémy, Isabeau et Jeanne Gaillard, en passe reconnaissance en faveur de l’archevêché. Le lot
est progressivement morcelé entre divers ayants droit. En 1715, Claude Gaillard fait l’acquisition des deux
portions de maison que possèdent Pierre Fiagollet et sa femme, Benoîte Cusset. En 1733, sa veuve,
Antoinette Pommier, et les Bozérian, héritiers d’Elie Gaillard, le vendent aux recteurs de l’Hôtel-Dieu.
Le sort du premier étage de la maison sur rue est comparable à celui du rez-de-chaussée. Il avait été
acquis, en 1619, par Benoît Fouilloux, mari de Pernette Dru, avant de passer à leur fils présumé, Benoît
Fouilloux, époux de Claudine Riondet. Faute d’héritier direct, Antoinette Fouilloux et les enfants de
Marguerite Fouilloux se partagent leur succession en 1671 : les deux chambres du premier étage de la
maison du Bourgchanin sont attribuées aux frères et sœurs Gaillard. Une seconde transaction dut avoir lieu
par la suite car elles sont, en 1677, de nouveau aux mains d’Antoinette Fouilloux qui les lègue par
testament à Étienne Perrin, l’un des fils issus de son premier mariage. Elles passent ensuite à son fils, JeanBaptiste Perrin (1710) puis, par ventes successives, à Nicolas Vin (1716) et à Floris Verzier (1723) qui s’en
dessaisit au profit de l’Hôtel-Dieu en 1735.
Au terme du partage de 1619, les greniers de la maison sur rue avaient été attribués à Françoise Dru
et à Sébastien Gonnet. On perd leur trace ensuite. La maison est cependant rehaussée et les greniers font
bientôt place à un deuxième et à un troisième étages qui sont reconnus en 1684, par Aimé Hauldray, un
prêtre de Lyon. Vers 1734, selon le plan géométral dressé à cette époque, ils étaient parvenus, on ne sait
comment, aux mains du sieur Sibert de la Vauresle. En 1738, Marie-Claire Sibert et son mari, Henri Bernard
Faquet, les vendent à Claude Boissieu, un marchand lyonnais, qui les abandonne à l’Hôtel-Dieu en 1743.
2.4.6.2. Les données archéologiques
La fouille a confirmé ce que les deux expertises de 1619 et 1645 avaient laissé présager : le corps de
logis sur rue de la maison Boissieu n’a jamais possédé de caves. Partant, ses contours sont moins
perceptibles qu’ailleurs.
Il ne subsiste en effet que de maigres vestiges des murs périphériques : l’angle sud-est, conservé sur
moins d’1,50 m d’amplitude (US 1793 et 1792, pl. 302), et un tronçon du mur nord d’à peine 1,80 m de long
(US 1840). Deux maçonneries différentes s’y observent. L’angle sud-est, arasé à 164,29 m NGF, est composé
de galets et de quelques petits moellons de calcaire blanc liés par un mortier pulvérulent qui rappellent
celle du caveau F1811 de la maison voisine. Il pourrait appartenir à un état primitif de la maison. Le mur US
arasé à 164,45 m NGF, disparaît à l’est sous un massif de béton contemporain d’où il paraît ressortir 7 m plus
loin (US 1926).
À peine abouté au mur US 1840, mais mieux fondé que lui, le mur de refend US 1923 séparait déjà en
1619 deux bas posés sur la terre ferme (noire , US 1890) : l’un de 7,70 m de long (côté rue) et l’autre de 6,20
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1840, en revanche, est formé de moellons de calcaire, de gneiss et de galets que lie un mortier blanc. Il est
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m. Le mur US 1923 n’a que 4,75 m de longueur pour 70 cm d’épaisseur. Un tronçon de mur d’1,85 m de long
et de 45 cm d’épaisseur s’appuie sur son flanc est, à l’aplomb de la cloison qui séparait les bas de l’allée,
figurée sur le plan de 1820.
À l’arrière du corps de logis, l’angle sud-ouest de la cour était occupé par une fosse d’aisance signalée
dans la description de 1619. Cette fosse (F1635) de 3 m de long sur 2 de large, légèrement trapézoïdale, est
creusée jusqu’au gravier (à 162,80 m NGF). Ses parois nord et est, construites contre l’encaissant (US 1639),
ont plus de 60 cm d’épaisseur. La paroi sud (US 1784), adossée à la paroi nord de la fosse contiguë
vraisemblablement construite en même temps (US 1783, maison Lacombe), n’en a même pas 30. Sans doute
était-ce insuffisant puisqu’elle fut plus tard doublée d’une chemise en béton de 17 cm d’épaisseur (US
1635), qui porte encore la trace du coffrage de bois dans lequel elle a été coulée. À l’ouest, la maçonnerie
de la paroi US 1638 englobe celle du mur US 1793, qui est re-parementée et ré-enduite (pl. 303). Les parois
de la fosse sont construites en pierres dorées. Dans l’angle nord-est, le parement du mur US 1636 se
prolonge au-dessus de l’arase de la paroi 1637, laissant penser à un aménagement de soupirail ou de
regard par lequel la vidange s’effectuait (pl. 303). Dix tambours de colonne de 40 cm de diamètre,
totalisant 2,42 m de hauteur, ont été retrouvés dans le comblement de la fosse. Ils reposaient très
certainement sur le dé losangique de 48 cm de côté mis au jour au fond, sur une fondation de béton
aménagée dans le gravier (US 1796 ; pl. 304). Cette colonne était destinée à conforter la voûte de la fosse, à
l’aplomb du noyau de l’escalier en vis sus-jacent, figuré sur le plan de 1820 et signalé dans la description de
1619.
Selon cette description, les latrines étaient contiguës à l’escalier. Elles étaient très probablement
abritées par le petit mur courbe représenté sur le plan de 1820 à l’est de la cage d’escalier, et dont la
maçonnerie US 1384, faite d’un blocage de pierres dorées, de graviers et de mortier blanc, pourrait être le
socle (pl. 304).
La partie orientale de la cour est occupée par une cave dont il n’est pas fait mention lors des expertises
de 1619 et de 1645 (pl. 304). Cette cave, comprise entre les murs US 1420, au nord, et US 1355 au sud, est
bordée à l’ouest par un mur courbe, US 1424/1422/1421, qui épouse la forme des maçonneries
préexistantes (US 1384 et 1636) et montre que l’on a cherché à exploiter l’espace au maximum, sans opérer
de reprise en sous-œuvre. La même logique semble avoir prévalu pour la construction du mur nord, décalé
par rapport au tracé de la clôture mitoyenne. Les deux maçonneries ne sont pas tout à fait identiques. Le
mur US 1424/1422/1421, abouté aux murs nord et sud, est composé de moellons équarris de pierres dorées
et de calcaire gris, de moyen et gros appareil. Le mur US 1420 possède en plus de nombreux galets et des
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fragments de TCA. Contrairement aux autres, le mur US 1355 est mitoyen et sans doute construit à frais
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commun, en pierres dorées : il mesure 80 cm d’épaisseur contre 45 cm pour les autres. Le sol de la cave est
formé par le sommet de l’horizon de terres noires (US 1425) que recouvre, à 165,03 m NGF, une couche
caractéristique de poussière de charbon (US 1423, pl. 305).
On ne connaît pas la limite orientale de cette cave qui probablement s’étendait jusqu’au pied de la
façade de la maison sur cour (US 400), occupant ainsi tout l’espace disponible.
2.4.6.2.1. La maison sur cour, dite maison de l’Imprimeur
La maison sur cour est déjà signalée en 1592 ; c’est alors une maison haute et basse, construite, en
pisé, dans ce qui n’était jusque là qu’un jardin. Celui-ci est caractérisé par une épaisse couche de terres
noires au milieu desquelles s’intercale un horizon détritique, résultant sans doute d’un épandage de
matériaux de construction (US 1201/1200/1187/344). Au moins deux fosses y avaient été creusées depuis
le niveau supérieur. La première, découverte à l’occasion du sondage technique 3009, a révélé un abondant
mobilier céramique de la phase 3.2 (US 3009.4 ; fond à 163,50 m NGF). La seconde, moins profonde, n’a été
observée qu’en coupe (US 1183 ; pl. 210). Elle contenait notamment, tout au fond (à 164,40 m NGF) de
nombreux débris de tuiles.
En 1619, la maison se compose de deux étables en enfilade et d’une fenière à l’étage. En 1683, la
petite maison, dont les murs périphériques sont encore pour la plupart en pisé, comprend deux bas l’un
derrière l’autre, séparés par un mur de refend et surmontés de greniers. Elle ne possède toujours pas de
cave. En 1734, en revanche, la maison comprend une « cuisine au-dessous ». C’est certainement à cette
dernière phase que se rattachent la plupart des vestiges mis au jour en fouille.
La maison sur cour est délimitée au nord par le mur US 329/293, contemporain de l’aménagement du
vaste sous-sol de la maison de l’Aumône (F417). Le mur de façade US 400/1801 paraît lui être chaîné. Il en
allait sans doute de même du mur US 324, à l’est, avant que l’édification des loges des fous n’entraîne la
reconstruction de l’extrémité orientale du mur US 329/293 (US 335), empêchant toute observation. La
relation avec le mur de refend est plus complexe. Ce mur comprend deux parties. La première, côté sud, mal
fondée (US 327 ; base à 165,30 m NGF), est sans doute un vestige de la « muraille traversière qui règne
jusques au couvert » signalée en 1683 : les dimensions des deux bas montrent en effet que le refend n’a pas
changé de place. Elle est faite de calcaire et de galets. La seconde (US 331), au nord, ne comporte qu’une
seule assise de pierres dorées, posée sur une fondation de béton aussi profonde que celle du mur US
329/293, dont elle contemporaine, ou peu s’en faut (base inférieure à 163,60 m NGF ; pl. 305) : l’une et
l’autre sont en tout cas liées à l’aménagement concerté de sous-sols, dont le double parement du mur US
329 semble le meilleur témoignage.
La fondation du mur US 331 a été coulée directement contre l’encaissant, en tranchée étroite pour
de la porte qui reliait les deux bas en enfilade. Elle fut ensuite revêtue d’une chemise maçonnée de
moellons de calcaires, de galets et même de briques, grossièrement assisés (US 378), qui s’appuie, au nord,
contre le parement sud du mur US 329 (légèrement antérieur), et masque au sud la fondation du refend US
327 (pl. 306). Elle s’enfonce d’une assise dans une petite tranchée (US 693) pratiquée dans le tapis de
graviers (US 615) qui servait, à 164,46 m NGF, de sol à cette pièce enterrée et dans lequel un tesson de
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l’essentiel (sauf les 60 derniers centimètres où la tranchée US 1181 s’évase), probablement à l’emplacement
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céramique de la phase 3.3 a été recueilli. Elle supporte par ailleurs la retombée orientale de la voûte en
berceau (US 352) qui recouvrait cet espace barlong, de 5,70 de large (d’est en ouest) sur 6,30 m de long.
Le sol US 615 est percé en son centre d’une fosse subcirculaire, d’une soixantaine de centimètres de
profondeur, au profil tronconique (US 690 ; pl. 306). Sa paroi, parementée de matériaux hétérogènes liés
par de la terre (moellons de calcaire, pierres dorées et galets), se referme vers l’ouverture pour atteindre 90
cm de diamètre au ras du sol. Le fond de la structure est constitué par le limon sous-jacent (US 665),
relativement drainant. Ce dispositif, rapproché des fonctions de cuisine qu’aux dires des archives ce soussol aurait eues, peut être interprété comme une sorte de glacière domestique dont un paillis périphérique
aurait pu, si nécessaire, améliorer le pouvoir isolant.
Son comblement limono-sableux (US 692 et 691) est scellé par une pellicule charbonneuse (US 383) qui
recouvre la quasi-totalité du sol US 615 et montre, par là même, qu’après l’abandon de la structure US 690,
la pièce a servi à entreposer du charbon. Quelques tessons de céramique de la phase 3.3 ont été ramassés
sur ce dernier sol.
Le pavement de carreaux de Verdun mis au jour à l’est du refend US 327 (US 325/326, culminant à
166,83 m NGF) n’est pas celui que les archives signalent dans l’arrière-bas en 1683. Le lit de mortier (US
345) sur lequel il est posé recouvre en effet une couche de remblai (US 333), entaillé par la tranchée
d’installation (US 332) du mur US 329/293, dans laquelle un abondant mobilier céramique de la première
e
moitié du XVIII siècle a été mis au jour. Le pavement, qui s’appuie contre le refend US 327, à l’ouest, et le
mur US 329/293 au nord, déborde par ailleurs sur le ressaut de fondation du mur US 324 (pl. 287), là où en
1683 est signalée une cheminée manchote. Il est certainement lié à la reconstruction de la maison de pisé,
elle-même entraînée par l’aménagement du grand sous-sol de la maison voisine.
L’arrière bas, de 3,90 m de large sur 6,30 de long, s’ouvrait par une porte percée dans le mur est sur
une seconde cour close de murs, parfois dite en jardin (notamment lors de la vente de 1683). Cette cour de
6,60 m d’ouest en est, et de 5,90 m du nord au sud, était délimitée au nord par le mur mitoyen US 192 (Cf.
maison de l’Aumône). Le mur US 194, qui la clôt du côté est, mesure 50 cm d’épaisseur (pl. 307). Il est
formé de blocs de granite pour l’essentiel, mais aussi de pierres dorées et de galets liés par un mortier
verdâtre, comparable à celui des murs de clôture les plus anciens (US 56 notamment). Il est fondé dans une
tranchée évasée, creusée dans l’horizon de terre de jardin (US 575) jusqu’au terrazzo antique (US 294) sur
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lequel il se pose.
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2.4.7. La maison Lacombe
2.4.7.1. Les données historiques
En 1493, la maison Lacombe, alors aux mains de Guillaume Gaillardon, un mercier, est dite « haute et
basse » et possède un jardin étendu jusqu’au Rhône. Elle aurait plus tôt fait l’objet de la reconnaissance de
Jeanne, veuve de Zacharie Nicod, au terrier Canalis coté B, aujourd’hui disparu. Elle est, en 1502, de
nouveau reconnue en faveur de l’archevêché de Lyon par les deux filles d’Henri Point : Jeanne, femme de
Jean Chanet et Guillemette, femme d’Ennemond Girard. En 1516, elle a encore changé de mains : Pierre
Perret et André Girard, à cause de sa femme, en possèdent respectivement 5 et 1 sixièmes indivis.
Elle est ensuite acquise par Antoine Debussy (1528), avant d’échoir à ses héritiers (1551). En 1569,
Mathieu Debussy passe reconnaissance au profit de l’abbaye d’Ainay pour une pension de 60 livres tournois
assise sur « une maison haute moyenne et basse » joignant la rue Bourgchanin à l’ouest et la « la rivière du
Rhône à présent un chemin entre deux de matin ». La parcelle est donc encore traversante à cette date. La
e
29 maison du penonnage Bernico serait en 1575 tenue par Jean Delaporte. Sans doute n’est-il que
locataire car, en 1593, Pierre Janeiron et sa femme Benoîte passent reconnaissance en faveur de
l’archevêché pour « la maison de Jeanne et Guillemette, filles d’Henri Point, qu’ils ont acquise de Jean
[De]bussy, tireur d’or », héritier de Mathieu. La maison passe ensuite à Pierre Moyrand (1597), à Pierre
Chany (1613) puis à sa fille Anne.
En 1624, Anne Chany et son mari, Jacques Boullard, la vendent à François Gourret dit Laprime. C’est
une maison à deux corps : « haute moyenne et basse » sur le devant, « haute et basse » sur l’arrière. Elle
possède toujours un jardin mais celui-ci ne s’étend plus jusqu’au Rhône, comme en 1569 : la parcelle
confine désormais, à l’est, à une maison des héritiers Bausillon (distincte de celle qui se trouve
immédiatement au sud). L’année suivante, François Gourret, qui vient de bailler prix faits à des maçons et à
des charpentiers, est autorisé par le Consulat à la faire rehausser, plâtrer et blanchir.
En 1630, sa veuve et héritière, Jeanne Chrestien, la vend à Étienne Courtin déjà propriétaire de la
moitié sud de la (future) maison de l’Arche d’Alliance. Elle est alors formée de deux corps de logis séparés
par une cour couverte en partie de tuiles. Le corps de logis sur la rue se compose d’une cave, de deux bas au
rez-de-chaussée, de deux étages de deux chambres chacun et d’un grenier au-dessus. Le corps de logis sur
l’arrière possède aussi une cave et deux bas que surmonte une chambre ou un grenier. Les étages sont
desservis par un escalier en vis en pierre et des galeries en bois sans doute construit dans la cour, où se
En 1655, Justin Courtin, fils et héritier d’Étienne, vend la maison à Jean Prador. En 1683, lui, ou son
fils et homonyme, passe reconnaissance en faveur de l’archevêché de Lyon. En 1719, Marie Giraud, veuve de
Jean Prador, la revend à Claude Julien. Elle passe ensuite à sa fille, Marianne Julien, épouse d’André Duon,
qui la donne à son fils Jean-Joseph Duon, chanoine de Saint-Just, en 1764. En 1767, celui-ci transige avec
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trouve le puits.
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les recteurs de l’Hôtel-Dieu pour refaire à frais commun leur mur mitoyen (au nord) « depuis le sol jusqu’aux
toits et sur la longueur de 20 ou 22 pieds » (environ 7 m).
En 1796, Jean-Joseph Duon vend la maison à Pierre Lacombe, un marchand ferratier. Le corps de logis
sur rue comprend des caves (et non plus une comme en 1630), une boutique et une arrière boutique en rezde-chaussée et une pièce par étage ; au fond de la cour se trouve un second corps de bâtiment « avec un
puits et une cave au-dessous ».
La maison échoit en 1819 à Jean-Baptiste Lacombe. Les administrateurs de l’Hôtel-Dieu qui s’en
portent acquéreurs la font visiter et estimer par l’architecte Tissot en 1821. Plusieurs éléments ressortent
de son procès verbal (transcrit en annexe). Le corps de bâtiment double sur rue possède cinq caves voûtées
séparées par des cloisons en planches. Au rez-de-chaussée, la boutique dont le sol est carrelé de terre cuite
est accessible, comme bien souvent, depuis la rue et l’allée de la maison, dont elle est séparée par une
cloison de bois. Elle possède un « encavage » pour la desserte des caves formé par un « trappon » en bois
ouvrant en deux parties. L’allée, qui est pavée de dalles, donne également accès à un puits à eau claire,
situé à l’est de la seconde porte de la boutique, et au bas sur l’arrière. Ce second bas, qui est aussi carrelé,
est doté d’une cheminée et d’un évier.
Les latrines se trouvent au bout de l’allée. Une porte placée à angle droit de celle des latrines donne
accès à la cour où se trouve l’escalier de pierre à noyau. Une ouverture aménagée dans le dallage de la cour,
à l’est de celui-ci, permet de vidanger la fosse d’aisance située au-dessous. Le rez-de-chaussée du bâtiment
situé sur l’arrière possède une cheminée et un évier. Comme pour le corps de bâtiment sur rue, son sol est
carrelé. Au droit de la porte d’accès se trouve « l’encavage » fermé par un « trappon » en bois. La cave n’est
pas décrite.
La vente est conclue en 1822.
2.4.7.2. Les données archéologiques
Le corps de logis sur rue de la maison Lacombe possédait déjà une cave en 1630. La fouille a montré
qu’elle était, comme les étages supérieurs, divisée par le mur de refend US 1711 en deux pièces distinctes.
Ce mur, construit en pierres dorées, galets et éléments architectoniques en remploi, repose sur une
fondation de béton débordant de 18 cm (à 163,98 m NGF ; pl. 307). Il est percé d’une porte de
communication d’1,50 m de large dont le seuil forme une marche (US 1712) à 164,15 m NGF. Le mur US 1711
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est chaîné au sud au mur US 1546 (pl. 308). Ce mur, de 50 cm d’épaisseur lui aussi, est parementé de
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matériaux de même type jusqu’à sa base, à 163,60 m NGF. Cette opération a été rendue possible grâce à une
large tranchée (US 1613) creusée dans les niveaux antiques et le limon sous-jacent. La tête orientale du mur
US 1546 est
convenablement maçonnée, s’arrête nettement et ne présente pas de trace d’arrachement. Elle
s’appuie en partie basse contre une maçonnerie préexistante (US 1566) que surmonte le mur est de la cave
(US 1568), construit en pierres dorées et gros galets (Cf. infra).
La relation du mur US 1711 et du mur nord de la cave n’a pas pu être observée. La maison contiguë ne
possédant pas de cave, le mur US 1713, a été construit directement contre l’encaissant, aux seuls frais du
propriétaire (ce qui n’était sans doute pas le cas au sud). Cette particularité peut expliquer sa minceur
anormale (32 cm tout au plus) qu’il fallut dans un second temps compenser par un chemisage en béton
d’une trentaine de centimètres d’épaisseur (US 1714). Ce contre-mur, qui assez curieusement va s’ancrer
derrière la tête septentrionale du mur est de la cave (US 1568), en passant au travers de l’angle nord-est de
la pièce, fait également un retour d’équerre vers le sud. La liaison entre les murs nord et est s’en trouve
rompue. Celle des murs sud et est n’étant pas non plus lisible, il n’est pas possible d’affirmer a priori que le
mur US 1568, large de plus de 80 centimètres, est bien celui qui fermait à l’origine la cave du côté est (pl.
308).
Trois niveaux de sols successifs ont été observés dans la cave F1711. Le premier est probablement un
niveau de travail. Il est installé sur le comblement de diverses fosses possiblement liées au chantier et
scelle les tranchées d’installation des deux murs latéraux (US 1613 et 1623) ; son altitude correspond
sensiblement à celle du ressaut de fondation du mur de refend US 1711 (164 m NGF). Le second (US 1629),
qui fonctionnait avec le seuil de la porte, est séparé du premier par 7 centimètres de remblais (164,07 m
NGF). Le troisième, à 164,27 m NGF, est probablement consécutif à la reprise du mur US 1713 ; c’est en effet le
seul à avoir laissé une trace sur la chemise en béton US 1714.
Le mur US 1568 est percé au nord d’une porte que borde encore, sur un côté, une pierre de taille en
calcaire à gryphées, munie d’un gond et entaillée d’une feuillure (pl. 308). Cette porte, que fermait donc un
vantail de bois, s’ouvre sur la première volée de l’escalier de l’immeuble (F1571), dont ne subsiste plus
qu’une marche en calcaire du Mont d’Or. L’escalier est constitué de volées à deux quartiers tournants, déjà
figurées sur l’atlas de la rente noble d’Ainay (c. 1760). Les marches d’un mètre de large étaient supportées
par un socle en béton, retenu de part et d’autre par deux murs d’échiffre (US 1572 et 1569) parfaitement
aboutés, à l’ouest, au mur US 1568, dont ils sont sans doute contemporains. Le parement intérieur du mur
US 1569
est encore recouvert d’un enduit rouge (rubéfié ?) disposé dans le prolongement du tableau de la
porte (pl. 309). A l’est, l’escalier prend appui sur une petite voûte (US 1780) et sur un mur (US 1781/1785)
appartenant à une fosse d’aisance, conçus pour lui et construits en même temps.
Cette fosse rectangulaire, de 3 m de long sur 2,50 m de large est creusée jusqu’au gravier, à 162,65 m
NGF.
Elle est bordée au sud par la moitié orientale du mur US 1569, lui-même chaîné au mur est US 1356.
L’épaisseur du premier varie de 60 à 70 cm tandis que celle du second atteint 87 cm par endroits. Au nord,
la fosse est délimitée par le mur US 1783, de 30 cm d’épaisseur seulement. Il est chaîné au mur US 1356 et
mince interstice terreux. L’aménagement concerté des deux fosses prouve leur relative contemporanéité. Le
mur US 1783 est doublé d’une chemise en béton de 25 cm d’épaisseur (US 1782), coulée dans un coffrage de
bois, qui masque sa relation avec la paroi occidentale de la fosse. Celle-ci est constituée de deux tronçons
de murs (US 1781/1785) entre lesquels s’insère l’extrémité du mur d’échiffre US 1572. Les murs US 1569 et
1783 soutiennent par ailleurs les retombées de la petite voûte US 1780, qui couvre le tiers ouest de la fosse
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adossé au mur US 1784 de la fosse d’aisance de la maison Boissieu, dont il est séparé, en partie est, par un
PAGE 139
et servait de support au quartier tournant de l’escalier de la cave (pl. 309). Selon la description de 1819
confirmée par le plan de 1820, les latrines se trouvaient au bout de l’allée, dans l’angle nord-est de la cour
telle qu’elle était alors circonscrite.
L’escalier F1571 et la fosse F1580 qui lui sert de socle ont vraisemblablement succédé à l’avis de pierre
signalé en 1630, lequel suppose une vis que celui-là ne possède pas. Si, comme il paraît, le mur US 1568 lui
est contemporain, il faut aussi admettre que le mur est de la cave de 1630 a été entièrement reconstruit.
Les murs US 1568 et 1569 prennent appui sur un soubassement bétonné (US 1567/1570/1573), dont le
développement est contraint par l’extrémité orientale du mur US 1546 : on peut donc supposer celui-ci plus
ancien. Ce soubassement informe scelle le comblement (US 1533) d’une construction enterrée (F1566, pl.
310) dessinant un rectangle, aux angles arrondis, d’environ 2,40 m d’est en ouest et de plus d’1,75 m du
nord au sud. L’unique paroi de cette structure, curviligne, est composée d’un assemblage hétéroclite de
galets, de moellons de calcaire, de gneiss, de granite et de tuf, et de quelques rares TCA, que lie un mortier
de terre brun. Elle mesure 50 cm d’épaisseur. L’excavation qu’elle tapisse a été creusée, jusqu’au gravier,
depuis un horizon limoneux brun (voire de plus haut), dans lequel de la céramique médiévale (phase 2.2) a
été recueillie (US 1675/1677). La maçonnerie US 1566, qui est arasée à 164,05 m NGF, s’enfonce jusqu’à
163,02 m NGF au moins. Elle est surmontée à l’est d’un bloc de béton de chaux (US 1564), sans doute coulé
dans un coffrage dont on ne voit pas la trace, et dans lequel étaient noyés quelques gros galets, des dalles
de gneiss et de la TCA (pl. 310). Cette possible reprise culmine à 164,42 m NGF. Elle ménage au nord une
sorte d’ouverture (US 1565) de 40 cm de haut, 50 cm de profondeur et d’au moins autant de largeur, dont la
base est constituée par l’arase de la maçonnerie US 1566 et le fond par l’encaissant US 1675. Cette ouverture
était comblée d’un sédiment limoneux brun foncé contenant beaucoup de faune et un abondant mobilier
céramique de la phase 3.1., comparable à celle qui a été recueillie dans le comblement de la structure
F1566.
La profondeur de la structure et son absence de sol concourent à reconnaître en elle l’une des
premières fosses d’aisance du Bourgchanin. Aménagée à la transition des phases 2.2 et 3.1, soit au plus
tard au tout début de l’époque moderne, elle appartient sans doute à un état de la maison dont il ne reste
plus aucun autre vestige. En 1625, la maison connaît sous l’impulsion de son nouveau propriétaire,
François Gourret, d’importantes transformations : elle est notamment rehaussée et sans doute en grande
partie reconstruite. L’aménagement de la cave F 1711 pourrait remonter à cette époque : le mur sud US 1546
est abouté à la maçonnerie US 1566 qui a pu constituer, au moins en partie, le mur est de la cave, avant
d’être remplacé par le mur US 1568. La raison de la reprise US 1564 et la fonction de l’ouverture US 1565 ne
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sont pas expliquées.
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La construction du nouvel ensemble formé par l’escalier F1571 et la fosse F1580 a nécessité la
démolition préalable de la fosse d’aisance F1566. Cette opération, nous le savons, est postérieure à 1630,
date à laquelle les deux étages de la maison étaient encore desservis par un escalier en vis, en pierre,
probablement construit lors de la campagne de travaux de 1625. De fait, le mobilier céramique de la phase
3.1 retrouvé dans le comblement de la fosse F1566 date plus sûrement son fonctionnement que son
abandon.
Le fond de la parcelle est occupée par le corps de logis sur cour dont ne subsiste plus qu’une cave
carrée de 4,90 m sur 5 m (F1385, pl. 323). Une partie du mur ouest de cette cave est constituée par le mur
est de la fosse septique F1781 F1780 (US 1356), que le mur US 1383 prolonge vers le sud. Celui-ci est chaîné
au mur sud (US 1357) qui, comme le suggère le négatif d’étai qui le traverse verticalement (US 1376), paraît
une reprise en sous-œuvre d’un mur mitoyen plus ancien (US 1374). Un vestige de ce mur (US 1374),
emprisonné dans la fondation d’un mur de l’Hôtel-Dieu, est encore visible à l’est : il est composé de
moellons de calcaire, de galets, de blocs de granite et de TCA, liés par un mortier gris clair (pl. 311 ;
altitude comprise entre 164,96 et 166,43 m NGF).
Le mur US 1357 est formé de deux tronçons d’inégales longueurs (3 m à l’est, 60 cm à l’ouest) aboutés
de part et d’autre d’un puits de béton et de pierres dorées (US 1353 ; pl. 311), d’1,50 m de diamètre externe
pour 84 cm à l’intérieur. Ce puits est adossé à un autre, très semblable (US 1372), qui saille du côté sud et
dépend de la parcelle contiguë (maison Chazel) ; il est partiellement engagé dans la maçonnerie US 1357.
Tout deux ont visiblement été installés de façon concertée, et synchrone, dans une excavation double,
d’une réalisation plus simple et plus économique. Le béton dont ils sont faits a été coulé en tranchée
étroite, depuis un niveau, supérieur à 165,28 m NGF (altitude de leur arasement), qui doit être l’horizon de
terre noire dans lequel était fondé le mur US 1374 (estimé à 165,83 m NGF). Sachant qu’ils sont tous deux
antérieurs à l’aménagement de la cave F1385, on est assez tenté d’identifier le puits US 1353 à celui que les
archives signalent en 1630 dans la cour qui séparait les deux corps de logis. Cela signifierait que le
bâtiment sur cour, qui possédait déjà une cave en 1630, se trouvait alors plus à l’est, au-delà du puits, et
peut-être même au-delà de la limite parcellaire, dont le tracé est cependant fixé depuis 1734 au moins.
Quoique une formule ambiguë employée lors de la vente de la maison, en 1796, puisse nous laisser
7
penser l’inverse , le puits n’a pas été conservé dans le corps de logis reconstruit. Au contraire, on a même
cherché à le faire disparaître lors de l’aménagement de la cave. La saillie qu’il formait sur le parement
intérieur du mur US 1357 fut entièrement bûchée, jusqu’au nu du mur, et la concavité intérieure fut comblée
par une maçonnerie de pierres dorées (US 1371 ; pl. 312). On surcreusa même le fond de la cave pour
s’assurer de faire disparaître du sol toute protubérance possible : le comblement de la cuvette ainsi formée
(US 1368) est scellé par le premier sol de la pièce (US 1361), sol de travail peut-être, fait d’une croûte de
mortier étalée à 164,24 m NGF sur le limon sous-jacent.
construits comme les autres en pierres dorées et mortier gris compact. En dehors de celles dont nous avons
7
« une maison… petit corps de bâtiment sur le derrière… avec un puits, et une cave au-dessous du second corps de bâtiment ». Seule la
cave est située sous le second corps de bâtiment ; le puits, lui, se trouve dans le corps de logis sur rue, comme la description de 1821 le
prouve formellement.
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La cave est bordée sur les deux derniers côtés, est et nord, par les murs US 1358 et 1357 (pl. 312),
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déjà parlé, les relations de ces différents murs entre eux sont masquées par des chemises de béton plus ou
moins couvrantes (US 1364 et 1365).
La cave était couverte d’une voûte en berceau, maçonnée (US 1382), dont le départ est encore visible
au sommet du mur nord US 1355, à 166,07 m NGF. Plusieurs sols ont été mis au jour. Le premier, nous l’avons
vu, paraît avoir été constitué par cette croûte de mortier (US 1361), retrouvée à l’état de lambeaux dans les
angles sud-ouest et nord-ouest, où elle scelle les tranchées d’installation des murs adjacents (pl. 313). Il
présente un léger pendage nord-sud. Il est recouvert d’une pellicule charbonneuse (US 1352) visiblement
liée au fonctionnement de la cave. Cette pellicule est principalement localisée dans l’angle nord-ouest de
la cave où elle s’étend d’ailleurs plus largement que le mortier sous-jacent, sur un remblai (US 1378) qui la
sépare des niveaux antiques inférieurs. Ce deuxième sol fut par la suite recouvert d’une chape de mortier de
chaux (US 1362) destinée à recevoir un pavement de carreaux de Verdun (US 1359), à 164,44 m. Ce
pavement, dans lequel se côtoient des tomettes de différentes tailles, a été mis au jour au pied du mur US
1356. Il est scindé en deux zones distinctes par les vestiges d’une cloison de briquettes plate,
perpendiculaire à ce mur contre lequel elle s’appuie. La cloison, qui paraît assise sur la chape US 1362, fait
un retour vers le sud, délimitant ainsi un espace rectangulaire d’environ 40 cm sur 80. Cet espace – sans
doute un placard – était fermé par une porte dont les deux piédroits en pierres dorées, entaillé d’une
feuillure, ont été retrouvés en place (pl. 313).
Au nord de ce placard, le mur US 1356, qui était avant tout celui de la fosse septique F1780 et devait
avoir du côté est un aspect assez fruste, était doublé d’un placage de dalles de calcaire blanc (us 1954 ; pl.
314), taillées, très certainement utilisées en remploi. Une feuillure horizontale, à 30 cm du sol de tomettes,
a pu servir à supporter l’étagère d’un placard. Les dalles portent d’ailleurs du côté sud la trace de
l’arrachement de ce qui put être sa joue gauche. Cette trace est encore visible sous le sol US 1359, sous
lequel le dallage US 1354 s’enfonce d’une vingtaine de centimètres. Ce placard fonctionnait donc avec les
premiers sols (1361/1352). Il dut être remplacé par le placard US 1360, à l’occasion de la création du
pavement US 1359.
On sait l’aménagement de cette cave postérieur à 1630. Le mobilier céramique recueilli dans la fosse US
1368, liée à la démolition du puits par quoi cet aménagement commença, est daté de la phase 3.3. La
tranchée périphérique US 1367, qui servit à la mise en place sinon des murs US 1357 et 1358, du moins de
leur parement, a quant à elle livré du mobilier de la phase 3.4. Les deux opérations étant, en toute logique,
synchrones ou presque, il faut les placer dans la plage chronologique commune aux deux phases, et dater la
e
reconstruction du corps de logis sur cour de la première moitié du XVIII siècle. Elle était probablement
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effective en 1734 puisque le plan géométral signale à cet emplacement un bâtiment de trois étages (le
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précédent n’en comportait qu’un). On peut faire l’hypothèse que cette migration vers l’ouest, au dépens du
puits (qui en 1821 avait été reconstruit dans l’allée du corps de logis sur rue), est liée au projet de
construction de l’Hôtel-Dieu de Soufflot (extrémité orientale du bâtiment E).
La fosse US 1676, creusée entre l’ancienne fosse d’aisance F1566 et la cave F1385, en limite sud de
parcelle, est peut-être liée à ces travaux. Elle contenait un important mobilier céramique de la phase 3.4,
du verre et de la faune en abondance. De forme ovale, de plus d’1,50 m de long, elle est conservée sur 113
cm de profondeur. Son fond a été mesuré à 163,25 m NGF. En 1821, le sol de la cour dans laquelle cette
fosse est creusée était « pavée en dalles ». Une ouverture ménagée dans le dallage, à l’est de la cage
d’escalier, permettait au maître des basses œuvres de vidanger la fosse d’aisance.
2.4.8. La maison Chazel
2.4.8.1. Les données historiques
2.4.8.1.1. Les deux corps de la maison Corbet
Située au sud de la maison Lacombe, la maison Chazel occupe selon toute vraisemblance la moitié nord
e
d’une maison double, composée de deux corps sur rue réunis à la fin du XV siècle. Le premier, au nord,
avait appartenu à Hugonin Rontalon (1446) et à François Marchand. Le second, qui avait été la possession
de Simon Colombier (1446), était, en 1482, aux mains d’Humbert Corbet. Sans doute la fusion avait-elle
déjà eu lieu à cette date car les nommées de 1493 n’évoque plus qu’une maison « haute et basse », et un
jardin derrière, que tiennent ses héritiers. La maison est en fait à la fille d’Humbert, Antoinette Corbet, qui
passe en 1502 reconnaissance en faveur de l’archevêque de Lyon pour chacun des deux corps de maison
fusionnés.
La maison reste dans la famille jusqu’à la fin du siècle. On l’aperçoit successivement aux mains du
pelletier Jean Cotin, mari d’Antoinette (1516 et 1528), de leur présumé gendre Millet Taillard (1551) et de
sa femme, Marguerite Cotin, qui en aurait passé reconnaissance au profit de l’archevêque de Lyon, puis de
Raphaël Taillard et de ses héritiers (1569).
Jean Taillard est, en 1600, le dernier propriétaire connu de cette lignée. Cela fait longtemps déjà qu’il
e
n’habite plus la maison : il a acquis avant 1575 celle qui lui est contiguë, au sud, (la 27 du penonnage
e
e
Bernico) et a mis la sienne (la 28 ) en location. Dans les premières années du XVII siècle, il en vend la
moitié nord et réunit le corps sud à celle qu’il a achetée dernièrement, donnant naissance à la maison
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double du Merle Blanc (Cf. infra).
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2.4.8.1.2. La maison à corps unique
Le corps septentrional de l’ancienne maison Corbet, qui doit peu ou prou correspondre à la maison
médiévale d’Hugonin Rontalon et de François Marchand, est vraisemblablement acquis par Antoine
Delaroche ; sa reconnaissance en faveur de l’archevêché de Lyon figurerait, après celle de Marguerite Cotin,
au terrier Croppet coté E.
2.4.8.1.3. Les maisons Bausillon
La maison passe ensuite à Laurent Bausillon que l’on rencontre pour la première fois en 1609 comme
possesseur d’une maison construite, en dehors du périmètre de fouille, à l’arrière des maisons Dru et
Debussy (Cf. maisons Boissieu et Lacombe), et qui appartenait en 1592 à une dénommée Françoise Liatart
(ou Liabert). C’est à Laurent Bausillon semble-t-il qu’il faut attribuer la réunion de cette maison sur
l’arrière et du corps septentrional de la maison Taillard, sur la rue, réunion qui devait priver la maison
Debussy/Lacombe de son accès au Rhône et donner à la parcelle Bausillon une forme de L.
Le fonds passe ensuite à ses héritiers, incidemment signalés dans la description des confins des
parcelles limitrophes : Justa Ducreux, probablement sa femme (1619), puis leurs enfants présumés,
Sébastien (1624) et Françoise Bausillon (1630). Héritière de son frère avant 1630, veuve, avant 1633, de
Jacques Mouton, banquier en cour de Rome, Françoise Bausillon se remaria à André Boyer, dont elle eut
deux filles : Marguerite et Lucrèce.
2.4.8.1.4. L’acquisition de la maison Laperle sur le Rhône et le grand corps de maison
Lucrèce Boyer, à qui la maison revint en entier après la mort de sa sœur, épousa Vital Verchère, sieur de
la Bastie et officier royal. On ne saurait avec certitude leur attribuer l’agrandissement du fonds par
l’acquisition de la moitié orientale de celui des Laperle, sans doute postérieure à 1657 (Cf. maison de
l’Aumône). Il était en tout cas effectif en 1676, lorsque Vital Verchère passa reconnaissance à l’abbaye
d’Ainay pour les bâtiments qui s’y trouvaient construits, parfois de fraîche date, et pour « plusieurs autres
membres de maison appelée la Grande Cour » probablement acquis par Laurent Bausillon (Cf. maison
Piccard).
Celui qui fait l’objet du premier article de cette reconnaissance n’existait pas en 1633. Il s’agit d’un
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« corps de maison consistant en plusieurs chambres » qui confine à l’ouest à la cour et à la maison que Claude
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Gallemant avait léguées à l’Aumône Générale en 1665. Au sud et à l’est, la « seconde parcelle comprend une
grande cour (qui a donné son nom au fonds) et deux petits corps de maison situés l’un, au sud et à l’est de
la cour, et l’autre « du côté du fleuve du Rhône ». Ce dernier « petit corps de maison » correspond sans aucun
doute au « bâtiment » dont la construction au bord du Rhône avait été autorisée par le Consulat en 1633
(Cf. maison de l’Aumône).
Mis à part les deux précités, les bâtiments de la Grande Cour, qui sont dits « nouvellement divisés »
d’avec la maison de la veuve Sourdet, sur le Rhône, sont situés hors du périmètre de fouilles (Cf. maison
Piccard).
2.4.8.1.5. Des Verchère aux Chazel
En 1679, Vital Verchère et sa femme vendent à Jacques Maréchal, maître maçon, l’intégralité de ce
fonds composite, qui comprend une « maison haute, moyenne et basse en la grande rue du Bourchanin » et
un « autre petit corps de maison ayant vue sur le fleuve du Rhône », séparés par une cour et jardin d’une
demi-bicherée de semailles (environ 650 m2) et d’autres dépendances parmi lesquelles on peine à
reconnaître le « corps de maison consistant en plusieurs chambres » cité trois ans plus tôt.
En 1686, Jacques Maréchal revend l’ensemble à Pierre Chazel, lui aussi maître maçon, tout en
conservant l’usufruit d’une chambre et de l’une des caves du « bâtiment neuf » qu’il a fait construire « dans
l’une des cours ». En août 1691, Pierre Chazel entreprend de rehausser sa maison, travaux pour lesquels il a
obtenu l’accord de sa voisine Jeanne Ogier, veuve Goutal, propriétaire de la maison située immédiatement
au sud, et celle du Consulat. Un mois plus tard, il fait apposer sur sa façade l’enseigne de Saint-Pierre.
En 1723, Marie Carillon, veuve de Pierre Chazel, et leurs enfants, désirant contribuer à
l’agrandissement de l’Hôtel-Dieu acceptent de vendre aux recteurs de l’établissement la maison « traversant
de rue Bourgchanin sur lesd. courtines du Rhône », soit l’ensemble du fonds. Ils se réservent toutefois
l’usufruit d’un appartement de deux chambres situé au second étage sur la rue Bourgchanin, d’un bas isolé
dans la cour qui leur sert de bûcher, d’une cabane de bois toute proche qui servait d’écurie et de la moitié
de la cave.
La constitution de la maison Chazel est mieux connue grâce à la description dont elle fit l’objet peu
après son acquisition par l’Hôtel-Dieu. Elle comprend :
Sur la rue Bourchanin, un corps de logis de 14 pieds 2 pouces de façade sur 58 pieds de longueur (4,85
x 19,85 m), composé d’une cave, d’un bas (large de 16 pieds sur l’arrière), de trois étages de deux chambres
chacune et de greniers au-dessus, le tout desservi par un escalier à noyau incorporé au bas, côté cour, de
7,5 pieds en carré. Les latrines sont attenantes (« attachées ») au bas. La cour à l’est a 20 pieds de long sur
16 de large (6,85 x 5,5 m).
un autre corps de logis en équerre et tout au bout un petit chantier clos de planches. Vient ensuite la
grande cour (12,3 x 23,3 m) qui est bordée au sud par un vaste corps de logis sur caves (bâti par Jacques
Maréchal) et, à l’opposé, par le corps de logis de 68 pieds de long sur 16 de large (23,3 x 5,5 m) construit à
l’arrière de la maison de l’Aumône.
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On trouve, plus à l’est encore, mais hors du périmètre de fouille, un corps de logis, une autre cour avec
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Celui-ci comprend un grand bas de 60 pieds de long (20,55 m) occupé par un cordier, deux étages de
quatre chambres chacun, séparées par des ais, et des greniers au-dessus. Dans la cour, un escalier de pierre
droit (ou « degré ») de 4 pieds de large (1,37 m) donne accès au seul premier étage. Tous les niveaux sont
en outre desservis par « un degré de pierre à noyau de 8 pieds en carré » situé dans l’angle nord-est de la
cour. À côté de la cage de l’escalier, un passage « de 8 pieds en carré » prolongé par une allée de 4 pieds de
large permet d’aller sur les courtines du Rhône, où se trouve un autre petit corps de logis de 25 pieds de
long sur 9 (8,6 x 3,1 m). Ce petit corps de logis (construit en 1633) comprend un bas et trois étages d’une
chambre chacun accessibles eux aussi par l’escalier à noyau. Les latrines se trouvent « au bout de l’allée »
(on ne dit pas lequel).
Le projet de reconnaissance de 1735 n’apporte aucune information supplémentaire.
2.4.8.2. Les données archéologiques
Le corps de logis sur rue de la maison Chazel n’a pas livré de vestiges très anciens. La plupart de ceux
qui ont été mis au jour sont interprétables à la lueur de la description de la propriété, réalisée peu après
son acquisition par l’Hôtel-Dieu, en 1723, et du plan du quartier dressé en 1820. Les autres appartiennent à
un état antérieur et mal documenté. Ils sont au nombre de trois.
Le premier est une structure subcirculaire enterrée dans le substrat limoneux (US 1540 ; pl. 314). Sa
paroi, qui dessine un ovale de 103 cm de long légèrement aplati d’un côté, est constituée d’un rang de
pierres dorées liées par un mortier gris clair. Son fond (US 1641) est constitué d’une couche de mortier de
chaux d’1 à 2 cm d’épaisseur, posée sur le limon à 163,49 m NGF. Elle est arasée à 164,05 m NGF mais devait
s’ouvrir au niveau du sol de la cave, qui n’a pas été conservé (les niveaux antiques culminent dans cette
zone à 164,38 m NGF). Excepté la chape qui en recouvre le fond, cette structure rappelle celle qui a été mise
au jour dans le sous-sol de la maison de l’Imprimeur (Cf. maison Boissieu) et que nous avons interprété
comme une glacière. Un fond étanche s’oppose toutefois ici à cette fonction ; il pourrait tout de même
s’agir d’une sorte de silo moderne, d’au moins 89 cm de haut, destiné à la conservation alimentaire. La
construction de l’escalier F1541 sur le tracé duquel il se trouvait mit un terme définitif à son utilisation.
La fosse septique F1548 appartient elle aussi à un état antérieur à 1723 (pl. 315). C’est une
construction enterrée dans la grave (à 162,90 au moins), dessinant un carré légèrement écrasé de 2,60 m
de côté. La fosse F1548 devait se trouver à l’arrière du corps de logis sur rue de la maison Chazel, sous le sol
de la cour, comme l’avait été la fosse contiguë F1566 pour la maison Lacombe. Ces quatre murs de pierres
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dorées (US 1547 à 1550) sont arasés à des hauteurs variables, comprises entre 162,97 m et 163,70 m NGF.
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Seul le mur est (US 1549) était donc susceptible d’émerger du niveau de sol primitif restitué de la cave
F1460, dont l’aménagement tardif devait entraîner l’arasement et la suppression de la fosse septique
F1548.
Construit en même temps que son jumeau US 1353, sur le tracé du mur mitoyen US 1374, le puits US 1372
existait vraisemblablement en 1630 (pl. 315). C’est un anneau de béton d’1,60 m de diamètre, arasé à
165,28 m NGF. Il a été coulé en tranchée étroite depuis un niveau supérieur (sans doute le sommet des
terres noires dans lesquelles est fondé le mur de clôture). Le diamètre interne atteint 98 cm. la fosse US
1558 creusée à l’est du puits, dans le limon sous-jacent, pourrait être liée à la reprise en sous-œuvre
ponctuelle du mur US 1357, en béton (US 1375, à 164,81 m NGF ; pl. 316), c'est-à-dire au confortement
arrière du corps de logis sur cour de la maison voisine.
L’agrandissement tardif du corps de logis devait entraîner la suppression de ces trois structures
antérieures. Effectif en 1723, cet agrandissement est illustré de façon détaillée sur le plan de 1820. La
façade sur cour, que l’on suppose primitivement située à l’ouest de la fosse d’aisance F1548, dans l’axe de
celle de la maison voisine (maison du Merle Blanc, au sud), fut déportée jusqu’au puits US 1372, à 19,85 m
de la rue. La description de 1723 ne signale qu’un seul bas, que le plan de 1820 nous montre néanmoins
divisé en deux par un mur de refend, dont la partie basse a été retrouvée en fouille (US 1460 ; pl. 316).
Arasée à 164,57 m NGF, cette base n’est parementée que sur sa face est, du côté de la cave (F1460),
s’appuyant à l’ouest contre l’encaissant limoneux. Il s’agit probablement d’une reprise en sous-œuvre de la
façade sur cour primitive, précisément alignée sur celle de la maison contiguë (US 1459), avec laquelle
e
notre corps de logis est resté jumelé jusqu’à la fin du XVI siècle.
Cette base est chaînée au mur sud de la cave (US 1461) qui lui ressemble autant par sa composition que
par sa mise en œuvre. Tous deux ont une cinquantaine de centimètres d’épaisseur. Le mur US 1460 se
termine au nord par une ouverture d’1,80 m de large, occupée en totalité par l’escalier F1541 (pl. 317). Cet
escalier, qui donnait accès à la cave depuis le rez-de-chaussée de la maison, repose sur deux murs d’échiffre
latéraux (US 1542 et 1543) installés dans une fosse creusée jusqu’à la grave. Le plus au nord des deux (US
1543) se développe vers l’est au-delà de l’escalier lui-même et semble s’être confondu avec le mur nord de
la cave. Il est séparé du mur de cave de la maison voisine par un interstice limoneux d’une dizaine de
centimètres. Un piédroit fait de matériaux en remploi borde l’escalier du côté sud. Les trois marches
conservées sont faites de monolithes calcaire. L’altitude de la plus basse a été mesurée à 163,75 m NGF. Elle
a pu fonctionner avec le niveau de sol primitif de la cave (US 1644), formé semble-t-il par le sommet d’un
horizon de limon remanié (US 1703), à 163,52 m NGF.
La fosse septique F1548, arasée de manière à être recouverte par ce sol, fut comblée de matériaux de
démolition (US 1535) au sein desquels ont été recueillis des tessons de céramique de la phase 3.3. Seul le
mur est (US 1549) pouvait en émerger. Peut-être fut-il rehaussé ou reconstruit pour servir de limite
maçonnerie, faits de pierres dorées et de gneiss, noyés dans le béton, empêchaient le développement de la
cave de ce côté. Le premier (US 1552) et le plus imposant des deux massifs (2,90 m de long sur 1,60 m de
largeur conservée) servait, comme le montre le plan de 1820, de support à un escalier en vis installé dans
une cage carrée. Il est fondé dans le gravier et arasé à 164,37 m NGF ; il semble recouper une fosse (US 1575)
remplie de matériaux de construction (mortier, TCA, blocs, briquettes, graviers etc.). La fonction du second
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orientale à la cave. Cette dernière ne pouvait pas en effet se situer plus à l’est : deux imposants massifs de
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demeure énigmatique (US 1553). Il est arasé à 164,51 m NGF et plonge lui aussi dans la grave. Il s’inscrit
dans un carré d’1,60 m de côté et déborde assez largement sous le mur de clôture mitoyen. Il n’est
d’ailleurs pas impossible que la fosse US 1676 fouillée dans la parcelle contiguë (maison Lacombe) lui soit
liée.
Une nouvelle fosse d’aisance (F1561) fut aménagée entre ces deux massifs et le puits US 1372,
désormais accolé au nouveau mur de façade. Les parois de cette fosse de 3,10 m de long sur 1,75 m de
large, creusée jusqu’au gravier, furent parementées de moellons de pierres dorées, aboutées de part et
d’autre du massif US 1553 et du puits US 1372 (us, 1560, 1556, 1554 et 1561 ; pl. 317). Celui-ci fut
reconverti en conduit pour les latrines que l’on aménagea dans un petit édicule de 2,50 de long, construit à
cette fin dans l’angle nord-ouest de la cour où le puits débouchait. Les latrines étaient donc connectées en
partie haute au puits, qui se vidait dans la fosse F1561 par une ouverture rectangulaire et ébrasée pratiquée
à sa base, sur 95 cm de large et au moins 105 cm de haut. La fouille du comblement de la fosse a révélé un
e
abondant mobilier céramique de la phase 4.1 (début XIX siècle) qui marque et date l’abandon de la
maison.
Peu de temps avant cet abandon, le sol de la cave avait été rehaussé par un remblai (US 1704) que
recouvrait, à 163,90 m NGF, une couche de terre battue charbonneuse (US 1469) parsemée de détritus :
vingt-deux tessons de céramique de la phase 4.1 y ont été mis au jour.
2.4.9. La maison du Merle Blanc
2.4.9.1. Les données historiques
La maison du Merle Blanc est une maison double, née de la réunion par Jean Taillard, à la fin du XVI
e
siècle ou au tout début du XVIIe, de la moitié méridionale de la maison Corbet, dont il était l’héritier (Cf.
maison Chazel), et de la maison située immédiatement au sud dont il nous faut ici parler.
2.4.9.1.1. Le corps sud, ou la maison du Lévrier
Le corps sud de la maison du Merle Blanc est lui-même issu de la division d’une plus vaste maison qui
aurait successivement appartenu à Jean Favre, dit Calamard, puis à Jean Marscuadi et à sa femme, et serait
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aussi à l’origine de la maison du Roy d’Or (Cf. infra). Vauchier Tinard Lazare (?) pourrait être le premier
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possesseur identifié de la moitié nord de cette maison démembrée. Cette moitié, dite « maison du Lièvre »
(ou plus sûrement du Lévrier) est à Simon Colombier en 1446. Elle est ensuite acquise par Jean Totein le
Jeune qui en passe reconnaissance au profit de l’abbaye d’Ainay en 1482. La « maison avec jardin contigu »
qui, en 1493, est dite « haute moyenne et basse », est en 1502 aux mains de son fils mineur, Benoît Toteyn.
Il la vend à Odinet Tillier qui en passe à son tour reconnaissance (1503). En 1516, c’est une « maison haute
et basse où pend l’enseigne Le Lévrier avec jardin dernier tirant jusques au Rhône », qui est aux mains des
héritiers d’Odinet.
En 1528, Perrine Tillier, l’héritière en question, ne tient plus de la maison qu’un jardin et trois
chambres « sur le derrière ». La « boutique dessous et la chambre dessus » et le « petit jardin sur le Rhône »
sont à Jean Champion, déjà propriétaire de la maison voisine, au sud (Cf. maison du Roy d’Or).
Sans doute met-il la main sur la part que possédait Perrine car, en 1551, Marie Chappuyse, sa veuve,
e
semble posséder l’intégralité de la maison du Lévrier. La maison, la 27 du penonnage Bernico, est acquise
avant 1575 par le boucher Jean Taillard, qui passe en 1600 reconnaissance pour « une maison et jardin
joignant ensemble » confinant au nord à sa propre maison (Cf. maison Chazel), à l’ouest à la rue
Bourgchanin et à l’est au Rhône : le jardin un temps démembré a donc été reconstitué.
2.4.9.1.2. La réunion des deux corps : la maison double du Merle Blanc
e
À la fin du XVI siècle ou au tout début du suivant, Jean Taillard scinde en deux l’ancienne maison
double des Corbet, vend la moitié nord (avant 1609) et réunit le corps sud à l’ancienne maison du Lévrier
dont il est devenu, après Marie Chappuyse, l’unique propriétaire : la maison a désormais deux corps. Elle
passe bientôt à Pierre Courtin, dit Mignonet, maître boucher comme son frère Étienne (Cf. maison de l’Arche
d’Alliance), qui, par son testament de 1635 lègue à sa femme l’usufruit d’un bas et d’une cave sur le devant
de sa maison « où est l’enseigne du Merle Blanc », et fait de ses deux filles mariées, Barbe et Marguerite, ses
héritières universelles.
La maison échoit finalement à Barbe Courtin, femme du notaire Louis Ogier, puis à leur fille Jeanne
Ogier. En 1669 puis en 1673, son mari, Étienne Goutal, maître coffretier, est autorisé à suspendre (de
nouveau) l’enseigne du Merle Blanc. En 1684, il passe reconnaissance en faveur de l’archevêché de Lyon
pour cette « maison haute moyenne et basse étant en deux corps de logis aboutissant tous deux à lad. rue
(Bourgchanin) et ayant 14 pas de face ». L’abbé d’Ainay doit estimer qu’elle relève de sa directe car un
projet de reconnaissance est réalisé à la même époque pour Étienne Goutal qui n’y donne cependant pas
suite.
Le testament de Jeanne Ogier, en 1695, nous donne un aperçu des constructions qui occupe la
parcelle, dont il est rappelé qu’elle traverse « sur les courtines du Rhône ». Elle lègue à sa fille, Justine
Goutal épouse Cusset, déjà dotée des deux bas du rez-de-chaussée, la totalité du corps de logis
Goutal. À celui-ci, elle prélègue la totalité du corps de logis du milieu, côté nord, avec la cour ou jardin à
l’est. Elle donne et prélègue à Denis Goutal, son autre fils, la totalité du corps de logis sud, auquel est
attaché l’enseigne du Merle Blanc, et qu’une cour sépare du quatrième corps de logis (au milieu et au sud)
où elle habite. C’est par ce dernier bâtiment, promis en partie à Claude Goutal, son petit-fils, que Pierre,
Denis et Justine, pourront avoir accès aux courtines moyennant quelques menus travaux. Les corps de logis
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septentrional compris entre la rue et une première cour à posséder en communauté avec son frère Pierre
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« du milieu » ne doivent pas disposer de caves car Pierre et Claude sont également légataires
d’emplacements pour pièces de vin dans celles des corps de logis sur rue.
2.4.9.1.3. Les bâtiments arrière
Situés hors du périmètre de fouille, les bâtiments arrière n’avaient fait l’objet d’aucune disposition
particulière de la part de Jeanne Ogier. Ils échurent donc indivis à ses héritiers, qui devaient rapidement
s’en dessaisir. En 1703, Denis Goutal vendit à Claude Genet, un charpentier, le tiers qui lui appartenait des
deux granges à bois et de la petite maison sur les courtines du Rhône. En 1707, Pierre Goutal (pour deux
tiers) et Claude Genêt (pour un seul) vendent à Pierre Farges, maître boulanger, la grange à bois (au
singulier) située entre leurs deux logis respectifs (citée dès 1672), et le bâtiment attenant du côté ouest.
En 1714, enfin, les deux derniers tiers de la maison sur les courtines encore aux mains des Goutal,
« consistant en un bas servant de triperie », sont vendus à Claude Genet qui, devenu l’unique propriétaire de
la maison, en revend le lendemain la moitié à Jean Marchand, un tripier lyonnais.
2.4.9.1.4. Les corps de logis sur l’avant et au milieu
En 1716, les héritiers Goutal prêtent hommage au roi pour les quatre corps de logis de leur maison
indivise qu’ils croyaient ou prétendaient allodiale et dont ils lui passent néanmoins reconnaissance l’année
suivante, « à cause de son château de Pierre Scize ». Les reconnaissances que Philibert (le fils de Pierre) et
Étienne Goutal passent de nouveau, une vingtaine d’années plus tard, cette fois en faveur de l’abbaye
d’Ainay, nous en apprennent un peu plus sur la composition de ces corps de logis. Celui de Denis Goutal
(côté sud, sur la rue Bourgchanin), pour ne citer que lui, est ainsi composé de deux étages sur boutique et
d’une cour avec puits (1735).
2.4.9.1.5. Les acquisitions de l’Hôtel-Dieu
En 1733, les administrateurs de l’Hôtel-Dieu, faisant valoir la nécessité d’agrandir les bâtiments de
l’hôpital au dépends des maisons du quai, obtiennent du Conseil du Roi une ordonnance sommant les
propriétaires des quatre dernières maisons contrariant leur projet de les vendre à leur profit. Philibert
Goutal est le premier à obtempérer, abandonnant en 1735 les deux chambres qu’il possède au deuxième
étage du corps de logis du milieu (côté nord) et une cave « à tenir deux pièces de vin » sous la maison de
Justine Goutal. En 1736, Marguerite Long, veuve de Denis Goutal, et leur fille Louise remettent aux
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administrateurs de l’Hôtel-Dieu tout ce qu’à titre d’héritière testamentaire ou de donataire elles possèdent
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dans le corps de logis méridional sur rue, soit deux bas de plain pied ayant vue l’un sur la rue Bourchanin et
l’autre sur la cour, une cave sous chacun des deux bas, une chambre au premier étage, côté rue, et deux
chambres contiguës au second étage.
En 1740, Françoise Bonnard, veuve de Pierre Goutal, et sa fille Clémence, légataire et héritière
substituée dudit Pierre Goutal, son père, vendent à leur tour à l’Hôtel-Dieu tous les membres et portions de
maisons que celui-ci possédait dans les quatre corps de logis de la maison du Merle Blanc : le rez-dechaussée et le premier étage du corps de logis du milieu, côté nord, le tiers indivis du corps du milieu côté
sud, une cave à tenir trois pièces de vin dans celui que l’Hôtel-Dieu a acquis des ayants-droit de Denis
Goutal, le tiers indivis d’une autre cave au même endroit. L’hôpital acquiert encore, en 1742 et 1743, des
e
e
e
chambres sises aux 2 , 3 et 4 étages et une petite cave « à tenir deux bareilles de vin sous le bas de
derrière » du corps de logis de Justine Goutal (sur rue, côté nord) ; puis les transactions se tarissent.
En application de l’arrêt du Conseil du Roi de 1733, deux experts procèdent en 1744 à la visite et à
l’estimation des portions de la maison du Merle Blanc restées en mains privées, laissant de celles-ci une
description précise, transcrite en annexe, dont nous extrayons les éléments suivants.
L’allée centrale, séparant les deux corps de logis sur rue, mesure 57 pieds de longs sur 3 pieds 3 pouces
de large (19,5 x 1,1 m). Elle est pavée de pierres de taille ; sur le côté nord, « un pavé creux de pierre de
taille » lui aussi, conduit les eaux pluviales et celles des éviers dans la rue Bourchanin. Au bout de l’allée,
du côté du midi, un escalier en vis en pierre de taille permet de monter au premier et au second étages du
corps méridional de la maison, et de descendre dans un petit cavon de six pieds de longueur sur 5 de large
(2,05 x 1,7 m), voûté au-dessus et fermé par un emparage d’ais, indivis entre Jeanne Marie Cusset, Justine
Goutal et Jacques Goutal. Au-delà de l’escalier, l’allée débouche sur une cour commune à toutes les parties
de 19 pieds 5 pouces sur 13 pieds (6,65 x 4,45 m), dans laquelle se trouve un puits à eau claire également
commun. Au-delà, hors du périmètre de fouille, une allée pavée de cailloux conduit aux courtines du
Rhône.
En face de l’escalier, sur le côté nord de l’allée principale, une porte communique avec un second
escalier en vis, qui monte jusqu’au troisième étage du corps septentrional et donne également accès à une
cave de 22 pieds de long sur 12,5 de large (7,5 x 4,3 m), divisée en quatre par des cloisons de planches.
Deux d’entre elles appartiennent à l’hôpital et les deux autres à Françoise et à Elizabeth Cusset. La cave
communique avec une autre (côté rue), de même largeur mais de 26 pieds de long (8,90 m). Elle est voûtée
et sert « d’encavage » aux autres par une volée de marches en pierres de taille. Elle appartient à Jeanne
Marie Cusset, comme le rez-de-chaussée du corps septentrional. Celui-ci comprend un premier bas sur
l’avant de 26 pieds 8 pouces de profondeur sur 14 (9,1 x 4,8 m), auquel on accède soit par la rue soit par
l’allée. Il est pavé de pierres de taille et est doté d’une cheminée de bois, d’un « porte pots servant
d’encavage » et d’un « trappon ». Le bas arrière mesure 22 pieds 9 pouces sur 14 (7,8 x 4,8 m). Il est
murs, de 13 pieds 9 pouces sur 11 pieds 5 pouces (4,7 x 3,9 m), au sol de pierres de taille. Dans un angle de
la cour se trouvent les latrines et au fond un hangar couvert de tuiles.
Le corps de logis méridional dont l’Hôtel-Dieu est déjà en possession n’est pas décrit.
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entièrement carrelé et possède une cheminée de bois et un évier. Il prend ses jours sur une cour close de
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Le 20 juillet 1744, l’intendant de justice de la Généralité de Lyon somme les propriétaires et
copropriétaires des derniers membres de maison du Merle Blanc, héritiers de Denis Goutal et de sa sœur
Justine, de les vendre dans les huit jours à l’Hôtel-Dieu conformément aux estimations faites par les deux
experts précités. Passé ce délai, le jugement faisait office de contrat de vente.
2.4.9.1.6. La maison Genet Marchand
La maison de Claude Genet et de Jean Marchand était également visée par l’arrêt du Conseil du Roi de
1733. Les héritiers du premier, qui avaient passé reconnaissance au profit de l’abbaye d’Ainay en 1735 pour
ce qu’ils tenaient dans la maison, s’en dessaisirent dans la foulée au profit de l’Hôtel-Dieu. Les ayants-droit
Marchand firent de même en 1737. Comme il ressort de ces trois documents, leur maison commune, située
sur les courtines, hors du périmètre de fouille, possédait deux bas en rez-de-chaussée, deux étages de deux
chambres chacun et un galetas double au-dessus.
2.4.9.1.7. Les bâtiments Farges
Situés entre la maison Genet Marchand et les corps de logis du milieu, les bâtiments de Pierre Farges
étaient constitués d’une grange à bois et d’un petit appendice. Ils furent reconnus à plusieurs reprises en
faveur du roi (1715, 1720 et 1732), dont ils étaient tenus à foi et hommage à cause de son château de
Pierre Scise, ce qui n’empêcha pas l’abbaye d’Ainay de dresser vers 1735 un autre projet de reconnaissance
pour les héritiers Farges. Il devait rester sans suite. En 1736, Geneviève Nety, veuve de Pierre Farges,
consentit à les vendre à l’Hôtel-Dieu.
2.4.9.2. Les données archéologiques
La fouille de la maison double du Merle Blanc n’a livré que très peu de vestiges. Deux vastes fosses, très
arasées, ont été observées au sud de la parcelle (US 1443 et 1485, respectivement arasées à 163,52 m et
163,96 m NGF). Leur comblement contenait en surface du mobilier céramique moderne et antique mélangé.
Elles n’ont pas été fouillées. Plus au nord a été mise au jour une construction enterrée (F1445, pl. 318),
rectangulaire, amputée par l’installation de la chaufferie contemporaine. Elle se compose de trois murs de
gros galets liés par un mortier gris-vert d’environ 35 cm d’épaisseur. Ils ne sont pas chaînés entre eux mais
se joignent par leurs angles, comme il arrive fréquemment lorsqu’ils sont, comme ici, directement plaqués
contre l’encaissant limoneux. Ces trois murs, arasés à des altitudes comprises entre 163,42 m et 164,10 m
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NGF, dessinent un rectangle de 2 m du nord au sud et d’au moins 1,96 m d’est en ouest. Ils s’enfoncent dans
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la grave qui tapisse le fond de ce qui semble bien être une fosse d’aisance. Il s’agit peut-être de celle de
e
l’ancienne maison du Lévrier, maison qui fut, au début du XVII siècle, réunie au corps sud de la maison
double des Corbet pour former la maison double du Merle Blanc.
Cette fosse fut par la suite abandonnée. On construisit à l’intérieur, dans l’axe du mur US 1459 du corps
de logis nord, un mur fait de matériaux hétéroclites (galets, gneiss, TCA, pierres dorées) liés par un mortier
gris contenant de nombreux graviers (US 1447). Ce mur, de 55 cm d’épaisseur, était sans doute destiné à
supporter un refend ou du moins à éviter que la fosse F1445 ne crée sous celui-ci des points de faiblesse à
l’origine de désordres structuraux.
Du corps sud de la maison double des Corbet, ou à son emplacement, subsistent trois murs. L’US 1458
est un ancien mur mitoyen d’orientation est-ouest, fait de blocs de gneiss, de pierres dorées, de galets et
de TCA, liés par un mortier gris blanc. Il mesure 75 cm d’épaisseur et est arasé à 164,42 m NGF. Un second
mur de même composition et de même épaisseur (US 1459) s’aboute orthogonalement à lui, de façon à
former un retour de 4,80 m de long. L’alignement de ce mur US 1459 et de celui de la maison contiguë, au
nord, (US 1460) paraît une réminiscence en même temps qu’une séquelle de leur histoire commune : les
deux corps de logis de la maison Corbet ont dû partager la même façade sur cour, dont ces murs sont plus
ou moins directement l’héritage.
D’après la description de la maison faite en 1744, le corps de logis nord de la maison du Merle Blanc,
que le mur US 1459 coupe en deux dans le sens de la longueur, possédait deux caves disposées en enfilade,
de part et d’autre du refend. La plus à l’ouest des deux, par où se faisait l’encavage, n’a pas laissé de
vestige. De la seconde subsistait un lambeau de sol charbonneux (US 1483) situé à 164,35 m NGF. Elle est
délimitée au sud par un mur de galets (US 1448) et de mortier grisâtre, construit dans le prolongement du
mur US 1458. L’angle sud-est de cette cave de 7,50 de long était autrefois occupé par un escalier en vis,
installé dans une cage cylindrique. La cave était en 1744 divisée en quatre par des cloisons de planches.
L’un des boxes, propre « à tenir deux bareilles de vin », avait été acquis par les recteurs de l’Hôtel-Dieu en
1743 ; un autre leur avait été cédé en 1735 par Philibert Goutal. Un siècle plus tôt, la maison du Merle Blanc
possédait déjà une « cave sur le devant ». En 1695, lorsque Marguerite Goutal dresse son testament, les
deux corps de logis sur rue sont dotés de cave. Celles du corps de logis méridional n’ont pas laissé de trace.
2.4.10. La maison du Roy d’Or
2.4.10.1. Les données historiques
La maison du Roy d’Or est née de la division d’une plus vaste parcelle qui aurait d’abord appartenu à
Jean Favre, dit Calamard, puis à Jean Marscuadi et à sa femme après lui, et serait pour une part aussi à
identifié, avant même Gonet Dix-Sols qui, en 1493, tenait « à cause de sa femme » la maison, et son jardin
sur l’arrière étendu jusqu’au Rhône qu’elle avait conservé malgré ce démembrement. Trois ans plus tard,
Clémence, devenue veuve dudit Gonet, en passe reconnaissance en faveur de l’abbé d’Ainay. En 1499, c’est
au tour d’Aimon David, un imprimeur. Elle passe rapidement à Julien Delande qui reconnaît en 1501 la tenir
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l’origine de la maison du Merle Blanc (Cf. supra). Étienne Tavernier en serait le premier possesseur
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de la directe de l’archevêque comte de Lyon (sous une obole forte de servis annuel) et en 1509 de celle de
l’abbé d’Ainay (sous un cens annuel de trois oboles).
Il la cède ensuite à l’Hôtel-Dieu dont un administrateur, Jacques Barondeau, passe en 1512
reconnaissance pour l’abbaye d’Ainay. En 1516, la maison « haute et basse » et son jardin sont aux mains de
Jean Champion, également propriétaire de la future maison Devarenne (Cf. supra). Lui aussi passe
reconnaissance au profit de l’archevêque de Lyon (1526) et de l’abbaye d’Ainay (1538). En 1551, la maison
est à sa veuve, Marie Chappuyse, puis passe à leur ayant droit, Benoît Langlois, dont la reconnaissance en
faveur de l’archevêché aurait été consignée au terrier Croppet coté E, malheureusement disparu. En 1577,
son fils, Jean Langlois, est assigné à la requête des commis au gouvernement de l’Hôtel-Dieu de Paris (dont
Jean Champion était procureur) pour une pension foncière de 5 livres imposée sur cette maison « sur le
Rhône » dont il a visiblement hérité.
À la mort de Jean, la maison échoit à sa sœur, Madeleine Langlois, qui, avec Agnus Benoît, son mari,
entreprend d’importants travaux de maçonnerie et de charpente, dont témoignent plusieurs prix faits,
quittances et obligations datés de 1580, 1581, 1584 et 1586. Si elle n’est pas intégralement reconstruite,
la maison dont hérite pour moitié Benoît Benoît est au moins profondément transformée. Lui-même
poursuit les travaux de charpente (1605) et de maçonnerie, réparant les murs mitoyens de sa propriété (au
sud en 1606, au nord en 1609), et fait aussi intervenir un lanternier (en 1607) et un serrurier (en 1613). La
maison possède au moins des latrines et une fosse d’aisance (1601) et, selon les baux de location dont la
trace a été conservée, plusieurs caves, deux boutiques en rez-de-chaussée, l’une sur l’avant et l’autre sur
l’arrière, au moins deux étages de chambres et un jardin.
En 1613, Benoît Benoît cède la moitié de la maison qu’il possède à sa sœur utérine, Isabeau Boucher,
fille de Nicolas Boucher et de Madeleine Langlois et partant héritière de l’autre moitié de la maison, à
charge pour elle d’une pension de 60 livres annuelles à payer audit Benoît, puis aux dominicains de NotreDame de Confort après sa mort. Des travaux sont encore réalisés en 1613, 1614 et 1616, s’arrêtent ensuite
avant de reprendre sous la conduite de Martin Fenouillet, dit La Rose, le second mari d’Isabeau Boucher,
qui obtient en 1625 l’autorisation du Consulat de faire rebâtir « le devant » de la maison. Pour financer ces
« réparations qui étaient nécessaires » et dont le montant s’élève à 600 livres tournois, les époux FenouilletBoucher constituent au profit de l’Hôtel-Dieu, la même année, une rente de 37 livres 10 sous imposée sur
« leur maison haute, moyenne et basse, consistant en deux corps de logis, une cour entre deux, et un jardin sur
le dernier du coté du Rhône ». Ils la donnent par la suite à leur fils Marc Fenouillet dit La Rose, maître
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peintre (1658) à qui l’on doit peut-être l’enseigne du Roy d’Or qui y est appendue dès avant 1665.
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En 1672, Marc Antoine Fenouillet et sa femme vendent à l’Hôtel-Dieu une rente annuelle de 70 livres,
sous le sort principal (le capital) de 1400 livres, qu’ils imposent, comme la pension constituée en 1625 à
laquelle elle s’ajoute, sur leurs « maison, jardin et bâtiment au fond d’icelui, du côté du fleuve du Rhône ».
Un projet de reconnaissance pour l’abbaye d’Ainay rédigé à cette époque laisse par ailleurs entendre que la
maison dispose d’un escalier de bois situé dans la cour.
La pension qui continuait d’être due à Notre-Dame de Confort, et qui avait été payée en 1674 et 1679
par Marc Antoine Fenouillet, est acquittée en 1684 par sa fille Anne, procuratrice des héritiers Fenouillet.
Deux semaines plus tard, ces derniers procédaient par voie d’experts au partage de la succession paternelle.
Leur compte-rendu figure en annexe ; nous en extrayons les données qui suivent.
Le corps de logis sur la rue Bourgchanin, qui constitue le premier lot, est composé de caves, de bas ou
boutiques au rez-de-chaussée, de deux étages de chambres et de greniers au-dessus. Il est traversé par une
allée légèrement trapézoïdale, qui mesure 33 pieds 7 pouces de long contre 3 pieds 3 pouces en façade et 2
pieds 11 pouces sur cour (11,5 x 1,1-1 m). Elle possède un puits à eau claire, en partie encastré dans le bas
dont elle est séparée par un poteau. L’allée, qui sert à l’évacuation des eaux du second lot, débouche sur
une cour commune, de la largeur de la maison et de 7 pieds 9 pouces de profondeur (2,65 m). Elle est
occupée au nord par un escalier en vis en bois, de 6 pieds 7 pouces de diamètre (2,25 m), et au sud par des
latrines de 3 pieds 9 pouces de large (1,3 m), communes aux deux corps de logis. Dans cette même cour, un
escalier de pierre « servant de porte pot » donne accès aux caves voûtées situées sous le corps de logis
avant ; l’encavage est situé dans la boutique sur rue.
Le corps de logis sur l’arrière, qui forme le second lot, mesure 28 pieds 7 pouces de profondeur (9,8
m). Il est composé d’un bas, d’un étage de chambres et d’un grenier au-dessus. Au-delà s’étend une
seconde cour de 59 pieds de long (20,2 m), occupée par un cabinet attenant au corps de logis (au nord) et
par deux pans de murs d’un bâtiment resté inachevé. Au bout de la cour, une muraille devait être construite
pour séparer le deuxième lot du troisième. Celui-ci englobe le reste de la parcelle, soit un fonds étendu
jusqu’aux courtines, de 99 pieds 8 pouces de longueur (34,1 m), comprenant d’est en ouest, un corps de
logis (bas, premier étage de chambre et grenier au-dessus), une cour et un autre bas, séparé de la muraille
à construire par une place « où sont des treilles ».
2.4.10.1.1. La maison Mallet & Saint-Laudon
Ce troisième lot, situé hors de notre périmètre de fouille, échut par tirage au sort à Anne Fenouillet et à
son mari, Louis David Delassaux. Une sentence de la Conservation de Lyon les en déposséda dès 1689, au
profit de Louis Mallet et de Jean Saint-Laudon, dit La Marche. En 1701, Claude La Marche, son héritier, était
sommé, sous peine de saisie, de payer aux Dominicains sa part de la pension foncière qui leur était due.
Sans doute ne s’exécute-t-il pas car en 1702 la maison et le jardin de Jean Mallet et de Claude Saint-Laudon
sont adjugés pour 1000 livres à Me Decrieu, procureur de l’Hôtel-Dieu, qui en reste adjudicataire.
Au terme du partage de 1684, le corps de logis sur l’avant avait été attribué à Claude Fenouillet,
peintre comme son père avant lui, qui entreprit en 1687 de le faire rehausser d’un étage : le troisième selon
le prix-fait baillé au charpentier Guillot, voire le quatrième qu’en 1692 Claude Fenouillet offrit en vain de
relâcher à son créancier, Jean Servant, qui le poursuivait en justice. Le corps de maison fut saisi et vendu
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2.4.10.1.2. Les deux corps de logis de la maison du Roy d’Or
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aux enchères. Humbert Fenouillet, frère de Claude, à qui le second lot avait échu en 1684, s’en porta
acquéreur et devînt du coup propriétaire des deux corps de logis de la maison du Roy d’Or.
En 1726, Jacques, Jeanne et Marie Fenouillet, ses enfants et héritiers, la vendirent aux recteurs de
l’Hôtel-Dieu. Le projet de reconnaissance en faveur de l’abbaye d’Ainay, dressé à leur intention vers 1735,
donne une brève description du tènement. Il comprend côté rue, une maison de quatre étages, deux arcs de
boutique, arrière-boutique et caves au-dessous, à laquelle pend pour enseigne le Roy d’Or ; du côté des
courtines du Rhône : une autre maison de deux étages, galetas au-dessus et bas ; et entre les deux, un
bûcher, une loge et d’autres aisances. Le tout est soumis à un cens annuel de 3 oboles viennoises, identique
e
à celui dont la veuve de Gonet Dix-Sols était déjà redevable à la fin du XV siècle.
2.4.10.2. Les données archéologiques
Le décapage mécanique de la parcelle de la maison du Roy d’Or a permis la mise au jour de deux
grandes fosses ovales, jumelles, disparaissant en partie derrière la berlinoise qui délimitait le chantier du
côté ouest. La fosse US 1440, au sud, mesurait au moins 2,15 m de long sur 1,46 m de large. Son fond
atteignait 163,29 m NGF pour une ouverture relevée à 164,01 m NGF. Elle était comblée de matériaux
antiques et modernes mêlés dans une matrice limoneuse brun rouge (US 1482). Le comblement US 1484 de
la fosse voisine US 1441, arasée au même niveau, est en tout point identique. La fosse elle-même mesure au
moins 2,20 m de long sur 1,40 m de large et s’enfonce jusqu’à 163,66 m NGF. Une troisième fosse, plus
petite, a pu être observée plus au nord (US 1442). De forme sub-rectangulaire, elle mesure 70 cm sur 55.
Elle est arasée à 164,05 m NGF.
Trois murs ont été mis au jour (pl. 318). Les murs US 1435 et 1436, respectivement conservés sur 1,14 m
et 3,40 m, sont chaînés à angle droit. Ils sont construits pour l’essentiel en pierres dorées mais contiennent
également des galets, du granite et du gneiss. Ils sont arasés à 164,45 m NGF. Le plan de 1820 combiné à la
description de la maison réalisée en 1684 permet de supposer que ces deux murs sont ceux d’une fosse
d’aisance, aménagée sous la cour, à l’aplomb des latrines communes aux deux corps de logis. Cette
hypothèse est d’ailleurs corroborée par les dépôts noirâtres qui recouvraient les faces visibles de ces deux
murs, adossés contre l’encaissant limoneux.
Le mur US 1437, bâti dans le prolongement ouest du mur US 1435, s’appuie sur l’angle que celui-ci
forme avec le mur US 1436. Sa maçonnerie de pierres dorées, de gneiss, de galets et de TCA, arasée à 164 ,35
m, présente sur sa face nord une engravure verticale d’au moins 10 cm de section. Cette saignée se trouve à
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l’aplomb d’une petite structure enterrée (us 1438), subcirculaire, dont la paroi recourbée s’appuie de part
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et d’autre sur les murs US 1437 et US 1436. Elle mesure 1,30 m de long sur 80 cm de large. Cette maçonnerie
de pierres dorées et de galets supporte une sorte de voûte en coupole, faite des mêmes matériaux. Le
comblement de cette structure recélait plusieurs fragments d’un tuyau de terre cuite que l’on suppose
initialement logé dans l’engravure du mur US 1437. Il pourrait s’agir d’un dispositif destiné à évacuer les
eaux usées des étages du corps de logis sur rue, vers un puits perdu aménagé sous le sol de l’une des caves
signalées en 1684. Le sol de cette cave n’a pas été conservé.
2.4.11. La maison de la Madeleine
2.4.11.1. Les données historiques
La maison de la Madeleine nous apparaît d’abord et avant tout comme la maison des Beyrieu. Si l’on
considère qu’en 1493, la maison « haute et basse » et son « jardin derrière » est aux héritiers d’Étienne
Beyrieu et qu’elle confine au sud à une autre maison possédée par un certain Jean Beyrieu, on peut même
supposer qu’elle procède d’un partage successoral relativement récent. Il pourrait bien s’agir de celui de
Pierre Beyrieu qui selon les nommées de 1446 tenait « deux maisons attachées assises en Bourchanin », avec
un jardin derrière, joignant d’un côté la maison de Renaud Beyrieu et de l’autre semble-t-il, la maison « du
Lièvre » de Simon Colombier (Cf. maison du Merle Blanc) au-delà de la future maison du Roy d’Or.
Selon la reconnaissance que Julien Delande passe en 1501 pour la maison voisine, au nord, le fonds
aurait d’abord appartenu à Gonin Michalet avant d’être divisé, une première fois sans doute, en deux lots,
e
est et ouest, qui sont, au tout début du XVI siècle, respectivement tenus par Claude Bonin et François
Beyrieu. Ce dernier, qui est donc l’héritier d’Étienne, passe reconnaissance au profit de l’abbé d’Ainay en
1502. La maison passe ensuite à Ambroise Beyrieu, probablement son fils (1516-1528), puis à Julien
Beyrieu (1538).
En 1551, les héritiers d’Ambroise et l’hôpital du pont du Rhône en tiennent chacun une moitié, sans
que l’on sache si celle de l’Hôtel-Dieu correspond au lot de Claude Bonin (à l’est) plutôt qu’à celui de Jean
Beyrieu (au sud). Il s’agit d’ailleurs plus précisément de la boutique et confrérie des apothicaires et
droguistes de l’Hôtel-Dieu que l’on voit très active dans les années qui suivent et qui, par deux transactions
de 1556 complétées en 1569, qui ne nous sont connues que par un inventaire tardif, finit par devenir
l’unique propriétaire du fonds reconstitué au moins dans sa dimension est-ouest.
En 1576, les procureurs de l’apothicairerie peuvent ainsi vendre à Jean Bully et à Huguette Monect, sa
femme, moyennant une pension annuelle de 70 livres tournois, une maison « haute, moyenne et basse »
composée de deux corps de deux membres chacun, l’un sur la rue et l’autre sur le milieu, de galeries et de
En 1584 cependant, Jean Bully, voulant être déchargé de la pension à laquelle il était astreint,
rétrocède à l’Hôtel-Dieu la maison « où pend pour enseigne l’image de la Magdelaine », laquelle « était
parvenue aud. Hôtel Dieu de plusieurs particuliers habitants de lad. ville qui en avoient fait don aux pauvres
dud. Hôtel Dieu pour l’entretenement de la boutique d’apothicairerie d’icelle ». Il se voit remettre 100 écus
d’or sol en récompense des « réparations » qu’il y a faites.
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montées, et un jardin sur l’arrière étendu jusqu’au Rhône.
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Les apothicaires désespèrent de pouvoir la replacer : les fonds sont sujets à un entretien constant qui
absorbe la quasi-totalité du revenu qu’on est en droit d’en attendre ; ils sont écartés des voies marchandes
et sujets « à l’inondation et débordement » du Rhône. En outre, la maison est « caduque » et nécessite « de
notables réparations ». Aussi se réjouissent-ils de pouvoir, dès l’année suivante, la revendre à bon compte à
Martin Charles, un marchand ouvrier en draps de soie, qui accepte de s’acquitter d’une pension de 66 écus
2/3.
La maison finit néanmoins par réintégrer le patrimoine de l’Hôtel-Dieu qui, en 1624, obtient
l’autorisation du Consulat d’en rebâtir le devant, en s’alignant sur les maison Courtin (au nord, maison du
Merle Blanc) et Bourgay (au sud), qui se trouvaient en retrait. En 1675, les administrateurs de
l’établissement passent reconnaissance en faveur de l’abbaye d’Ainay pour leur maison « haute moyenne et
basse », qui est composée de « plusieurs et divers membres » et d’un jardin « au milieu duquel il y a un petit
bâtiment » et au bout duquel, du côté du Rhône, les recteurs ont fait « un cimetière pour enterrer les pauvres
qui décèdent aud. Hôtel Dieu ».
En 1723, la maison de la Madeleine est visitée et décrite. Elle comprend, du côté de la rue
Bourgchanin, un corps de logis « double » (en profondeur), de 20 pieds de large sur 50 de long (6,85 x 17,1
m), composé de deux caves, de deux bas, de deux étages de deux chambres chacun et de deux greniers audessus. L’allée qui le traverse débouche sur une cour de 20 pieds en carré (6,85 x 6,85 m) dont un côté est
occupé par un escalier de pierre à noyau, de 8,5 pieds de diamètre (2,9 m) et les latrines. Un pilier rond
soutient deux souillardes en saillie dans la cour, au-dessus du puits. Un autre supporte une galerie,
attenante à l’escalier, qui communique « du devant au derrière ».
Le corps de logis arrière, situé hors du périmètre de fouille, a presque les mêmes dimensions que celui
sur la rue (6,85 x 16,4 m). Il possède une cave, deux bas, deux étages de deux chambres chacun. Au-delà,
plus à l’est, s’étend une seconde cour de 22 pieds de large sur 20 de long (7,5 x 6,85 m), dont plus de la
moitié est occupée par un « couvert » (4,1 x 6,85 m).
Le projet de reconnaissance en faveur de l’abbaye d’Ainay dressé vers 1735 pour les recteurs de l’HôtelDieu n’apporte aucune précision supplémentaire.
2.4.11.2. Les données archéologiques
La maison de la Madeleine était trop arasée pour livrer beaucoup de vestiges modernes. Seuls ont été
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mis au jour le fond d’une fosse tronquée (US 1394) de 124 cm sur 70, contenant du mobilier céramique de la
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phase 4.1, ainsi qu’un bloc de béton de chaux rectangulaire (US 1439) adossé à la jonction des murs US 1437
et 1435 de la maison contiguë. Ce bloc d’1,60 m de longueur conservée, arasé à 164,46 m NGF, pourrait être
le vestige d’une fondation de mur de cave. Le corps de logis sur rue en possédait deux en 1723. Elles n’ont
pas laissé d’autre trace.
2.4.12. La maison Piccard
2.4.12.1. Les données historiques
La maison Piccard est située à l’arrière des maisons Boissieu, Lacombe et Chazel, au long du chemin sur
berge et des courtines du Rhône. Selon le projet de reconnaissance rédigé à l’intention de la veuve Sourdet
pour l’abbaye d’Ainay, elle était en 1677 « nouvellement divisée » de la Grande Cour et de ses dépendances
reconnues par Vital Verchère l’année d’avant (Cf. maison Chazel), mais aussi de la maison du Merle Blanc
d’Étienne Goutal. Pour le feudiste, et nous allons voir dans quelle mesure il a raison, il est clair que la
maison de Jeanne Buisson résulte du démembrement de celle qu’Étiennette Forest avait reconnue en 1538.
Or celle-ci procéderait de la reconnaissance de Jean Totein le vieux, passée en 1486 pour des maisons qui
auraient appartenu plus tôt à Pierre Moret, le fils (et l’héritier) de Nicolas Moret. Puisque la documentation
nous le permet, c’est de lui qu’il faut repartir.
e
Nicolas Moret vivait à la fin du XIV siècle. C’était un pêcheur aisé : selon le Vaillant de 1388, il
possédait deux maisons avec jardin dans la rue Bourgchanin, un courtil vers le pont de la Guillotière et une
8
maison de moindre valeur « sur la rive du Rhône », dans laquelle il demeurait . Deux d’entre elles avaient
fait en 1383 (la date ne nous est connue que par des documents plus tardifs) l’objet d’une reconnaissance
en faveur de l’abbaye d’Ainay : deux maisons situées l’une derrière l’autre (sitas ante et retro), avec jardins
et saulaies, qu’il avait acquises de Jean Beconnay. En 1408, ces deux maisons contiguës, avec leurs deux
jardins sur l’arrière, sont reconnues par Pierre Moret, son fils, lui aussi pêcheur. Il s’agit évidemment des
mêmes : elles sont situées au bord du chemin de la rive, appelé « en les Peyssières », qui conduit de l’HôtelDieu au pont du Rhône (à l’est), entre la vigne de Me Jean Favre dit Calamard, prêtre de Saint-Nizier, qui fut
de Jean Becconnay (au sud), les maison et jardin de Jean Benoît (au nord), et le jardin de Pierre Couturier
(à l’ouest). Pierre Moret, notons-le au passage, reconnaît aussi une maison haute et basse située au même
endroit, à l’arrière de celle de Jean Benoît, et qui pourrait correspondre à la troisième maison que tenait
son père en 1388.
La maison passe ensuite à un certain Bactonis, puis à son gendre, Matthieu d’Yrieu, avant d’échoir aux
mains de Jean Totein le vieux, un panetier lyonnais que l’on sait par ailleurs propriétaire d’une maison sur
la rue Bourgchanin (Cf. maison de l’Arche d’Alliance) et, comme nous l’indique fort heureusement une
mention marginale, de la « grande maison appelée la Grant Court, assise près l’Hôpital du pont du Rhône »,
que les héritiers de Pierre de Cuysel tenaient encore en 1446. S’agit-il de la maison haute et basse que
En 1486, Jean Totein reconnaît tenir de la directe de l’abbé d’Ainay, « certaines maisons et jardins »
désormais fusionnées (« que nunc sunt in unum ») au sein desquelles se trouve peut-être la Grant Court. Ces
confins n’ont néanmoins pas varié depuis 1408 : la voie sur berge (à l’est), la vigne qui « fut de la maison de
8
éd. Philipon, 1927, p. 180.
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Pierre Moret possédait aussi, nous l’avons vu, à l’arrière de celle de Jean Benoît ?
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Jean Favre dit Calamard, ensuite de Simon Colombier, puis de Jean Marscuadi et qui est maintenant appelée
du Lévrier » (au sud), les « maison et jardin » qui furent à Jean Benoît et sont maintenant à Jean Billioud,
excoffier, (au nord) et le jardin de Pierre Couturier, qui est maintenant aux héritiers d’Henri Point (à
l’ouest) – ceux-là même qui devaient en 1502 passer reconnaissance pour la maison de Guillaume
Gaillardon (Cf. maison Lacombe).
Pierre Billioud, selon les nommées de 1446, possédait une petite grange et un jardin contigu joignant
les « maison et courtil du drapier Châtillon » (Cf. maison de l’Aumône). Le fonds de Jean Toteyn se situe donc
entre cette grange que l’on imagine située à l’arrière de la maison Boissieu, au nord, et la maison du
Lévrier, c’est-à-dire le corps méridional de la maison du Merle Blanc, au sud. Les confins ne sont plus tout à
fait les mêmes dans les nommées de 1493 et de 1516, dates auxquelles les « grange et jardin sur le Rhône »
des héritiers de Jean Toteyn s’étendent au nord jusqu’au jardin des héritiers Châtillon, paraissant du coup
avoir absorbé les possessions Billioud dont il n’est désormais plus question. Comment, cependant,
concevoir que la maison de Guillaume Gaillardon, située sur la rue Bourgchanin, entre ces deux extrêmes,
possède à la même époque un jardin traversant jusqu’au Rhône, qu’elle détenait encore en 1569 alors que
la maison était passée à la famille Debussy (Cf. maison Lacombe) ?
La reconnaissance d’Étiennette Forest, en 1538, corrige cette apparente incohérence. Si le fonds, qui
sans aucun doute lui est parvenu par sa mère, Jeanne Toteyn, a toujours la même limite méridionale, il
confine désormais, au nord comme à l’ouest, au jardin d’Antoine Debussy et de ses enfants (maison
Lacombe). À cette date, il ne comprend plus de maisons proprement dites, mais des granges et un jardin.
Que deviennent-ils ensuite ? Les lacunes de la documentation nous réduisent aux conjectures. Peut-être
sont-ils mis en vente par Charles Dubois, le fils de Jeanne et de Thomas Dubois, que l’on a vu en 1589 se
débarrasser de la maison héritée de sa mère, rue Bourchanin (Cf. maison de l’Arche d’Alliance). Ne serait-ce
pas la maison et le jardin que Françoise Liatard (ou Liabert) possédait en 1592, à l’est de la maison de
François Dru (Cf. maison Boissieu), et qui paraissent avoir intégré le patrimoine Bausillon au début du XVII
e
siècle ? On comprendrait mieux de cette façon qu’ils puissent être, en 1677, « divisés nouvellement » d’avec
le « corps de maison appelé la Grande Cour » alors tenu par les époux Verchère et Boyer, héritiers Bausillon.
Ce n’est plus à cette date qu’un corps de maison composé de chambres, d’une grange et d’arcs de
boutique aux mains de Jeanne Boisson, la veuve du sieur Sourdet. De celle-ci, la maison passe à Claudine
Buisson, veuve, quant à elle, d’un boucher lyonnais, Jacques Hodieu, puis à son frère utérin, Pierre Piccard,
un bourgeois d’Avignon. C’est lui qui, accédant aux prières des administrateurs de l’Hôtel-Dieu, consent en
1724 à leur échanger, contre une maison rue des Eclaisons et une autre rue Raisin, la maison « en deux
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corps de logis » dont il a hérité « sur les courtines du Rhône ». Selon le projet de reconnaissance en faveur de
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l’abbaye d’Ainay dressé vers 1735, la maison disposerait d’un étage et d’un grenier ou galetas au-dessus,
d’un bas ou boutique de tripier au-dessous, d’une cour, d’un puits et de caves.
2.4.12.2. Les données archéologiques
La maison Piccard n’a livré que deux murs, US 7 et 9/31, dont nous avons déjà parlé dans le chapitre
consacré à la maison de l’Aumône (Cf. § 2.4.5.2.3. La maison Laperle).
2.4.13. La maison Lempereur
2.4.13.1. Les données historiques
La maison Lempereur trouve son origine dans une petite maison avec jardin, tenue en 1493 par le
maçon Guillaume de Chessy. Selon la reconnaissance que son successeur, sinon son donataire, le tailleur de
pierres Pierre de Pomeys (dit lui aussi de Chessy) passa en 1510, cette maison et son jardin correspondraient
au quart des maisons et jardins qu’avait reconnues plus tôt Frédéric Chevrier, au terrier Burlet depuis
longtemps perdu. Comme la moitié orientale de sa voisine immédiate, la maison Lempereur serait donc
issue du démembrement d’un ensemble immobilier plus vaste (Cf. maison Bournicat).
En 1516, cette « petite maison » et son jardin derrière sont à Guillaume de Chessy. En 1528, c’est
devenu une « maison haute et basse » dont Pierre Laurens dit Chessy, lui aussi tailleur de pierres, passe
reconnaissance en 1538 en faveur de l’abbaye d’Ainay. En 1551 comme en 1575, elle est à ses héritiers.
Elle disparaît ensuite de notre documentation avant de reparaître près d’un siècle plus tard aux mains
des héritiers Chaslay. En 1661, Blanche Rollin, veuve de François Chaslay, et Claude Chaslay, dit Lagneau,
vendent à Marie Torre veuve de Pierre Brouliard, un bourgeois de Lyon, une « maison haute, moyenne et
basse » composée d’un bas « cadeté et pavé de cailloux » doté d’un puits, de deux étages de deux chambres
chacun et d’un grenier au-dessus, et qu’une cour pavée sépare d’une étable surmontée d’une fenière. Le
fonds de la parcelle confine au sud à la maison de Jacques La Verrière.
En 1665, estimant sa maison « vieille » et « caduque », « en sorte qu’il convient d’en rebâtir la plus
grande partie et faire diverses réparations à l’autre », Marie Torre prend le parti de la revendre à Pierre
Chavet, marchand boucher, et à sa femme Jeanne Giraudon.
Comme l’attestent plusieurs prix faits et quittance datés de 1667, ce sont eux qui se chargent
maison et requièrent la fourniture de « pierres de taille, cadettes, routtes, carreaux, briques et autres
matériaux et mortier ». Il semble plus exactement s’agir de la reconstruction totale de la muraille sur cour,
fondée jusqu’au gravier, sans doute dans le but d’agrandir le corps de logis sur rue.
En 1675, la veuve et les enfants Chavet vendent à Jean Lempereur leur « maison haute, moyenne et
basse, consistant en un corps de logis sur le devant, un autre sur le dernier et une cour au milieu ». Lorsque
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d’effectuer les travaux nécessaires, lesquels s’apparentent, aux yeux du maçon, à une « construction » de
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celui-ci la revend vingt ans plus tard à l’Hôtel-Dieu, le corps de logis sur l’avant comprend un bas, une
chambre au premier étage et un grenier au-dessus. Le bas et la chambre sont divisés par un poteau.
L’escalier est en bois. Le corps de logis sur l’arrière est composé seulement d’une écurie et d’une fenière
« n’y ayant aucune cave ni puits ». Selon le projet de reconnaissance en faveur de l’abbaye d’Ainay dressé
vers 1735 à l’attention des recteurs de l’Hôtel-Dieu, la maison était composée de « deux étages contigus,
bas et caves sur rue, cour, écuries et fenières ».
2.4.13.2. Les données archéologiques
Le fond de la parcelle de la maison Lempereur est délimité par trois murs, implantés dans les terres de
ce jardin que les archives signalent pour la dernière fois en 1516, à l’arrière de la maison de Guillaume de
Chessy. Le mur US 77, qui clôt cette étroite parcelle du côté sud, est avant tout celui du jardin de la maison
de l’Arche d’Alliance dont il borde tout le flanc nord (Cf. supra). Comme on a pu le voir, il est composé de
galets, de petits moellons de pierres dorées et de granite, liés par un mortier pulvérulent oscillant du beige
verdâtre au gris clair. Il est arasé à 166,28 m NGF et mesure 50 cm d’épaisseur. De même nature, sa
fondation descend à 164,88 m NGF. Des tessons de céramique culinaire de la phase 3.2 y ont été recueillis.
Le mur US 117/794 est en tout point semblable au mur US 77, sur lequel il se greffe à angle droit et
auquel il paraît être chaîné. Il est arasé à 165,99 m NGF. Sa fondation légèrement débordante repose à
165,05 m NGF. Elle scelle le remplissage de la fosse US 787, ouverte à 165,30 m NGF, qui contenait une faune
abondante et trois tessons de céramique de la phase 3.3, probablement intrusifs. Le mur de clôture est (US
78) est plus récent : il s’appuie sur la jonction des murs US 77 et 653, sans être chaîné à l’un ni à l’autre. Il
est entièrement construit de pierres dorées, liées par un mortier gris compact, et repose sur une fondation
débordante de 54 cm d’épaisseur.
Une petite construction trapézoïdale enterrée dans les terres noires (US 785) a été mise au jour à
l’angle des murs US 77 et 117 (pl. 319). Elle mesure 1,91 m de long pour une largeur variant d’1,42 m à 1,60
m. Ces quatre murs (US 886 à 889), enfoncés dans le substrat graveleux à une altitude inférieure à 163,29 m
NGF, sont bâtis en pierres dorées liées par un mortier gris foncé. Deux d’entre eux, à l’ouest et au sud (US 887
et 888), l’ont été en sous-œuvre des deux murs de clôture précités. Cet édicule, une fosse d’aisance peutêtre liée au corps de logis sur cour que la documentation signale incidemment en 1675, devait être
initialement couvert d’une voûte qui fut remplacée à l’occasion de son agrandissement. Le mur nord (US
886) fut en effet démoli et arasé à 163,91 m NGF et on prolongea les deux murs est et ouest (US 889 et 887)
par deux autres murs de pierres dorées grossièrement aboutés, construits contre l’encaissant limoneux. Un
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troisième mur devait les relier plus au nord (l’extrémité septentrionale de cette fosse agrandie fut démolie
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e
lors de la construction de l’Hôtel-Dieu, au milieu du XVIII siècle). L’agrandissement F781 comme la fosse
primitive furent couverts par une même voûte en berceau (pl. 207) dont l’extrados atteint ici 165,99 m NGF.
Ce chantier laissa à la surface de l’horizon US 785 une couche de mortier pulvérulent d’environ 5 cm
d’épaisseur (US 789, vers 165,50 m NGF). La voûte de cette fosse agrandie de plus de 2,55 m de long, sans
doute rehaussée, émergeait de plus de 50 cm de ce niveau de travail. Elle fut enterrée sous divers remblais
(US 781, 792, 793) au sommet desquels on disposa un pavement de galets en tête de chat. Deux zones s’y
dessinent : une allée de près d’1 m de large (US 118), à l’ouest, longe un plus vaste tapis, de 2,70 m de
largeur. Une bordure de gros galets souligne cette démarcation qui correspond probablement à une cloison
de planche, sur charpente, comme le suggère un gros dé de calcaire, tout à fait au sud, qui dut servir de
support de poteau. Un cordon périphérique de galets d’un module intermédiaire borde les murs ouest et
sud. Les lacunes du côté oriental (US 114) pourraient laisser penser que le mur US 78 a été reconstruit. Quoi
qu’il en soit, ce pavage de galets est à mettre en relation avec la fonction d’écurie que le bâtiment sur cour
avait retrouvée, en 1695, lorsque la maison fut vendue aux recteurs de l’Hôtel-Dieu.
2.4.14. La maison Bournicat
2.4.14.1. Les données historiques
e
La maison Bournicat est née de la fusion à la fin du XVI siècle de deux maisons voisines : celles de
Pierre George et de Léonard Soyet.
La première, à l’est, est elle-même issue du démembrement d’un ensemble de maisons et de jardins qui
aurait été primitivement reconnu par Frédéric Chevrier au terrier Burlet, disparu de longue date. C’est une
grange avec jardin qui est en 1493 à Pierre George, dit Colin. Selon la reconnaissance qu’il passe en 1510
en faveur de l’abbé d’Ainay, elle correspondrait aux trois quarts du fonds Chevrier.
Si en 1493 la grange de Pierre George confinait à l’ouest à celle de Jean Magnin (Cf. maison Dupas, §
2.4.15), elle en est séparée en 1510 par le jardin de Léonard Soyet et en 1516 par « une maison ou grange »
que le même Soyet a dû y construire entre temps. Cette nouvelle maison est ensuite acquise par les héritiers
de Pierre George qui possédaient ainsi, en 1528, « deux maisons basses » joignant à l’ouest la maison de
Claude Cottin.
En 1551, les deux maisons sont de nouveau scindées : l’une appartient au tripier Pierre Guy (à l’ouest),
l’autre à un certain Benoît Pariel (à l’est) qui pourrait avoir succédé à Pierre Collonge, dit Perricaud (1538).
En 1575, elles sont respectivement aux héritiers de Pierre Guy et à Antoinette Carra, puis, toutes deux, à
2.4.14.1.1. La maison double des héritiers Guy
La « maison, cour et étable » de Jean Guy, dit la Girouette, et de Marie Damona, sa femme, est aux mains
de leurs héritiers dès 1632. En 1661, elle est vendue à la requête d’Humbert Lecourt sur les époux Guy et
Damona et adjugée par décret à Jacques Laverrière, propriétaire entre autres du corps sud de la maison de
l’Arche d’Alliance. La maison passe ensuite à son fils et homonyme qui la revend en 1680 à Laurent
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ceux-là seuls ensuite.
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Lathuille, marchand tripier, et à Françoise Angelle sa femme. C’est alors une « maison haute, moyenne et
basse », consistant en deux corps de logis composé chacun d’un bas avec cheminée, d’une chambre audessus et d’un grenier tout en haut. Les deux corps de logis sont séparés par une cour dans laquelle il y a
des latrines et un puits à eau claire mitoyen et commun avec les héritiers Marquet (Cf. maison Dupas). Au
« bas » de la cour, il y a une écurie servant de fenière. Les acquéreurs seront tenus de faire boucher « à gros
de mur » les jours dont la maison dispose sur l’allée et passage qui est « rière icelle appartenant aud. sieur
vendeur » (Cf. maison de l’Arche d’Alliance).
En 1686, Isaac Breton, maitre tripier, héritier bénéficiaire de Laurent Lathuille, vend la maison dont il
a hérité à Pierre Michallon, un marchand boucher. Elle ne comprend plus qu’un seul corps de logis, sur le
devant, dont l’étage et le grenier, divisé en deux par des cloisons de planches, sont desservis par un
escalier en bois. Au fond de la cour, le second corps de logis a fait place à une écurie, elle aussi séparée en
deux, et une fenière au-dessus.
La maison échoit à Pierrette Michallon à la mort de son père. En 1724, elle et son mari, Jean Bournicat,
acceptent de l’échanger avec les recteurs de l’Hôtel-Dieu contre une autre maison située rue Bellecordière.
D’après la description qui en est faite peu après, elle consistait en un corps de logis sur rue de 14 pieds en
façade et 18 sur la cour, contre 41 pieds de longueur (4,8/6,15 x 14,05m), composé de deux bas, de deux
chambres à l’étage et de deux greniers au-dessus. La cour mesure 18 pieds de long, pour une largeur
variant de 18 pieds du côté du corps de logis et 19 du côté de l’écurie (6,15 x 6,15/6,5). Elle est en partie
occupée par un escalier de pierre en demi-vis, par les latrines, par un puits et par une petite étable, close de
bois, pour les moutons. Au fond de la cour se trouve l’écurie de 20 pieds de profondeur par 23 pieds de
large (6,85 x 7,9 m). L’ensemble est jugé « en très bon état ». Selon le projet de reconnaissance en faveur
de l’abbaye d’Ainay dressé vers 1735 pour les recteurs de l’Hôtel-Dieu, la maison était dotée d’une cave.
2.4.14.2. Les données archéologiques
Le fond de la parcelle Bournicat est borné au sud et à l’est par les murs US 77 et 117/794, dont nous
avons déjà parlé (Cf. maison Lempereur), et par un troisième mur (US 1088), à l’ouest, fait de galets liés par
un mortier beige grossier, d’une soixantaine de centimètres d’épaisseur, en grande partie détruit par la
construction de la façade orientale des loges des fous. Si sa relation avec le mur sud US 77 n’est pas lisible
pour cette même raison, on peut observer que le mur US 1118, qui le prolonge vers l’ouest, s’appuie contre
le flanc occidental du mur US 1088. Plus de 6,70 m séparent ce mur du mur est US 117 : cette parcelle double
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procède, rappelons-le, de la fusion, opérée entre 1575 et 1632, de deux maisons contiguës.
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L’essentiel de la surface fouillée était occupée par une pièce rectangulaire, aménagée dans un léger
creusement (US 2004) réalisé, en surface des terres noires médiévales (US 878/785) jusqu’au pied des murs
de clôture. Leurs fondations s’en trouvent d’ailleurs un peu déchaussées. Construit entre les murs US 1088
et 117, dans le but de fermer la pièce du côté nord, le mur US 897 s’installe dans ce creusement, à 3,50 m de
distance du mur US 77. Il mesure 40 cm d’épaisseur et est arasé à 166,07 m NGF. Sa base repose à 165 m NGF,
soit une altitude comparable à celles des murs US 77 (164,88 m) et US 117 (165,05 m). Le sol de la pièce (US
786) est constitué d’une pellicule charbonneuse déposée à la surface des niveaux médiévaux sous-jacents
(US 878). Aucun élément ne permet de dater ce sol et, partant, la construction de ce bâtiment. On est
toutefois tenté d’identifier celui-ci au corps de logis sur cour cité lors de la vente de la maison en 1680,
dont le bas possédait – c’est du moins ce qu’on nous dit – à la fois une cheminée et une écurie. Jusqu’à ce
que la vente fût signée, ce corps de logis communiquait avec l’arrière de la maison de l’Arche d’Alliance,
alors aux mains du même propriétaire.
Le mur US 890, dont les vestiges ont été mis au jour en contrebas nord du mur US 897, à 164,82 m NGF,
appartient à une petite construction enterrée et comme construite en sous-œuvre, dans l’angle sud-est de
la cour qui séparait ce corps de logis de celui bâti sur la rue (pl. 207). C’est une maçonnerie de pierres
dorées, galet et granite d’1,76 m de long pour 25 cm d’épaisseur, enfoncée dans les limons et la grave. Un
chicot de mur (US 891) en tout point semblable, et encore chaîné, orthogonalement, à son extrémité ouest,
forme un retour vers le nord. Son extrémité est présente par ailleurs des traces d’arrachements. Il s’agit
probablement de la fosse d’aisance des latrines, que nous savons par les archives aménagées dans la cour,
fosse qui fut en grande partie détruite par la construction du mur US 4 de l’Hôtel-Dieu.
La pièce F897 du corps de logis sur cour fut par la suite transformée. On rehaussa une première fois le
sol par un remblai d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur (US 795), convenablement réglé, dans lequel
des tessons de céramique de la phase 3.3 ont été recueillis. Divers apports de terre et de matériaux
détritiques le portèrent bientôt à plus de 165,90 m NGF. Ces remblais devaient servir de support à un
pavement de galets en tête de chat culminant à 166,17 m NGF (US 116 ; pl. 319). Des ruptures dans les
ordonnancements de galets signalent ça et là des reprises (US 104, par exemple). Les gros galets du cordon
périphérique, placés en bordure des murs US 117 et 77, sont parfois remplacés par des pierres dorées. On
remarquera en outre un alignement de pierres allongées qui gardent peut-être le souvenir d’un
cloisonnement interne que bordait une allée (US 104) . Une rigole parcourt enfin la pièce d’est en ouest, à
moins de 60 cm du mur US 897.
Ce pavement est sans aucun doute celui de l’écurie que les archives signalent dès 1686 en lieu et place
du corps de logis sur cour. Selon la description de la maison faite peu après son acquisition par l’HôtelDieu, en 1724, l’écurie du « fond de la cour » mesurait 6,85 m de profondeur sur 7,90 de large. Vu la largeur
de la parcelle, ces mesures ont sans doute été inversées. Il n’en reste pas moins que l’écurie avait doublé de
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taille, au dépens de la cour.
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2.4.15. La maison Dupas
2.4.15.1. Les données historiques
La maison Dupas est à l’origine une grange avec jardin, voisine de celle des héritiers Toteyn. Elle
appartient au boucher Jean Magnin en 1493, puis au blanchier Claude Cotin (1516) qui la transforme en une
« maison haute, moyenne et basse » (1528). Elle est ensuite acquise par Millet Taillard et réunie à sa voisine
occidentale (1551) dont elle suit les vicissitudes jusqu’au partage de 1644 (Cf. maison Geoffray).
2.4.15.1.1. Le partage de 1644 et ses suites
Au terme du partage de la succession Marquet réalisé en 1644, la moitié orientale de l’ancienne maison
Taillard est attribuée en indivision à Claude et à André Marquet le jeune. Elle est décrite comme une
« maison haute et basse », composée de deux corps de logis séparés par une cour dans laquelle se trouve un
puits à eau claire commun avec la maison voisine de Jean Gui (à l’est). Le corps de logis sur l’avant
comprend un bas, une chambre (à l’étage) et un grenier au-dessus, auxquels on accède par un escalier et
une galerie de bois. Le corps de logis sur l’arrière est une écurie, surmontée d’une fenière, séparée de celle
qui a été dévolue à André Marquet l’aîné par un poteau qu’il faudra remplacer par un mur (Cf. maison
Geoffray). La parcelle joint au sud le jardin Courtin (Cf. maison de l’Arche d’Alliance).
La maison devient par la suite la propriété du seul Claude Marquet, peut-être à l’issue d’un second
partage dont nous n’aurions pas retrouvé trace. Le règlement de sa succession et de celle de son épouse,
née Geoffray, comme le propriétaire de la maison voisine, est l’occasion d’une expertise menée en 1685 par
Claude Chanal, maître architecte de Lyon, connu notamment pour ses travaux à l’Hôtel-Dieu, et par un
charpentier. Leur compte-rendu est retranscrit en annexe. La maison consiste alors en un bas que
surmontent deux étages et un grenier. Le bas mesure 28 pieds 3 pouces de long sur 11 pieds de large (9,7 x
3,75 m). Il est pavé de cadettes en pierre de taille et possède une cheminée de pierre. Les deux étages à
chambre unique et le grenier sont desservis par un escalier de bois installé sur le côté nord de la cour.
Celle-ci mesure 18 pieds de long sur 11 de large (6,15 x 3,75 m). Elle est occupée du côté ouest par les
latrines et (du côté est) par le puits à eau claire, dont l’usage est toujours commun avec le voisin. L’écurie,
située au fond de la cour, mesure 26 pieds de profondeur sur 11 de large (8,9 x 3,75 m). La fenière, audessus, est accessible par un escalier de bois « en échelle ».
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La maison de Claude Marquet échoit par tirage au sort à Marie Marquet, épouse d’André Dupas, greffier
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en la Sénéchaussée et siège présidial de Lyon. En 1690, ils la vendent « aux pauvres de l’Hôtel Dieu ». Le
fonds qui est alors « tout vieux et caduc » confine au sud à une cour dépendant des maisons et bâtiments
que les La Verrière ont vendus un mois plus tôt aux recteurs de l’Hôtel-Dieu (Cf. maison de l’Arche
d’Alliance). Selon le projet de reconnaissance dressé à leur intention vers 1735, la maison n’avait plus à
cette époque qu’un étage mais possédait une cave.
2.4.15.2. Les données archéologiques
La maison Dupas n’a pas livré de vestiges archéologiques.
2.4.16. La maison Geoffray
2.4.16.1. Les données historiques
La maison Geoffray, rue Serpillière, n’était plus en 1493 qu’une « maison en grange » aux mains des
héritiers de Jean Toteyn, panetier aisé du Bourchanin que les feudistes modernes ont confondu avec son
contemporain et voisin Jean Toullin. Ils la tenaient toujours en 1516 et en 1528.
2.4.16.1.1. Les deux corps de la maison Taillard
La grange et la maison qui lui est contiguë, à l’est, et qui appartenait encore à Claude Cotin en 1528,
sont acquises dans les années qui suivent par Millet Taillard, que l’on sait aussi héritier par sa femme de la
maison Corbet (Cf. maison Chazel). Sans doute y entreprend-il des travaux car les nommées de 1551 le
disent propriétaire de « deux maisons en la rue tendant de l’Hôpital au pont du Rhône » : il n’est plus dès lors
question de granges. Ces deux maisons contiguës restent la propriété des Taillard jusqu’en 1613, date à
laquelle elles sont mises en vente à la requête des recteurs de l’Hôtel-Dieu, contre Claude Taillard, peutêtre en raison d’une pension foncière non acquittée. Un décret de la Sénéchaussée les adjuge à Claude
Dalloz, un bourgeois Lyonnais. Son fils et homonyme, docteur en droit et avocat es cours de Lyon, les vend
en 1632 à Claude Marquet, un marchand chandelier. Elles consistent alors en « une maison haute moyenne
et basse, faisant deux corps de logis sur le devant avec leurs cours, grange et étable, qui solloyent être en
jardin sur le dernier», séparée de la maison de Jean Guy, à l’est, par une muraille mitoyenne dans laquelle se
trouve « un puits commun », et qui confine au sud au jardin d’Antoine Lacombe (Cf. maison de l’Arche
d’Alliance).
2.4.16.1.2. La maison d’André Marquet l’aîné
En 1644, les trois fils de Claude Marquet se partagent l’héritage paternel qui comprend cinq maisons au
total. La maison double provenant des Taillard est scindée en deux. La partie occidentale échoit à André
composé d’un bas avec puits à eau claire, d’une chambre (à l’étage) et d’un grenier, desservis par un
escalier en bois. Le corps de logis sur l’arrière n’est qu’une écurie « emparée d’ais », surmontée d’une
fenière, étendue sur toute la largeur des deux corps de l’ancienne maison Taillard : elle devra donc être
scindée en deux par une muraille à construire à l’emplacement du poteau médian. Dans la cour se trouvent
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Marquet l’aîné. Elle comprend deux corps de logis séparés par une cour. Le premier, sur l’avant, est
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les latrines et la fosse d’aisance qui demeurera commune avec l’autre moitié de la maison Taillard, dont
André Marquet l’aîné devra supporter les eaux pluviales.
La maison passe on ne sait trop quand ni comment aux mains du sieur Cusset (1685) puis en celles
d’Antoine Geoffray (1690) qui, en 1696, reconnaît la tenir de la directe du chapitre d’Ainay, à cause de sa
rente noble de l’Aumônerie. Elle passe ensuite à sa veuve, Françoise Desgranges (1707, 1709), puis à leurs
quatre enfants et héritiers qui, prévenus que les recteurs de l’Hôtel-Dieu « étaient obligés d’en augmenter
les appartements pour pouvoir y contenir les pauvres malades et surtout les soldats de troupes de sa Majesté
qui s’y présentent journellement », consentent à la vendre, chacun pour sa part, en 1723 et 1724.
Selon la description qui en est faite peu après, la maison consistait en un corps de logis sur rue de 12
pieds de large sur 46 de long (4,1 x 15,75 m) composé de deux bas, dont l’un doté d’un puits, d’un étage de
deux chambres surmontées de deux greniers. Au bout de l’allée, dans la cour de 12 pieds en carré (4,1 x 4,1
m) se trouvaient un escalier de pierre (et non plus de bois, comme en 1644) et des latrines. Le fond de la
cour était occupé par une écurie de 29 pieds de long sur 12 de large (9,9 x 4,1), avec une cave au-dessous
(qui n’existait pas en 1644) et une fenière au-dessus, de mêmes dimensions.
Selon la reconnaissance passée par les recteurs de l’Hôtel-Dieu en faveur du chapitre d’Ainay, en 1726,
la parcelle mesurait 77 pieds 10 pouces à l’est (26,65 m), 12 pieds 3 pouces au sud (4,2 m), 79 pieds à
l’ouest (27,05 m) et 12 pieds 9 pouces sur la rue de la Triperie (4,4 m). Le projet de reconnaissance dressé
pour les mêmes vers 1735 précise en outre qu’elle comprenait deux étages et des caves sous le rez-dechaussée, qu’elle n’avait pas en 1696.
2.4.16.2. Les données archéologiques
Le fond de la parcelle de la maison Geoffray était entièrement occupé par une cave de 3,80 m de large
(F1124, pl. 320). Amputée du côté nord lors de la construction de l’Hôtel-Dieu, cette cave est bordée sur les
trois autres côtés par des murs appareillés en pierres dorées, liées par un mortier gris très compact et
ponctuellement calées par des briques. Ces trois murs sont chaînés entre eux. Le mur US 1123, qui reprend
le tracé de la limite parcellaire fixée par le partage de 1644, est adossé à la paroi est de l’excavation
préalablement réalisée (US 909) ; il mesure 65 cm d’épaisseur. Le mur sud, US 1124, est construit en sous
œuvre du mur de clôture US 839 (pl. 320) ; son épaisseur est de 75 cm. La cave était couverte d’une voûte en
berceau dont l’une des retombées est encore ancrée dans la maçonnerie du mur ouest (US 840, pl. 321). Les
reins de cette voûte sont chargés d’un remblai qui servait de support à un pavement de tête de chat (US 841)
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culminant à 166,27 m NGF. Le sol de la cave était constitué par un niveau de terre battue étendue à 163,96
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m NGF sur la grave qu’avait atteinte l’excavation. Cette cave qui a partiellement pris la place d’une écurie
« emparée d’ais » encore citée en 1644 est signalée dans la documentation peu après l’acquisition de la
maison par les recteurs de l’Hôtel-Dieu, en 1724. Elle occupe alors le sous-sol d’une écurie de près de 10 m
de long sur 4,10 m de large, dont le pavement US 841 est l’unique vestige.
2.4.17. La maison Laverrière (rue Serpillère).
2.4.17.1. Les données historiques
Cette maison n’a pas fait l’objet de recherches spécifiques en archives.
2.4.17.2. Les données archéologiques
Le mur US 840, qui mesure près de 90 cm d’épaisseur à sa base, supporte aussi du côté ouest la
retombée de la voûte d’une seconde cave dépendant de la maison voisine (pl. 321). Cette cave en grande
partie détruite lors de la construction de l’Hôtel-Dieu, est limitée du côté sud par le mur US 1122, bâti lui
aussi, quoique sur un tracé légèrement différent, en sous-œuvre du mur de clôture US 839. Deux soupiraux
de plus de 90 cm de large et 45 cm de profondeur se développent par ailleurs dans l’épaisseur de la
maçonnerie de ce mur US 1122. Ils débouchent au sud, dans le pavage US 835 et 838 de l’allée de la maison
de l’Arche d’Alliance où leur ouverture rectangulaire est soulignée par les restes d’une dalle (de tampon ?)
en calcaire à gryphées (pl. 322-323). Les pans inclinés de ces deux soupiraux, comme les parements des
murs sud et est, sont par ailleurs recouverts d’un enduit de chaux. Le fond de cette cave est en tout point
semblable à celui de la cave F1124.
Les deux caves F1124 et F840 qui partagent et que sépare un même mur (US 840) sont contemporaines
l’une de l’autre. Si l’on sait la première aménagée entre 1644 et 1724, la seconde est explicitement citée
dans la documentation en 1690, lorsque Jacques de Laverrière vendit à l’Hôtel-Dieu « une maison
consistant en deux corps de logis composés d’un bas, chambre au premier étage et grenier au-dessus, celui de
derrière ayant une cave voûtée et celui de devant n’en ayant aucune » (Cf. infra, § 3.11.4). La cave F840 est
donc antérieure à cette date. On peut même supposer qu’elle est l’œuvre de Jacques de Laverrière qui avait
d’autant plus le loisir d’ouvrir les soupiraux dans l’allée de la maison de l’Arche d’Alliance qu’il en était
propriétaire depuis 1654. Selon cette hypothèse, les deux caves auraient été aménagées entre 1654 et
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1690.
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2.5. L’Hôtel-Dieu de J.-G. Soufflot (E. Bertrand)
2.5.1. L’extension de l’Hôtel-Dieu au XVIIIe siècle (phase 3.4)
Les agrandissements apportés à l’Hôtel-Dieu dans la première moitié du XVIIe siècle sont
considérables (fig. 3). La reconstruction de la chapelle et de son cloître, la construction du petit dôme
et des bâtiments des Quatre Rangs entre 1622 et 1655 donnent une ampleur nouvelle à l’hôpital. Cette
phase d’expansion, concentrée dans la partie nord de l’établissement, s’achève après l’édification du
bâtiment des convalescents sur la courtine du Rhône en 1663. L’état des finances de l’Hôtel-Dieu ne
permet plus alors la réalisation de projets immobiliers jusqu’au début du XVIIIe siècle.
La construction d’une nouvelle entrée avec coupole pour le cloître par l’architecte Jean Delamonce
en 1706 ouvre une nouvelle phase de travaux initiée par les recteurs de l’hôpital. Le rachat de terrains
sur les courtines du Rhône et de maisons appartenant au quartier Bourgchanin annonce la volonté
d’un nouvel agrandissement. Se positionnant sur une extension de l’hôpital sur le quai du Rhône, le
fils de Jean Delamonce, Ferdinand Delamonce, se voit d’abord confié par le consulat la conception
d’un nouveau quai, le quai de Retz. La municipalité, particulièrement ambitieuse sur le programme
architectural d’une façade sur le Rhône qui contribuera largement à l’embellissement de la ville, porte
son choix sur l’architecte Jacques-Germain Soufflot. De retour de son séjour à l’Académie de France à
Rome, il travaille sur des plans de l’Hôtel-Dieu à partir de 1739 et la première pierre des nouveaux
bâtiments sera posée le 3 janvier 1741. Soufflot encadre la réalisation de son projet jusqu’en 1756 et
désigne les architectes Melchior Munet et Toussaint Loyer pour l’achever lorsqu’il rejoint la capitale.
L’inauguration du grand dôme en 1764 marquera la fin du chantier Soufflot.
Cependant, la façade qui devait enfin anoblir la rive droite du Rhône demeure incomplète, le dôme
central est flanqué au sud par son aile et un avant corps (fig. 2 et 3, bâtiment B), mais l’extrémité
méridionale (bâtiment A) n’atteint pas encore la rue de la Barre. Au nord du dôme, seule une travée de
l’aile est réalisée et jusqu’à l’avant-corps septentrional, les bâtiments du XVIIe siècle forment une
façade discontinue. À l’extrémité nord (bâtiment N), les dernières travées dissimulent bien un
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bâtiment plus ancien.
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À l’arrière de la façade et de la grande galerie qui la dessert, deux ailes orientées est-ouest
viennent s’appuyer sur les immeubles donnant sur le côté est de la rue Bourgchanin (bâtiment E et G).
Elles enserrent un espace traversé par une aile sud-nord séparant deux cours aux dimensions réduites.
Cette aile, nommée « appartement des fous » sur l’atlas de la rente noble d’Ainay, ferme à l’est la cour
des chambres basses et donne à l’ouest sur la cour des lavoirs. Le terme de chambres basses (on
emploie aussi le terme de loges des fous) renvoie directement à la vocation du bâtiment orienté sudnord, réservé à l’accueil des « insensés ». Le nom de la cour occidentale doit être associé à un autre
bâtiment qui s’adosse aux immeubles de la rue Bourgchanin et qui est légendé sur la rente noble
d’Ainay, « appartement pour laver la vaisselle ». Ce local étroit, bordé au sud et au nord par des
tourelles en quart de rond, dépend du réfectoire (bâtiment G) qui clôt les deux cours au nord.
2.5.2. Les loges des fous
L’aile qui abritait les chambres basses a disparu très récemment. Sa démolition en 1937 a permis le
dégagement d’un espace important pouvant accueillir au sein de l’hôpital un corps de bâtiment
destiné à la chaufferie de l’hôpital. En fonction jusque dans les années 1980, il a laissé son nom à la
cour.
Le plan détaillé des loges des fous apparaît régulièrement sur de nombreux documents (plans de
l’Hôtel-Dieu, plans généraux de la ville de Lyon) entre la fin du XVIIIe siècle et le XXe siècle. Tous
montrent un bâtiment doté de galeries sur les façades est et ouest, impliquant cinq murs linéaires sudnord de fondation et neuf murs de refend est-ouest en retrait des galeries. L’élévation est du bâtiment
est par ailleurs connue par des photographies du début du XXe siècle (pl. 330).
Les cinq murs sud-nord orientés N15°E (US 149, 150, 177, 215, 296, pl. 33, 41, 324) sont
effectivement apparus quelques décimètres sous le sol actuel de la cour (les murs de fondation des
galeries avaient été mis au jour pendant le diagnostic de 2011). Tous sont maçonnés exclusivement en
pierres dorées (petits et moyens modules, mortier gris fin) et profondément fondés. Le diagnostic et la
fouille n’ont pas permis d’atteindre le seuil de leur fondation qui a pu être observé jusqu’à la cote
162,30 m NGF pour l’US 296.
Les murs nord-sud sont généralement construits en tranchée étroite mais plusieurs types
d’adaptation ont été observés en fonction des contraintes produites par la présence d’anomalies dans
le sous-sol. Ainsi, suivant la résistance et la profondeur des murs préexistants, plusieurs stratégies ont
été mises en œuvre. Les maçonneries modernes les plus fragiles ont été clairement sectionnées et
détruites sur le tracé des murs Soufflot. C’est notamment le cas des murs US 56/155, 77, 144, 192,
Plus résistant, car fondé sur un agglomérat banché, le mur US 55 a été partiellement inclus dans les
maçonneries Soufflot. En effet, un arc de décharge (US 831) enjambe le mur US 55 au niveau du mur
central des loges des fous (US 177). Le cas du mur US 324 est aussi particulier : tangent au mur US 296
en partie sud de la cour, sa légère différence d’orientation (N17°E) entre rapidement en conflit avec le
mur Soufflot. Le mur US 296 coupe les murs est-ouest des maisons du Bourgchanin US 293, 357 et 435
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194, 241, 266, 307, 839, 864, 897.
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qui abritaient deux caves mitoyennes (caves 417 et 420, pl. 326 à 328), le mur US 324 formant la limite
est de ces sous-sols. Afin de conserver l’usage de ces caves sous la cour des lavoirs qui demeurent
accessible par une traboule (US 1813) ouverte sur la rue Bourgchanin, les murs et les voûtes
sectionnés par la tranchée ouest de fondation du mur US 296 sont reconnectés par des maçonneries
complémentaires : US 335 (pl. 327) pour le mur US 293 et US 336 (pl. 328) pour le mur US 337. Avec ce
dispositif le mur Soufflot US 296 prend lieu et rôle du mur US 324 pour fermer les caves à l’est (pl. 326,
327).
À chaque fois que les fondations des loges des fous rencontrent des caves, la construction en
tranchée étroite s’interrompt de fait et laisse place à une élévation montée en assises (US 296, pl.
327). Observé dans le sondage S3 du diagnostic pour la cave 420, ce type de construction se répète
évidemment pour la cave mitoyenne 417. On le retrouve à l’extrémité nord du bâtiment pour les caves
mitoyennes 840 et 1124 dans l’emprise desquelles les parements des murs US 177 et 215 ont pu être
élevés en assises (pl. 320 à 322).
Les fondations des murs nord-sud des loges des fous montrent donc des irrégularités dues à la
nature des vestiges sous-jacents mais le principe général de construction demeure la tranchée étroite.
Le plus souvent nues, ces tranchées ont par endroit été renforcées par un système de blindage en
madriers retenus par des traverses. Ce dispositif maintenu à perte, englobé par la maçonnerie, a pu
être observé sur les parements est et ouest en partie sud du mur US 215.
Les plans successifs connus pour les loges des fous montrent un bâtiment symétrique autour d’un
mur nord-sud central (US 177). Desservies par les galeries de façades, deux travées larges de 4 m
constituent le corps de l’édifice. Les murs de refend qui partitionnent ces travées ne s’appuient pas sur
des fondations enterrées. Neuf arcs de décharge par travée sont ancrés dans les murs US 150, 177 et
215. Un seul de ces arcs de décharge est conservé dans son intégralité (US 167, pl. 41, 324), l’arc us
189 est partiellement conservé (moitié ouest de l’US 189), il ne subsiste de tous les autres (US 187,
189, 190, 191, 202, 247, 248, 278, 279, 828, 829, 830, 831) que l’amorce de l’arc ou des traces plus
ou moins manifestes de leur arrachement. Toutes les observations sur ces arcs démontrent qu’ils ont
été réalisés dans des tranchées creusées dans les remblais de démolition du quartier Bourgchanin. Ce
mode de réalisation est particulièrement bien illustré par l’arc US 167 pour lequel il a été nécessaire de
retailler en arrondi le mur US 55 qui se trouvait en partie sur son trajet. L’état de conservation de l’arc
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US 167 permet d’en
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décrire le mode de construction : culminant à la cote de 167,46 m NGF, il est ancré
dans les murs US 150 et 177 à la cote inférieure de 166,30 m NGF. Il est constitué de grands blocs en
pierre dorée positionnés en voussoirs et équarris à la dimension de l’arc : 0,5 m de hauteur pour 0,6 m
de largeur. Entre le sommet de l’extrados et l’ancrage supérieur de l’arc, les écoinçons sont comblés
par des maçonneries à assises horizontales sur 0,7 m de hauteur au droit des parements et sur 1,10 m
entre l’arc et les murs porteurs. L’ensemble du dispositif, ancrage de l’arc et écoinçons, est ainsi porté
à 1,20 m de hauteur. Les écoinçons constituent des bouchages qui ne sont chaînés ni à l’arc, ni aux
murs.
Ces arcs de décharge supportaient donc toute l’élévation des murs de refend des loges des fous. Les
poussées verticales du bâtiment étaient, pour les deux travées, déviées vers le mur central US 177.
Pour la travée est, reportées vers le mur US 150 et pour la travée ouest, vers le mur US 215. Sur
l’ensemble de l’aile les arcs définissent des cellules de 8 m2 (4 x 2 m) ; toutefois les cellules
méridionales fermées au sud par le mur US 3 du bâtiment E sont plus larges (2,7 m), de même que les
cellules attenantes au nord au mur US 4 du bâtiment G (2,8 m).
Contrairement à ce qui apparaît sur l’ensemble des plans détaillés, les galeries de façade ne sont
pas semblables : la galerie orientale affiche une largeur de 1,75 m tandis que la galerie occidentale est
réduite à 1,10 m. Sous la galerie est, des murs butant sont alignés sur les arcs de décharge. Ils
déplacent donc une partie des poussées encaissées par le mur US 150 vers le mur extérieur US 149.
Originellement, au nombre de neuf, les murs butant affleurent au niveau du premier ressaut des murs
US
149/150, à la cote 166,80 m NGF. Seuls les murs butant US 142, 151, 154 et 832 sont conservés
auxquels il faut ajouter le mur présent dans le sondage S4 du diagnostic. Large de 0,7 m sur 0,5 m de
hauteur, ils sont construits (pierres dorées, mortier gris fin) en tranchée étroite dans les remblais de
démolition du Bourgchanin et ne sont pas chaînés aux murs US 149 et 150.
Ce système de murs butant n’a pas été mis en place sous la galerie occidentale, mais les murs US
Murs
149
150
177
215
296
Apparition
0,8
0,8
0,85
1,10
1,10
0,9
(166,86 m NGF)
0,9
(166,80 m NGF)
1
(166,70 m NGF)
1,20
(166,05 m NGF)
Non observée
1,10
(165,95 m NGF)
1
(165,80 m NGF)
1,10
(166 m NGF)
Non observée
Non observée
1,30
(165,50 m NGF)
Non observée
1,30
Non observée
Non observée
US 250
US 213, 239
US 219, 315
er
1 ressaut
e
2 ressaut
e
3 ressaut
Tranchées de
fondation
Fig. 10 – Largeurs observées en mètre des fondations des loges des fous (murs nord-sud).
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215 et 296 sont significativement plus larges.
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2.5.3. Les lavoirs
À l’ouest des loges des fous, la cour des lavoirs est séparée des immeubles de la rue Bourgchanin
par un bâtiment dépendant du réfectoire, encadré par deux tours en quart de rond. Contrairement aux
loges des fous, nous ne possédons aucune information iconographique sur son élévation. Le plan le
plus précis sur la disposition intérieure de ce bâtiment (1820) montre une longue salle de près de 14
m de longueur sur 3,3 m de largeur (dimensions relevées sur plan, pl. 12, 13). En traversant la tourelle
nord (US 1950), elle est logiquement reliée au réfectoire par une porte qui s’ouvre à son angle sudouest. Cette longue pièce est dotée sur son côté ouest d’une cheminée et probablement d’un long bac
de lavage. Une porte à l’extrémité sud de la pièce donne sur la cour, dans l’angle sud-ouest, et une
seconde porte donne sur une pièce en enfilade de 3,3 m par 3,8 m. Si les deux salles sont directement
connectées à la tourelle nord, au sud les lavoirs s’interrompent avant la tourelle. Dans cette même
tourelle (US 1802), accessible par une porte ouverte au nord, trois latrines sont signalées (cette
vocation est indiquée sur l’atlas de la rente noble d’Ainay, pl. 11, 331). Un escalier à deux volées est
inséré entre les lavoirs et la tourelle sud.
Un puits (US 427, pl. 33) est intégré au mur est des lavoirs, il apparaît à la cote 165,93 m NGF. D’un
diamètre d’ouverture de 0,85 m, il est réalisé en béton autour d’un coffrage en bois. Le conduit est
inclus dans un massif rectangulaire de 1,15 m x 1,55 m plaqué dans l’angle des murs modernes US 421
et 446. Un second puits est représenté sur le plan de 1820, il est partiellement inclus dans le mur sud
des lavoirs. Il a été totalement détruit par les fondations de la chaufferie (US 152).
En plus du puits US 427, une seule maçonnerie semble pouvoir être associée au mur est des lavoirs.
Une structure maçonnée en pierres dorées (US 1853, pl. 33), apparaissant à la cote 166,18 m NGF, se
superpose sur 2,45 m au tracé de la façade orientale à 4 m au nord du puits US 427. La profondeur de
cette fondation large 0,8 m est inférieure à la cote de 164,30 m NGF. La façade est des lavoirs ne paraît
donc pas avoir bénéficié d’une fondation linéaire. Elle a pu en partie s’appuyer sur des maçonneries
plus anciennes : le mur de séparation entre les pièces en enfilades coïncide avec le mur US 419, et
jusqu’au puits US 427, le mur US 420 a pu, lui aussi, faire office de fondation. Ces éléments plaident
plutôt en faveur d’un lavoir ne supportant pas d’étage (sur plan, l’épaisseur du mur de façade oriental
semble inférieure à 0,5 m).
Le mur ouest, qui ferme la cour des lavoirs, apparaît plus puissant sur le plan (largeur mesurée :
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0,8 m), il devait maintenir des éléments bâtis appartenant aux immeubles de la rue Bellecordière.
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Plusieurs tronçons de fondation pouvant lui être attribués ont été effectivement mis au jour. Leur
identification repose sur leur positionnement planimétrique mais aussi sur leur mode de construction
qui peut être aisément rapproché des fondations des loges des fous.
La réalisation de cette fondation par tronçons s’explique par la réutilisation opportuniste de
maçonneries plus anciennes qui sont complétées chaque fois qu’elles font défaut. Le quart sud du mur
s’appuie uniquement sur des fondations préexistantes (murs modernes US 429, 1803, 1804, 1812,
1813, 1688). Au-delà du mur US 1688, un premier tronçon (US 1687) de 4 m de longueur est apparu à
la cote 166,57 m NGF, son seuil a été observé à la cote 163,88 m NGF. Il s’interrompt à 0,4 m du
parement sud de la fondation du mur moderne US 446. Partant du parement nord de la fondation du
mur moderne US 446, un second tronçon (US 1719) se développe sur 3 m de longueur avec une
amplitude altimétrique équivalente au tronçon précédent. Enfin, après une dernière lacune de 0,6 m,
un dernier tronçon de fondation de 5 m assure le lien avec la base de la tourelle nord (US 1950).
Les trois tronçons sont constitués d’une même maçonnerie de pierres dorées liée avec un mortier
gris fin insérée dans des tranchées étroites blindées. En effet, tous les parements mis à nu de ces
fondations (parements est des murs US 1687, 1719, 1790 ; parement ouest du mur US 1687) conservent
les empreintes d’un blindage en bois comparable à celui observé pour le mur US 215 des loges des fous
(pl. 50, 51, 325).
Les empreintes du blindage dans la maçonnerie laissent entrevoir son mode de réalisation à partir
de planches pour lesquelles deux modules sont distinguables : entre 0,22 et 0,24 ou entre 0,32 et 0,34
m de largeur. Deux lits de planches horizontales espacés de 0,6 m courent sur la longueur des
tronçons. Elles sont maintenues par des planches verticales selon des espacements irréguliers, le
dispositif est plaqué contre les parois des tranchées par des tasseaux de section carrée (8 à 11 cm). Les
tasseaux jouent le rôle de butons en traversant les planches verticales dans lesquelles ils sont insérés
Fig. 11 – Schéma de montage théorique du blindage des tranchées du mur ouest des lavoirs, vue de l’intérieur
de la tranchée.
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pour s’appuyer sur les planches horizontales (fig. 11).
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2.5.4. Éléments de chronologie
Les éléments mobiliers provenant des tranchées de fondation des bâtiments B (US 18, 32), E (US
195, 377, 1037), G (US 2005) et des loges des fous sont peu abondants (US 240, 321, 369). Ils sont de
toute façon moins précis que les données chronologiques issues des données historiques. La première
pierre du chantier Soufflot posée en 1741 constitue un terminus post quem. L’achèvement des
bâtiments ceignant la cour de la Chaufferie semble intervenir durant l’année 1747.
La démolition des lavoirs intervient en 1843-1844 en même temps que seize immeubles qui
donnaient leurs façades sur le côté est de la rue Bellecordière. Cette ouverture sur la cour des lavoirs
(devenue cour Saint-Nicolas) permet la création d’un promenoir tripartite clos (pour les femmes, les
hommes et les religieux). Les deux tourelles sont alors encore préservées. En 1937, quelques années
avant les premières mesures de classement au titre des monuments historiques (1939), les loges des
fous ainsi que la tourelle nord sont démolies pour permettre la construction d’une chaufferie qui
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occupera jusqu’en 1983 l’essentiel de la surface de la cour.
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2.6. Les aménagements récents de l’hôpital (E. Bertrand)
La réalisation du projet Soufflot n’a été finalisée en façade qu’au milieu du XIXe siècle. Toutefois,
les bâtiments qui s’organisent autour de la cour de la Chaufferie sont effectivement achevés au milieu
du XVIIIe siècle. La réalisation du promenoir en lieu et place des lavoirs et des immeubles de la rue
Bellecordière au milieu du XIXe siècle est bien documentée. Cette modification, constituée
essentiellement par un arasement du bâti, n’a pas laissé de traces archéologiques. À l’est des loges
des fous, dans la cour Sainte-Élisabeth, quelques aménagements souterrains (galeries) sont datables
du XIXe siècle.
Après la démolition des loges des fous, plusieurs constructions à vocation technique occupent la
cour de la Chaufferie. Au centre de la cour un vaste bâtiment abrite le chauffage central de l’hôpital et
un transformateur électrique (années 1960) est installé à l’ouest du réfectoire. À partir de 1983, la
chaufferie au fuel est rasée et un nouveau local pour le chauffage central est enterré dans la cour de
l’Internat (ancien promenoir). La mise en place de la nouvelle chaufferie entraîne la création de
galeries techniques qui traversent la cour de la Chaufferie à l’est au niveau du passage qui relie la cour
du Midi à la cour de l’Arbre et plus à l’ouest entre le réfectoire et le bâtiment E. Ces galeries ont été
purgées durant une première phase de décapage et de détection des réseaux. Enfin, des fondations en
béton, au sud du transformateur, étaient destinées à accueillir le stockage des gaz médicaux.
2.6.1. Le puits et les galeries enterrées
Un puits et deux galeries d’évacuation d’eaux pluviales coupent à la fois les structures modernes
du Bourgchanin et sont postérieurs à la construction des bâtiments de l’hôpital du XVIIIe siècle.
2.6.1.1. Le puits US 513
La présence d’un puits en bordure est de la fouille n’était pas attendue (pl. 34). Les puits signalés
sur le plan géométral de 1734 ont été tous retrouvés et aucune structure de ce type n’est indiquée à
l’emplacement du puits US 513 (pl. 10). Ce puits qui doit donc être déconnecté du quartier
Bourgchanin (détruit en 1737 dans l’emprise de la cour de la Chaufferie) n’est pas non plus attribuable
Bien qu’il soit réalisé en béton de galets de rivière, le puits (US 859) est installé dans une tranchée
d’installation relativement large (US 1172, 0,3 m) en partie supérieure. Ce mode de construction
trouve son sommet au niveau du sol en tête de chat (US 61) du Bourgchanin. À partir de ce niveau
(166,26 m NGF), l’ouvrage est couronné par d’importants blocs de calcaire en remploi simplement
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au projet de J.-G. Soufflot pour l’hôpital.
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posés sur le conduit sans autre forme de scellement (pl. 329). Orientés est-ouest, ce premier lit de
blocs supporte un bloc unique orienté nord-sud et doté d’un tampon disposé à l’aplomb du conduit. Ce
dernier bloc est aussi un remploi puisqu’il est brisé au niveau à l’amorce d’un second tampon. Ce
dispositif ne semble pas avoir constitué en l’état une margelle fonctionnelle. L’altimétrie du tampon
(167,08 m NGF) positionne en effet l’accès au puits à mi-chemin entre les niveaux de sol du
Bourgchanin et celui de l’Hôtel-Dieu.
Un tuyau de plomb présent dans le conduit du puits pouvait être raccordé à la pompe à balancier
installée contre un pilier de la grande galerie du bâtiment B en bordure orientale de la cour. Ce type de
pompe, dont deux autres exemplaires sont présents dans la cour de l’Arbre et la cour de la Pharmacie,
a été probablement mis en place au sein de l’Hôtel-Dieu à la fin du XVIIIe siècle9.
La connexion entre la fontaine et le puits US 513 a été rompue par un regard de grande dimension
permettant l’évacuation des eaux de pluie de la cour vers le réseau de galeries des eaux usées présent
sous les bâtiments du XVIIIe siècle.
2.6.1.2. La galerie US 54
La galerie la plus ancienne (US 54) est construite en maçonnerie de pierres dorées ; deux piédroits
(entre 0,4 m et 0,55 m de largeur) supportaient une voûte en plein cintre (pl. 34). La partie supérieure
de cet ouvrage a été en grande partie détruite durant la première phase de décapage destinée au
dégagement des réseaux.
Le piédroit ouest a été suivi sur 18 m avec une orientation moyenne N30°E sur un tracé sinueux.
Son extrémité sud a été coupée par un sondage géotechnique (3010). La galerie rejoignait alors une
ouverture grossière pratiquée dans la fondation du mur US 3 donnant accès au sud au réseau
d’évacuation des eaux usées existant sous les bâtiments Soufflot. Le tracé du piédroit ouest est en fait
conditionné par celui du piédroit est qui est en grande partie constitué par la reprise de maçonnerie
des immeubles du quartier Bourgchanin conservée en sous-sol. Depuis le sud, le piédroit est est formé
par un premier tronçon construit en appui sur le parement nord du mur US 55 qui se développe sur près
de quatre mètres avec une orientation N30°E. À son extrémité nord, il vient se plaquer en biseau
contre le mur de façade US 53 (N20°E), qui sert de piédroit sur deux mètres. À sa jonction avec le mur
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US
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34, l’angle du mur US 53 est bûché pour maintenir la largeur de la galerie. Au nord de cet angle,
l’ouverture et le seuil (US 523) donnant sur la traboule en tête de chat US 41 ont reçu un bouchage
étroit (0,3 m) dans le prolongement du mur de façade US 51. Le bouchage (US 54) et le mur US 51
9
Nous remercions Gilbert Gardes pour son expertise sur ce monument : ce type de pompe est attesté pour la première fois à Lyon en
1732, l’analyse stylistique permet de dater celle de l’Hôtel Dieu de la fin du XVIIIe siècle.
prolongent ainsi le piédroit est sur 5,8 m avec une orientation N18°E. La galerie prend alors une
inflexion vers l’est (N30°E) obtenue par le bûchage du mur US 51 sur 1,5 m. C’est ensuite le mur US 64
d‘orientation N22°E qui fait office de piédroit sur 3 m avant de contourner le puits US 513.
Parallèlement à ce tracé opportuniste, le piédroit ouest est construit à 1 m (largeur du conduit) du
piédroit est. Au-delà du puits la galerie forme un coude tournant vers l’est, sous le puits-fontaine à
balancier où se trouvait un grand regard donnant sur la galerie souterraine du bâtiment B.
Sur son tracé, la galerie US 54 coupait une partie des structures attribuées au quartier
Bourgchanin. Du sud au nord : le mur mitoyen est-ouest US 56, le mur de chemise nord-sud oriental de
la cave 94, le mur mitoyen est-ouest US 48, le mur nord-sud oriental de la fosse septique 759 et à
l’extrémité nord de la galerie, le mur de façade nord-sud US 74.
2.6.1.3. La galerie US 50
La galerie US 50 court parallèlement au bâtiment B (5,45 m à l’ouest du mur US 2, pl. 34 et 275) sur
12,95 m. Le fond est constitué de longues dalles rectangulaires de calcaire à gryphées (2 x 0,65 m)
adoucies en partie centrale pour l’écoulement d’eau en espace ouvert. Ces blocs originellement
adaptés à un dispositif de surface, manifestement en position secondaire, sont grossièrement aboutés
sans liant, la plupart sont brisés voire incomplets. Des piédroits en petit appareil de pierres dorées
étaient maçonnés directement sur les blocs. Partant du milieu de la cour, le caniveau venait se plaquer
contre la fondation du bâtiment E (US 3). Au contact du mur de fondation, un tronçon de bloc disposé
presque à la verticale dirigeait l’eau à la perpendiculaire vers l’ouest sur 3 m avant de rejoindre
l’ouverture pratiquée dans la fondation du mur US 3 déjà citée. Le tronçon nord-sud montre un
pendage de 2 % (166,66 à 166,40 m NGF) vers le bâtiment E, au contact du mur US 3 le décrochement
altimétrique est de 0,65 m. L’écoulement à travers le mur US 3 se fait à la cote 165,55 m NGF. La
couverture de cette galerie a été arrachée durant les décapages préliminaires. Observé durant les
sondages géotechniques réalisés à la pelle mécanique en janvier 2012 par l’aménageur, un second
tronçon comparable longeait le mur US 3 depuis la façade est des loges des fous pour se déverser dans
la même ouverture.
50 entaille les niveaux de démolition du bâti Bourgchanin sans les remployer, elle coupe le mur US 34
et la traboule en tête de chat US 41.
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Contrairement à la galerie US 54 qui s’est adaptée aux vestiges rencontrés en sous-sol, la galerie US
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2.6.2. La chaufferie (phase 4.2)
La destruction de l’aile des chambres basses (loges des fous) en 1936, avait pour objectif le
dégagement d’un espace suffisant pour la construction d’un bâtiment destiné au chauffage central de
l’hôpital. Les plans de ce bâtiment sont datés du début de l’année 1936 (HCL 20P306), la centrale
thermique conçue à l’origine pour fonctionner au charbon sera ensuite modifiée dans les années
soixante pour accueillir des cuves pour le fuel.
Conformément à l’avant-projet, les fondations apparues en fouille sont constituées d’un mur
périphérique (0,5 m de largeur, US 57, 152, 418, pl. 34) dessinant un plan rectangulaire long de 33,5
m (est-ouest) et large de 15,6 m (nord-sud). Celui-ci, en béton de galets de rivière, est banché dans
une tranchée relativement étroite (altitude d’apparition 167,15 m NGF) à l’exception d’une ouverture
plus large à l’intérieur de l’angle sud-est (US 82). Le bâtiment n’est pas parfaitement centré dans la
cour puisqu’un passage de 7,1 m est laissé au nord entre la centrale et le réfectoire (mur US 4 du
bâtiment G), cette distance étant réduite à 5,3 m avec le mur US 3 du bâtiment E au sud. La façade est
de la centrale est distante de 10,2 m de la façade du bâtiment B. La cheminée d’évacuation des gaz de
combustion, haute de 40 mètres, était positionnée contre la façade nord de la centrale.
La chaufferie est modifiée en 1967 pour s’adapter au changement de combustible. Une nouvelle
cheminée vient alors s’appuyer contre la façade du réfectoire ; deux murs en béton armé (US 836) à
l’est et à l’ouest assurent la stabilité de sa base. La galerie calorifère qui l’alimentait (US 837) était
encore intacte sous la surface de la cour : sol, piédroits et voûte en plein cintre étaient en briques. Les
sols de la chaufferie ne sont pas conservés, les seules structures internes qui ont pu être observées
sont les diverses galeries calorifères qui conduisaient les gaz depuis les trois chaudières vers la
cheminée. Trois galeries nord-sud10 rejoignaient ainsi un collecteur est-ouest (US 322, sol à 165,92 m
NGF) qui rassemblait les fumées vers leur point unique d’échappement.
Dans la partie est de la chaufferie, deux rangées de fondations massives en béton (US 109, 157,
262, 297, 298, 453) divisent l’espace en trois travées de largeurs inégales. À l’extrémité ouest du
bâtiment, le parc à combustible large de 7,8 m, initialement destiné à recevoir des matériaux fossiles,
n’était pas traité en sous-sol. Il a été transformé pour le stockage du fuel en 1967. La partie est du
parc a été creusée jusqu’à la cote 163,65 m NGF pour installer une dalle de béton (US 412) de 3,4 m de
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large courant sur toute la longueur de cet espace (pl. 34, 287 et 326). Elle supportait des berceaux de
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calages pour deux cuves métalliques de 50 000 litres disposées en enfilade et noyées dans un remblai
de sable. Les deux cuves (6,8 m de longueur, 3 m de diamètre), remplies d’eau après l’abandon de la
chaufferie, ont été retirées en amont de la fouille en février 2012.
10
La galerie la plus à l’est a été correctement dégagée dans le sondage S4 du diagnostic (Bertrand et alii 2011, p. 44, pl. 29). Plus ou
moins bien conservées, les autres galeries ont disparu lors du décapage initial.
La profondeur des fondations de la centrale est assez irrégulière : particulièrement profondes dans
les angles (163,28 m NGF), elles épousent parfois les vestiges modernes sous-jacents. On les retrouve
posées sur les têtes de chat en façade nord, elles s’adaptent aux fondations des loges des fous en
partie centrale et viennent simplement compléter les structures modernes en partie ouest. Les
mutilations engendrées par la création de la chaufferie sont donc très inégales, mais dans la zone
ouest de la fouille, le creusement en 1967 de la fosse destinée à accueillir les cuves métalliques a
détruit une grande partie de la stratigraphie sur 60 m2, n’épargnant que les structures antiques en
creux.
Le bâtiment a finalement été arasé en 1983 lorsque la nouvelle chaufferie a été reconstruite en
sous-sol dans la cour de l’Internat, provoquant une première intervention archéologique dans
l’enceinte de l’Hôtel-Dieu (Jacquin 1983). Le vaste espace de la cour de la Chaufferie était alors libéré
pour être transformé en parking de surface.
En zone Bellecordière, la fouille s’est étendue au ras des parois ouest et nord de la chaufferie au
gaz souterraine réalisée en 1983. Une large tranchée périphérique, s’amenuisant en profondeur, a
permis le banchage du local. Les fondations ont été mises à nue jusqu’à la cote 164,00 m NGF, elles
s’enfoncent dans les sables graveleux du Rhône attestant la disparition totale des niveaux
archéologiques dans l’emprise de la chaufferie.
2.6.3. Aménagements contemporains (phase 4.2)
Les niveaux archéologiques ont été plus ou moins détruits par divers aménagements liés à la
modernisation de l’hôpital. Une dalle profonde avec regard (US 1795) supportait un édicule à l’ouest
de la tourelle sud dont une partie de la fondation passait sous le mur de clôture de l’hôpital (pl. 34).
Deux massifs circulaires en béton (US 1551, 1557) implantés dans le terrain naturel bordaient la paroi
nord de la chaufferie de 1983. Enfin, au nord de la zone Bellecordière, au sud du transformateur, des
fondations parallélépipédiques profondes en béton soutenaient les cuves de stockage des gaz
médicaux. Ces dernières fondations, qui avaient gêné la mise en place du sondage 2 du diagnostic,
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sont demeurées en place puisqu’elles étaient positionnées sous l’espace d’accumulation des déblais.
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